Procès ayant opposé Loupphoque au Duché de Guyenne
Loupphoque était accusé de Haute Trahison.
Nom du procureur : Lorca
Nom du juge : Arnaut_de_chesnais
Date du verdict : 10/10/1456
Lieu concerné par l'affaire : Guyenne
*Sindbad rentra dans la salle du tribunal, le juge Limace à son habitude était déjà installé sur sa plateforme et les gardes venaient d'ouvrir les portes, permettant aux gens de rentrer.*
Votre Honneur, messire le Juge,
En ce jour du XXX Septembre de l'an de grasce mil quatre cent cinquante six sous le règne de nostre bien aimé souverain le Roy Lévan III de Normandie, j'ouvre donc un procès contre Messire Loupphoque sous le qualificatif de Haute Trahison.
Ce messire, à qui ses concitoyens ont confié la charge de maire de la ville de Marmande a, par une manœuvre de rhétorique, tenté de les influencer en diffusant en Halle une proposition, sous forme de question, qualifiant l’avenir en Guyenne d’« hypothétique » et suggérant d’« étudier le rapprochement avec une autre province. ».
Par la diffusion de tels propos, le susnommé a incité ses concitoyens à porter atteinte à l'intégrité du Duché de Guyenne. Il mérite donc, à ce titre, d'être puni.
(http://img242.imageshack.us/img242/3751/sondageloupphoquewk6.jpg
Preuve de l'infraction)
* Sindbad se retourna donc vers l'accusé *
Sachez messire que la duchesse de Guyenne, de sa plus haute autorité vous accorde le droit de demander l'assistance d'un avocat afin de vous assister tout au long du déroulement de ce procès.
Sachez aussi que vous avez enfreint l'article premier du chapitre 4 du livre II
*Sindbad s'éclaircit la voix et lu* :
Est appelée trahison tout agissement portant atteinte à la stabilité ou à l'intégrité du Duché ou de ses institutions, ainsi que le refus de se soumettre aux différentes autorités de Guyenne.
*Sindbad termina son acte d'accusation et la greffière inscrivit la date à la fin de son résumé.*
*Loupphoque s'avança a la barre*
Messire le juge, messire le procureur,
j'ai effectivement demandé, en halle de Marmande, a mes concitoyens si ils jugeaient utile que nous ouvrions un étude sur un eventuel rapprochement du village avec un autre duché.
Vous n'etes effectivement pas sans savoir que la situation guyennoise est des plus préoccupante.
Aussi, en tant que maire de Marmande, et pour envisager le meilleur avenir possible a mon village, comme je l'avais toujours fait, j'ai decidé de questionner les marmandais de la manière la plus democratique qui soit sur ce sujet bien evidement sensible.
Toute ma vie marmandaise a éte consacrée a la bonne destiné de ce village.
Conseiller de divers filieres des differents maires, depuis le premier conseil, puis maire a mon tour en janvier pour 2 mandats, j'ai toujours fait partie du conseil municipal pour y travailler.
En juillet dernier, personne ne se presente, je décide donc de briguer le poste pour ne pas laisser la mairie vacante, a la satisfaction, semble t il des marmandais puisqu'ils me reeliront en aout et en septembre.
Durant ces mandats je n'ai pas non plus été en reste avec le duché puisque j'ai toujours été actif au conseil des maires. Cet endroit fut, entre autre, mon lieu privilegié d'echanges commerciaux, sans oublier les nombreuses livraisons de blé et maïs.
Mon seul souci n'est donc que de defendre les interets des marmandais et de mon village meme si, cette fois, je m'y suis pris de maniere fort maladroite.
*Loupphoque salua et retourna sur le banc*
*Sindbad se leva et dévisagea l’accusé d’un œil sévère :*
Messire Loupphoque, ce n’est point sur l’ensemble de votre carrière municipale que le présent tribunal vous demande des comptes, mais sur cette proposition, sous forme de question, que vous avez formulé aux marmandais.
Si, comme vous le prétendez, vous vous êtes senti préoccupé par la situation guyennoise, alors pourquoi avoir suggéré à vos concitoyens de s’y soustraire ? Songiez vous réellement et sérieusement soulager le Duché en l’amputant de ressources à la fois matérielle et humaine ? Car si c’est le cas, alors vous avez sous-estimé non seulement le discernement de vos concitoyens, mais également celui de la Cour ici présente.
*Sindbad s’adressa ensuite au Juge :*
Messire le Juge, j’attire votre attention sur la portée de l’acte commis par l’accusé. Il ne s’agit point là d’une maladresse, comme il souhaiterait vous en persuader, mais d’une tentative de sédition contre la Guyenne et contre les guyennois. Si l’accusé s’était préoccupé des conséquences de son projet sur la situation guyennoise, alors il aurait adressé sa question à l’ensemble de la Guyenne et non aux seuls résidents marmandais.
Cette affaire n’est point une affaire banale et ordinaire. Au-delà du cas d’espèce qui se présente à nous, une question beaucoup plus générale nous est posée : l’intérêt commun prime t-il sur les intérêts particuliers ? Si la réponse est affirmative, alors nul ne peut décider du destin de la Guyenne, à part le peuple de Guyenne au travers du Conseil qu’il a porté au pouvoir. Au moment où vous prendrez votre décision, dans la solitude de votre âme et conscience, Messire le Juge, souvenez vous que la Guyenne toute entière vous entendra. Votre décision, quelle qu’elle soit, résonnera dans toutes les mairies de Guyenne. Alors interrogez vous : si la population marmandaise s’était prononcée en faveur d’une séparation de la Guyenne, qu’aurait fait l’accusé ? Aurait-il écouté Marmande ou la Guyenne ?
*Loupphoque s'avanca a la barre muni d'une lettre"
Messire le juge,
je vais maintenant vous faire lecture de la lettre de mon avocat, maitre Ryllas, concernant cette affaire et comme vous m'en avez rappeler mon droit.
*Apres avoir montré a tous le sceau de maitre Ryllas, Loupphoque decacheta l'enveloppe et commenca la lecture*
Plaidoirie de l'avocat
Monsieur le Juge, Monsieur le Procureur, aimables habitants de Guyenne, Marmandais et marmandaises, cher public qui suivez ce procès avec intérêt.
Je me nomme Ryllas, Boniface Ryllas, avocat du dragon et j’ai été contracté par Messire Loupphoque afin d’assurer sa défense. Je ne suis hélas pas en mesure de rejoindre la Guyenne et ne pourrais de toute façon arriver à temps pour participer de vive voix à l’ensemble des débats. C’est pourquoi j’ai fait parvenir ma plaidoirie par lettre à mon client afin qu’il vous la lise. J’y joins également une copie de mon accréditation certifiant que je suis avocat reconnu au barreau de Guyenne selon les exigences de votre coutumier en son chapitre 5 : Des avocats en Guyenne.
http://img391.imageshack.us/my.php?image=autorisationhb6.png
Monsieur le Juge, je sais ce procès difficile pour tout le monde car il n’est jamais facile ni agréable de mettre en procès pour trahison un maire de son propre duché tant cela participe à la déstabilisation dudit duché donc ici la Guyenne. A l’évidence, on n’ouvre pas un procès contre un Maire comme on le ferait pour un brigand.
Selon la définition même que l’on trouve dans le Grand coutumier de Guyenne le maire, « représentant élu du peuple,[…] » fait partie intégrante du duché au sens large dans lequel « est compris le Duc, les conseillers, les maires, les personnes assermentées, l’armée, […] » bref tout ce qui compte et représente la structure même du Duché. S’attaquer à l’une de ces parties revient à s’attaquer à la Guyenne car c’est s’attaquer aux Institutions, à la colonne vertébrale et ceci est toujours de grands dangers pour l’équilibre du Duché.
C’est pourquoi nous ne pouvons que regretter la précipitation à instruire un procès en trahison contre mon client Messire Loupphoque, honorable maire de Marmande depuis plusieurs mandats.
Précipitation car je suis persuadé que la Guyenne aurait eu à gagner à faire approfondir l’enquête plutôt qu’à se jeter dans un procès à grand spectacle dont elle ne peut que sortir affaiblie. Qui est venu interroger Messire Loupphoque sur le sens qu’il avait voulu donner à cet appel poignant au redressement salutaire ? Quel sergent ou lieutenant de Police est venu demander des explications à Monsieur le Maire ? Le Prévôt, lui-même, pour une affaire si importante s’est-il déplacé ? Vous-même, Monsieur le Procureur, avez-vous pris soin de contacter par écrit le Maire de Marmande pour s’assurer qu’il avait bien tenu de tels propos et quels étaient ses intentions ?
Nenni ! Personne n’a jugé opportun d’interroger le principal acteur de cette affaire. Sur la foi d’accusations délatrices, Monsieur le Procureur a immédiatement ouvert un procès en trahison au risque de déstabiliser la Guyenne. Or, le principe de précaution aurait pourtant dû jouer à plein dans cette affaire.
Car qu’en est-il des propos réels tenus par Messire Loupphoque ? Qui parle de soustraire les concitoyens à la situation de la Guyenne ? Monsieur le Procureur !... qui dit : « Si, comme vous le prétendez, vous vous êtes senti préoccupé par la situation guyennoise, alors pourquoi avoir suggéré à vos concitoyens de s’y soustraire ? » Mais de quelle situation parle-t-il ? De l’armée ? De la justice ? De la diplomatie ? Non ! Non ! Non ! Monsieur le Procureur en parlant de la situation de la Guyenne sous-entend la situation économique de la Guyenne. Et il a parfaitement raison. Car c’est bien d’économie dont parlait Messire Loupphoque. Ainsi qu’il a tenté de vous le laisser entendre dans sa première plaidoirie, mon client agissait pour palier à la situation économique de la Guyenne qui est aujourd’hui dans une position très difficile, personne ici ne le niera.
Jamais en revanche il n’a fait allusion à une quelconque envie de sécession. Il aurait d’ailleurs fallu être fol, comme le soulignait mon client, pour oser imaginer un Maire s’en allant en place publique appeler à la sécession quand on sait les conséquences judiciaires et l'échec certain d’une telle entreprise !
Or, Messire Loupphoque, s’il peut être maladroit dans son expression ou dans ses formules de rhétoriques, n’est point fol. Dans son esprit, il s’agissait de palier aux manquements graves sur le plan strictement économique.
Rappelez-vous ses phrases dans l’introduction de son propos :
« Marmandaises, marmandais, le duché va mal, très mal !! Il n'a déja plus de fer, tres peu de bois, pas les moyens de nous acheter blé et maïs pour nous fournir des bêtes ... Sa tresorerie est au plus bas, j'en suis vraiment navré. En tant que maire de ce village, il est dans mes obligations de songer a son avenir. »
Or, de quoi parle Monsieur le Maire sinon d’économie ? Son devoir de Maire en fait le premier responsable économique de sa ville et c’est bien évidemment à ce titre que Messire Loupphoque s’est présenté devant les marmandais.
Monsieur le Juge, allez-vous condamner Messire Loupphoque, Maire de Marmande, à la trahison sur la seule interprétation qu’en ont fait le témoin Alexandre et le témoin Giova dont on se demande, pour ce dernier, ce que son témoignage apporte comme éclairage sur notre affaire ? Il nous fait part de son sentiment intime et personnel, de sa croyance, presque de sa religion pour ne pas dire d’un mythe mais son témoignage ne peut être retenu. Il ne présente aucun fait réel, aucun indice sérieux.
Le témoignage de Messire Alexandre quant à lui montre bien toute la difficulté de l’interprétation des paroles de Messire Loupphoque. Cet homme fait partie de l’armée et dans son entendement de la perte de la ville de Marmande, il imagine déjà les conséquences militaires. Mais là encore, son cœur, la conception militaire de son esprit, l’a égaré sur la réelle intention de Messire Loupphoque comme celui-ci, tout absorbé qu’il était à ses problèmes économiques a cru penser que l’esprit des marmandais étaient tout autant tourné que lui vers ces problèmes-ci. L’esprit de Messire Alexandre est militaire. L’esprit de Messire Loupphoque est économique. C’est là une différence de taille qui peut expliquer la confusion mentale. Mais si l’on considère la signification même des mots employés, rapprochement n’est pas égal à sécession. C’est une vue de l’esprit, une pure spéculation que de dire le contraire.
En vérité, Monsieur le Juge, dans cette affaire, tout le monde a interprété à sa manière les paroles de Messire Loupphoque. Mais personne n’est capable de prouver que Messire Loupphoque parlait de sécession. Et pour cause, il n’en emploie pas le mot. Il n’y a aucune preuve réelle et sérieuse pour imputer cette vilénie à mon client . Au contraire, dans son propos, il parle de l’état économique de la Guyenne et c’est bien sûr uniquement sur ce plan-là que Messire Loupphoque s’est positionné en employant le terme de rapprochement. Un rapprochement… économique !
Enfin, Monsieur le Juge, vous, comme moi, savons que l’accusation de trahison est une accusation très grave qui ne souffre pas l’à peu-près, qui exige des faits précis et non de simples élucubrations sur ce qu’aurait voulu dire Messire Loupphoque, sur ce qu’il n’a pas dit, sur ce qu’il aurait pu faire mais n’a pas fait. Bref, les accusations que l’on nous présente sont d’une limpidité obscure ou pour être plus juste d’une limpide obscurité. Et il est des jours où pour débrouiller une affaire, on loue l’existence de maximes juridiques telles que : « le doute profite à l’accusé ».
Alors quoi ? Certes le comportement de Messire Loupphoque fut maladroit. Il le reconnaît lui-même. Son implication pour sa ville est telle qu’avant de parler en public, il songe avant tout à sa ville et non à sa personne. Vous avez-là, Guyennais, Guyennaises, un homme de grande qualité et de parfaite probité, sans cesse au service de ses administrés ainsi que nous le rappelle l’avis éclairé de la Duchesse Ombres et non un séditieux ou un sécessionniste. Il aime la Guyenne et il se désole, comme vous tous, de la voir dans cet état : « J’en suis navré » fut un cri du cœur. Mais il pense aussi à sa ville et tente de trouver des solutions économiques différentes afin de relancer l’économie. Est-ce là trahir ? La Guyenne va-t-elle retomber dans ces procès en trahison pour un tout, pour un rien qui ont fait sa renommée hors des frontières ?
Si vous deviez condamner Messire Loupphoque, Monsieur le Juge, cela ne peut être pour trahison. Tout au plus trouble à l’ordre public au motif que le comportement de Messire Loupphoque, par son manque de clarté dans les mots choisis et les tournures de phrases employés, a porté préjudice à l’ensemble de la communauté. Cela Messire Loupphoque aujourd’hui s’en rend compte et il acceptera d’avance la peine qui lui sera infligée afin de faire amende honorable et de s’excuser auprès de tous, et particulièrement des marmandais, des tracas qu’il a pu causer. Mais condamne-t-on quelqu’un pour une maladresse de style ? Cela, Monsieur le Juge, est la seule question qu’il vous faudra vous poser et à laquelle la justice du Roy attend une réponse de bon aloi.
Je vous remercie de m’avoir entendu.
Boniface Ryllas, avocat du dragon
Le 6 octobre 1456
*Loupphoque referma la lettre, la rangea soigneusement et retourna s'asseoir attendre la décision du juge*
*Draven se leva de son siège quand il fut appelé à la barre.*
M’sieur le juge, M’sieur le procureur.
Veuillez d’abord m’excuser si je ne sais pas comment parler ici, mais je n’ai pas l’habitude de ce genre d’endroits. Si je suis ici c’est parce que Louphoque qui est actuellement le maire de ma ville, élu démocratiquement, me l’a demandé. Et ce malgré nos différents personnels passés, présents et sûrement à venir. Car oui nous ne nous aimons pas particulièrement et par le passé les couloirs de notre mairie ont raisonnés de nos querelles virils, mais cependant toujours courtoises et sans violences. Pourquoi est ce que je vous raconte cela ? Tout simplement pour essayer de vous faire comprendre que je ne suis pas ici en tant qu’amis de Louphoque mais en tant que citoyens de Marmandes et conseillé du maire.
Si Louphoque à fait une erreur dans cette affaire c’est juste d’avoir voulu faire preuve d’un peu de démocratie dans un monde qui n’y est pas près et d’oublier que certains, dont ceux qui l’accuse de trahison, ne connaissent ce mots quand cela les arrange. Certes son idée était mauvaise, certes il a été idiot ne serait ce que d’y penser. Mais une chose est sûr ce dont on l’accuse c’est ni plus ni moins que d’avoir demandé l’avis des personnes qui l’ont élus, afin de savoir s’il était le seul idiot à le penser. Et effectivement ce fut le cas. Mais ensuite qu’a-t-il fait ? Rien justement. Il a demandé un avis, il l’a eu il en prend les acte. Où est la trahison là dedans ? Regardez plutôt du coté de ceux qui veulent détruire ce que nous avons fait depuis que nous sommes à la tête de la mairie. Vous perdriez moins de temps.
*Draven Alla se rassoir.*
*Loupphoque s'avanca a la barre muni d'une lettre"
Messire le juge,
je vais maintenant vous faire lecture de la lettre de mon avocat, maitre Ryllas, concernant cette affaire et comme vous m'en avez rappeler mon droit.
*Apres avoir montré a tous le sceau de maitre Ryllas, Loupphoque decacheta l'enveloppe et commenca la lecture*
Plaidoirie de l'avocat
Monsieur le Juge, Monsieur le Procureur, aimables habitants de Guyenne, Marmandais et marmandaises, cher public qui suivez ce procès avec intérêt.
Je me nomme Ryllas, Boniface Ryllas, avocat du dragon et j’ai été contracté par Messire Loupphoque afin d’assurer sa défense. Je ne suis hélas pas en mesure de rejoindre la Guyenne et ne pourrais de toute façon arriver à temps pour participer de vive voix à l’ensemble des débats. C’est pourquoi j’ai fait parvenir ma plaidoirie par lettre à mon client afin qu’il vous la lise. J’y joins également une copie de mon accréditation certifiant que je suis avocat reconnu au barreau de Guyenne selon les exigences de votre coutumier en son chapitre 5 : Des avocats en Guyenne.
http://img391.imageshack.us/my.php?image=autorisationhb6.png
Monsieur le Juge, je sais ce procès difficile pour tout le monde car il n’est jamais facile ni agréable de mettre en procès pour trahison un maire de son propre duché tant cela participe à la déstabilisation dudit duché donc ici la Guyenne. A l’évidence, on n’ouvre pas un procès contre un Maire comme on le ferait pour un brigand.
Selon la définition même que l’on trouve dans le Grand coutumier de Guyenne le maire, « représentant élu du peuple,[…] » fait partie intégrante du duché au sens large dans lequel « est compris le Duc, les conseillers, les maires, les personnes assermentées, l’armée, […] » bref tout ce qui compte et représente la structure même du Duché. S’attaquer à l’une de ces parties revient à s’attaquer à la Guyenne car c’est s’attaquer aux Institutions, à la colonne vertébrale et ceci est toujours de grands dangers pour l’équilibre du Duché.
C’est pourquoi nous ne pouvons que regretter la précipitation à instruire un procès en trahison contre mon client Messire Loupphoque, honorable maire de Marmande depuis plusieurs mandats.
Précipitation car je suis persuadé que la Guyenne aurait eu à gagner à faire approfondir l’enquête plutôt qu’à se jeter dans un procès à grand spectacle dont elle ne peut que sortir affaiblie. Qui est venu interroger Messire Loupphoque sur le sens qu’il avait voulu donner à cet appel poignant au redressement salutaire ? Quel sergent ou lieutenant de Police est venu demander des explications à Monsieur le Maire ? Le Prévôt, lui-même, pour une affaire si importante s’est-il déplacé ? Vous-même, Monsieur le Procureur, avez-vous pris soin de contacter par écrit le Maire de Marmande pour s’assurer qu’il avait bien tenu de tels propos et quels étaient ses intentions ?
Nenni ! Personne n’a jugé opportun d’interroger le principal acteur de cette affaire. Sur la foi d’accusations délatrices, Monsieur le Procureur a immédiatement ouvert un procès en trahison au risque de déstabiliser la Guyenne. Or, le principe de précaution aurait pourtant dû jouer à plein dans cette affaire.
Car qu’en est-il des propos réels tenus par Messire Loupphoque ? Qui parle de soustraire les concitoyens à la situation de la Guyenne ? Monsieur le Procureur !... qui dit : « Si, comme vous le prétendez, vous vous êtes senti préoccupé par la situation guyennoise, alors pourquoi avoir suggéré à vos concitoyens de s’y soustraire ? » Mais de quelle situation parle-t-il ? De l’armée ? De la justice ? De la diplomatie ? Non ! Non ! Non ! Monsieur le Procureur en parlant de la situation de la Guyenne sous-entend la situation économique de la Guyenne. Et il a parfaitement raison. Car c’est bien d’économie dont parlait Messire Loupphoque. Ainsi qu’il a tenté de vous le laisser entendre dans sa première plaidoirie, mon client agissait pour palier à la situation économique de la Guyenne qui est aujourd’hui dans une position très difficile, personne ici ne le niera.
Jamais en revanche il n’a fait allusion à une quelconque envie de sécession. Il aurait d’ailleurs fallu être fol, comme le soulignait mon client, pour oser imaginer un Maire s’en allant en place publique appeler à la sécession quand on sait les conséquences judiciaires et l'échec certain d’une telle entreprise !
Or, Messire Loupphoque, s’il peut être maladroit dans son expression ou dans ses formules de rhétoriques, n’est point fol. Dans son esprit, il s’agissait de palier aux manquements graves sur le plan strictement économique.
Rappelez-vous ses phrases dans l’introduction de son propos :
« Marmandaises, marmandais, le duché va mal, très mal !! Il n'a déja plus de fer, tres peu de bois, pas les moyens de nous acheter blé et maïs pour nous fournir des bêtes ... Sa tresorerie est au plus bas, j'en suis vraiment navré. En tant que maire de ce village, il est dans mes obligations de songer a son avenir. »
Or, de quoi parle Monsieur le Maire sinon d’économie ? Son devoir de Maire en fait le premier responsable économique de sa ville et c’est bien évidemment à ce titre que Messire Loupphoque s’est présenté devant les marmandais.
Monsieur le Juge, allez-vous condamner Messire Loupphoque, Maire de Marmande, à la trahison sur la seule interprétation qu’en ont fait le témoin Alexandre et le témoin Giova dont on se demande, pour ce dernier, ce que son témoignage apporte comme éclairage sur notre affaire ? Il nous fait part de son sentiment intime et personnel, de sa croyance, presque de sa religion pour ne pas dire d’un mythe mais son témoignage ne peut être retenu. Il ne présente aucun fait réel, aucun indice sérieux.
Le témoignage de Messire Alexandre quant à lui montre bien toute la difficulté de l’interprétation des paroles de Messire Loupphoque. Cet homme fait partie de l’armée et dans son entendement de la perte de la ville de Marmande, il imagine déjà les conséquences militaires. Mais là encore, son cœur, la conception militaire de son esprit, l’a égaré sur la réelle intention de Messire Loupphoque comme celui-ci, tout absorbé qu’il était à ses problèmes économiques a cru penser que l’esprit des marmandais étaient tout autant tourné que lui vers ces problèmes-ci. L’esprit de Messire Alexandre est militaire. L’esprit de Messire Loupphoque est économique. C’est là une différence de taille qui peut expliquer la confusion mentale. Mais si l’on considère la signification même des mots employés, rapprochement n’est pas égal à sécession. C’est une vue de l’esprit, une pure spéculation que de dire le contraire.
En vérité, Monsieur le Juge, dans cette affaire, tout le monde a interprété à sa manière les paroles de Messire Loupphoque. Mais personne n’est capable de prouver que Messire Loupphoque parlait de sécession. Et pour cause, il n’en emploie pas le mot. Il n’y a aucune preuve réelle et sérieuse pour imputer cette vilénie à mon client . Au contraire, dans son propos, il parle de l’état économique de la Guyenne et c’est bien sûr uniquement sur ce plan-là que Messire Loupphoque s’est positionné en employant le terme de rapprochement. Un rapprochement… économique !
Enfin, Monsieur le Juge, vous, comme moi, savons que l’accusation de trahison est une accusation très grave qui ne souffre pas l’à peu-près, qui exige des faits précis et non de simples élucubrations sur ce qu’aurait voulu dire Messire Loupphoque, sur ce qu’il n’a pas dit, sur ce qu’il aurait pu faire mais n’a pas fait. Bref, les accusations que l’on nous présente sont d’une limpidité obscure ou pour être plus juste d’une limpide obscurité. Et il est des jours où pour débrouiller une affaire, on loue l’existence de maximes juridiques telles que : « le doute profite à l’accusé ».
Alors quoi ? Certes le comportement de Messire Loupphoque fut maladroit. Il le reconnaît lui-même. Son implication pour sa ville est telle qu’avant de parler en public, il songe avant tout à sa ville et non à sa personne. Vous avez-là, Guyennais, Guyennaises, un homme de grande qualité et de parfaite probité, sans cesse au service de ses administrés ainsi que nous le rappelle l’avis éclairé de la Duchesse Ombres et non un séditieux ou un sécessionniste. Il aime la Guyenne et il se désole, comme vous tous, de la voir dans cet état : « J’en suis navré » fut un cri du cœur. Mais il pense aussi à sa ville et tente de trouver des solutions économiques différentes afin de relancer l’économie. Est-ce là trahir ? La Guyenne va-t-elle retomber dans ces procès en trahison pour un tout, pour un rien qui ont fait sa renommée hors des frontières ?
Si vous deviez condamner Messire Loupphoque, Monsieur le Juge, cela ne peut être pour trahison. Tout au plus trouble à l’ordre public au motif que le comportement de Messire Loupphoque, par son manque de clarté dans les mots choisis et les tournures de phrases employés, a porté préjudice à l’ensemble de la communauté. Cela Messire Loupphoque aujourd’hui s’en rend compte et il acceptera d’avance la peine qui lui sera infligée afin de faire amende honorable et de s’excuser auprès de tous, et particulièrement des marmandais, des tracas qu’il a pu causer. Mais condamne-t-on quelqu’un pour une maladresse de style ? Cela, Monsieur le Juge, est la seule question qu’il vous faudra vous poser et à laquelle la justice du Roy attend une réponse de bon aloi.
Je vous remercie de m’avoir entendu.
Boniface Ryllas, avocat du dragon
Le 6 octobre 1456
*Loupphoque referma la lettre, la rangea soigneusement et retourna s'asseoir attendre la décision du juge*
Alexandre Demessy-Monferrat se présente a la barre
Messire le Juge, Messire le procureur
Le 28 Septembre de cette année, j'étais en mission pour l'Ost à La Teste de Buch. J' ai reçu des pigeons de certains Marmandais qui me parlent d' un sondage lancé par Messire Loupphoque , Maire de Marmande, dont l' objet est l' etude du rapprochement de Marmande vers un autre Duché.
Le soir même , je peux lire en Gargotte les propos
tenus par Messire Loupphoque.
Celui ci devant les difficultés actuelles de la Guyenne pense que Marmande n' a que peu d' avenir si elle reste en Guyenne et pose la question aux Marmandais si ils sont d' accord pour qu' une étude de rapprochement avec un autre duché soit faite.
Cela veut clairement dire que si le sondage remporte la majorité des voix, l' étude sera effectuée et pourra aboutir au raccrochement de Marmande a un autre Duché.
Ceci aménerait inévitablement la Guyenne , coupée en deux géographiquement, dans une guerre pour reconquerir Marmande. Cela pourrait même aboutir à la destruction de la Guyenne, qui apres Marmande pourrait se voir agresser dans l' un de ses territoires ne disposant plus de routes menant l' un a l autre.
Pour en finir, j' ajoute que de retour ce jour à Marmande, j' ai pu vérifier en halle de Marmande que ce sondage est bien le meme que celui vu en Gargotte.
*Alexandre se retira et retourna a sa place.
Giova s'avança a la barre.......
Messire le Juge, Messire le procureur
je connais la Guyenne ya de cela plus d'un an ,j'ai toujours vecu en ce Duché aidant le peuple de Guyenne comme je le pouvais ,elle a subit des haut et bas mais toujours forte pour reprendre ce qui lui appartenait comme Agen et Cahors il fut un temps ,elle doit etre unis d'ou elle pourra puiser sa Force et le faite d'entendre un maire proposer au villageois par le biais d'un vote si ils souhaitaient appartenir a un autre Duché .
Je trouve cela honteux si il voulait en parler pourquoi ne pas se faire entendre aupres du conseil Ducale en presence de la Duchesse ,y'avait il un interret personnel pour agir de la sorte .
Messire le Juge ,si Marmande devait etre offert a un autre Duché cela condannera la ville laissée a son triste sort et prit pour cible ensuite par des Brigands quand a la Guyenne elle sera affaiblie d'une ville .
Giova termina son témoignage et reprit sa place.
En ce jour de l’an de grâce 1456 ; après concertation avec son excellence le duc de Guyenne, Messire Romuald de Vaisneau et, conformément aux us de Guyenne prescrivant que toutes condamnations de haute trahison devra répondre de l’agrément et de la participation de l’autorité suprême en ces terres.
Déclarons que :
Considérant les actes de Messire Loupphoque, nous répondons de l’accusation de haute trahison et faisons savoir que ce sieur sera jugé sous le qualificatif de Trahison.
» Est appelée trahison tout agissement portant atteinte à la stabilité ou à l'intégrité du Duché ou de ses institutions, ainsi que le refus de se soumettre aux différentes autorités de Guyenne»
De fait, les fautes perpétrés par l’accusé constituent la création d’un climat d’insécurité accrue et d’une tentative de déstabilisation de la bonne prospérité de la ville de Marmande mais également au niveau du Duché ; bien que ces actes ne résultent pas d’un désir direct et évident de porter atteinte à la stabilité de la Guyenne et de ses habitants.
Ainsi,
Attendu que le jugement et les actes équivaut à de la trahison
Attendu que les propos de Messire Loupphoque sont graves et ne seraient aux yeux de la Guyenne trouver rédemption que par la lame austère de la justice.
Faisons savoir ce qui suit :
L’accusé est déclaré coupable de trahison et se voit condamner à une peine de prison de deux jours assortie à une amande de 400 écus.
La situation de crise dans laquelle se trouve la Guyenne pousse certaines personnes au delà du raisonnable ; cherchant désespérément une solution adéquate à la sauvegarde de notre terre.
Le rattachement d’une ville quelconque de Guyenne à un Duché/Comté voisin est absurde et ne répond en aucun cas à la prospérité de la Guyenne.
Au regard des circonstances et parce que nous ne doutons point du rachat de Messire Loupphoque ; celui-ci est maintenu à ses fonctions de maire de Marmande jusqu’à échéance de son mandat.
Toutefois, c’est fort de notre autorité que nous mettons en garde de manière concise et précise l’accusé d’alors que tous comportements nuisibles ou pouvant portant atteinte à la stabilité de la Guyenne entraînera un ban de bannissement du territoire Guyennois
Qu’il en soit ainsi.
Le prévenu a été condamné à une amende de 400 écus et à 2 jours de prison ferme