A peine remis du réveillon qu'il vient de passer avec ses cochons, le plus célèbre éleveur de cochons revient au tribunal pour une nouvelle fois s'attaquer à sa bête noire, le brigandage.

Excellence, en ce 3e jour de janvier de l'an 1458, je cite à comparaître devant vôtre juridiction le dénommé Vendor.

Ce scélérat, poussé par la cupidité, a lachement attaqué avec son complice Taiwen, Messire Tixit, le 29 décembre 1457 dans le but incontestable de le détrousser. Leur forfait accompli, c'est dans un champ que ces sauvages ont abandonnés leur victime, qui a vu son état de santé se dégrader au point de froler la mort.

Ces faits constituent indéniablement un TOP au sens de notre coutumier :

''tout comportement portant préjudice à autrui ou portant atteinte à l'intégrité physique d'un habitant de Guyenne...pourra être considéré comme trouble à l'ordre public''

Toutes les preuves ont été rassemblées au palais de Justice, où vous pourrez les consulter.

Enfin, avant de vous permettre d'entendre les témoins, je rappelerai à l'accusé qu'il peut être assisté d'un avocat.

Vendor affalé sur le banc tel le clochard qu'il était se releva difficilement en entendant l'acte d'accusation. Toujours remplit de vignasse comme à son habitude il s'avança en titubant à la barre en bombant le torse pour prendre la parole...

*** Je proteste contre cette accusation, c'est un coup monté de toute pièce, ce MA nous a volontairement provoqué en passant devant notre campement en sachant que nous allions mordre à l'hameçon, sa bourse était vide car la personne qui le mandate savait qu'il nous croiserait...

Nous ne sommes que des victimes, et pour vous prouver ma bonne foi je suis prêt à rembourser le double de la somme à Messire Tixit c'est à dire 1 écus + 1 chopine en tav comme supplément***

Vendor regarda les pouilleux dans la salle en se disant que le brigandage ne valait pas le coup dans cette belle Guyenne au prestige si élevé, mais bon c'était à l'image de la somme dérobée, 0.47 deniers ce qui n'est peut être pas si mal dans cette région de pauvres...

Barry se leva, et mis un mouchoir sur son nez. Il reprit néanmoins d'une voix tout à fait audible :

Excellence,
je vous prie tout d'abord d'excuser la pestilence que je vous impose dans ce procès : un charnier de pestiférés ne sentirait pas plus fort que ce Vendor lorsqu'il ouvre ce qui lui sert de bouche.
Malheureusement, je ne peux rien faire contre la pourriture qu'il abrite en ses entrailles. Je ne suis pas versé dans l'art de l'herboristerie.

Mais puisqu'il se présente ici en victime qui reconnait ses fautes, je suis en ma qualité de procureur tout à fait indiqué pour lui venir en aide. Pour le protéger de tous ces marchands ambulants qui infestent nos routes. Et pour un seul écu, je lui propose un séjour dans un des plus beaux châteaux de Guyenne.

Excellence, si vous le permettez, il pourrait rejoindre les rats du Fort du Hâ : et ne soyez pas chiche. Sachez montrer la générosité de la Guyenne en lui offrant pour son crime ce qu'il mérite, c'est à dire entre 7 et 10 jours de prisons bien fermes.

Vendor adressa son sourire repoussant grâce à ses crocs manquants en direction du procureur tout en agitant sa cape de crasseux parfumée à l'odeur animale et bestiale de toutes les filles de joie qu'il avait l'habitude d'enlacer dedans...

***Tout d'abord je tiens à remercier le procureur pour tout ces compliments sur ma personne, chui flatté par tant d'éloges, Merci, mais je n'ai pas l'habitude de recevoir autant de compliments, à mon avis vous avez surement un truc à vendre ou quelque chose à me demander, je ne suis pas dupe.
Mais jugeons les faits et uniquement les faits voulez vous car je pense que l'on s'égare.

De plus je constate que vous m'insultez personnellement et gratuitement devant témoins, est-ce dans le cadre du procès???

C'est quoi du zèle, de l'abus de pouvoir ou un numéro de pitre dont vous avez le secret???***

Vendor l'esprit encore embrumé par l'alcool commençait à douter sérieusement des capacités du procureur qui s'agitait devant lui comme une volaille dans un poulailler.

Il se retourna vers l'assemblée de curieux en rotant l'aigreur de la vignasse et prit la parole...

*** 7 à 10 jours de prison ferme pour 47 deniers, qui dit mieux?
Allez, allez on se laisse aller messires et dames on se fait plaisir, c'est le procureur qui régale, oui 15 jours pour la dame au fond la bas, allez allez qui dit mieux?? ***

Vendor qui n'en pouvait plus de cette folle journée retourna s'affaler sur le banc comme tout bon clodo alcoolique qui se respecte. Il enleva ses bottes qui lui servait aussi de garde manger afin de laisser son odeur finir le travail histoire d'écourter le procès ou d'évacuer la salle.

Il ferma les yeux,se mit à roupiller en laissant la justice suivre son cours. Les voix du procureur et de la juge n'était déjà plus qu'un songe pour lui...

Mes respects Votre Excellence,

Je suis Messire Tixit, MA de Bazas, je voudrais dans un premier temps vous présentez mes excuses pour mon témoignage tardif, en effet je rentre à l'instant dans notre belle Province.

Fréquemment sur les routes, et faisant trop souvent à mon goût de mauvaises rencontres, jamais encore je n'avais eu affaire à d'aussi vils personnages. Le 29 décembre dernier, au petit matin, les dénommés Taiwen et Vendor se sont acharnés sur ma personne pour 47 deniers !
Me laissant quasi pour mort sur le bord du chemin, dans un état de santé fortement délabré.

Les actions de ces individus, en rendant les routes si dangereuses, sont vraiment dommageables pour la province. Elles limitent le commerce et ainsi la prospérité de notre province et de nos villes. Bien au delà de mon cas personnel, des 47 deniers et des quelques jours de soins qui me furent nécessaire pour retrouver la santé, c'est chacun d'entre nous qui paie un lourd tribu suite aux exactions de ces deux malfrats !

Quand à l'accusation de coup monté, je ne peut en croire mes oreilles ! Comment peut-on imaginer que Messire Leepo d'o "Urden, Maire de Bazas, dont la droiture est connu bien au delà de notre province, puisse être accusé de la sorte !

Je vous remercie de m'avoir écouté, et en profite pour vous souhaitez tous mes voeux en cette nouvelle année, à vous et aux vôtres. Que nos chemins deviennent sûrs en cette année 1458, tel est mon souhait.

Zorgl salua Messire Tixit et lui fit signe de se rassoir .
Bien que remis de son agression, le linge entourait encore son front ne parvenait pas totalement la blessure qu'il portait au front.
*Accusé , levez vous * dit elle à voix basse
L'accusé cuvait sur son banc, les bottes qu'il avait oté répendant peu a peu une odeur pestidentielle.
Elle fit signe aux gardes de ne pas faire de zéle, et de la laisser ainsi à distance.

*Messire Vendor, veuillez entendez le jugement*

En vertu du coutumier de Guyenne , Livre II :
Chapitre 1 : Article 1.
Tout crime et délit commis dans le Duché de Guyenne par un habitant ou un transitant, quelque soit sa nationalité ou son lieu de résidence, est passible d'une assignation en la Cour de Justice de Guyenne
et aussi
Chapitre 3 : De la moyenne justice.
Du Trouble à l'Ordre publique :
Tout comportement portant préjudice à autrui ou portant atteinte à l'intégrité physique ou morale d'un habitant de Guyenne, ou à l'ensemble de la communauté pourra être considéré comme trouble à l'ordre public .

Attendu que l'accusé Vendor a violé ces articles par l'agression de Messire Tixit , toutes les preuves ayant été reunies en la prévoté et l'accusé ayant avoué son crime.
La peine requise par la procure se justifie afin qu'il évite dans le futur nos chemins ,attendu que Messire Vendor brigande en compagnie d'un individu au passé judiciaire chargé, qu'il était présent en Marmande lors des troubles de ces derniers jours , que les MA de Guyenne attendent que justice soit faite .
La cour de Bordeaux condamne ce jour, le 7Janvier 1458 , Messire Vendor à 7 jours de prison ferme et une amende de 1écus pour tout le confort qu'il y trouvera.
Qu'il en soit ainsi. Zorgl, pour le duché de Guyenne.
Gardes , jetez cet homme en prison sur le champ.