En ce 20ème jour du mois de janvier 1460, Nous, Dona Marino1, procureur du Languedoc, mettons en accusation Mestre Humbert pour Trouble à l'ordre public.

- Lois bafouées : III - Des Chefs d'Inculpation
D. Du trouble à l'ordre public
Tout acte portant préjudice à une personne ou à un groupe de personnes, ou susceptible de le faire, de quelque nature qu'il soit, sera considéré comme trouble à l'ordre public. Il en sera de même de tout acte nuisant au bon ordre, à la sécurité, à la salubrité et à la tranquillité publique.

Votre honneur,

Je vous énonce ci-après les faits, le mestre Humbert s'est attaqué, dans la nuit du 18 au 19 janvier 1460, à Mestre Yassin34 alors sur la route entre Montpellier et Béziers.

Mestre Humbert a ainsi pu profiter du peu de passage sur les chemins entre Montpellier et Béziers pour exercer son oeuvre malfaisante, laissant ensuite Mestre Yassin34, inanimé dans un champ, prenant par la même occasion tout ses avoirs et biens.
Avoirs et biens dont le plaignant nous donne le détail de son inventaire avant agression à savoir : 30 écus et un bâton d'après les dires de la victime.
Mestre Yassin34 nous relate les faits par missive adressée et je vous en fait lecture votre honneur :

Bonjour. Je me nomme Yassin, j'habite à Catselnaudary. Alors que je me rendais de Montpellier à Béziers j'ai été attaqué dans la nuit du 18 au 19 janvier 1460 par un certain Humbert.

J'avais une trentaine d'écus sur moi et un bâton, il m'a dépouillé.
Il a aussi déposé une lettre près de moi pendant que je souffrais et le contenu est particulièrement outrant. Je veut que justice soit faite et j'ai les preuves ci-joint.


Et il nous fait part de ses événements
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Non content d'avoir dévalisé ce malheureux voyageur, Mestre Humbert s'amuse de lui et lui envoie un courrier des plus bizarre dont je vous joins la preuve
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Notre justice, votre honneur repose sur la coutume et deux points essentiels que je rappelle ci-après.

Le premier est celui du critère du bon père de famille, est permise en Languedoc toute action que pourrai commettre une personne normalement sérieuse, raisonnable et soucieuse de ne causer aucun préjudice à autrui. Ces actes commis sur la personne de Mestre Yassin34, nous en conviendrons aisément ne ressemble en rien à l'action d'un bon père de famille.

Le second est celui de l'universalité d'action qui rend punissable l'acte qui mettrait gravement en péril la vie en société si tout citoyen se l'autorisait. Et cette fois encore, ces actes commis sur la plaignante ne laissent aucun doute quand au fait que ce critère est bafoué, si tout à chacun venait l'arme à la main pour détrousser les habitants de notre comté ou simples voyageurs, notre société serait en grand danger !

Ainsi votre Honneur, l�accusé mestre Humbert est donc présenté devant vous pour trouble à l�ordre public, à savoir brigandage sur la personne de Mestre Yassin34 (Agression et Racket).

J�appelle donc à la barre, pour la défense, Mestre Humbert, et pour la partie plaignante Mestre Yassin34 afin que toutes les parties viennent nous donner leur version sur la nature les faits reprochés à l�accusé et que toutes questions puissent être éclaircies sur cette affaire.

Nous rappelons que l'accusé peut se faire aider d'un avocat, reconnu par le barreau du Languedoc, pour sa défense. Voici l'adresse où vous pouvez en faire

la demande : http://chateau-montpellier.discutforum.com/salle-publique-f111/

Je vous remercie votre honneur.

La parole est à la défense !

*Un petit homme repoussant s�approche à la barre*.

Madame le juge.
J'attendais depuis longtemps le moment d'être confronté à la justice des hommes. C'est que, voyez-vous, mon mandat est divin. Oh, je vous vois sourire... Mais il y a quelques temps, j�ai été visité en songe par un être de lumière. C�était l�un des sept archanges, Miguaël, archange du don de soi. Il me dit en ces termes : Humbert, tu es le croyant parfait. Tu mérites d�être récompensé pour ta dévotion. Je fais maintenant de toi le bras armé de l�Eglise aristotélicienne, je fais de toi, Humbert, le huitième archange, celui de la pénitence.
Miguaël m�a ensuite clairement expliqué que je devais repérer et traquer tous les mauvais croyants, ceux qui n�allaient pas à la sainte messe, ceux qui ne donnaient pas aux pauvres ; ceux qui moquaient le saint nom d�Aristote. Un mandat divin me fut délivré pour les faire rentrer dans le droit chemin, fut-ce par la force.
Vous pensez que je suis fou ? N�oubliez pas que le dogme de la très sainte Eglise regorge d�exemples de songes.

Ainsi, diriez-vous du grand Noam qu�il était fou ?
(Premier livre du livre des Vertus, livre I) Noam, père de l'oanisme :
« Un jour qu'il était endormi, Noam fit un étrange rêve; il vit un arbre, ou plutôt son regard suivit un tronc d'arbre interminable qui semblait monter tout droit vers le Ciel, quand, soudain, rompant cette ligne immuable, des dizaines de milliers de branches emmêlées et inextricables apparurent, brouillant considérablement sa vue ».

Diriez-vous d�Ysupso d�Alexandrie qu�il était siphonné ?
(Livre de la fin des temps, chapitre I le Rêve).
Moi, Ysupso d�Alexandrie, pieux croyant d�Egypte, vais vous décrire la révélation qui me fut faite en songe. Cela peut paraître étrange de considérer un rêve comme une véridique prémonition, mais la lecture de mes révélations vous montrera qu�il ne s�agit pas d�un rêve ordinaire.

Blasphémeriez-vous le saint nom d�Aristote en le traitant de dingue ?
(Aristote, dialogue XI).
Aristote : "Cette nuit, mon cher disciple, j�ai fait un rêve."
Sargas : "Ah oui, maître ? Racontez-moi."
Aristote : "Certes oui. J�ai songé qu�en orient existait une cité merveilleuse."

Telle fut ma révélation cette nuit-là. Et depuis, je traque le mécréant, fut-ce par des méthodes condamnables par la justice des hommes. Je tiens à préciser, (mais est-ce utile ?), que je donne ensuite tout le fruit de mes prélèvements à l�Eglise, sans garder un seul de ces écus salis par la main impie dans ma poche, question de principe. Je dois enfin dire que Yassin34 méritait pleinement ce qui lui est arrivé et pas seulement parce que sa mère pécha avant lui en s�envoyant tout le corps de garde de Castelnaudary comme il est de notoriété publique. Par ma main, le glaive de la justice divine s�est abattu sur sa tête, comme le merlin du boucher sur celle d�un porc. Je dois aussi avouer que personnage, qu�Aristote le pardonne, s�il s�est présenté à vous d�une manière tout à fait sympathique est fort peu amène dès qu�il s�éloigne du tribunal : vous en jugerez par les termes choquants ici employés :

http://imageshack.us/photo/my-images/821/lettreg.jpg/

Bref, j�ai envie de dire aujourd�hui. « Va mon enfant : Humbert te pardonne ».

* Le petit homme alla s�asseoir et attendit sagement la suite*.

Marino avait bien écouté les témoignages de part et d'autre. S'adressant à l'accusé

Mestre Humbert, vous vous cachez derrière une vision pour éviter d'expier votre crime, c'est une défense en soi pas banale.

Mais je vais vous citer un extrait du Livre de la Création Chapitre VII - « L�amour »
*6) Alors, Oane répondit: "Tu as certes fait Tes créatures se nourrissant les unes des autres. Il leur faut chasser et tuer pour se nourrir. De même, il leur faut se battre pour défendre sa vie. Mais il n�y a pas de fort ni de faible. Personne ne rabaisse ni ne piétine les autres. Nous sommes tous unis dans la vie et nous sommes tous Tes humbles serviteurs. Car Tu es notre créateur." *

Depuis quand une vision devrait-elle donner le droit de dépouiller son prochain au profit d'autres.
Depuis quand une vision vous donnerait-elle le droit d'assommer quelque quidam qui ne correspondrait pas à vos critères.

Allons, soyons sérieux....... Vous êtes ici devant la justice des hommes pour répondre de votre lâche agression.

Tout au plus, je pourrai demander un peu de clémence au vu de votre esprit un rien dérangé.

Quant au courrier reçu de votre victime, vous qui paraissez trouver normal de brigander, et bien lui sous le coup de la colère a eu la plume un peu vive. Nous ne saurions lui en vouloir.

J'ose espérer que vos visions ne vous pousseront pas à continuer à avoir un comportement de brigand.

Votre Honneur,
je demande pour cet accusé qu'une peine de prison de 2 jours lui soit infligé pour lui permettre de réfléchir à ses actes.

La parole est une nouvelle fois à l'accusé!

*Refermant son dossier, Marino se rassoit et attend la dernière plaidoirie de la défense.*

Messire procureur, quelle merveilleuse citation !

Mais il est aussi dit au chapitre VI de la Pré-Histoire, verset 3, qu'il "faut accepter la punition pour se laver de ses péchés". Or, la justice des hommes, votre justice, ne peut punir ce péché. Il appartient à des hommes comme moi de le faire et de le faire là où ça fait mal : par l'argent et un bon coup sur la tête. En vérité, je vous le dis : l'argent est source du Mal. L'argent cause l'envie. L'envie, la jalousie puis la jalousie, la méchanceté, la méchanceté : l'agressivité, puis le meurtre. Au final, n'ai-je pas simplement évité à Yassin d'assassiner son prochain ? Il devrait m'en être reconnaissant.

Enfin, regardez mes guenilles... Croyez-vous que je sois malheureux ainsi ? Croyez-vous que parce que j'ai reversé à l'église l'argent sale des incroyants j'en sois malade ? Non ! Je suis maintenant un homme accompli et heureux.


* les yeux brillants, un peu de bave aux lèvres, le petit homme alla se rasseoir*

Bonjour Procureur, bonjour à vous votre honneur.

Comme la dit Dona Marino1, je suis Yassin34. Je voyageais sur les routes du Languedoc, tranquillement, avec la nature.Tout ce passait pour le mieux jusqu'à la route entre Montpellier et Béziers.

Il ne faisait pas complètement nuit noire, quelques rayons de lune nous éclairait un peu. Messire Humbert s'est attaqué à moi près d'un champ, il a surgit des buissons et m'a attaqué. Je n'ait pas eu le temps de dégainer et de prendre mon bouclier on s'est battu avec les poings. Il a pris le dessus sur moi après m'avoir donné un coup sec sur la tête, les deux mains jointes. Il m'a dépouillé puis m'a jeté dans le champ d'à côté.

Il a laissé une lettre près de moi et c'est cette goutte qui a fait débordé le vase, j'était enragé hors de moi. Mais mon père m'a toujours dit qu'il ne faut pas répondre à la violence par la violence. J'ai donc décidé de porter plainte, la manière la moins violente et la plus juste car il mérite d'être punis pour cet acte en le jetant en prison.

Dona Marino1 vous a présenté les preuves ainsi que la lettre, je ne puis en rajouter plus.

Je vous remercie votre Honneur.

Nous, Mestra Evanne, juge du Languedoc, allons vous donner lecture du jugement que Nous rendons dans l'affaire vous concernant .

Attendu que Mestre Humbert est accusé d'avoir brigandé Mestre Yassin34 dans la nuit du 18 au 19 janvier sur la route entre Montpellier et Béziers.

Attendu que l'accusé tente de faire croire que des visions l'ont amené à commettre un tel acte,

Attendu que les preuves apportées par le procureur sont irréfutables,

Attendu les témoignages à charge de l'accusation,

Attendu que nous jugeons cet acte de brigandage éminemment répréhensible car ne respectant pas le critère du bon père de famille et par la même notre coutume.

Par ces motifs, Nous Evanne, juge du Languedoc, déclarons l'accusé Mestre Humbert coupable des faits qui lui sont reprochés, et par cela décidons de le condamner à 2 jours de prison ferme, peine immédiatement exécutable.

Remercions toutes les personnes que nous avons entendues au cours de ce procès et nous ayant permis de rendre ce jugement.

Informons les parties qu'elles peuvent interjeter appel du jugement devant la Cour d'appel du Royaume, selon la procédure afférente à cet organe juridictionnel.

Ainsi en a été jugé par le tribunal du Languedoc, en la personne du juge Evanne, le 24ème jour du mois de janvier de l'an 1460.

L'audience est levée.