Procès ayant opposé Laell au Comté du Languedoc
Laell était accusé de T.O.P..
Nom du procureur : Jorocket
Nom du juge : Virgile Rollon
Date du verdict : 26/05/1461
Lieu concerné par l'affaire : Mende
Votre honneur,
En ce jour du 12 avril 1461, moi, Jorocket, procureur du Languedoc, intente un procès à l'encontre de dame Laell pour trouble à l'ordre public.
En effet, dame Laell est accusée de s'être emparée par la force de la mairie de Mende dans la nuit du 14 au 15 mars 1461, afin de la piller.
Je rappelle, à toutes fins utiles, qu'au moment des faits, les chefs d'inculpation Trahison et Haute Trahison ne concernaient que les languedociens, il s'agit donc bien d'un trouble à l'ordre public dans ce cas de figure puisque l'accusée était étrangère. La nature des faits étant ainsi différente de l'autre procédure en cours concernant le pillage de Carcassonne, les procès ne pouvaient être regroupés, conformément à la charte de bonne justice.
*Le procureur montre un extrait du code languedocien en vigueur au 15 mars 1461* :
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D. Du trouble à l'ordre public
Tout acte portant préjudice à une personne ou à un groupe de personnes, ou susceptible de le faire, de quelque nature qu'il soit, sera considéré comme trouble à l'ordre public. Il en sera de même de tout acte nuisant au bon ordre, à la sécurité, à la salubrité et à la tranquillité publique.
E. De la trahison
Tout acte portant préjudice au Languedoc, notamment sa stabilité, ses institutions ou son gouvernement, de la part d'un citoyen languedocien, sera considéré comme acte de trahison.
F. De la haute trahison
Tout acte portant grave préjudice au Languedoc, notamment sa stabilité, ses institutions ou son gouvernement, de la part d'un citoyen languedocien, sera considéré comme acte de haute trahison.
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Ceci étant dit, place aux preuves issues de l'enquête policière.
Dans un premier temps, les reporters de l'AAP ont encore une fois fait preuve de leur réactivité en décrivant succinctement la scène qui s'était déroulée.
*Tend l'article de l'AAP*
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15/03/1461 Révolte à Mende ! Laell prend le pouvoir
Révolte à Mende ! Laell prend le pouvoir.
http://imageshack.us/a/img705/5285/laellmende.png
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Naturellement, le conseil en place a réagi rapidement, notamment pour insister sur le fait que cet acte était illégal.
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Au Bon Peuple du Languedoc
Adissiatz,
Dans la nuit du 14 au 15 mars, la ville de Mende est tombée aux mains d'un groupe de brigands sans foy ni loy dirigé par Dame Laell.
Cette prise de pouvoir, renversant le maire légitimement élu Mestre Joan, est illégale. Le conseil comtal fera tout pour aider les citoyens de Mende à reprendre le contrôle de leur propre ville.
Que le Très-Haut nous aides tous!
Ecrit au catel de Montpellier, le 15 mars de l'an de grâce 1461.
Ilgur, porte-parole du Comté
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Enfin, la police a réussi à mettre la main sur des tracts écrits de la main de l'accusée elle-même, des tracts qui se trouvaient en gargote du Languedoc, le contenu n'est pas dénué d'intérêt puisqu'ils contiennent les aveux de l'accusée :
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Au petit peuple du Languedoc,
Aux Mendiants et aux Mendiantes en somme les habitants de Mende,
Aux drilles, aux rifodés, aux malingreux, aux arsouilles,
Au nom des miens,
Saluti !
La Famiglia Corleone a pillé la ville de Mende dans la nuit du 14 au 15 mars de notre ère. Nonobstant les propos écrit par un porte parole à la langue clouée et le verbe bas, nous ne sommes point d'illustres inconnus. Nous sommes les descendants de la Reyne du crime, la Belladone Sadnezz Corleone. Qui fut l'assassin de votre regrettée Béatrice. Si votre mémoire vous fait défaut, nous vous conseillons de pratiquer une bonne saignée. C'est ce que nous faisons actuellement en la cité que vous nous avez gracieusement cédée. Que votre altruisme ne restera point lettre morte. Nous reviendrons sur vos terres, l'accueil y est clément.
Le but de cette lettre ouverte est de vous donner des consignes. Tout d'abord ne dit-on pas « un groupe de brigands sans foy ni loy ». C'est redondant. De plus, on ne dit pas non plus « un groupe de brigands ». On écrit « Diantre que Dieu est bon ! Il nous fait l'immense honneur de nous faire piller par la famille Corleone ! Quelle joie ! ». Une autre rectification « Dame Laell », on écrit « La somptueuse Dame Laell Corleone ». Quelques lignes et tant d'interventions pour assurer un peu de crédibilité à votre annonce. C'est affligeant.
Désormais, vient le paragraphe concernant vos devoirs :
Vous avez le devoir de nous idolâtrer.
Vous avez le devoir de ne pas tenter de vous révolter. C'est peine perdue. Comme vous avez pu le constater hier soir. Vous ne faîtes pas le poids.
Vous avez le devoir de ne mettre aucun d'entre nous en procès. Le cas échéant nous nous ferons une joie de revenir en guise de représailles.
Vous avez le devoir de nous faire des dons et offrandes car nous honorons les Mendiants et Mendiantes de notre présence en leur ville.
Vous avez le devoir de graver cet instant dans vos mémoires.
Vous avez le devoir d'accepter dans la joie et la bonne humeur vos injonctions au tribunal, si il devait y en avoir.
Vous avez le devoir de nous croire sur parole car celle d'un ou d'une Corleone ne souffre d'aucun défaut.
Concernant vos droits :
Il est simple, vous n'en avez pas.
Pour finir, même si cela vous est désormais interdit. En prévention, il ne sera pas vital d'organiser une révolte conséquente pour ce soir. Cela serait une erreur que de mobiliser des troupes pour enfoncer des portes ouvertes. Enfin, n'allez donc pas mentir au peuple en leur disant que vous avez repris la ville des mains des terribles Corleone. Non. Si vous la récupérez, c'est que nous vous l'aurons rendu.
En hommage à Sadnezz Corleone,
La famiglia Corleone
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Au petit peuple du Languedoc,
Aux Mendiants et aux Mendiantes en somme les habitants de Mende,
Aux drilles, aux rifodés, aux malingreux, aux arsouilles,
Au nom des miens,
Saluti !
C'est un déchirement pour moi d'écrire ces mots. A vous Mendiants, qui nous avez si bien accueilli, je souhaite vous saluer au nom de toute la Famiglia. Je souhaite remercier tout particulièrement ceux d'entre vous qui ont pris les postes de milicien, votre concours au maintien de l'ordre la nuit dernière nous a été précieux et nous vous en sommes reconnaissant. Je tiens à présenter nos excuses à ceux qui auront été frappé par leurs voisins alors même qu'ils oeuvraient pour maintenir la paix dans leur village.
Ce soir, avant de prendre la route, je me dois d'établir une vérité qui, je le sais sera bafouée par des hommes au trop grand orgueil, souhaitant se gargariser d'actes qui ne seront pas les leurs. Ce soir, je donne ma démission du poste pour lequel vous ne m'avez pas élue. Les portes de la mairie seront ouvertes et vous, révoltés, n'aurez aucune peine à les enfoncer. Derrière elles vous attendront deux miliciens, n'oubliez pas qu'ils sont comme vous Mendiants, de pauvres hères qui ont eu le malheur de chercher un travail pour le bien de leur village. Ne les frappez point de trop, ne leur en voulez pas de leur implication dans la défense, comme vous ils n'ont souhaité que le bien de Mende.
Sans aucun doute nous aurions su conserver la Mairie de Mende une journée ou deux de plus et ainsi retarder l'impôt qui vous sera demandé une fois que nous auront quitté la ville mais le devoir nous appelle. Nous repasseront très certainement vous saluer dans un an ou deux.
Un pèlerinage se mettra en place afin que tout jeune Corleone puisse dire qu'au moins une fois dans sa vie il a touché de près la mairie de la ville de Mende. Ville oh combien importante pour nous, puisque c'est ici, qu'il y a deux ans, nous avons, ma cousine et moi même, effectué notre tout premier pillage en compagnie de notre tante, Feue Sadnezz Corleone. Les plus anciens d'entre vous la connaissent sûrement, les plus jeunes en auront entendu la légende le soir au coin de la cheminée.
N'ayez crainte son fantôme est avec nous.
Per il Famiglia Corleone
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Comme vous pouvez le constater, les preuves sont accablantes.
Des témoins viendront par ailleurs étayer les accusations.
Dame Laell, vous n'êtes pas sans savoir que le Languedoc a, de tout temps, sévèrement réprimé le pillage pour ses conséquences malheureuses, car il s'agit dans un premier temps d'une atteinte à la souveraineté du peuple, qui voit son représentant local expulsé illégitimement, c'est également une atteinte aux finances et aux biens publics, qui se trouvent désormais dans des mains spécieuses au lieu de servir la collectivité. Enfin, il s'agit bien d'une atteinte aux institutions municipales qui se retrouvent paralysées.
Par conséquent, vous êtes accusée d'avoir enfreint gravement le droit coutumier régissant le Languedoc.
Sachez que vous avez le droit de vous faire représenter par un avocat de votre choix.
La parole est maintenant à vous, que plaidez-vous?
*Corleone... un nom avec une bonne résonnance à l'oreille, argument suffisant auprès de Gautier pour qu'il accepte l'affaire.
Après lecture de l'acte d'accusation, il n'y avait pas eu de déception. La Corleone avait un petit air des Piques et incontestablement, le Kestel adorait défendre la piquante Swan.
Il offrirait donc à la cour et au public une plaidoirie à la hauteur de sa cliente et de sa verve.
Bien paré et droit comme il se devait dans un tribunal, le jeune avocat salua la cour et l'assistance. Chaque procès était pour lui un nouveau spectacle.*
Salut à tous !
Je suis Gautier de Kestel, connu comme avocat du dragon et dans notre affaire, celui de Laell Corleone. Je vous prie, s'il vous plait, de ne point applaudir tout de suite et de vous retenir jusqu'à la fin de mon intervention.
Il est une chose évidente dans cette affaire : personne ne nie les faits. Le faire serait insulte pure vis à vis de la famille Corleone.
Il me semble que votre porte-parole est le plus proche de la vérité. Vous devriez suivre son enseignement. En effet, il dit : « la ville de Mende est tombée aux mains patatai patata sans loy dirigé par Dame Laell ». Voilà donc ce que clâme vos propres autorités. Et elles ont raisons ! Vous avez ici une femme sur laquelle aucune de vos loys ne peut valoir, et qui ne pourra jamais être jugé par votre tribunal.
Elle est insaisissable, indomptable, inattendue et au dessus de tout jugement humain. Sa logique est implacable, ce pourquoi vous ne la comprenez jamais. Condamneriez vous le vent, le feu, le soleil ou le bruit singlant d'une porte qui claque ? Non, car votre humanité autant que votre juridiction n'en a pas les compétences.
L'accusé est une Corleone ! Entendez vous ce roulement du « r » sur le palais ? Mais maintenant, sauriez vous le répéter ? C'est là tout ce qui vous est innaccessible, ce Corleone trop haut, trop éloigné de cette médiocrité.
Je n'ai aucun témoignage à apporter, le nom de Laell Corleone est sur toutes les lèvres, nul besoin de prouver son unicité, car nul ne l'ignore, pas même la gueusaille la moins renseignée ou l'étranger provenant de contrées lointaines.
Je demande évidemment la relache de ma cliente, est-il nécessaire de le préciser ?
Le sang de la Royale et Eclatante Sadnezz Corleone coule dans ce corps, ne l'oubliez pas.
Craignez et respectez ou... regrettez.
*Nouveau salut à l'assistance et aux magistrats avant de se reculer*
La personne intéressée ne s'est pas manifestée.
Comme vous pouvez le voir, dame Laell ne nie pas les faits et le témoignage de messire Joan montre de manière incontestable que l'accusée s'est effectivement emparée de la ville de Mende avant de la piller.
Je considère comme circonstances aggravantes le fait que l'accusée persiste à s'estimer au-dessus des lois et au-dessus de la justice.
Je demande donc, naturellement, à ce que l'accusée soit reconnue coupable des faits reprochés dans l'acte d'accusation et qu'elle soit ainsi condamnée :
- à une amende de 400 écus.
- à une peine de prison de 5 jours.
- et à une peine de bannissement de 3 mois, exécutable dès sa sortie de prison.
Que justice soit rendue.
La personne intéressée ne s'est pas manifestée.
Bonjorn,Votre Honneur , monsieur le procureur.
Je viens devant vous pour confirmer les propos de monsieur le procureur vis à vis de cette personne. Cependant n'étant que maire quelque seconde à peine il m'est difficile de révéler la véritable ampleur des dégâts. Cependant les caisses furent vidées de leurs liquidités , les haches et autres marchandises qui appartenait à la municipalité furent attribuées par des mandat illégaux tout porte à croire que ce fut bel et bien un pillage de la Mairie de Mende et pour cause cela en est un.
Cette personne à laissée la ville dans une situation économique sans précédent, et j'ose espérer que justice sera faite.
Merci messieurs
Après un long délibéré, le juge Virgile Rollon pénétra dans la salle d'audience. Jetant un coup d'oeil sur les différentes parties présentes, il demanda à l'assistance de s'assoir, prit ses notes et rendit son verdict:
Mestra Laell,
Au nom du Comte du Languedoc, sa Grandeur Meval, après intervention du Prévôt et accusation menée par le procureur Jorocket,
Vu les textes de loi concernant en particulier le délit de trouble à l'ordre public défini comme « tout acte portant préjudice à une personne ou à un groupe de personnes, ou susceptible de le faire, de quelque nature qu'il soit, sera considéré comme trouble à l'ordre public. Il en sera de même de tout acte nuisant au bon ordre, à la sécurité, à la salubrité et à la tranquillité publique »
Vu les différentes pièces qui ont été versées aux débats,
Vu les témoignages apportés dans cette enceinte,
Attendu que le Procureur a rapporté dans ces lieux, les preuves que la prévenue s'est emparée par la force, de la mairie de Mende dans la nuit du 14 au 15 mars 1461,
Attendu que le témoignage de Mestre Joan confirme les propos de l'accusation,
Attendu que la défense aussi onirique qu'inefficace parlant de condamner le vent, le feu, le soleil ou le bruit cinglant d'une porte qui claque, sache que le Languedoc sait se protéger du vent, éteindre le feu, s'abriter du soleil et qu'une porte peut... se dégonder et qu'il va le prouver,
Attendu que la Procure a transmis par pigeon son réquisitoire le 5 mai dernier et donné 2 jours à la prévenue pour qu'elle-même ou son avocat, y réponde en rédigeant une seconde plaidoirie,
Attendu qu'à ce jour aucun autre élément de défense n'a été transmis au tribunal,
Attendu que pour prononcer une peine juste, nous avons tenu compte du statut social et du montant des fonds garnissant les poches de la prévenue soit 72 écus dûment constatés par les gardes avant cette audience,
Par ces motifs, Nous, Virgile Rollon, juge du Languedoc, vous reconnaissons coupable des faits qui vous sont reprochés et vous condamnons à une peine d'emprisonnement de 3 jours et une amende de 60 écus.
Nous vous rappelons que vous disposez du droit de faire appel de la présente décision devant la Cour d'Appel du Royaume de France si vous l'estimiez légitime.
Que le juge d'application des peines veille à l'exécution de la sentence!.
La séance est levée.
A Montpellier, le 26 mai de l'an de grasce 1461
Virgile Rollon
Juge du Languedoc
Le prévenu a été condamné à une amende de 60 écus et à 3 jours de prison ferme