Procès ayant opposé Fauconnier au Comté de Rouergue
Fauconnier était accusé de T.O.P..
Nom du procureur : Tizo
Nom du juge : Arnautpantagon
Date du verdict : 02/02/1457
Lieu concerné par l'affaire : Sur les chemins
*Tizo se leva et se présenta devant le Juge avec le dossier*
En ce XXIV ème jour de janvier de l'an de grâce MDLCII, nous sommes ici pour l'affaire opposant Senher Fauconnier au Comté de Rouergue.
En effet, selon le rapport de Senher LKadji , Sergent Maréchal de Millau, ledict Fauconnier se trouverait encore aujourd'hui en terres Rouerguâtes et ce malgré la lettre d'information de fermeture des frontières envoyée à l'accusée, restée sans réponse.
Ledict Fauconnier a donc, malgré en avoir été informé, enfreint le décret de fermeture des frontières Rouerguâtes
(Fermeture des frontières Rouergates
Qu'il soit su de tous qu'à compter de ce jour les frontières du Rouergue sont fermées à tous et pour une durée indéterminée.
Qu'il est demandé à toutes les personnes se trouvant en territoire Rouergat de bien vouloir limiter au maximum leur déplacement durant la même durée.
Qu'il est demandé à toutes personnes étrangères au Rouergue de quitter ces terres dans les plus brefs délais c'est à dire dans les 48 heures a suivre suite à la publication du cette annonce.
Que toute conséquence néfaste de leur déplacement ou entrée illégale en nos terres ne pourra être imputé au Comté Rouergat.
Que le conseil s'engage à ce que cette période de limitation soit la plus courte possible afin de ne gêner en rien d'éventuels voyageurs.
Qu'il soit su que cette annonce annule et remplace la précédente.
Fait à Rodez le 3 décembre 1456
Princevaillant
Comte de Rouergue)
Votre Honneur, écoutons ce qu'a a dire l'accusé pour sa défense ainsi que celui du Sergent Maréchal de Millau Messire LKadji.
*Tizo déposa le dossier sous les yeux du Juge et retourna à sa place*
- " Monsieur le juge, procureur. Mes saluts. Veuillez m'excuser du court de ma plaidoirie, point n'ait habitude de m'étendre. Je suis fils de Dame
Daresha de Riddermark, baronne de Calmont dePlancatge. Pour raisons familiales, je me trouve en votre biau duché, pour régler l'intendance des terres pour gérer l'intendance du domaine. Ceci explique mon absence de réponse. En vous présentant mes excuses... "
Votre Honneur, après vérification de la prévôté,Senher Fauconnier possédait bien une autorisation, je demande donc la relaxe.
- " ... Je ne m'appesantirais point sur les méthodes d'un comté qui met en procès même ses nobles, pour le simple motif qu'ils foulent le sol de leurs terres ! Honteux ! Je serais presque tenté de demander un dédommagement! Voire même mieux, duel ! C'est une atteinte à l'honneur de ma famille ! Je me plaindrais ! Et j'ai le bras long ! "
*sur ce il s'en va, sifflotant une chanson paillarde qui faisait penser à "Létha la velue un jour se rasa le cul, elle en était fièèèère... Mais moi j'm'en fichais, je l'aimais même p'u, j'préférais une bièèèère... " *
*Ayant reçu un courrier pour le moins énigmatique, et ayant cru comprendre à la lecture de ces hiéroglyphes qu'on parlait de procès, le Vicomte se rendit à la Cour de Justice. On lui confirma alors qu'il avait été mandé pour témoigner lors du procès d'Adrian Fauconnier. Une rapide lecture du chef d'accusation lui suffit, et c'est d'un pas sur et pressé qu'il entra dans la salle, croisant alors le jeune garçonnet qui en ressortait en sifflotant. Son air grognon clairement affiché, il s'avança jusqu'à la barre et commença sans plus attendre.*
"Salut à vous. Ma présence est due au charabia bizarre griffonné que j'ai trouvé en revenant à ma demeure. Je vous le redonne aussitôt, que vous puissiez constater qu'il est urgent pour vous de changer de scribes, ceux-là sont usés."
*Ce disant il posa sur la table la plus proche de lui la missive en question:
Par la présente, le tribunal du Comté vous informe que vous avez été appelé à témoigner dans le cadre du procès pour trouble à l'ordre public de Fauconnier .
Vous pouvez témoigner dès aujourd'hui, en vous rendant au Palais de Justice.*
"J'avoue avoir juste saisi des bribes, et par chance, cela m'a conduit jusqu'ici. Quel est le crime ? Une entrée sans autorisation ? J'imagine que vous n'avez même pas eu l'intelligence de vérifier que ce jeune garçon m'accompagnait et, par conséquent, cheminait en compagnie d'un Chevalier de Plein Droit de Sa Majesté Levan III dont, dois-je vous le rappeler, votre Comté est vassal ? Qui plus est, j'ai moi-même écrit au Prévôt lors de notre arrivée, ceci afin de lui répondre qu'étant déjà sur place, une autorisation serait un peu stupide et pour l'entretenir d'une affaire de sécurité. De toute manière je n'ai aucune raison de demander un quelconque papier me donnant droit à voyager. Je sers le Roy, j'en ai fait serment, et je le fais fidèlement depuis des années. J'ai défendu le Maine nom d'un chien, et j'ai défendu ce Comté par la même occasion ! Sans mon ordre et son intervention votre région aurait été deux fois plus pillée qu'elle l'a été durant toute son histoire ! Alors si malgré ça il faut continuer à perdre son temps à demander des papiers qui ne servent à rien pour rassurer des fonctionnaires qui n'y connaissent rien en sécurité, ne comptez pas sur moi. Achetez-vous des espions plutôt, ça vous fera gagner et en temps, et en efficacité. En tout cas moi j'ai toujours fait sans lois sur les lances, sans décrets pourris, et je gage que mes dossiers contiennent davantage d'informations que les vôtres. Moi, les serviteurs royaux, je les connais. Sur ce, vous pouvez considérer que ce jeune homme était en service du Roy au moment des faits et que toute condamnation qui lui serait infligée irait à l'encontre votre serment de vassalité à Sa Majesté. Bonne journée."
*Concluant sur ces mots, il repartit dans l'autre sens et sortit en grognant.*
*La veille du témoignage, dans une vaste maison au coeur de Millau, à quelques dizaines de mètres de l'auberge/taverne/hostellerie de l'Ephémère*
* Un matin comme un autre depuis leurs retours dans le Rouergue. Un matin comme un autre à faire semblant de comprendre le patois local qui se fait remarquer par des mots étranges comme air-pet, ou hache avec un air en pet; ou encore des histoires de niveau.
Un matin comme un autre à savoir que si elle met un pied en taverne, ce sera pour coller à la porte des malandrins qui se croient drôle en voulant égorger un de ses plus proches amis, parce qu'il parle pas comme eux. Un matin comme un autre à évoquer les souvenirs pour pouvoir patienter dans ce pays aux moeurs si étranges avant de reprendre les routes.
Un matin qui aurait pu être comme un autre si son Loup, Rhuyzar de la Louveterie, n'avait pas grogné violemment en dépliant une des deux lettres qu'un domestique venait de lui apporter*
Je rêve *dit-il de sa voix basse et contrariée* Nous sommes convoqués parce que le Procureur, tellement débordé de travail colle un procès à Adrian.
Quoi? Tu plaisantes? *répond sa fiancée, venant chercher sa propre missive de sa main gauche, la droite toujours aussi tremblante dans sa mitaine de cuir tout juste enfilée* Bon... Pars devant, je passe prendre les enfants. Il est temps de procéder à un cours d'instruction civique.
*Le lendemain, à Rodez.*
*Quelques heures � longues et cavalées � plus tard, la jeune femme, aux cheveux blonds cascadant sur ses épaules, serrée dans son bustier de velours rouge, dans son pantalon de cuir noir, fait claquer ses bottes de cuir rouge récemment offertes par un de ses plus proches amis sur les marches de la Cour de Justice du Rouergue, son fourreau - dont un pommeau orné d'une Panthère légèrement dorée dépasse discrètement � battant la mesure de ses pas sur sa cuisse droite.
Sur ses talons, un premier page, blond aux yeux verts, comme elle, d'environ une douzaine d'années, tâchait de suivre le rythme dans ses vêtements de coton blanc et épais mais soigneusement choisis; un deuxième page, brun aux yeux verts cavalant encore plus à l'arrière pour rattraper son aîné, lui aussi vêtu de coton, mais de couleur bordeaux.*
Bien, les enfants, écoutez moi attentivement. Nous sommes ici dans les lieux de la Haute Justice de la région, à savoir celle rendue par le Comte et son Conseil. Soyez digne, faites nous honneur. Nous venons témoigner pour Adrian Fauconnier ne l'oubliez pas.
*Ca, le page blond, au doux nom de Luthifer, ne risquait pas de l'oublier, Adrian étant son premier et meilleur ami; mais il se contente d'opiner silencieusement, son buste amaigri par une croissance qui s'annonce proche se redressant fièrement. L'autre page, du nom de Moustique, se contente de trouver son souffle et surtout de ne pas en perdre une miette.
Vérifiant une dernière fois son équipage, la fille adoptive de Dugesglin d'Azayes décide d'entamer sa visite guidée, nécessaire pour les deux monstres qui lui servent de pages.*
Vous excuserez mes hésitations les enfants, mais je n'ai point coutume de venir icelieu. Je ne savais pas que la coutume voulait qu'on cite le fils aîné d'une ancienne Comtesse à comparaître pour revenir sur ses propres terres, mais que voulez-vous les temps changent... Alors... Voici, à droite le bureau du greffe. Il ouvre les dossiers, les suit, les classe et constitue les archives des décisions de justice.
Grâce à ce travail de fourmi, les régions de notre Royaume se refilent des informations sur les pires raclures du pays qui sillonnent nos routes. Du moins, elles essaient. Parce que question prévention...
*la Panthère stoppe net dans le couloir, manquant de se faire bousculer par les gamins qui ne s'y attendaient visiblement pas*
Je me rappelle d'une fois où un crétin des Alpilles, qui en l'occurence résidait en Flandres, voulait me faire démanteler ma lance en pénétrant dans son village. Est-il chose plus stupide que cette demande? Déjà parce que j'escortais la fiancée de son supérieur � chose qu'en bon officier de police il aurait du savoir- et ensuite parce que, s'il craignait que je commette un attentat, il ne s'est pas demandé une seconde si, durant le délai de deux jours qu'il me donnait pour lui répondre, mon attentat n'aurait pas pu déjà être commis.
Pourquoi cette histoire? *dit-elle en reprenant sa marche* Parce que la prévention n'est rien sans réflexion et surtout un bon réseau d'espions. Non seulement vous casserez les pieds d'une région avec vos demandes tatillonnes, non seulement vous ne trouverez que difficilement des employés efficaces et qui effectuent un véritable travail de suivi sur du long terme mais parce qu'en plus, ça ne sert à rien d'envoyer ses missives si les brigands peuvent etre plus réactifs que vous.
*et la course poursuite de reprendre, la Panthère feignant de se perdre dans les couloirs tortueux pour continuer sa visite*
Ah, la bibliothèque! Très intéressant endroit. Je me rappelle du temps où j'étais secrétaire de la Juge de l'Alençon lors de la refonte du corpus juridique du Duché. J'ai passé des heures dans des locaux semblables à compulser les dossiers des autres comtés, pour nous donner des idées, un plan. Et encore autant d'heures pour relire notre travail et le soumettre au Conseil. Ce fut... *soupir joyeux* Tout simplement énorme comme période! *phrase ponctué d'un éclat de rire souligné par le sourire de deux enfants fascinés* Mais je vous parle d'un temps, les enfants, où les Cours de Justice n'accusaient pas la moitié de la terre de trouble à l'ordre public pour une motte de choux vendu un écu trop cher ou une menace grave à l'ordre régnant parce que vous rentriez dans vos terres. De ce temps-là, y'avait des brigands qui avaient de la classe... Des citoyens qui se révoltaient intelligemment contre l'ordre établi, pas uniquement pour leur pouvoir personnel... Des Conseils avec des Conseillers qui bossaient à point d'heure pour la gloire de leur région et non pour des titres ou des terres. Des Comtes ou Ducs qui se battaient pour l'ordre, s'opposaient, tapaient du poing sur la table, assumaient de secouer les puces d'abrutis congénitaux pour faire avancer les choses. Et pas de mous du bulbe qui refuse de faire ou dire quoique ce soit pour être certain d'avoir un Conseil calme � donc mort, inerte, incapable en d'autres termes � qui leur assure les clés d'un domaine...
*silence rêveur, fixant les rayonnages pleins de poussières et les allées vides* Encore que le Coms actuel a l'air de prendre le taureau par les cornes... M'enfin, avec Pépé et sa clique traines-patins, même un navet serait obligé de se bouger... *sourire en coin vers les mômes, fermant la porte sur une salle depuis trop longtemps désertée* La règle d'or, pour vivre, est de ne jamais perdre espoir. Une lueur peut surgir n'importe où, même d'un peigne-fesse.
*Epargnons nous la suite des déambulations dans les locaux. Evidemment, cet âge d'or évoqué a été embelli. Tous trois savaient qu'il y avait toujours des procès pour la bouse d'un âne au milieu d'un champ. Mais la Blonde s'amusait bien à raconter ses histoires, et les enfants en profitaient tout autant de l'entendre en rajouter*
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*Dans la salle d'audience de la Cour de Justice*
*Quelques minutes plus tard, la mince silhouette de la jeune femme pénètre dans les lieux, soufflant un baiser provocateur à son fiancé grognant qui quittait la pièce sur un air de bougonnerie maussade.*
Vous vous asseyez là et que je vous avise pas en train de loucher sur une serrure à faire couiner. *murmure-t-elle à voix basse, dans un langage que seuls les trois décrits peuvent comprendre,
Elle s'avance alors à sa place, le dos un peu trop raide, le port de menton altier, sa voix froide à la diction parfaite s'élevant*
Ilmarin d'Azayes, répondant à la missive en langage celtique que Votre Honneur a bien voulu me faire parvenir.
J'avoue ne pas bien saisir la raison qui a commandé à ma venue en ces murs. Adrian Fauconnier est l'héritier de la première Comtesse du Pays. Je n'ose imaginer que vos registres d'hérauderie ne sont pas à jour, encore moins que les services de la Cour ne communiquent pas avec eux. Et carrément pas du tout qu'il pourrait s'agir d'une bête erreur des officiers de police.
Ou alors... Attendez voir... *secoue sa cascade blonde en riant, glaciale* non non, ce ne peut être une maigre formation des agents que nos impôts paient à travailler si durement à la protection du Rouergue, si maigre que la méconnaissance est si totale. Non bien sûr. N'est-ce pas?
Bien. Alors... Que puis-je bien faire en ces lieux à part vous faire perdre votre temps.
En dehors de sa filiation, c'est, comme mon fiancé vous l'a dit, le service royal de la Licorne qui commandait le retour de ce jeune homme sur ses terres et nous étions son escorte...
C'est toutefois bien dommage, cette histoire... Voyez le temps perdu pour une bête erreur d'inattention. Entre nous-même, devant nous déplacer, donc perdant une journée sur nos terres à nous remettre du voyage; c'est que, voyez-vous, nous avons défendu plusieurs fois les terres du Royaume et nos blessures, à mesure que nous vieillissons, nous pèsent. Et oui, la vie est ainsi faite que, bien souvent, pour juste récompense de nos mobilisations, nous avons procès et blessure grave. Si vous aviez le temps, je vous aurais bien compté mon procès dans le Maine, après des semaines de défense de la région contre les Bretons, procès lancé par un procureur ayant commis, lui aussi, une simple « erreur ». Mais ce n'est point le moment je crois.
Que disais-je? Ah oui! Entre le déplacement, le temps pour ce douanier de témoigner et donc pas à son poste pour veiller sur d'autres malheureux égarés, le procureur loin de son bureau à remplir tant de paperasses et vous-même, Votre Honneur, coincé sur cette chaise si inconfortable... Tout ce gachis qui aurait pu être évité... Non vraiment...
*Passant sa main gauche dans ses cheveux, elle se recule en souriant, plongeant ses émeraudes dans le regard du Juge*
Votre Honneur, je vous souhaite une bonne journée en cette salle alors que l'hiver nous offrait une journée bien clémente. Abrégeons nos souffrances, il est temps d'aller visiter notre capitale tous ensemble.
*Se détournant après une inclinaison rapide de la tête* Les mioches en avant, Adrian et Rhuyzar nous attendent au-dehors.
LKadji s'en allait quand il vit quelqu'un courrir vers lui une lettre a la main.
La personne le lui tendit et repartit sans un mot. Aprés avoir parcouru les quelques lignes, LKadji sourit. Pour une premiére journée au tribunal, il avait fort a faire car il s'agissait d'une deuxieme demande de témoignage pour infraction au décret sur la fermeture des frontieres cette fois, a l'encontre de Fauconnier.
LKadji reprit donc le chemin de la salle d'audience.
Arrivé a la barre, il parla cette fois avec plus d'assurance:
Re-bonjour messires,
Ma foi, mon témoignage sera fort bref.
Comme le veut ma charge de maréchal et de douanier, j'ai fait le recensement de notre ville de Millau le 18.01.1457. Nous laissons toujours une chance aux étrangers en nos terres de se retirer ou de demander un laisser passer. C'est pourquoi j'ai envoyé une lettre a Messire Fauconnier pour lui notifier la fermeture de nos frontières. Je n'ai jamais eu de réponse a cette lettre et a ce jour, cette personne est toujours présente a Millau.
Certes, a ma connaissance, nous n'avons jamais eu de problème avec cette personne depuis son arrivée a Millau mais il a enfreint un décret comtal, cela ne fait aucun doute dans mon esprit.
Mais bon... Vous êtes seul juge, Messire Arnaut.
Cette fois, si vous n'avez plus besoin de moi, j'ai du travail qui m'attend en ville.
LKadji repartit.... un peu plus vite cette fois de peur de voir encore arriver quelqu'un avec une nouvelle convocation pour témoigner.
*Arnaut avait attentivement écouté les différentes interventions, en particulier celle du Procureur et celle des témoins*
Puisqu�un laissez-passer a été retrouvé, je ne puis que prononcer la relaxe.
J�espère en outre que la fatuité du premier témoin de la défense ne le conduira jamais devant cette juridiction, pour son propre bien.
Le prévenu a été relaxé.