Procès ayant opposé Ambior au Duché de Touraine
Ambior était accusé de T.O.P..
Nom du procureur : Spm
Nom du juge : Tcharly
Date du verdict : 23/01/1457
Lieu concerné par l'affaire : Sur les chemins
En ce jour du 9 janvier 1457, moi Spm procureur de Touraine porte à la connaissance de la justice ducale une affaire de trouble à l’ordre public perpétrée par le sieur Ambior à l'encontre de Dame Cerridween de Vergy, de l’ordre royal de la Licorne, de son écuyer Messire De_mesdeuzes et de dame Labrinvilliers faisant également partie de sa suite.
Voyageant ensemble, lesdites dames et sieur se sont fait agresser sur la route entre Tours et Loches dans la nuit du 24 au 25 décembre 1456 et dérober tous leurs biens qui, sur leur déclaration, consistent en :
premièrement, pour Dame Cerridween de Vergy : 450 écus, un caillou, un bâton, cinq pains et un fruit
deuxièmement, pour Dame Labrinvilliers et Messire De_mesdeuzes : un sac à provisions pour le voyages contenant cinq miches de pain, une dizaine de sacs de maïs, deux fruits et une dizaine d'écus.
Ils ne se sont en outre pas sortis indemnes de leur agression, comme a pu l'attester le sergent de Loches qui les a recueillis à leur arrivée en ville.
Selon leur témoignage, c'est un groupe de trois malfaiteurs qui les a agressés. Si le premier d'entre eux, Zarathoustra., a été identifié en ville de Vendôme hier et immédiatement convoqué devant la justice, ses deux complices suspectés, messires Taenow et Ambior, ne l'ont rejoint que ce matin.
C'est pourquoi dès que la police de Vendôme m'a averti de leur arrivée en cette ville ce matin, j'ai demandé à la Prévôté d'amener en cette cour le sieur Ambior et ai dressé l'acte d'accusation présent contre lui pour le motif de Trouble à l'Ordre Public qu'est le vol à main armée. Car, je le rappelle, notre coutumier stipule que "toute atteinte à l'ordre civil, à la tranquillité publique, aux institutions, aux personnes, toute transgression de loi, de décret ou d'arrêté, est un trouble à l'ordre public".
Dans ce procès, j'appelle donc à témoigner les Dames Cerridween de Vergy et Labrinvilliers, toutes deux plaignantes, et laisse maintenant la place à la défense.
Votre honneur,
Je ne nierais point les faits. Il faisait nuit noire, j'étais affamé, je grignotais ma dernière miche de pain.
Dans la pénombre, trois silhouettes se sont approchées de moi et mes compagnons de voyage, ils avaient l'air menaçant, et je pris peur pour le peu de nourriture. Ne voyant pas grand chose ce jour là, je commençais à faire tournoyer mon bâton qui sans le faire exprès assomma les trois individus.
Ils étaient là, sans connaissance... Mon ventre criait famine, un instinct cannibale m'envahit.
Mais ne voulant pas leur faire de mal, j'ai donc préféré prendre quelques victuailles et fuir ensuite.
J'aimerais tout de même voir les preuves de ce que vous avancez, car je ne me rappelle point avoir délesté ces personnes de tant de choses...
Ambior
Monsieur le Juge,
Réjouissons-nous tout d'abord : voici enfin devant nous un accusé qui ne nie pas l'évidence. Les aveux de bonne foi sont tellement rares en notre duché que cela mérite d'être souligné. Maintenant, ne nous réjouissons pas trop. Car force est de constater que certaines explications apportées par le sieur Ambior sont... comment dire... étranges ?
Dame Cerridween a déjà souligné à quel point le caractère menaçant de son escorte était douteux, je ne puis qu'approuver ses dires. Et je m'inquiète dès lors de la prochaine rencontre que fera le sieur Ambior sur nos routes ou ailleurs s'il interprète ainsi toute rencontre comme une terrible menace sur sa personne et son quignon de pain !
[Spm se tourne vers Ambior]
Pour ma part, je suis également ébahi par votre dextérité : il faisait nuit noire, vous l'avez vous-même souligné. Au point d'ailleurs que vous puissiez confondre un paisible convoi avec une escouade armée vous voulant du mal. Et bien dites-moi, dans une pareille obscurité, je trouve cela incroyable que vous ayez pu assommer aussi soigneusement trois personnes. Ah oui, et "sans le faire exprès" en outre. Si un jour vous deviez partir au combat, messire, continuez à ne pas faire exprès : vos supérieurs seront très certainement dithyrambiques sur vos talents de bretteur !
Quant à votre souci de ne pas leur faire de mal, je peux vous rassurer : c'est raté. Lorsqu'ils se sont présentés aux gens de la prévôté au petit matin, je peux vous garantir qu'aucune de vos trois victimes n'était en grande forme : plaies, bosses, contusions, crânes entaillés... le rapport est on ne peut plus clair ; vous les avez sévèrement rossés. Plutôt étrange pour quelqu'un qui prétend ne pas vouloir faire du mal.
Et quand bien même il n'y aurait pas eu toutes ces blessures physiques, cela ne vous aurait absous en rien car vous avez laissé dans le plus profond dénuement trois être humains, messire, meurtries dans leur mémoire encore davantage que dans leur corps.
[Spm se tourne vers le Juge]
Monsieur le Juge, si la culpabilité du sieur Ambior ne fait plus de doute depuis son aveu, je demande à ce que ledit aveu ne vienne pas adoucir le verdict que vous prononcerez à son encontre. Car autour de cet aveu qui aurait pu lui valoir une certaine mansuétude, l'accusé a brodé une histoire abracadabrante pour tenter de minimiser et justifier ce qui n'est qu'un vulgaire et inacceptable vol avec violence. Je demande donc qu'il soit condamné à trois jours de prison et cent écus d'amende.
Votre honneur, comme je l'ai dit il faisait nuit noire et ne me rappelle avoir pris que cette miche de pain pour me nourrir...
Mais dites moi, peut être me suis-je trompé de personnes? Etait-ce bien ces personnes qui m'ont effrayé?
Dans la nuit noire comment ces personnes m'auraient elles reconnues? Leurs visages ne me disent trop rien...
Enfin je ne sais plus, je suis assez confus,l'histoire d'un procès me fait assez peur...
Et puis si c'était un complot contre moi? Car j'ai réfléchit et si ces accusations n'étaient pas fondées? Si ces personnes ne désirent qu'obtenir quelque chose de moi et profiter de la justice en accusant à tord?
Je n'affirmerais qu'une seule chose :
Dans ce procès, aucune preuve n'a été avancée, ni de la soit-disant agression ni de ce que ces personnes ont été délestées...
C'est beau d'attester sur l'honneur, mais il n'y a aucune preuve concrète de ce que ces personnes avancent...
Votre honneur, vu le manque, l'absence évidente de preuves concrètes, je demande la relaxe.
Elle est fatiguée pourtant la rousse... et pourtant elle ne peut pas s'empêcher de rire lorsqu'elle entend la plaidoirie d'Ambior puisque c'était le nom de l'homme qui était en train de s'exprimer devant le tribunal.
A son tour de se lever et de se présenter...
Votre honneur... Madame le Procureur...
La rousse incline la tête vers le juge et vers la procureur...
Je suis Cerridween de Vergy, chevalier de la Licorne comme vous l'avez cité. Monsieur...
Les yeux sinoples se posent sur l'homme accusé devant elle...
Menaçants... pour ma part pourquoi pas... je suis chevalier je me déplace donc en arme et je peux très bien comprendre que ma frimousse vous fasse trembler. Mais regarder là celle-ci...
La main de la rouquine montre Labrinvillers qui s'est rassise...
Une dame en robe, sans arme, avec un manteau... dites moi ce que vous voyez de menaçant dans cette femme... hormis son aptitude à la colère que vous n'avez surement pas eu le temps d'apprécier du moins pas avant qu'elle se défende, vu la promptitude de votre attaque. Quant à mon écuyer Mesdeuzes, armé d'un bâton de marche je suis sûre qu'il devait être particulièrement effrayant.
Mais soit....
Prenons pour comptant que que vous ayez une vu excellente et que vous avez eu une peur ... pour votre peu de nourriture. Avons nous seulement proférer des menaces ? Ai-je seulement porté la garde à mon épée. Non point. C'est bien vos compagnons qui ont crié « la bourse ou la vie » ? Si vous aviez faim pourquoi ne pas avoir plutot essayé « bonjour la compagnie... n'auriez vous pas de quoi sustenter trois malheureux dont l'estomac crie famine ? »
Autre point qui a déclenché mon hilarité tout à l'heure... vous avez donc malencontreusement levé votre bâton et assommé trois personnes ? Trois personnes qui n'étaient pas en rang d'oignon... qui se battaient contre vos comparses qui avaient eux sorti leurs armes. Vous avez donc sans faire exprès pris peur, sorti un bâton, levé votre bâton, oui car permettez moi de douter qu'il se soit levé tout seul, ou alors partons de ce pas à l'église demander un exorcisme... bâton qui s'est successivement abattu sur la tête de l'écuyer qui m'accompagne, la mienne à quelques mètres de la sienne, puis pour finir sur ma suivante ?
Et puis dîtes moi... pourquoi dérober un caillou ? Pour vous emplir l'estomac ? Mon bâton également peut-être ? Vous avez dites moi des mœurs culinaires bien particuliers.... et si votre attaque n'était pas volontaire, comment expliquez vous que par méprise, nous ayez fouillés tous les trois, un par un et dérobé tous les biens ? Vous si effrayé par nos trois imposantes statures et nos visages de tueurs, vous avez pris le temps, alors que vous étiez pétri de crainte, de consciencieusement nous faire les poches, sans prendre vos jambes à votre cou ?
Alors sois monsieur, vous mentez honteusement et cela devant une cour de justice....
Sois si c'est involontaire, je gage que vous rembourserez sans sourciller et avant même la fin de ce procès le tiers de ce qui a été dérobé à chacun de nous?
La rousse sourit en coin avant d'annoncer :
Votre honneur j'en ai terminé.
Et s'en va regagner son siège...
Messire juge, je déclare sur l’honneur avoir été attaquée par au moins trois bandits dans la nuit de Noël. En effet, me déplaçant avec la Lance armée de la chevalière Cerridween de Vergy, nous avons été attaqués dans la forêt entre Vendôme et Loche.
J’ai tout d’abord vu deux marauds nous bloquant le chemin en criant « la bourse ou la vie ». Celui pour qui est dressé cet acte d’accusation et qui se dénomme Ambior et un de ses comparses. Paniquée, j’ai cherché quelque chose, un objet pour me défendre, mais n’ai rien trouvé. Je me suis alors rendue compte que le combat était engagé et que mes compagnons faisait face chacun, à un bandit. Sans réfléchir, je me suis élancée et j’ai sauté sur le dos du maraud s’en prenant à Abélard de Mesdeuzes. J’ai réussi à lui griffer la figure et à lui griffer les yeux. J’ai également réussi à mettre mes doigts dans ses yeux et à appuyer de toutes mes forces. J’espère qu’il en gardera au moins quelques cicatrices ! Mais tout à coup, je me suis sentie agrippée par la taille et tirée violemment vers l’arrière par un troisième bandit, sûrement sorti des buissons car je ne l’avais pas vu avant. Avec mes pieds qui battaient l’air, j’ai réussi à lui donner un coup de talon dans les bijoux de famille. Il m’a lâché et a porté ses mains à son bas-ventre en se pliant en deux. J’ai alors poussé un cri de rage et de victoire et me suis retournée vers Abélard De Mesdeuzes. Malheureusement, le troisième bandit n’avait pas été suffisamment blessé, et sans que je m’en rende compte, avait eu le temps de se faufiler derrière Abélard de Mesdeuzes. Il l’a assommé d’un violent coup de gourdin et lui a ouvert le crâne, faisant gicler le sang, si bien que j’ai cru mon compagnon mort ! Il l’a regardé par terre, ensanglanté et sans vie, avec un sourire de satisfaction sur les lèvres et s’est ensuite retourné vers moi, toujours en souriant et s’est approché lentement. J’étais pétrifiée par la peur ! Alors que je tentais de fuir, il m’a, à mon tour, également assommée d’un coup de gourdin, qui m’a laissé inanimée pendant plusieurs heures.
Abélard de Mesdeuzes fut le premier à tomber, moi la seconde et Dame Cerridween de Vergy, j’ai mal quand j’y pense, s’est donc retrouvé seule face aux trois marauds assoiffés de sang et de violence gratuite !
J’atteste sur l’honneur que ces marauds m’ont dépouillée de quatre pains, un fruit et huit écus.
D’après ce que j’ai vu, un des assaillant avait une épée et un bouclier noir de forme triangulaire mais aux coins arrondis. Il ne portait qu’une chemisette blanche, une ceinture noire, des bas noirs, des chausses noirs et un casque noir.
Le deuxième bandit était tout de noir vêtu : il portait une chemise noire, des braies noires, des bottes noires, un foulard noir enroulé autour du crâne. Il a un bouclier identique à celui de son comparse, c’est-à-dire noir, de forme triangulaire aux coins arrondis. Il porte une épée. C’est celui que j’ai griffé au visage et aux yeux, peut-être en garde-t-il des cicatrices ou des cocards ? Et je le reconnais et suis certaine de ne pas me tromper, c’est l’homme qui est accusé aujourd’hui et qui se fait appeler Ambior !
Quant au troisième bandit, il ne portait qu’une chemisette blanche. Il a les cheveux châtain foncé. Il a un énorme gourdin en guise d’arme et a peut-être encore mal à ses bijoux de famille … Enfin, je l’espère …
Messire juge, ce gredin prétend avoir eu peur ? Pourquoi se tenait-il au milieu de la route pour nous bloquer le chemin ? Il prétend que nous avons fait les premiers pas dans l’agression ? Pourquoi nous avoir obligés à arrêter en nous criant « La bourse ou la vie » ? Il prétend avoir été agressé par nous ? Pourquoi la plupart de nos blessures ont-elles été faites alors que nous avions le dos tourné (Abélard de Mesdeuzes, l’arrière du crâne ouvert en deux et moi-même ayant reçu le coup de gourdin à l’arrière du crâne alors que je tentais de fuir, et non d’attaquer) ? Il prétend n’avoir dérobée que quelques nourritures ? Non seulement ses comparses et lui nous ont laissé sans rien d’autre que quelques couverture et les chevaux, qu’ils n’ont sans doute pas réussi à attraper, mais comment pensez-vous possible, messire juge, qu’une chevalière de l’ordre royal de la Licorne et sa suite prennent la route pour cinq jours avec rien d’autre dans leurs besaces que quelques pains ? Je vous le demande, messire juge, comment tout cela serait-il possible ?
Messire juge, je jure que tout ce que j’ai dit n’est que vérité et que ce maraud ment, a toujours menti et continuera à mentir !
Fait en ce jour du 10 janvier 1457 à Loche
Marie Magdeleine Beaurivage dite La Brinvilliers
En ce vendredi 23 janvier de l'an 1457, Moi, Tcharly, Juge de Touraine, rend son verdict dans l’affaire opposant Ambior au duché de Touraine.
Messire Ambior, dans votre première plaidoirie vous reconnaissez les faits autour d’une histoire peu crédible et dans un second temps vous demandez une relaxe pour manque de preuve. Ce retournement de situation dans vos déclarations est soit pitoyable, soit vous vous moquez de la justice tourangelle… Par bonté je vais croire en votre ignorance de la bonne tenue d’un procès et vous conseillez, au cas où vous deviez revenir devant un tribunal, de prendre un avoué pour vous défendre.
Vous reconnaissez donc les faits dans un premier temps et vous dîtes ensuite qu’il n’y a pas de preuves contre vous. Pourtant l’aveu comme les témoignages des victimes font valeur de preuve en Touraine, il n’y a qu’à se référer à notre coutumier, article 2.3.5., je cite :
Ont valeur de preuve, les actes par ordre décroissant de la force probante :
[…]
-L’aveu.
-Le témoignage : c’est une déclaration faite sous serment devant un tribunal et qui rapporte un fait directement perçu La Distinction est faites selon la qualité et la probité morale et aristotélicienne du Témoin :
*Noble et clerc, quels que soient les témoins avenants.
*Fonctionnaires et officiers.
*Notables (niv3).
*Artisans (niv2).
*Paysans (niv1).
*Vagabonds (niv0).
La parole de deux jeunes femmes vous reconnaissant parfaitement, dont la parole d'une noble, ajoutée à votre aveu font qu’il n’y a aucun doute de votre culpabilité dans cette affaire. Néanmoins votre aveu et votre respect des lois tourangelles concernant l’assignement à résidence sont tout à votre honneur.
J’espère néanmoins ne plus vous revoir dans ce tribunal, car une récidive est passible de la peine de mort en Touraine.
Messire Ambior, est donc reconnu coupable de vol avec violence sur les personnes de Dame Cerridween de Vergy, de son écuyer Messire De_mesdeuzes et de dame Labrinvilliers. Je vous condamne pour cette infraction à 2 jours de prison et à 10 écus d’amende (étant donné l’argent que le coupable dispose actuellement sur lui).
Le prévenu a été condamné à une amende de 10 écus et à 2 jours de prison ferme