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Info:
Parce que tout commence et s'achève par un rêve ... Disparition de Valette.

[RP] L'envol du Dragon

Valette
Parce que tout commence et s'achève par un rêve ...


Partie 1
Vertiges


D'un geste nonchalant, il laisse s'échapper un caillou de sa main droite et en observe la chute ...
Celui-ci, inexorablement, se précipite plus avant dans le vide, roulant et rebondissant ça et là sur le mur pierreux du donjon, jusqu'à ne plus être finalement visible.

Relevant la tête, Jehan observe la vue offerte.
De là, son regard embrasse un horizon boisé.
La vallée noire est devenue chère à son âme.
Sombre et mystérieuse ... exerçant cette inéluctable attraction sur tous les êtres qui la croisent.

Sortant de sa rêvasserie, il se penche à nouveau ... et un peu plus.
La terrasse qui surplombe le donjon est à belle hauteur et, déjà, il sent un léger fourmillement dans ses jambes ... incitation instinctive à la prudence, sauvegarde vitale.
Pas de parapet, l'endroit n'est point fait pour y vivre, juste avoir un point pour observer les alentours, en cas d'urgence.

Le vide est grisant et Valette demeure à la limite de l'équilibre, volontairement.
L'adrénaline est puissamment délivrée dans ses veines, son cœur s'emballe un peu trop à son gout.
Il tente d'en reprendre le contrôle.

Ses sens aux aguets, il n'aimerait pas se faire surprendre, à cet instant précis.
Même si consignes furent laissées pour évacuer le domaine, ce jour ...
Travaux de réfection de la tourelle pour éloigner les Ailes, ses compagnons d'escortes, et une vague requête présentée à Wandrian pour un problème d'intendance à régler, sans tarder, à Châteauroux.
En espérant que cet écran de fumée fut assez convaincant ...
Pas certain, mais l'heure n'est plus au recul.

Des pas dans l'escalier.
Le Lys s'éloigne du vide.

_________________
--Gautier


Pffff ... pffff ... pffff ...

Essoufflé, épuisé, lessivé ... quasi harassé.

Y a pas idée non plus de monter tout là haut!
Sur le toit en terrasse du donjon, le point culminant du domaine.
Quelle idée!
Et encore si ce n'était que cela!

Maudissant intérieurement, moins par prudence que pour l'économie d'une salive qui tend à se faire rare tant il sue à grosse gouttes, Gautier peine à franchir la dernière volée de marche d'un escalier étroit et irrégulier.
Il faut dire que ses bras sont encombrés d'un étrange paquetage conqéquent, auquel il tente de porter l'attention nécessaire pour qu'il ne s'abime point trop contre les parois rugueuses.


Lorsqu'il retrouve enfin la lumière du jour, c'est un palefrenier cramoisi qui dépose son fardeau aux pieds du seigneur.
Ultime effort pour ne pas tout balancer de lassitude ... moins par conscience que par crainte que le maitre des lieux ne le renvoie descendre trop rapidement les escaliers, en marche arrière.
Pas qu'il soit réellement méchant mais d'humeur impatiente, ces temps ci.


Voilà ... seigneur ... comme demandé ... tout y est ... normalement.

Souffle recherché à grandes inspirations cependant que Le Lys s'affaire déjà à vérifier le colis.
Et pas moyen d'étancher sa soif par ici, c'est pas Dieu possible ... il aurait pu prévoir tout de même!

Le regard soudain du Dragon semble lui laisser croire que sa pensée fut perceptible ...


Non mais je ne ...

Mais déjà celui-ci lui indique que sa préoccupation est toute autre, en réalité.
Gautier soupire discrètement de soulagement et répond enfin ...


Non, seigneur, le visiteur attendu n'est pas arrivé.
Servais surveille du châtelet et l'escortera lui même dès son arrivée.


Puis d'une requête craintive ... désignant le paquetage de cuir défait et son contenu ...

Tout est pour le mieux, messire?
Wandrian
[Quelques heures plus tôt]

Il y avait plusieurs semaines qu’ils étaient revenus de leur dernier voyage, et une routine tranquille avait fini par s’installer.

Étrangement, le besoin de bouger constamment se faisait considérablement moins fort. Elle était bien, là, maintenant, à profiter d’un bonheur inespéré.

Parfois, il lui paraissait presque volé, vu les circonstances, mais chaque fois la pensée était chassée vigoureusement.

Ils étaient heureux. Ensemble. Sûrement davantage qu’ils ne l’avaient été, chacun esseulé de son côté. Elle ne regrettait rien.

Ce matin là, l’idylle est interrompue momentanément par une missive, ouverte d’une main nonchalante, l’esprit et le regard contemplant bien plus intéressant.

Un effort pour se pencher sur ladite missive, toutefois, et au fil de la lecture, Wandrian est de plus en plus perplexe. L’écrit est vague, ambiguë. Un léger souci à la municipalité, semble-t-il, et elle est priée de s’y rendre. Aucun détail n’est donné, le ton est aussi neutre qu’il peut l’être. Des quelques mots, elle ne parvient à déterminer la nature du souci. Et bien que le texte ne respire pas l’urgence, il lui semble au moins insistant. Elle n’y échappera pas, cette fois.

Il faut avouer que, ces derniers temps, elle a quelque peu négligé ses responsabilités, plus encline à accorder son attention aux affaires du cœur que de la ville. Le domaine du Lys-Saint-George est suffisamment près de Châteauroux que de s’y rendre demande peu de préparatifs, mais suffisamment éloigné pour oublier un moment que la réalité existe au-delà de ses terres.

Excuses sont présentées à son amant, qui la rassure, avec la touche d’humour habituelle. Il saura survivre à son absence. La moue dubitative affichée par Wandrian est immédiatement démentie par un baiser, au moment ou Sarrah, la jeune intendante, l’avise que ses affaires sont prêtes, sa jument sellée.
Gautier avait fait vite, lui qui tendait un peu à la paresse, dernièrement.

Déçue que, déjà, la pause soit terminée, elle se détourne à regret de son Dragon, spéculant sur ce qui l’attendait à Châteauroux, espérant que le retour ne tarde…

_________________
Les trésors ne sont pas l'apanage des dragons
Lulue
[Châteauroux]

Impossible de se rappeler la dernière fois où elle avait vu le Dragon, ou de leur dernière discussion.
Elle qui oubliait rarement ce genre de chose, était en train de faillir.
Les excuses ne manquaient pas pour expliquer cela. D’un côté l’arrivée d’un enfant, de l’autre un vide comblé. Face à ses évènements, difficile de ne pas être un peu égoïste et de ne pas profiter tout simplement. S’enfermer quelques temps dans une bulle où l’on se sent bien.

Et puis Lulue avait du mal à trouver sa place auprès du seigneur maintenant. Comme si elle avait juste été auprès de lui pour essayer de lui faire oublier ce manque ressenti, en attendant l’inespéré.
Tête secouée. Le résumé était un peu trop superficiel. Rire à peine audible en imaginant sa tête si elle le lui racontait.

Pourtant un doute subsistait. Un doute qui lui était insoutenable.
Elle prit alors Cassandre dans ses bras, il ne l’avait jamais vu, c’était l’occasion de la lui présenter. Dans la foulée, elle verrait si ce regard protecteur serait toujours posé sur elle…


[Au pied du domaine du Lys, observant un Dragon]

Le domaine du Lys Saint Georges, nul doute qu’elle le connaissait par cœur, depuis qu’elle y foulait le sol. Le moindre recoin, le moindre défaut.
Avec le temps, Lulue avait donc réussit à trouver un passage pour éviter les échanges habituels avec ce vieux bougon de Servais. Enfin éviter, ça c’est ce que la jeune femme se plaisait à croire, puisque au fond, elle savait que rien ne lui échappait, comme à son maître d’ailleurs.

Arrivée au pied du domaine, elle entend au loin une voix qui ressemblait à celle de Forestin, dire que le seigneur chassait quiconque voulait le rencontrer.
Le Dragon était de mauvaise écaille aujourd’hui ? Tiens donc.
Curiosité piquée. Regard vers le sommet de la bâtisse. Effectivement une silhouette fut aperçue.

Vu la distance impossible de savoir de qui il s’agit. Mais elle savait.
Entrée dans le domaine, prise de quelques objets nécessaires à la longue attente qui allait sans doute suivre.
Reprise de place à l’extérieur. Allez savoir, un pique-nique impromptu pourrait sûrement avoir lieu, le vieux jardinier n’aura pas finit de râler, mais qu’importe.
Lucie avait l’impression de se retrouver quelques années en arrière.
Ainsi donc, Valette ne voulait voir personne.
Qu’importe, elle n’avait pas fait tout ce chemin avec un bébé pour rien. Têtu, il l’étaient tous les deux.
Attendre qu'il la voit, si ce n'était toujours pas fait, et l’affronter. Pour la dernière fois, peut être…
_________________
Lucie de Castelléo
Épouse de Necroman, Mère de Bernold et de Cassandre
Dame Blanche

Beaucoup de gens m’apprécient, beaucoup de gens me détestent
Mais au fond, combien me connaissent ?
Valette
[Sur le toit du monde ... enfin ... du domaine du Lys Saint Georges]


Tout est pour le mieux, messire?

Déjà affairé à trier les pièces d'ouvrage, Valette leva un œil goguenard vers son servant ...

La formulation était curieuse.
Si tout allait pour le mieux?
Répondre oui aurait été hypocrite, à cet instant là.
Cet instant là ... qui allait se prolonger jusqu'à ce que tout ceci trouve sa conclusion.
Sans n’en laisser rien paraitre, il répondit ...


Ca ira, Gautier.
Tu peux disposer.


Redevenu un brin sauvage et solitaire ce jour, comme autrefois, comme au temps de sa méfiance naturelle envers le genre humain.
Replongeant le nez parmi le bric à brac qui s'offrait à ses yeux, il entendit les pas du palefrenier, s'éloignant.

Fut-ce un remord ...


Gautier?
A bien réfléchir, j'aurais surement besoin de ton aide.
Si aucune urgence ne te réclame, viens donc me prêter main forte.


Refus inconscient de la solitude à cet instant crucial.
Est-ce pour lui même, est-ce pour autrui ?
Comment savoir ...
Mais ce n’était pas l’instant propice à la dissection de l’âme, à l’exploration des méandres du labyrinthe psychique humain.
Le Lys était désormais fixé sur la finalité, sur l’objectif et la volonté de faire les choses du mieux possible.


Ignorant que la vie s'animait non loin, en contre bas, sur le plancher des vaches.
L’esprit bien trop accaparé par de sombres projets.


C’était une chaude journée de fin d'été, où la brume matinale prophétisait un ciel immaculé et haut.

_________________
Lulue
[Domaine du Lys – qui ne tente rien, n’a rien]


Elle ne s’était pas trompée, l’attente était interminable, mais aucun signe ne laissa transparaître ce ressenti. Elle était devenue bien patiente, cette jeune fille aux cheveux bleus.
Elle avait pu prendre la peine et le temps d’observer quelques insectes qui butinaient les roses ou autres fleurs que la jeune femme connaissait plus ou moins.
Profitez petites bestioles, bientôt l’été s’achèvera pour laisser place à l’automne.

Un moment privilégié avait été pris aussi. Durant son attente, pas l’ombre d’un animal de la race humaine vint la voir. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, cela ne la dérangea pas le moins du monde.

Quand elle n’observait pas le paysage, sa fille ou le toit du Lys, elle se laissait plonger dans une certaine nostalgie que ces lieux lui inspiraient.
Il était loin ce temps où tout était simple et facile. Dommage, elle qui s’y plaisait tant.

Lulue ne revint qu’au temps présent pour entrer cette fois dans le domaine. Direction son bureau.
Envolée la curiosité, enfin pour l’instant.
Elle coucha Cassandre, et en profita pour finir quelques dossiers qu’elle avait laissés en plan depuis bien trop longtemps.
Absurde situation. Mais le choix n’était que trop limité.
Très vite le parchemin destiné à conter une escorte, devint une toile. Les mots avaient laissé place à quelques gribouillis que certains osent appeler dessins.

Levé presque précipité, direction la fenêtre. Elle scruta sans relâche le spectacle qui s’offrait à elle, tout ayant le culot d’écouter les bruit alentours.
Que se passait-il là haut ?
S’assurer une dernière fois que tout allait bien dans le berceau improvisé, avant d’arpenter les couloirs.

Anxieuse, elle prit la direction du Donjon.
Porte poussée, le nombre de marche pour arriver au sommet est incalculable. On n’a pas idée de faire des bâtiments aussi hauts.
Grande inspiration pour se donner du courage et pour faire passer cette douleur qu’elle ressent au niveau du ventre.
Marches montées une par une. Plus elle touchait au but, plus un pressentiment l’envahissait.

Prise de place sur les marches. La voilà tiraillée entre savoir ce qui se trame là haut ou respecter pour une fois l’envie du seigneur d’être seul.
Regard qui se posa sur cette porte, qui était à la fois si éloignée et si près.

Attendre encore un peu, se tapir dans le noir, au cas où l’une des deux silhouettes daignerait montrer son minois. Si non, elle repartirait comme elle était venue.

Et puis non, elle n’attendra pas plus longtemps le bon vouloir d’autrui, ne serait ce que par respect ou fierté, c’était selon les arguments qui défilaient.

Derniers efforts fournis.
Dernière hésitation. Et si cette fois, franchir la porte signifiait se brûler les ailes, en le contrariant pour de bon?
Lucie se mordit la lèvre inférieure... Petit soupire, peu importe sa réaction au moins elle serait fixée.
Porte poussée, souffle coupé…

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Lucie de Castelléo
Épouse de Necroman, Mère de Bernold et de Cassandre
Dame Blanche

Beaucoup de gens m’apprécient, beaucoup de gens me détestent
Mais au fond, combien me connaissent ?
Degaulle
[ A Châteauroux]

Après sa promenade quotidienne, Degaulle rentra, tristement, chez lui. La plupart de ses anciens amis le quittèrent un par un. Il savait, qu'en ce moment même, c'était au tour de son parrain, Sieur du Lys Saint Georges.
L'arme à l'oeuil, c'était le départ de trop pour Degaulle. Lui, qui savourait, habituellement, chaque instant de la vie et était connu pour égayer les soirées en taverne avec ses chants, n'avait plus qu'en lui de la mélancolie et la nostalgie des jours heureux.
Après de longs soupires, il décida de sortir une nouvelle fois, en direction du domaine du Lys. Debout et immobile devant le domaine, la dure réalité était pesante car il comprit qu'il ne rencontrerait, peut-être plus, son parrain.

Adieu mon ami...

_________________
"Vive le Berry libre"
Degaulle, le 25 septembre 1455, lors du 1er assaut tourangeux contre Châteauroux

Pensées :
"Sa grandeur, ainsi que son bien être, est, pour moi, chose essentielle. Sinon, ce n'est pas Châteauroux."
--Giannini


[Aux portes du Lys]

Il était enfin arrivé devant les larges portes du domaine. Ce n'était pas que le chemin fusse long et harassant, mais un petit contre temps l'avait retenu la veille à Châteauroux. Il y avait appris à refuser quelques chopines, les castelroussins étant incontestablement de fameux buveurs.

Il contemplait à présent les hauts murs du château et les larges tours qui donnaient un caractère à la fois puissant et mystérieux au domaine du Lys. "Ah ces français pensa-t-il, ils ont le goût de la pierre brute. Je dois avouer que cela donne un certain charme."

Le visiteur se retourna ensuite pour vérifier que son attirail était toujours là. Non pas qu'il eut peur qu'il se soit envolé, mais presque, vu ce qu'il contenait. C'était d'ailleurs plus un geste machinal que de se retourner, il n'avait pas besoin de s'assurer que sa charrette et sa mule étaient toujours là, et il n'avait pas peur non plus. Non, non, c'était plutôt un geste qui lui donna l'élan de s'avancer plus pour frapper aux portes.

Le domaine était étrangement calme pour un lieu si vaste, il se serait attendu à plus de monde. Il se surprit à espérer qu'il n'arrivait pas trop tard. Non, il ne pouvait pas avoir renoncé.

D'un geste assuré, il frappa à la porte, la parole accompagnant le geste :


Holà, il y a quelqu'un ? Je suis Giannini, j'arrive enfin.

L'homme avait un accent chantant, mais parlait parfaitement français. Il passa sa main dans ses cheveux d'un geste machinal qui devait être habituel, compte tenu de la coupe qu'ils prenaient, et attendit.
--Servais


[Chemin de ronde du châtelet ... château du Lys Saint Georges]


Veillant de l'intérieur du châtelet, sortant parfois sur le chemin de ronde jusqu'à l'échauguette, Servais guettait l'arrivée de l'illustre inconnu annoncé par son seigneur.
Ce dernier lui avait demandé de mettre un soin particulier à l'accueil du visiteur et de veiller à l'accompagner lui même jusqu'au donjon ... sans faillir et dans une absolue discrétion.

De surcroit, Servais avait été chargé de tenir les visiteurs habituels, hors des murailles du domaine, ce jour.

Tout ceci plongeait le lieu et ses habitants dans une bien étrange atmosphère.
L'attente pesait.

Le vieux maitre d'armes avait bien vu le manège de Lucie, son entrée forcée.
Il s'était apprêté à aller lui intimer l'ordre de rebrousser chemin lorsqu'il la vit finir par ressortir d'elle même.
Fort bien!

Et puis au détour d'une ronde, il se fit berner.
Au coup d'œil habituel qu'il jeta alors au devant de la porte entrouverte du domaine ... la jeune femme à l'enfant n'y était plus.
Un bref instant de doute ... quelle probabilité y avait il qu'elle se soit éloigné des terres du Lys?
Quasi aucune!
Nul doute qu'elle était dans les murs, à nouveau!

Rhaaaa et les consignes du seigneur qui étaient de maintenir la herse levée, pour que le visiteur attendu entre sans être ralenti et sans craindre qu'il trouve porte close et ne rebrousse chemin!

Pestant contre son infortune, Servais aboya ses ordres à l'intention d'un garde ...


Bertrand!
Remue-toi et vas me retrouver dame Lucie!
Ramène la moi au châtelet sans tarder, j'ai urgence à lui parler!
Vite, bouge ton séant, vaurien!


Son regard délavé se reporta sur l'horizon qu'il avait quitté juste auparavant.
Celui-ci lui avait révélé que l'intruse n'était point sur le chemin menant à Châteauroux.
Mais que, par contre, une silhouette s'en venait, précédant quelconque équipement.


Les choses se précisent ... souffla t'il.

Puis s'assurant que son subordonné se soit bien mis en chasse de la jeune dame à l'enfant, il descendit tranquillement jusqu'à la lourde porte du domaine.
La main sur la garde de son épée bastarde, il allait largement ouvrir le battant lorsque la voix résonna déjà ...


Holà, il y a quelqu'un ? Je suis Giannini, j'arrive enfin.

Regard circonspect et inquisiteur sur le transalpin, Servais prononça ...

Bienvenue messire, vous êtes attendu ... suivez moi sans tarder, je vous prie.
Valette
[Sommet d'un donjon ... seul ... ou presque!]


Penchés sur un parchemin, les deux hommes tentaient de déchiffrer un schéma finement tracé au milieu de nombreuses annotations brouillonnes rédigées à l'encre rougeâtre.
Et la chose semblait les rendre quelque peu perplexes.
On eut trouvé en bas du parchemin la signature d'un érudit nordique nommé "Ikea" que la scène fut complète!
Mais ceci est une autre histoire ...

Quelques pièces de bois avaient été assemblées selon un procédé de solives et chevilles jusqu'à former une étrange armature sur laquelle un linceul de cuir était à moitié tendu.
Mais la tâche semblait n'être que très partiellement achevée et le seigneur soupirait, trépignant presque.
Tant d'impatience n'était pas courante chez le Dragon mais il semblait que ce jour était destiné à le soumettre à rude épreuve et il le savait.

Sachant cela, on comprendra plus aisément pourquoi il sursauta ainsi à l'entente de bruits de pas dans l'escalier du donjon.

Sautant sur ses deux pieds, il semblait comme soulagé.


Notre salut s'en vient, Gautier ... lança t'il à ce dernier tout en allant à la rencontre des pas qui s'étaient tus, brusquement.

Jetant au passage un œil instinctif et machinal vers la cour du château, son enthousiasme se rembrunit sauvagement lorsqu'il aperçut, là en contre bas, Servais précédant l'invité tant attendu ... qui ne pouvait donc fort logiquement pas être dans l'escalier, derrière la porte qui s'ouvrit brusquement sous son nez.

Lucie!?

Nul doute que son visage ne devait pas respirer la cordialité absolue à cet instant précis.

Non Lucie, pas maintenant!

Le ton était brusque, plus qu'il n'aurait voulu, en fait.
Mais il était à la hauteur de sa tension et du désappointement de voir ses plans aussi vite bousculés.

A peine le temps d'adoucir le masque de son visage qu'un homme faisait irruption derrière Lulue.
Misère ... c'était donc le rendez-vous du jour, ce toit en terrasse, ou bien?

Il allait gronder plus fort encore, faire face à un homme le dispensant désormais de toute retenue et prévenance, lorsque Le Lys percuta qu'il s'agissait d'un de ses gardes ... manifestement lancé à la poursuite de Lucie.

Oubliant donc ce dernier qui tentait de reprendre son souffle pour l'heure, Valette s'adressa à Lulue ...


Je suis navré de te chasser, jeune femme.
Mais pas ce jour, pas maintenant.
J'ai à faire et ce que je dois faire ne peut être retardé.
Après si tu veux enfin ... après ... si
... il s'arrêta net.

Souriant presque mais avec un brin de tristesse ...

Tu veux bien?

Le temps d'une réflexion de la jeune dame et sans aucun doute d'une répartie de circonstance, bientôt d'autres encore finirent par surgir des escaliers.
En tête, Servais, qui se défoula sur le garde qui avait échoué dans sa vitale mission ... puisque Lulue la terrible était parvenue jusque là.
S'excusant auprès du seigneur, Servais, d'un regard, l'interrogea quant à la conduite à tenir.

Sur un accord tacite, mais manifestement explicite, de Valette, il s'empara de la jeune femme et la chargea sur son épaule pour l'emporter manu militari vers d'autres lieux.


Maintiens moi le blocus au niveau du donjon au moins, Servais ... réclama le Dragon.
Au moins le temps qui nous sera nécessaire.

Puis se tournant enfin vers la seconde personne parvenue récemment au sommet du monde ...

Messire Giannini, bienvenue en ma demeure et pardonnez toute cette animation.
Avez-vous fait bonne route?


Puis l'entrainant déjà vers l'étrange bric à brac sur lequel Gautier montait la garde ...

Vos lumières nous sont indispensables, vous arrivez à point!

_________________
Zoyah
Châteauroux – locaux de la mairie

Les brumes matinales se dissipaient lentement à travers le dédale des rues. Aux premières lueurs du soleil, les commerçants disposaient lentement leur étal sur le marché. Ainsi, chaque matin, la ville de Châteauroux revenait doucement à la vie. Non pas qu’elle fut inanimée le soir mais l’agitation qui régnait la journée envahissait alors les tavernes la nuit tombée.

D’un pas alerte et d’une démarche mesurée, la jeune tisserande avait pénétrée dans la mairie de son village. A cette heure fort matinale, elle trouva, sans surprise, les lieux, vides et sombres.

Connaissant la bâtisse presque par cœur à force d’en avoir arpenté les couloirs, elle se dirigea presque machinalement vers son bureau… une dernière fois. Pendant des mois, elle avait conseillé les paysans quant à leur choix de culture ou d’élevage. Une tâche qui lui donnait entière satisfaction mais le temps lui manquait cruellement pour s’en acquitter convenablement. Enfin, satisfaction, tout est relatif, l’expédition d’innombrables courriers aux maraîchers ne lui avait guère laissé un bon souvenir. C’est donc avec soulagement qu’elle abandonnait cette tâche à un autre. Après quelques entretiens avec le Maire, Gilgaalad, un remplaçant avait été trouvé et suite aux explications d’usages, avait pris la relève. Elle était venue afin de débarrasser la pièce de ses effets personnels et mettre de l’ordre dans ses dossiers.

Absorbée par son tri méticuleux de courriers et de rapports, Zoyah ne prêta pas de suite attention aux bruits de pas qui résonnaient dans les locaux. D’un geste presque automatique, elle déposait plis après plis, les courriers, sur différentes piles se marmonnant quelques consignes. Finalement, le rythme bien cadencé de talons cognant le sol parvint à lui faire relever le nez de sa paperasse. Inconsciemment, les sourcils se froncent, la main saisit le premier objet contendant à proximité et l’autre se crispe sur la lettre qu’elle tenait.

Elle s’imaginait être seule pendant encore un bon moment, les voix des conseillers se faisant rarement attendre de si tôt.

Il s’en suit une attente un peu oppressante jusqu’à ce qu’un visage se dévoile.

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Wandrian
[La mairie de Châteauroux]

La chevauché entre le Lys-Saint-Georges et le village se déroule sans contretemps, les routes étant sèches et le sol durcit après plusieurs jours de beau temps. L’air est doux et, chemin faisant, elle a l’impression que Châteauroux en entier s’est donné le mot pour profiter de la belle journée avant que l’automne ne réclame le Berry.

Elle se faufile parmi la masse qui a envahi la place du marché pour finalement parvenir aux bâtiments qui abritent la mairie. L’endroit est pratiquement désert.
Snow est laissée à l’écurie, et Wandrian se précipite à l’intérieur aussi vite et dignement que le lui permettent ses jupons. Le silence qui l’y accueille est des plus déroutants après la vivacité des rues. Aucune indication d’une quelconque activité, encore moins frénétique, comme elle a pu en voir à quelques reprises dans le passé.

Poursuivant son chemin plus avant, direction le bureau du maire, elle ressort la missive matinale, fouillant à nouveau les mots pour quelque indice du problème à régler, ou peut-être a-t-elle mal interprété le message?

Sa destination atteinte, elle s’arrête devant la porte entrouverte. Quelques coups discrets à la porte, mais aucune réponse ne suit. Gil est absent, de toute évidence.
Les couloirs sont arpentés en vitesse et, bien vite, en l’absence de la commotion attendue, elle se rend à l’évidence. Nulle trace de crise.

Au détour d’un couloir, une autre porte entrouverte, un bruit subtil de parchemins dérangés : le bureau de Zoyah. Wandrian se dirige d’un pas déterminé vers un éventuel éclaircissement de toute cette histoire.
C’est tout sourire qu’elle tape doucement à la porte, entrant sans même attendre de réponse pour de figer devant la scène qui l’attend, Zoyah, l’air peu engageant, la main refermée sur un banal ouvre-lettre qui du coup, prend un aspect beaucoup moins utile. Oubliant tout salutation d’usage, elle signale vaguement la porte.


Euh… Je… hum… je te dérange, peut-être. Le sourire a fait place à une mine surprise, quasi choquée de l’accueil.
Peut-être, après tout, la situation est-elle telle que la missive l’exprime. Elle s’apprête à ressortir aussi rapidement qu’entrée, mais s’arrête à la dernière seconde et se retourne vers Zoyah, qui du coup semble marque autant de surprise qu’elle.
Tout va bien? Il y a... euh, un problème?
Mouvement du menton vers l’arme improvisée
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Les trésors ne sont pas l'apanage des dragons
Lulue
[Domaine du Lys – Donjon et Dragon]


Abasourdie… oui c’est le mot. Abasourdie face au bazar qui s’étalait devant elle. Puis vint un sentiment de confusion, lorsqu’elle s’aperçut qu’elle faillit faire embrasser la porte au Dragon.
Mais pas le temps de se confondre en excuse ou de faire de l’ironie, déjà Valette faisait trembler tout le domaine.


Non Lucie, pas maintenant!

Le sang de Lulue se glaça instantanément.
Jamais il ne s’était adressé à elle sur ce ton. Jamais il ne l’avait renvoyé sans au moins se renseigner sur l’objet de sa venue. Jamais il…
Et pour couronner le tout, le ton qu’il employa par la suite ressemblait à un adieu.
Rien ne va plus. Un cauchemar, ça ne peut être que cela, elle cauchemarde…
La jeune femme n’était plus que spectatrice de la situation qu’elle avait largement provoquée, en se faufilant ici.

Déjà un garde arrivait, suivit de près par Servais et un inconnu.
Poing qui se ferme et se serre.
Et puis sans rien comprendre, la voilà tel un sac à patates dans les bras du vieux forgeron.
Pas un son ne sortira.

Pour la première fois, Lucie capitulait face au Dragon et au Cerbère.
Aujourd’hui, le cours donné par le seigneur forgeron (ou forgeron seigneur, c’est selon), laissait une amertume indéfinissable, inimaginable…
Cette fois, tu as le dernier mot, sans objection de celle qui aime tant te contredire et essayer de te rendre chèvre… pensa t elle.

Sonnée et perdue dans ses pensées, Lulue laissa Servais la trimbaler dans le domaine.
Les pieds touchaient à nouveau terre, mais impossible de dire pour autant si le sol foulé était celui du châtelet ou un autre.
Les œillères avaient été mises, la cible qui deviendrait probablement obsession, verrouillée.
Le vieil homme n’a jamais été bavard, mais la jeune femme se risqua à lui faire la causette…


Servais, pensez-vous que… non rien.

Petit sourire confus de Lulue pour avoir osé briser le silence dans lequel il avait tant l’air de se complaire.
Et puis, sans doute pour avoir la paix plus qu’autre chose, il la laissa partir.

Bureau regagné. Prise de place sur sa chaise. Elle resta là, les yeux dans le vague durant un long moment. Puis cent pas s’en suivirent
Un petit être dut certainement sentir l’état dans laquelle était le grand. Enfant bercé pour calmer les pleurs, quand une promesse lui revient à l’esprit.
Elle lui avait promis de transmettre ses amitiés au Dragon.
Pfff, c’est malin d’avoir baissé les bras, comment va-t-elle s’y prendre maintenant ?

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Lucie de Castelléo
Épouse de Necroman, Mère de Bernold et de Cassandre
Dame Blanche

Beaucoup de gens m’apprécient, beaucoup de gens me détestent
Mais au fond, combien me connaissent ?
--Servais


[Au pied d'un donjon ... Dame blanche libérée.]


La descente des escaliers tortueux du donjon s'était déroulée dans un silence presque religieux.
La dame avait bien tenté de nouer le dialogue.
Mais Servais était désormais fixé sur son objectif, oubliant tous paramètres secondaires superflus.

Au moins elle semble s'en remettre ... avait-il songé.
Il avait lu la stupéfaction sur son visage lorsque Le Lys l'avait proprement chassé.
A force de la côtoyer, il savait que la jeune femme avait de la ressource et cela ne faisait que le conforter dans la nécessité d'être sur ses gardes.

Après une descente effectuée d'une traite jusqu'en bas de la tour, Servais déposé son colis avec douceur, pieds au sol.
Lucie semblait quelque peu désorientée et cherchait à se situer, le regard vague.

Lorsqu'elle jeta un œil vers le sommet du donjon, le maitre d'armes, ne put que l'accompagner et observer aussi en silence.

Il ne savait pas exactement ce qui se tramait là haut.
Mais en soldat qu'il avait toujours été, il savait que l'obéissance était requise ... même lorsque les doutes envahissaient vos pensées.

Il en était de même lorsqu’il fallait charger les lignes angloises, sachant pertinemment que le feu nourri de leurs archers gallois allait transpercer littéralement leurs rangs.
Un véritable soldat obéissait sans faillir, tout en faisant preuve d'une intelligence nécessaire à sa survie et celles de ses hommes et compagnons.

Si haut son seigneur réclamait l'isolement à tout prix.
Servais y veillerait, donc ...
Même s'il redoutait les évènements à suivre.
Et la présence de Gautier ne radoucissait guère ses pensées.
Celui là n'était guère plus qu'un incapable à ses yeux.
Et pourtant c'est lui que le Dragon avait gardé à ses côtés ... de surcroit avec cet étranger qui ne lui inspirait pas confiance.
Aristote seul savait ce qui se tramait, là haut.

Soupirant intérieurement, Servais n'eut que le temps d'apercevoir la Dame blanche s'éloigner vers la tourelle.
--Giannini


[Au sommet]

Giannini était un peu déboussolé. Il y a quelques minutes encore, au pied du domaine, pas âme ne vivait mis à part quelques criquets et autres insectes. Un homme aussi maussade que le château en avait l'air lui avait ouvert la porte du domaine, dont la cour intérieure n'avait pas démenti ses impressions quant à l'activité inexistante qui régnait ici.

L'homme n'ayant apparemment pas l'intention de lui adresser la parole, il avait laissé sa charrette dans la cour en y prenant au préalable quelques parchemins. Il aurait été stupide de devoir revenir les chercher, puisqu'il en aurait de toutes façons besoin. Enfin, s'il rencontrait quelqu'un.

Il avait donc suivi l'homme maussade qui semblait faire partie des murs et qui le scrutait d'un air méfiant. Il n'avait pas l'air d'être heureux de sa venue. Mais peu importe, ce n'était pas lui qu'il venait voir, et il se contenta donc de le suivre en imitant son silence.

On peut donc comprendre la perplexité dans laquelle se trouvait à présent Giannini. La scène qui s'était déroulée devant lui contrastait totalement avec le vide vécu auparavant. D'un château vide et sans activités, accueilli par un homme silencieux et maussade, il devenait témoin d'une scène à laquelle il ne s'était pas attendu. Toutes les personnes présentes au domaine semblaient s'être réunies ici. De surcroit, l'homme silencieux avait rompu son silence et répandu sa verve sur un autre qui semblait être un garde, puis, à sa grande surprise, avait porté une jeune fille comme un sac à patates et s'en était allé.

Il comprenait en tous cas que l'absence d'animation qu'il avait croisé plus tôt était en fait un ordre du seigneur du domaine, qui tenait apparemment à ne pas être dérangé dans la tâche pour laquelle Giannini était convié. Il ne restait donc plus que deux hommes en plus de lui-même au sommet du donjon.

Celui qui lui adressa la parole était donc le fameux dragon, son commanditaire. On lui avait parlé de lui dans les tavernes castelroussines, lorsqu'il avait vaguement expliqué les raisons de sa venue. L'homme avait la même allure que les dires des castelroussins. Un homme mystérieux, solitaire, plongé le plus souvent dans ses pensées. Un homme peu bavard mais dont la prestance et la carrure imposaient une présence qui forçait le respect. Un homme d'apparence sombre et taciturne, mais derrière laquelle se trouvaient une jovialité et un humour qui le rendaient touchant, d'après les femmes. Un dragon, en somme.
Giannini ne pouvait pas encore voir cela, mais l'homme qui se tenait devant lui respirait force et détermination.


Messire Giannini, bienvenue en ma demeure et pardonnez toute cette animation.
Avez-vous fait bonne route?


Giannini, encore désorienté, n'arriva pas à répondre de suite. Il bredouilla quelques mots signifiant que ce n'était pas grave, et finit par hocher la tête. Bonne route, oui. De toutes façons, le Lys ne sembla pas y prêter grande attention et le conduisit directement vers l'objet de sa visite.

Vos lumières nous sont indispensables, vous arrivez à point!

Giannini oublia instantanément ce qui avait bousculé ses pensées et son esprit s'illumina, comme à chaque fois qu'il se trouvait devant ce genre de bric à brac. La curiosité de la connaissance l'emportait toujours sur la curiosité des humeurs humaines.

Ah Ah ! s'exclama-t-il. Et bien, montrez moi.

Giannini avait les yeux pétillants lorsqu'il regarda le Lys, la main sur le menton.
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