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[RP] L'envol du Dragon

Wandrian
[ Toit du donjon – appréciation du vide ]


Légèrement sonnée par la collision, la dame reprend son équilibre, hébété tant par l’impact que la vision qui s’offre à elle.
Devant ses yeux s’étend tout la splendeur du domaine du Lys-Saint-Georges, routes, chemins et forets, plaines et falaises, mais le détail qui retient son regard se fait déjà minuscule à l’horizon, obnubilant ceux qui se trouvent à ses côtés mêmes.

Un rêve, une folie. Un désir abordé à la blague, parfois… avec passion, toujours. Balayé du revers de la main le plus souvent, avec insouciance, mêlée d’une pointe de nostalgie. Comment pouvait-on y songer avec sérieux?
Un rêve impossible, qui devait y rester, dans ce domaine de l’impossible, des chimères… Des dragons.
Manifestement, l’impossible n’était rien pour l’arrêter.

De l’engin, Wandrian ne voit pratiquement rien. Il est trop loin. Il va trop vite. Elle ne l’a pas vu piquer du nez, elle aurait sans doute défailli d’angoisse si elle avait pu saisir vraiment ce qu’elle avait entraperçu du pied du donjon.
Mais déjà cet obstacle derrière lui, un autre s’élève, imposant même de loin. Les mains tordent machinalement les jupes, oublié le mouchoir qui devrait en faire les frais. Le souffle est court, le teint livide, attendant de voir, de la pierre ou de l’homme, qui remportera ce concours de hauteur.


Dites-moi… Les mots prononcés d’une voix blanche semblent hésiter à sortir, comme si en leur niant formulation, elle aurait pu faire en sorte que la situation n’ait plus rien de réel. Dites-moi qu’il n’a pas fait telle folie…
Quelque part entre l’interrogation et l’incrédulité…
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Les trésors ne sont pas l'apanage des dragons
Valette
[Quelque part entre ciel et terre ... ça plane pour moi!]


L'avantage du donjon, c'est qu'il est haut.
L'avantage d'être haut, c'est qu'on en tombe plus longtemps.
A tel point que d'un point de vue tout extérieur, on eut cru qu'il volait, le Dragon.
Mais ...

Mais si l'on veut être juste, voir pointilleux, il s'agissait bien d'une chute différée ... ou disons qu'une chute planée.
Ah bah oui, ça a légèrement plus de classe que de tomber à pic, tout de même!

Enfin vécue de l'intérieur, ça demeure bien une chute.
Dents serrées et mâchoire crispée, on ne s'improvise pas seigneur des airs et Valette n'en a que plus d'humilité, à cet instant.
En même temps, l'excitation est toujours à son paroxysme, ouvrant largement l'esprit de l'homme à des sensations jusque là inconnues.
Ivresse de l'apesanteur ou conscience exacerbée par la promiscuité de la mort?

Là derrière des bruits, des éclats de voix ... il lui semble même entendre la voix de son filleul.
Etrange idée, que ferait-il là?
De toutes façons, à ce moment précis, toutes considérations terrestres lui sont étrangères ... question de survie.

La muraille pierreuse fut passée laborieusement ... un genou cuisant le lui rappellera, au cas où.
Pour l'heure, la chute, momentanément ralentie par une bourrasque salvatrice, reprend de plus belle et de façon asymétrique.
La voilure de cuir claque au vent, la couture de l'aile gauche se défait inéxorablement sous les assauts d'Eole.

Bon gré, mal gré, dérive amorcée, de biais.
En mire, l'orée du bois où de vaillants marronniers l'attendent à branches ouvertes.

Misère ... et c'est peu dire!

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Wandrian
[ D’une cime, chasse au dragon ]

Autour d’elle, tout semble s’être arrêté. Même ceux qui l’entourent semblent frappés d’une stupeur qui les rive sur place, muets et immobiles.
Elle ne tient plus. Hors de question de rester là, à le regarder s’écraser dans les cimes.
Une seconde pour mémoriser au mieux la trajectoire avant de se précipiter à nouveau vers l’escalier, les marches dévalées plus rapidement que la prudence ne le conseille.

La stupeur a pétrifié la garde, quelques moments auparavant si rébarbative. À peine un regard en sa direction alors qu’elle franchit la herse levée, poussant sa course au maximum.
Déjà, elle ne le voit plus au dessus des arbres. Elle l'a perdu de vu dès qu'elle s,est engouffré dans l'escalier. L’angoisse se referme comme un étau sur son cœur, dont les battements sont le seul son qui lui parvient encore.

La distance à franchir lui paraît interminable, laissant le champ libre à son imagination de s’égarer dans les pires scénarios possibles. Forestin, le jardinier, n’a pas eu le temps de s’attaquer à cette partie du domaine, et le bas de ses jupons, humides et souillés par l’herbe haute, s’emmêle dans ses mollets à chacun de ses pas, la faisant trébucher à deux reprises.

La course et les chutes ont délogé des mèches folles de sa coiffure, lesquelles se prennent à l’occasion dans quelque branche sur son chemin, mais Wandrian pousse plus avant sans y porter attention, un seul but en tête.
La forêt, par l’angoisse autant que par sa configuration naturelle, lui semble de plus en plus dense.
Plus rien maintenant ne s’offre à elle, aucun indice pour la diriger. Déboussolée, elle s’arrête, fouillant du regard, tendant l’oreille pour quelque piste, un appel. N’importe quoi, pour autant que…


JEHAN! JEHAAAAAN!

Rien ne vient en réponse. À nouveau, elle hurle son nom, à s’en briser la voix, implorant pour elle-même Aristote de l’aider à le retrouver.
La forêt ne lui renvoie qu’un silence aussi dense, étrangement profond.

Elle frotte machinalement ses paumes errafflées sur sa jupe, la douleur muette une ancre qui la retient de succomber à la panique.
Elle n’a pas vu précisément ou il s’est… non, hors de question de contempler cela… ou il est atterri. Peut-être a-t-elle mal évalué la distance dans son état.

Prise entre la peur et l’envie de l’étriper pour avoir même contemplé une terrible entreprise si risquée, elle reprend son avance, plus lentement maintenant, moins certaine de son orientation.
Que ne pouvait-il se contenter de toucher le ciel les deux pierres fermement sur terre?

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Les trésors ne sont pas l'apanage des dragons
--Giannini


[Au septième ciel]

Après un temps d'observation qui ne dura qu'une dizaine de secondes mais qui prit l'ampleur de l'éternité, Giannini jubila. Il ne vit pas les deux femmes qui les avaient rejoints. Il s'adressa donc avec un grand naturel à Gautier, seul témoin avec lui d'un grand moment de science.

Il vole ! Il vole !!

Le regard de Giannini allait et venait entre Gautier et le dragon qui s'éloignait, à une vitesse qui lui permettait de ne rien louper des deux scènes.

Il voooole !

Giannini ne pouvait contenir son excitation. Il prit Gautier par les épaules et montra le Lys du doigt. Il partit d'un grand rire et serra les poings en signe de victoire.
Il ne remarquait même pas qu'il était le seul ici à exprimer sa joie, la joie de la victoire de la science, la victoire de l'Homme sur les règles d'Aristote.

Les lois de la physique étaient bien plus grandes que celle d'un Dieu. Il l'avait toujours pensé. Il jubilait.
--Gautier


[Sur le toit du donjon ... perplexe, dubitatif, stupéfait, pétrifié puis anéanti!]


Gautier, conditionné par des années de servage et de service, avait pris l'habitude de s'exécuter sans sourciller, ni réfléchir.
Là, les préludes à cet acte insensé avaient tout de même titillé son obéissance professionnelle.
Les propos des deux hommes n'avaient rien eut de rassurant et le projet qu'il avait cru discerné dans leurs élucubrations lui était apparu totalement excentrique.

Mais jusque là, l'excentricité de ces nobles oisifs n'avait rien de mortel ...
Jusqu'à ce qu'il comprenne.
Certes il s'était exécuté à l'injonction de porter cette machine diabolique, toute de bois et de cuir rougeoyant, mais lorsqu'il vit son seigneur et maitre attelé en son sein, au bord du précipice ... il était trop tard pour tenter quelque action.
D'ailleurs même les mots lui manquèrent, lui qui pourtant n'était pas dépourvu de répartie.

Puis le temps d'un instant infini, le palefrenier vit la grande aile plonger vers le vide, emportant le seigneur Valette avec elle.

Effroi.
Figé sur place, Gautier blêmit.
Etranger à tout ce qui se passait autour de lui, il perçut à peine les mouvements qui se firent sur la terrasse improvisée: voix, bousculades et mouvements en tous ne purent lui faire décrocher le regard de l'aile volante qui plongeait encore vers le sol, entre deux répits planés ... tel un jeune faucon pris dans la maladresse de son premier vol.

Et puis d'un coup, il sentit deux mains l'empoigner et le secouer par les épaules.
Reprenant contact avec la réalité, il vit l'autre hurluberlu qui semblait se réjouir de la catastrophe qui se déroulait, là, sous leurs yeux!


Il voooole !

Quel pauvre fou!
Ben oui et les pierres aussi elles volent quand on les lance assez fort ... pfffff ... ces scientifiques sont tous bons qu'à être enfermés!

Apercevant du coin de l'œil la silhouette bien connue d'une dame qui traverse à vive allure une cour mal entretenue, Gautier se décide à rompre son inactivité et se précipite dans les escaliers à son tour.


Bon sang d'Aristote! ... grommèle t'il en dévalant les marches quatre à quatre.
Quelle folie mais quelle folie!

Pas que l'homme soit si attaché à son seigneur mais imaginez un peu ce qu'il adviendra de lui si le maitre des lieux disparait prématurément!
Gautier risque gros, il a des bouches à nourrir.
Ah non non, pas de famille à sa charge.
Non mais c'est qu'il mange comme s'il était plusieurs, l'animal!

Alors non, ce n'est pas que son âme soit liée affectivement à celle du seigneur Dragon mais il a beaucoup à perdre, le palefrenier ... des gages réguliers, un toit, une assiette régulièrement emplie et le confort d'une paillasse propre.

Et il court, le Gautier, il court vers l'inconnu ... les tripes égoïstement nouées par la crainte d'un avenir incertain.
Degaulle
[Sur le toit du Donjon... L'impossible réalité]

Parraiiiiinnnnnnn !!!!!!!!!!!!!!!!!! hurla Degaulle

Il se prépita sur les lieux du saut pour tenter de rattrapper son parrain.Mais, que faire ? C'était trop tard. Le dragon avait sauté dans le vide avec sa terrible machine. Alarmé et prit d'impuissance, Degaulle s'écroula. Voilà,l'homme plongé dans un état de folie, il ne comprenait pas ce qu'il se passe et ce qu'il s'est passé. Valette avait sauté dans le vide, les larmes commencèrent à couler.

Il vooole ! Il vooole ! crièrent un inconnu et Sieur Gautier.

Degaulla leva la tête.
Sourire aux lèvres et soupirs de soulagement, son parrain était vivant. Certes, il était dans les airs, mais il était vivant.


Fichtre !! Il vooole !

Degaulle se leva tout doucement et regarda cette scène insolite qui se déroula sous ses yeux. Totalement ahuri, hypnotisé par l'évênement, Degaulle était figé par l'impossible réalité.

Puis, il vit ensuite Sieur Gautier, au pied du donjon, courrir après son maître, qui était dans les airs. Degaulle se mit à rire. Cette scène comique, propre au duo Valette et Gautier, lui fit comprendre que rien de c'était arrêté, au contraire, tout continuait. Son parrain était toujours vivant, il volait, tout simplement.

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"Vive le Berry libre"
Degaulle, le 25 septembre 1455, lors du 1er assaut tourangeux contre Châteauroux

Pensées :
"Sa grandeur, ainsi que son bien être, est, pour moi, chose essentielle. Sinon, ce n'est pas Châteauroux."
Valette
[Ici ou là ... errance incertaine.]


Que dire ...
Que les choses terrestres sont faites pour demeurer au sol.
Que tout ce qui n'a pas été créé pour les airs ne peut prétendre impunément le contraire.

Et pourtant ...
Douce et enivrante folie.
Il était inconcevable de ne pas contrarier l'ordre des choses.
Il était incongru de ne pas tenter l'incroyable.

Or la réalité s'était soudainement avérée aussi rude que le branchage fourni d'une famille d'admirables marronniers.
Le fracas fut sourd et le contact acerbe.

Si le Lys avait toujours eut une affinité tactile pour les arbres, cela avait toujours été à son initiative et de façon mesurée et contrôlée.
Là, le vent et la pesanteur étaient seuls maitres à bords et avaient littéralement renvoyé la structure de bois à ses origines ... s'achevant sur un enchevêtrement de bois morts et vivants.

L'aile de cuir rouge s'était également froissée pour se presque fondre dans la masse feuillue.
Et nul doute que d'ici peu de temps, l'automne viendrait achever le camouflage, parant la forêt de couleurs rougeoyantes.

Quelques feuilles commencent d'ailleurs à se teinter légèrement de carmin, subitement, subtilement mais régulièrement, point après point.
Là haut, tout là haut ... là ou un Dragon dort.

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Amberl
[Parait qu'y a un Dragon in the sky ]

Médusée, Amberle regarda dans les cieux. Tout le monde ne parlait que de cela. Gamins, paysans, bouchère ou voyageurs. Tous n'avaient qu'un mot à la bouche. Ou plutôt, tout le monde regardait en l'air, admirant les astres, espérant s'attirer le monstre dans le champ de vision.
Envolée d'un Dragon, qui se serait jeté du toit de sa seigneurie, et plus jamais retrouvé depuis. Ridicule. La brune n'accorda aucune importance à ces délires d'ivrognes, et attend en taverne l'arrivée du Seigneur en question, qu'elle pourra taquiner à souhait.
Rejetant l'insolite nouvelle dans un coin de son cerveau, Amberle redécouvrit la ville. Nouveaux habitants, nouvelles enseignes. Nouvelles moeurs, comme celle de crier sans cesse en taverne. Si fait. Elle supporte les insultes anti tourangelles en taverne, se moquant aisément des berrichons... Le sourire qui traine sur son visage est voilé, masquant ainsi une crainte qui la tiraille. L'Valette ne pointe toujours pas sa tête, l'absence se fait d'autant plus sentir que la rumeur persiste. Et si ... Tout était véridique ?
Comme toujours, une fois le doute immiscé en elle, il prend de l'ampleur. La question la taraude, l'obnubile, au point de trouver le reste semble futile. Beaucoup de pertes en ce moments, trop même. Amberle retrousse son nez, grimace de dépit chez elle.
I mpulsive, la brune délaisse la taverne, et s'en va fouiller dans la ville. S'y perd, bien sur, se hâte d'aller vers les gens pour faire part du malaise. Toujours la même réponse, réglée au millimètre près, pas de variantes selon les personnes... Parait qu'il vole.

Pause... Une pause, assise sur une dalle, après une course effrénée dans la ville, l'Amberle réfléchit à la suite des évènements. Son passage à Châteauroux est limité dans le temps. Aller jusqu'au domaine du Lys ? Faire l'aller-retour dans la même journée ? Impossible.
Où est situé le fief, elle ne le sait pas. Elle n'y a jamais mis les pieds. Autant rester en ville, d'autant qu'on l'attend le lendemain à St Aignan.
Un dilemme de plus pour la brune, épineux à s'y érafler le doigt rien qu'en y songeant. Le Coeur ou la raison ? L'amitié ou l'utilité ? Comme bien souvent, tout se jouera à pile ou face. Pile, une virée chez le Lys Saint George, face, un triple galop vers St Aignan. Et d'une pièce lancée ....
Revers. Face. St Aignan. La brune accuse le coup, amèrement, avant de se faire une raison. Aller de l'avant, sans regrets, ni remords. Qui vivra verra ... alors vivons.

Trainant des pieds, la brune rejoint une taverne castelroussine, y dégote un groupe qui va dans la même destination qu'elle, et s'y incruste, sans gêne. Sans se présenter réellement non plus. Les
"On dit" restent dans son esprit. Valette, le sage, le Dragon, l'ami en qui elle a toujours eu confiance. Proches. Ni trop, ni pas assez, juste l'ami, comme il se doit. Du paysage qui défile devant elle, pendant la chevauchée, elle ne voit que du feu, paumée dans ses pensées.
Un Dragon dans le ciel, dites vous ? Laissant peu à peu la magie de l'évènement grandir en son sein, se disant que si le monstre volait, peut être reviendrait il un jour...
Tête relevée, la berrichonne de coeur observe les cimes, espérant à son tour voir l'Animal qui fait tant parler de lui. Bon vent l'ami. Vole haut, explore les contrées, et si tu vois 'Stote, crache lui un jet de flammes de ma part.


('scusi, pas pu m'empêcher d'y mettre un grain de sel.)
Correction orthographique. M'ci à un joueur qui s'reconnaitra =)

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Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
"Y a Amberle, une vraie perle"
---- Rajoutez le "e" final à Amberle pleaze ----
Valette
[Aristote, Icare ou Morphée?]


Combien de temps s'est-il écoulé depuis la collision sylvestre?
Il l'ignore.
Là où il est, le temps est répété, amplifié, déformé.
Les secondes lui semblent des heures, les minutes des jours.
Il erre, pris dans les cycles alternatifs d'un sommeil vraiment paradoxal.

Jour.
Eveil approximatif et douloureux.
Yeux à peine entrouverts sur un paysage étrangement inversé.
Un calme mortel règne tout autour.

Nuit.
Les paupières s'épuisent irrépressiblement.
Il sombre rapidement, pris d'une étrange fatigue comateuse qui ne lui épargne même pas les douleurs qui le taraudent de ci, de là.
Au moins là, il ne cherche plus de réponses laborieuses à ses questions pourtant simplistes ...
Où? ... Pourquoi? ... Comment?

Peu importe.
Le prochain cycle d'éveil lui permettra peut être de retenter l'investigation mentale.
Reprendre connaissance prendrait alors un sens plein et entier.

Les alternances de conscience et d'inconscience se succèdent inlassablement.
Et c'est à ce rythme que sa main droite se crispe et se décrispe sur un étrange objet rendu poisseux par le liquide qui lui coule entre les doigts.

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Wandrian
[ Du vide, plus aucune appréciation ]

Des heures à tourner en rond. Le visage, les mains, chaque centimètre de peau qui n’est pas protégé par un vêtement est écorché. Et encore, le vêtement lui-même ne résiste plus aux attaques répétées des tiges et des branches qui semblent déterminer à nuire à son avance.
La voix n’est plus qu’un filet, sa gorge est en feu, et pourtant elle hurle encore. Son nom. Ses supplications. Aucune réponse. Aucun signe.
Un moment d’espoir lorsqu’elle sent bouger non loin, et l’énergie qui vous vient lorsqu’enfin la réponse à vos prières semble se manifester.

Les jupons relevés pour moins s’empêtrer dans la branchaille, une course effrénée vers l’ombre qui bouge, là, juste au-delà de cette ligne d’arbres encore plus opaques que les autres. Son souffle est court et bruyant, tant par la course que par ce mélange d’exaltation et de panique.

Il est là! Il est vivant! Il est…

La réalité frappe, brutale et insensible.
C’est Gautier qui se dresse devant elle, moins abîmé qu’elle-même, le même air d’affolement.

Figée, d’abord, le regard blessé. Que lui chaut de trouver le palefrenier ici, alors que c’est un Dragon qu’elle réclame à grands cris. Une seconde d’immobilité, puis une autre, qui s’étire en une minute.
Et soudain, quelque chose se brise.
Elle se jette sur le pauvre homme, hors d’elle, frappant, frappant sa déception de le trouver là au lieu de l’homme qu’elle aime. Frappant au hasard, tout ce qu’elle peut atteindre.

La rage ne dure pas. L’épuisement prend vite le dessus, toute l’énergie vidée par le regain d’espoir bafoué. On finit par la ramener sans trop de mal au domaine du Lys. Elle ne combat plus, le regard perdu.
Dans les jours qui suivent, seuls les efforts de recherche valent son attention. Tout le reste est secondaire.

Malgré tous les soins de la pauvre Sarrah, la dame ne se soucie plus de rien d’autre, et plusieurs repas sont simplement délaissés, oubliés. La vue de la nourriture lui cause la plus grande révulsion, de toute façon.
Elle arrive à peine à porter encore attention à ceux de leurs amis qui viennent prêter main forte ou apporter quelque réconfort. Un remerciement distrait, un sourire visiblement forcé. Le reste est au-delà de ses forces.

On ne l’a pas laissé retourner en forêt pour joindre ses efforts à ceux qui recherchent le Dragon. Elle doit se contenter d’égrainer les secondes en attendant que les hommes rentrent, bredouilles, chaque fois.
On lui a ramené quelques pièces minuscules et éparses de ce qui pourraient être l’engin infernal, mais du seigneur du Lys-Saint-Georges, aucune trace.

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Les trésors ne sont pas l'apanage des dragons
Valette
[Ainsi donc Hadès serait le grand vainqueur?]


Et donc les jours passèrent sans apporter plus de réponse.
Les recherches infructueuses se succédèrent, ajoutant l'incompréhension générale aux évènements déjà peu ordinaires qui menèrent à la disparition du Lys.
Comment expliquer la disparition d'un homme en forêt domaniale, à bien moins d'une lieue du castel?
Certes la région de la vallée noire regorgeait de nombre de contes et légendes occultes mais rien qui pouvait apporter le soulagement d'une hypothèse plausible et acceptable.

Pourtant le Dragon ne pouvait s'être évanoui ...
Un monde fait de matière, de règles physiques élémentaires et structurées était soumis à des évidences: un objet, et mieux encore un être, ne pouvait disparaitre!
On pouvait le déplacer, le cacher voir le transformer mais pas le volatiliser.
Alors?

Alors ...
Alors nul doute qu'il y avait eu des témoins capables d'élucider ce grand mystère.
De raconter comment tout s’était joué, dès le premier jour, le jour de l’envol du Dragon..
Mais le souci était de savoir entendre leurs témoignages.

Ainsi un marronnier aurait pu vous raconter, comment ce jour là, des heures durant, il avait porté cet homme aux creux de ses branches.
Il l'avait observé, là niché, endormi comme un enfant malade qui s'éveillait parfois quelques instants avant de s'enfoncer à nouveau dans une inconscience profonde ... bercé par le vent.

Un renard aurait pu vous décrire l'odeur d'un sang qu'il renifla, clairsemé sur quelques brins de fougère.
Il aurait pu vous dire la prudence que lui inspira l'étrange silhouette perchée haut dans les arbres, qu'il aperçut en levant un museau inquisiteur.

Un passereau aurait pu vous dire qu'à force de curiosité tantôt repoussée tantôt assouvie, il avait sautillé jusqu'à se rapprocher de cet animal étrange qui s'était brusquement invité dans son univers arboricole.
Et qu'au détour d'une bourrasque, il avait vu s'ouvrir, sur lui ... deux iris clairs.
Irai-je jusqu'à dire ce que la petite boule de plumes lut dans ces yeux?

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