Oesophage
..pour des Canards sauvages.
Où est le cur magnanime, sil en est un seul? Où est le cur dont lamour vous enlace dune assez forte étreinte pour ne plus jeter quun il indifférent sur ces institutions sinistres, palais, calices, cruels instruments de luxure, dont leffroi élève vers notre Roy des supplications universelles qui le conjurent? Où est ce cur? Pourrait-il pousser lhéroïsme du dédain, jusquà rire de lépouvante dautrui, comme ses yeux d'enfant riaient des châtiments que lui infligeait le Montmorency?
L'sophage ne manque pas de mémoire ou de vivacité desprit. Fou qu'il est, il aime à jouer. Seulement les jeux des hommes sappellent affaires, et ils punissent ceux des fous, et personne na pitié ni des fous, ni des hommes. Un juge équitable pourrait-il cependant approuver quun fou soit châtié pour se laisser détourner, par le manque de raison, dune vie emplie de vices? Malheur au torrent de la coutume! Qui lui résistera? Ne sera-t-il jamais à sec? Jusqu'à quand roulera-t-il les fils dArnvald dans cette profonde et terrible mer, que traversent à grande peine les Canards du Roy? Est-il un seul de ces politiques fièrement drapés dont loreille soit assez à jeun pour entendre ce cri de vérité qui part dun homme sorti de la poussière de leurs terres: "Inventions des nobles! Ils politisent la religion! Ils eurent mieux fait de diviniser les politiques!" Mais la vérité, cest que le politique, dans ses fictions, assimile au Très-Haut les hommes criminels, afin que le crime cesse de passer pour crime, et quen le commettant, on parait imiter non plus les hommes de perdition, mais les apôtres de Dieu.
-Ces impuretés ne nous aident en rien à retenir telles paroles, mais ces paroles enhardissent limpureté. Je naccuserais pas les paroles, vases précieux et choisis, mais le vin de lerreur que nous y versent un élu et ses comparses. Eh! Vous tairez-vous donc toujours? A cette heure même vous retirez de ce dévorant abîme lâme qui vous cherche, altéré de vos délices cest lentraînement de la passion qui vous jette dans le bec de mes Canards.
Le Canard, seul grand parmi les animaux, dont linfatigable loi sème les cécités vengeresses sur les passions illégitimes.
Où est le cur magnanime, sil en est un seul? Où est le cur dont lamour vous enlace dune assez forte étreinte pour ne plus jeter quun il indifférent sur ces institutions sinistres, palais, calices, cruels instruments de luxure, dont leffroi élève vers notre Roy des supplications universelles qui le conjurent? Où est ce cur? Pourrait-il pousser lhéroïsme du dédain, jusquà rire de lépouvante dautrui, comme ses yeux d'enfant riaient des châtiments que lui infligeait le Montmorency?
L'sophage ne manque pas de mémoire ou de vivacité desprit. Fou qu'il est, il aime à jouer. Seulement les jeux des hommes sappellent affaires, et ils punissent ceux des fous, et personne na pitié ni des fous, ni des hommes. Un juge équitable pourrait-il cependant approuver quun fou soit châtié pour se laisser détourner, par le manque de raison, dune vie emplie de vices? Malheur au torrent de la coutume! Qui lui résistera? Ne sera-t-il jamais à sec? Jusqu'à quand roulera-t-il les fils dArnvald dans cette profonde et terrible mer, que traversent à grande peine les Canards du Roy? Est-il un seul de ces politiques fièrement drapés dont loreille soit assez à jeun pour entendre ce cri de vérité qui part dun homme sorti de la poussière de leurs terres: "Inventions des nobles! Ils politisent la religion! Ils eurent mieux fait de diviniser les politiques!" Mais la vérité, cest que le politique, dans ses fictions, assimile au Très-Haut les hommes criminels, afin que le crime cesse de passer pour crime, et quen le commettant, on parait imiter non plus les hommes de perdition, mais les apôtres de Dieu.
-Ces impuretés ne nous aident en rien à retenir telles paroles, mais ces paroles enhardissent limpureté. Je naccuserais pas les paroles, vases précieux et choisis, mais le vin de lerreur que nous y versent un élu et ses comparses. Eh! Vous tairez-vous donc toujours? A cette heure même vous retirez de ce dévorant abîme lâme qui vous cherche, altéré de vos délices cest lentraînement de la passion qui vous jette dans le bec de mes Canards.
Le Canard, seul grand parmi les animaux, dont linfatigable loi sème les cécités vengeresses sur les passions illégitimes.
Citation:
Au lieu d'employer sa puissance à protéger la faiblesse, l'ordre en use pour la soumettre, non aux conventions du peuple, mais à ses décisions arbitraires.
Je vous le dis, haut et fort. De l'autorité absolue naitra l'anarchie absolue: tant les Canards, toutes les fois que leurs passions feront taire leur raison, seront aptes et prompts à vous gâter!
Vous, Ducs, Princes, Roys, Juges, Magistrats, prétendus Grands, résolument Tyrans!
Si vous avez su convaincre le religieux, dont l'âme racornie n'est plus sensible qu'à l'intérêt pécuniaire, de votre bonne Foy en feignant lidolâtrie; car la soif des jouissances exclusives, l'amour de la tyrannie, et le luxe qui pourrit le cur, vous ont conféré ce droit atroce de détruire l'homme dans l'homme, d'opposer la nature à la nature; le peuple, lui, n'est pas dupe. Toutes les fois que vous vous écartez des principes vertueux, vous vous embarquez sur un océan de ténèbres, et tous les efforts que vous faites pour vous y guider ou vous y maintenir ne servent qu'à provoquer inévitablement votre perte la plus prochaine. Les temps sont passés où la gueuserie, composée de brigands et de paysans, d'animaux féroces et d'animaux dociles, n'offrait à lil épouvanté que l'horrible spectacle de la dégradation de l'homme endormi dans l'avilissement, se réveillant quelquefois dans la tyrannie, et finissant par se perdre dans le crime.
Il y a bien longtemps que la dernière larme a rafraîchi nos paupières desséchées: heureux encore, si dans nos curs nés pour aimer avec énergie, toutes les passions ont fait place à une haine fortement prononcée. Notre pensée active et bouillante est devenue l'atelier de tous les crimes; aussi prompts à se communiquer leurs desseins qu'habiles à les exécuter, ils vont ravager toute une contrée, tout un Royaume. Oui! Grâce aux Canards! Grâce au Roy! Le monde va être peu à peu délivré de cette espèce dégoûtante qui se nourrit de sang, de larmes et d'or. Je vais vous faire rougir, si vous en êtes encore susceptibles, car je vais sauver votre âme et vous procurer le paradis solaire. En détruisant son essence, et en vous faisant essuyer ici-bas toutes les tortures de l'enfer. Votre politique pourra bien s'opposer aux insurrections populaires pendant quelques instants (et je le concède, les siècles sont des instants dans l'éternité), mais aux éclairs faibles et rares qu'elle lancera à travers la nuit des règnes absurdes et tyranniques, on ne reconnaîtra plus son existence; le Canard, juste, ami de la vertu, prophétisera ses merveilles aux mortels ensevelis dans l'espèce de brume des erreurs qui succèdent aux erreurs. Notre éveil produira de grands résultats. De même que la foudre purifie l'air des miasmes impurs qui l'infectent, écrase les pyramides orgueilleuses qui attestent les erreurs et les craintes des consciences les plus reculées, dissipe les nuages épais qui dérobent aux hommes l'éclat de l'astre du jour, et occasionne, dans l'ordre naturel, un ébranlement prolongé, salutaire à tout ce qui respire; notre éveil ravivera tout ce qui le compose, et ressuscitera les éléments pour vous mettre à bas. Les héritiers de vos malheurs en seront étonnés, mais ils vont jouir, et les larmes d'attendrissement que répandront les libérateurs et les délivrés, seront pour eux la douce rosée qui accompagne l'aurore d'une nouvelle vie. Attaqués par de véloces et de nombreux anatidés, vous n'opposerez que les remparts de vos cadavres à l'intrépidité des palmes; et bientôt moissonnés vous-mêmes par la flèche rapide qui ne choisit pas sa victime, entassés sur vos gens étendus, vous abreuverez de votre sang cette même terre que jadis arrosaient vos pourfendeurs de leurs sueurs et de leurs larmes, forcés qu'ils étaient à vous prodiguer ses trésors; et vos cités bouleversées ne seront plus qu'un amas de décombres qui n'auront d'autres mortiers pour les lier entre elles que la ronce qui déchire le pied du voyageur; et vos ports comblés, vos statues renversées, vos palais détruits, l'éloquent silence des tombeaux succédant au murmure populaire, attesteront aux générations qui vous survivront les outrages que vous fîtes à la Création, en consacrant chez vous liniquité, et la vengeance terrible qu'elle sut en tirer, en combinant contre vous, dans ses calculs infinis, tous ses grands moyens de destruction.
Champagne! Tes villes viennent tout juste de tomber que les voûtes du temple des lois font déjà écho. Ministres de la morale, heureux législateurs, ils ne font qu'accélérer ta chute. N'entends-tu point ce concert d'actions de grâces, ces cris d'allégresse et de bénédiction, partis du milieu de ces fiers Canards? Ne les vois-tu point ces hommes, la joie peinte sur la figure, bondir comme le jeune faon en criant liberté? Champagne! Reçois, de la part d'hommes libres, le juste tribut d'éloges que méritent les piètres efforts que tu déploies à nous crucifier: attends en paix que je prononce moi-même, sur ta vie, mon irrévocable jugement. Et célèbre les desseins éternels de la nature dont tu as constamment été l'organe; car aujourd'hui le tocsin de la justice éternelle a sonné, les paroles sacramentelles sont prononcées:
Je vous le dis, haut et fort. De l'autorité absolue naitra l'anarchie absolue: tant les Canards, toutes les fois que leurs passions feront taire leur raison, seront aptes et prompts à vous gâter!
Vous, Ducs, Princes, Roys, Juges, Magistrats, prétendus Grands, résolument Tyrans!
Si vous avez su convaincre le religieux, dont l'âme racornie n'est plus sensible qu'à l'intérêt pécuniaire, de votre bonne Foy en feignant lidolâtrie; car la soif des jouissances exclusives, l'amour de la tyrannie, et le luxe qui pourrit le cur, vous ont conféré ce droit atroce de détruire l'homme dans l'homme, d'opposer la nature à la nature; le peuple, lui, n'est pas dupe. Toutes les fois que vous vous écartez des principes vertueux, vous vous embarquez sur un océan de ténèbres, et tous les efforts que vous faites pour vous y guider ou vous y maintenir ne servent qu'à provoquer inévitablement votre perte la plus prochaine. Les temps sont passés où la gueuserie, composée de brigands et de paysans, d'animaux féroces et d'animaux dociles, n'offrait à lil épouvanté que l'horrible spectacle de la dégradation de l'homme endormi dans l'avilissement, se réveillant quelquefois dans la tyrannie, et finissant par se perdre dans le crime.
Il y a bien longtemps que la dernière larme a rafraîchi nos paupières desséchées: heureux encore, si dans nos curs nés pour aimer avec énergie, toutes les passions ont fait place à une haine fortement prononcée. Notre pensée active et bouillante est devenue l'atelier de tous les crimes; aussi prompts à se communiquer leurs desseins qu'habiles à les exécuter, ils vont ravager toute une contrée, tout un Royaume. Oui! Grâce aux Canards! Grâce au Roy! Le monde va être peu à peu délivré de cette espèce dégoûtante qui se nourrit de sang, de larmes et d'or. Je vais vous faire rougir, si vous en êtes encore susceptibles, car je vais sauver votre âme et vous procurer le paradis solaire. En détruisant son essence, et en vous faisant essuyer ici-bas toutes les tortures de l'enfer. Votre politique pourra bien s'opposer aux insurrections populaires pendant quelques instants (et je le concède, les siècles sont des instants dans l'éternité), mais aux éclairs faibles et rares qu'elle lancera à travers la nuit des règnes absurdes et tyranniques, on ne reconnaîtra plus son existence; le Canard, juste, ami de la vertu, prophétisera ses merveilles aux mortels ensevelis dans l'espèce de brume des erreurs qui succèdent aux erreurs. Notre éveil produira de grands résultats. De même que la foudre purifie l'air des miasmes impurs qui l'infectent, écrase les pyramides orgueilleuses qui attestent les erreurs et les craintes des consciences les plus reculées, dissipe les nuages épais qui dérobent aux hommes l'éclat de l'astre du jour, et occasionne, dans l'ordre naturel, un ébranlement prolongé, salutaire à tout ce qui respire; notre éveil ravivera tout ce qui le compose, et ressuscitera les éléments pour vous mettre à bas. Les héritiers de vos malheurs en seront étonnés, mais ils vont jouir, et les larmes d'attendrissement que répandront les libérateurs et les délivrés, seront pour eux la douce rosée qui accompagne l'aurore d'une nouvelle vie. Attaqués par de véloces et de nombreux anatidés, vous n'opposerez que les remparts de vos cadavres à l'intrépidité des palmes; et bientôt moissonnés vous-mêmes par la flèche rapide qui ne choisit pas sa victime, entassés sur vos gens étendus, vous abreuverez de votre sang cette même terre que jadis arrosaient vos pourfendeurs de leurs sueurs et de leurs larmes, forcés qu'ils étaient à vous prodiguer ses trésors; et vos cités bouleversées ne seront plus qu'un amas de décombres qui n'auront d'autres mortiers pour les lier entre elles que la ronce qui déchire le pied du voyageur; et vos ports comblés, vos statues renversées, vos palais détruits, l'éloquent silence des tombeaux succédant au murmure populaire, attesteront aux générations qui vous survivront les outrages que vous fîtes à la Création, en consacrant chez vous liniquité, et la vengeance terrible qu'elle sut en tirer, en combinant contre vous, dans ses calculs infinis, tous ses grands moyens de destruction.
Champagne! Tes villes viennent tout juste de tomber que les voûtes du temple des lois font déjà écho. Ministres de la morale, heureux législateurs, ils ne font qu'accélérer ta chute. N'entends-tu point ce concert d'actions de grâces, ces cris d'allégresse et de bénédiction, partis du milieu de ces fiers Canards? Ne les vois-tu point ces hommes, la joie peinte sur la figure, bondir comme le jeune faon en criant liberté? Champagne! Reçois, de la part d'hommes libres, le juste tribut d'éloges que méritent les piètres efforts que tu déploies à nous crucifier: attends en paix que je prononce moi-même, sur ta vie, mon irrévocable jugement. Et célèbre les desseins éternels de la nature dont tu as constamment été l'organe; car aujourd'hui le tocsin de la justice éternelle a sonné, les paroles sacramentelles sont prononcées:
- Malheurs aux grosses panses, la chasse des Canards est ouverte!
Alors que Reims dort encore, lil du Roy se pose sur ces ailes qui se déploient en ce Dimanche matin, vaguement attendri, claudiquant sur le froid pavé.
-Seigneur, à vous Créateur et Conservateur de lunivers, Tout-Puissant et tout bon, à vous notre Dieu, grâces soient rendues, ne meussiez-vous donné que dêtre Canard! Car dès lors même, dans cette petitesse dexistence, dans cette petitesse de pensée, jaime la vérité. Je ne veux pas être trompé; et je décide de fuir la douleur, la honte, lignorance. Quelle admirable merveille quun tel animal!
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