Fenthick
Assis sur une large pierre, posée là, comme un loup dans une bergerie, c'est les yeux rougis, grossis par la peine, le cur vidé et l'âme labourée que Flavien-Charles Galanodel contemplait d'un air perdu les restes encore fumants du bucher qui lui avait emporté sa marraine, sa suzeraine, sa sur et tout ce qu'elle avait incarné pour lui.
Le mince poteau, noirci par la suite et la caresse brûlante des flammes infernales trônait là, comme une provocation, une énième raillerie contre une femme qui, la veille encore, respirait la joie et la santé.
Symbole des derniers instants de Valentine de Nivellus de Sparte, il attirait les yeux de Fenthick comme une sangsue se colle au bras. Les petits tas, éparses et de plus en plus réduits, de cendres, à son bas, s'envolaient au vent, et les restes de la Vicomtesse aux Pieds-Nus s'éparpillaient dans l'air des montagnes qui l'avaient vu naître.
L'air hagard, presque apeuré, il jeta un regard autour de lui, pour constater qu'il était seul, dans les environs immédiats. Tout ceux qui s'étaient déplacé avaient quitter la place, petit à petit. Son épouse devait l'attendre..
Mais contre son gré, ses pensées vagabondèrent. Et les images, d'une netteté invraisemblable, lui revinrent, pour la vingtième fois, en mémoire.
Les dernières heures de Tine .. Ses derniers instants ..
Pour finir par ses cris .. Ces cris .. Horribles que ceux là. Jamais Fenthick n'avait autant souhaité mourir qu'en entendant ces cris qui le déchirèrent sans qu'il ne puisse rien y faire..
Les dernières heures de Tine ... Les dernières heures du Roubion que nous connaissons..