--Masao
[Tôt le matin, quelque part dans le Cloaque ...]
Parmi ce rassemblement de raclures éhontées quétait le fameux Clan des Lézards, beaucoup pouvaient se vanter de posséder un épiderme recouvert dune multitude décailles aux diverses vertus protectrices. Pourtant parmi toute cette bande de dégénérés aux manières grotesques et à lhaleine putride, un seul pouvait se targuer dêtre munit dune large et robuste carapace, leternel Masao, plus connu sous le doux patronyme du « Vieux Crabe ».
Seulement, lintéressé nétait plus de premières fraicheur et, nippon nétant pas bernard-lhermite, il ny avait aucune chance pour que le bandit quasi sénile ne parvienne à échanger sa vieille carcasse, trop usée par le temps, pour une nouvelle, plus jeune et en meilleur état
Pourtant lheure fatidique semblait approcher à grands pas, Izanami trépignant certainement dimpatience en réclamant son dû
Cela faisait déjà plusieurs semaines que le vieux crabe respirait avec difficulté et quil toussait à tue-tête. Dans dautres lieux et à une époque moins lointaine, sans doute aurions nous parlé de pneumonie.
Depuis quelques jours, il nétait même plus capable de quitter sa couche. Étendu sur son tatami sous une épaisse couche de draps et de couvertures, dune voix tremblotante à peine audible, il donna ses instructions à Akimoto, le dernier de ses fils, toujours présent à ses cotés pour le soutenir et le veiller
Peuh ! Un moine Peuh ! Peuh ! La crème
Il fronça les sourcils, sembla hésiter, puis, dans un râle de vieillard entre deux quintes de toux, il ajouta.
Pis Peuh ! Ramène moi aussi ctandouille ébouriffée de Sunuké Jai aussi à lui parler Peuh ! Peuh !
Une glaire visqueuse et grisâtre, éjectée de la gorge du moribond lors du dernier spasme, séleva dans les airs et effectua quelques saltos avant de revenir sécraser sur la couverture, tout près de larcade du vieux crabe