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[RP] La Princesse éclaboussée de sang

Griotte
Une silhouette encapuchonnée se faufila discrètement dans la cathédrale. Elle referma doucement la porte derrière elle, dans un petit claquement sec qui résonna bruyamment dans l'édifice et sembla déchirer le silence comme le son d'un cor de chasse dans lequel un Géant des Plaines du Nord soufflerait à pleins poumons. Les voutes de la cathédrale déserte amplifiaient le moindre bruit. Il était difficile d'être aussi silencieux qu'une ombre. Même en marchant sur la pointe des pieds, la morveuse avait l'impression de faire autant de vacarme qu'un troupeau de sangliers dansant avec des claquettes. Son mode furtif en prenait un coup !

Les deux bénitiers encadrant l'entrée attirèrent immédiatement le regard verdoyant. La jeune fille passa de l'un à l'autre en s'y attardant un instant avant de traverser à grands pas la nef et ses allées vides, pour gagner l'autel et la dernière des cuvettes en pierres contenant l'eau bénite dont les paroissiens se signaient à chaque office. Elle se pencha au-dessus de la surface miroitante et sortit une petite bourse des replis de sa cape. Elle contenait des orties et de l''herbe aux gueux réduits en poudre. La bâtarde déversa le mélange dans le liquide sacré en souriant sournoisement. La prochaine messe sera riche en urticaire. Rien de tel qu'un peu de poil à gratter pour mettre de l'animation entre deux prières à mourir d'ennui !

Le sourire s'effaça lorsque le grincement caractéristique d'une porte qu'on ouvre se propagea dans la cathédrale. Quelqu'un venait ! Il était temps de disparaitre au plus vite.
Blanche_
Quelqu'un vient !
C'est Blanche.
Elle a perdu son air enjôleur et mutin. Elle a les pommettes rouges, car dehors, au dehors de la cathédrale sur le parvis, il fait horriblement chaud. Étouffée dans sa robe serrée, avec ces pans de tissus transparents, qui entourent son cou en y plongeant comme un "V", et qui oppressent les deux sphères de lait, étouffée et jamais aussi vivante, l'Hermine cherchait depuis quelques minutes, dans les rues denses et noires de monde, un peu de cette fraîcheur qui lui rappelle Breizh.
Qui, d'autre qu'un lieu saint, pourrait prodiguer à la plus sainte, à la plus pure, l'Autel de recouvrance ? Elle marche, elle marchait, ses pas l'ont guidée d'un divin signe vers la Cathédrale aux pierres fraîches, et aux murs centenaires.
La porte grince un peu ; et fluette, Blanche attarde ses yeux sur le lourds battant de fer, chaud d'un coté, glacial de l'autre.

Chaude d'un coté,
Glaciale de l'autre.
Elle pénètre la nef ; les voix des anges, comme elle appelle ces petits servants de Dieu, ces enfants de coeur, monte vers le ciel et guide son regard vers ces pointes qui dardent orgueilleusement en l'air. Il y a des anges au sol, qui chantent ; elle jurerait voir ceux sculptés, contre les colonnes, à cent pas des carrelages d'ivoire et de bronze, leur répondre en bougeant légèrement leurs lèvres.
Della de Volvent a appris à Blanche de Walsh-Serrant à comprendre et aimer le Dieu des Français. Et, comme pour serrer la main à cet ami retrouvé, l'odieuse écervelée a décider de lui conter son histoire.


- Mon Père ?
Il a fui ; et, elle est sûre, cette ombre embusquée dans un confessionnal est la sienne.
Il a fui ; elle le suit. C'est Dieu qui la pousse, qui engage ces petits pas sur le sol glacé, alors qu'elle se frictionne les bras. Dieu veut entendre cette histoire...
Elle abat le rideau du confessionnal. Ne restent désormais plus qu'Elles, Dieu, et cette histoire. Mais aucune oreille humaine ne devrait avoir droit d'entendre l'engeance maline. Compte-t'on autrement qu'en chanson, la sombre procréation de Merlin ? Narre-t'on vraiment, comment Satan a engrossé en la forçant, une fille d'Avalon ?


- Pardonnez-moi, car j'ai beaucoup péché.
_________________
Griotte
Un silence de mort accueillit les paroles de la Walsh-Serrant. Se planquer dans le confessionnal semblait pourtant une bonne idée. Griotte n'avait pas prévu qu'elle allait se faire courser par une bretonne ayant soudainement décidé de confier ses péchés au Très-Haut. Que répondre à sa demande de pardon ? La morveuse devait-elle se faire passer pour l'aumônier en lui prêtant une oreille attentive ?

Le rôle d'un clerc aristotélicien n'était pas vraiment taillé pour les épaules de la gamine réfractaire à tout ce qui concernait de près ou de loin cette foutue religion qui avait causé la perte d'Aleanore, mais décidant qu'il valait mieux jouer le jeu plutôt que d'avoir à répondre à des questions compromettantes quant à sa présence en ce lieu, elle répondit en toussotant de sa voix la plus grave possible :


Aheum heum... Je vous écoute, mon enfant.

C'est bien comme ça que le curé s'adresse à ses paroissiens, non ? C'est que la môme n'y connaissait pas grand chose au protocole religieux. Il n'y avait plus qu'à croiser les doigts pour que le subterfuge fonctionne et que la repentante ne s'attarde pas trop longtemps. La gamine n'avait pas envie de passer son après-midi à écouter une donzelle à la cuisse légère pleurnicher sur ses histoires de coeur et de dentelles s'étant malencontreusement déchirées durant l'un de ses ébats amoureux.
Blanche_
Heu...
La voix du père est bien fluette, et bien aiguë. Si Blanche avait un gramme de raison à cet instant, elle saurait que c'est impossible, et étrange, mais puisqu'elle a promis à Della que d'aller se confesser et raconter son crime, elle n'a en tête que la réminiscence écoeurante de son forfait. Et sa voix, et ses coups, et ses marques sur son corps blanc, elle se sent comme au lendemain de sa délivrance, quand elle était retournée en Pannecé et avait été prise et soignée par ses gens, sauvée, en somme. Dans l'enceinte sainte, elle est pure quoique marquée, exactement comme elle était alors : pure, mais souillée.


Croyez-vous, mon Père, que Dieu pardonne tout ?

Elle redresse la tête en arrière, qui bute sur le fond en bois du confessionnal. Elle ne voit pas l'homme, elle ne fait que l'entendre, et sa voix n'importe pas, puisque ce n'est qu'une ouverture, un calice à sa délivrance. Il faut qu'il transmette le message à Dieu, et que Dieu pardonne, car s'il ne le fait pas, elle ne pourra pas non plus.
Lentement, elle cogne sa tête contre le mur.
Plop.
Puis plus fort.
Dieu, c'est moi, c'est moi qui cogne à ta porte, je suis là, je t'aime, sauve moi ! J'ai peur tu sais, d'être salie pour toujours.


Croyez-vous, que Dieu puisse pardonner à une femme, d'avoir porté l'enfant du Diable ?

On fait pas plus con, comme question.
_________________
Griotte
Oh non... Les choses se corsaient ! La môme allait devoir répondre à des questions. Elle qui espérait pouvoir en dire le moins possible pour éviter que sa voix ne la trahisse - ou pire : qu'elle commette une bourde en répondant à coté de la plaque - c'était raté ! Elle allait devoir parler. Elle était pourtant persuadée qu'un confesseur avait juste à écouter les discours de repentance en opinant sagement du chef, avant de clore les lamentations par une série de sanctions visant à obtenir le pardon du Très-Haut siiii bon et siiii miséricordieux. Encore raté ! Il fallait aussi se montrer rassurant et prodiguer des conseils avisés, domaines dans lesquels la bâtarde était loin d'exceller.

Dieu est Tout-Puissant. Avec lui impossible n'est pas. Il peut tout faire, même pardonner la faiblesse d'une femme face au Sans-Nom. Après tout, tout le monde n'est pas capable d'écrabouiller le Diable les doigts dans le nez, mais comme Dieu est bon, il comprendra votre vulnérabilité face au démon.

Aaah ! La gamine avait l'impression de s'en sortir plutôt bien, pour l'instant. Elle parlait peut-être un peu trop. La voix avait du mal à garder sa tonalité grave - et hasardeuse ! - Il lui fallait trouver un moyen de pousser l'autre à continuer de faire causette.

Mais la vraie question est sinusoïdale de l’anachorète hypochondriaque : Êtes-vous bien certaine qu'il s'agissait du Diable, mon enfant ?

Ah oui, bien le coup du "sinusoïdale". La môme était fière d'elle. Caser des mots savants, dont on ne connait pas la signification, pour faire des tournures de phrases qui ne veulent rien dire, c'était le bon plan. Ca faisait très clerc illuminé par la science infuse. Puis alors le "mon enfant" à la fin, c'était la Griotte sur le gâteau ! La réponse parfaite, en somme.
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