Marzina
Elle tournait en rond, sallongeait, remuait entre les draps, puis finissait par se lever, jetant un il mi-curieux mi-menaçant sur le reflet de son ventre. Elle se remémore les mots du médecin :
« Ca fait bien au moins un trimestre ! Pour linstant, ca ne se voyait pas beaucoup, mais bientôt vous ne pourrez plus le cacher »
Plus le cacher Cétait les mots qui lavaient affolée. Elle ne pouvait même pas décider de lannoncer ou pas ! Juste décider de quand ca serait, et comment Est-ce quelle lannoncerait delle-même, là, maintenant, dans quelques jours ? Ou bien laisserait-elle tout le monde découvrir avec horreur quelle devenait un monstre difforme ?
Elle renifle, les yeux rouges et gonflés, essuie ses larmes au coin de ses yeux. Elle nen voulait pas du monstre qui squattait son ventre, à chaque fois quelle avait eu des doutes sur son existence, elle en était toujours venue à la conclusion quelle devait sen débarrasser. Mais maintenant, tout était complètement différent, Enguerrand lavait quittée, et pour de bon cette fois Et si la logique voudrait que cela ne fasse que pencher un peu plus la balance vers un horrible dénouement pour ce petit être encore innocent (quoique, pas tant que ca connaissant les parents ), elle prenait petit à petit conscience que cet être, il était non seulement un petit peu elle, mais surtout, un petit peu lui Ce lui quelle avait perdu, qui sen était allé Elle avait attaché un petit bout de lui en elle, et qui plus est, un petit bout de lui vivant
Elle prenait soudainement compte quil lui restait quelque chose de lui, mais aussi, elle parvenait de moins en moins à le voir comme une «chose», et de plus en plus comme un être vivant, une petite chose fragile qui sabritait en elle Et ca leffrayait soudain. Elle lavait quitté pour pouvoir renier ses responsabilités, se débarrasser rapidement du problème, ne pas devenir une mère, ne pas devenir une épouse, et voilà que maintenant, elle commençait à hésiter, et se dire quelle allait peut-être finir mère
Réfléchir ainsi seule, tourner en rond, cétait trop compliqué, trop stressant. Elle avait besoin de lavis de quelquun, de lavis dune femme. Awena ? Non, pas moyen ! Elle semblait trop heureuse lorsquelle lui avait appris quelle était enceinte, et Marzina était absolument sûre quelle lui conseillerait dépouser Enguerrand Mais elle ne voulait pas se marier ! Et en plus de ca, même si maintenant même si elle avait voulu cétait trop tard, il était parti ! Elle voulait parler à quelquun quelle penserait capable de la comprendre, et qui ne lui donnerait pas des conseils niais dont elle navait cure. Elle voulait juste parler, en parler, cétait trop lourd, elle avait besoin den parler à quelquun, à une blonde comme elle
[Une demi-heure plus tard]
Elle frappe à sa porte. Elle est blonde, comme elle. Cest une garce, comme elle. Et elle assume, comme elle. Mais ce que Marzina ne sait pas encore, cest quelle est enceinte, comme elle
Elle travaille pour le Grand Duché, alors en plus, elle nest pas loin. Le temps quelle a mis jusquici, cétait juste le temps de la réflexion. En parler ? Ne pas en parler ? Se séparer du môme ? Garder le petit bout ? Elle était arrivée jusquà la porte sans même sen rendre compte.
La porte souvre, elle entre dans la pièce. Elle na pas lhabitude de se confier, elle ne sait pas comment on fait. Sa mère est morte quand elle était encore enfant, ces choses-là, elle en a perdu lhabitude. Celle qui lui a servi de mère, cétait une gouvernante, ca avait toujours mis une certaine barrière entre elles. Et puis ses pères, elle navait pas connu le premier, elle haïssait depuis plusieurs années le deuxième, et elle avait encore des difficultés de communication avec le troisième
Elle resta plusieurs secondes debout devant la porte, figée, à ne pas savoir quoi dire, quoi faire. Et puis soudain, les émotions prennent le dessus, les larmes envahissent ses yeux, et elle se jette dans les bras de Marie en gémissant :
« Je suis enceiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinte ! Bouhouuuuuuuhouuuuuuuuuu ! »
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«Qui ne sest jamais laissé enchaîner; Ne saura jamais ce quest la liberté.»
« Ca fait bien au moins un trimestre ! Pour linstant, ca ne se voyait pas beaucoup, mais bientôt vous ne pourrez plus le cacher »
Plus le cacher Cétait les mots qui lavaient affolée. Elle ne pouvait même pas décider de lannoncer ou pas ! Juste décider de quand ca serait, et comment Est-ce quelle lannoncerait delle-même, là, maintenant, dans quelques jours ? Ou bien laisserait-elle tout le monde découvrir avec horreur quelle devenait un monstre difforme ?
Elle renifle, les yeux rouges et gonflés, essuie ses larmes au coin de ses yeux. Elle nen voulait pas du monstre qui squattait son ventre, à chaque fois quelle avait eu des doutes sur son existence, elle en était toujours venue à la conclusion quelle devait sen débarrasser. Mais maintenant, tout était complètement différent, Enguerrand lavait quittée, et pour de bon cette fois Et si la logique voudrait que cela ne fasse que pencher un peu plus la balance vers un horrible dénouement pour ce petit être encore innocent (quoique, pas tant que ca connaissant les parents ), elle prenait petit à petit conscience que cet être, il était non seulement un petit peu elle, mais surtout, un petit peu lui Ce lui quelle avait perdu, qui sen était allé Elle avait attaché un petit bout de lui en elle, et qui plus est, un petit bout de lui vivant
Elle prenait soudainement compte quil lui restait quelque chose de lui, mais aussi, elle parvenait de moins en moins à le voir comme une «chose», et de plus en plus comme un être vivant, une petite chose fragile qui sabritait en elle Et ca leffrayait soudain. Elle lavait quitté pour pouvoir renier ses responsabilités, se débarrasser rapidement du problème, ne pas devenir une mère, ne pas devenir une épouse, et voilà que maintenant, elle commençait à hésiter, et se dire quelle allait peut-être finir mère
Réfléchir ainsi seule, tourner en rond, cétait trop compliqué, trop stressant. Elle avait besoin de lavis de quelquun, de lavis dune femme. Awena ? Non, pas moyen ! Elle semblait trop heureuse lorsquelle lui avait appris quelle était enceinte, et Marzina était absolument sûre quelle lui conseillerait dépouser Enguerrand Mais elle ne voulait pas se marier ! Et en plus de ca, même si maintenant même si elle avait voulu cétait trop tard, il était parti ! Elle voulait parler à quelquun quelle penserait capable de la comprendre, et qui ne lui donnerait pas des conseils niais dont elle navait cure. Elle voulait juste parler, en parler, cétait trop lourd, elle avait besoin den parler à quelquun, à une blonde comme elle
[Une demi-heure plus tard]
Elle frappe à sa porte. Elle est blonde, comme elle. Cest une garce, comme elle. Et elle assume, comme elle. Mais ce que Marzina ne sait pas encore, cest quelle est enceinte, comme elle
Elle travaille pour le Grand Duché, alors en plus, elle nest pas loin. Le temps quelle a mis jusquici, cétait juste le temps de la réflexion. En parler ? Ne pas en parler ? Se séparer du môme ? Garder le petit bout ? Elle était arrivée jusquà la porte sans même sen rendre compte.
La porte souvre, elle entre dans la pièce. Elle na pas lhabitude de se confier, elle ne sait pas comment on fait. Sa mère est morte quand elle était encore enfant, ces choses-là, elle en a perdu lhabitude. Celle qui lui a servi de mère, cétait une gouvernante, ca avait toujours mis une certaine barrière entre elles. Et puis ses pères, elle navait pas connu le premier, elle haïssait depuis plusieurs années le deuxième, et elle avait encore des difficultés de communication avec le troisième
Elle resta plusieurs secondes debout devant la porte, figée, à ne pas savoir quoi dire, quoi faire. Et puis soudain, les émotions prennent le dessus, les larmes envahissent ses yeux, et elle se jette dans les bras de Marie en gémissant :
« Je suis enceiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinte ! Bouhouuuuuuuhouuuuuuuuuu ! »
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«Qui ne sest jamais laissé enchaîner; Ne saura jamais ce quest la liberté.»