Linon
La mère évita de relancer la discussion le graaaaand ami formidable et sur l'éventuelle manipulation dont Miel avait peut-être été l'objet. Son opinion était faite et la môme avait peu de chance de la faire changer d'avis. Mais elle tiqua en l'entendant évoquer Mal' et Crok'.
Mmmhhh... évite-les ceux-là. Je les connais bien et... enfin, évite-les quoi. En plus, ils détestent ton père et essaient de le frapper à chaque fois qu'ils le croisent. Heureusement qu'il est plus fort qu'eux...! Petit mensonge anodin d'amoureuse pour tenter de sauver l'image d'un père qui prenait pourtant à chaque fois des coups.
La réaction de l'enfant visiblement blessée lui fit tendre la main vers elle pour la consoler, geste qu'elle arrêta avant de l'achever, aussi confuse d'avoir peiné la petite qu'agacée de la trouver si effrontée. La mère plissa les yeux en écoutant les reproches de sa fille... en plus, elle avait sans doute en partie raison, la solitude et les blessures avaient réveillé sa mélancolie et exacerbé son amertume. Mais était-ce une raison pour lui parler sur ce ton? Même pour lui crier un amour filial dont Linon avait commencé à douter? Mais d'où cette petite tenait-elle un caractère si buté? Et une langue aussi déliée...?
Linon inspira profondément et recueillit le regard attristé de son enfant pour ne plus le lâcher.
On ne te demande pas de rester à la maison toute la journée... ce serait mauvais pour toi et tu me rendrais sans doute folle. Voir le monde autour de chez nous est forcément formateur, rencontrer les villageois est une excellente chose et une grande chance pour eux. Je ne souhaite pas te couper de tes amis, même si je n'en connais pas la moitié. Mais tu deviens assez grande pour faire preuve de discernement. Méfie-toi de ceux qui te dressent contre les tiens. Et ce fameux Rikiki encore une petite grimace, tiens... n'aurait jamais, jamais tu m'entends, dû s'interposer entre ton père et toi. Car c'est ton père et qu'il n'y a pas à revenir sur les droits et les devoirs qu'il a envers toi comme envers moi. Il a toujours raison, tu m'entends?
Elle regarda sévèrement l'enfant pour lui faire entrer ça dans sa jolie petite caboche têtue.
Pour toi, il doit toujours avoir raison. Je ne tolèrerai aucune remise en cause de ses droits ! S'il a levé la main, c'est qu'il avait ses raisons et il n'appartient sûrement pas à tes amis de les apprécier! Ni à toi de le juger... Et ne m'agace plus avec ce Rikiki sauveur d'enfant martyre, je te prie.
Linon fulminait un peu en imaginant la scène et dû prendre quelques secondes pour s'adoucir à la vue de la moue penaude et adorable de Miel. Comment résister à tant de grâce... Appuyée sur une béquille, elle posa quand même l'autre main sur l'épaule de sa fille, autant pour s'appuyer un peu que pour avoir un prétexte à la toucher, cette chair de sa chair qui lui échappait déjà.
Toutes deux rejoignirent la cuisine et Linon radoucie apprit à Miel la préparation des tartes aux pommes qu'aimait Titi, ne revenant pas sur la discussion, mais fomentant en silence un baptême salvateur pour la petite, la recherche d'un précepteur pour occuper ses trop longues journées, voire d'un couvent si elle ne réussissait pas à reprendre en main l'éducation de cette petite rebelle. Quand la tarte fut cuite, Linon sortit une bouteille de cidre du placard et lança un clin d'oeil malicieux à la fillette.
Qui sait... si tu demandes gentiment pardon, peut-être ton père te donnera-t-il un morceau de tarte et te laissera-t-il goûter son cidre?
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Mmmhhh... évite-les ceux-là. Je les connais bien et... enfin, évite-les quoi. En plus, ils détestent ton père et essaient de le frapper à chaque fois qu'ils le croisent. Heureusement qu'il est plus fort qu'eux...! Petit mensonge anodin d'amoureuse pour tenter de sauver l'image d'un père qui prenait pourtant à chaque fois des coups.
La réaction de l'enfant visiblement blessée lui fit tendre la main vers elle pour la consoler, geste qu'elle arrêta avant de l'achever, aussi confuse d'avoir peiné la petite qu'agacée de la trouver si effrontée. La mère plissa les yeux en écoutant les reproches de sa fille... en plus, elle avait sans doute en partie raison, la solitude et les blessures avaient réveillé sa mélancolie et exacerbé son amertume. Mais était-ce une raison pour lui parler sur ce ton? Même pour lui crier un amour filial dont Linon avait commencé à douter? Mais d'où cette petite tenait-elle un caractère si buté? Et une langue aussi déliée...?
Linon inspira profondément et recueillit le regard attristé de son enfant pour ne plus le lâcher.
On ne te demande pas de rester à la maison toute la journée... ce serait mauvais pour toi et tu me rendrais sans doute folle. Voir le monde autour de chez nous est forcément formateur, rencontrer les villageois est une excellente chose et une grande chance pour eux. Je ne souhaite pas te couper de tes amis, même si je n'en connais pas la moitié. Mais tu deviens assez grande pour faire preuve de discernement. Méfie-toi de ceux qui te dressent contre les tiens. Et ce fameux Rikiki encore une petite grimace, tiens... n'aurait jamais, jamais tu m'entends, dû s'interposer entre ton père et toi. Car c'est ton père et qu'il n'y a pas à revenir sur les droits et les devoirs qu'il a envers toi comme envers moi. Il a toujours raison, tu m'entends?
Elle regarda sévèrement l'enfant pour lui faire entrer ça dans sa jolie petite caboche têtue.
Pour toi, il doit toujours avoir raison. Je ne tolèrerai aucune remise en cause de ses droits ! S'il a levé la main, c'est qu'il avait ses raisons et il n'appartient sûrement pas à tes amis de les apprécier! Ni à toi de le juger... Et ne m'agace plus avec ce Rikiki sauveur d'enfant martyre, je te prie.
Linon fulminait un peu en imaginant la scène et dû prendre quelques secondes pour s'adoucir à la vue de la moue penaude et adorable de Miel. Comment résister à tant de grâce... Appuyée sur une béquille, elle posa quand même l'autre main sur l'épaule de sa fille, autant pour s'appuyer un peu que pour avoir un prétexte à la toucher, cette chair de sa chair qui lui échappait déjà.
Toutes deux rejoignirent la cuisine et Linon radoucie apprit à Miel la préparation des tartes aux pommes qu'aimait Titi, ne revenant pas sur la discussion, mais fomentant en silence un baptême salvateur pour la petite, la recherche d'un précepteur pour occuper ses trop longues journées, voire d'un couvent si elle ne réussissait pas à reprendre en main l'éducation de cette petite rebelle. Quand la tarte fut cuite, Linon sortit une bouteille de cidre du placard et lança un clin d'oeil malicieux à la fillette.
Qui sait... si tu demandes gentiment pardon, peut-être ton père te donnera-t-il un morceau de tarte et te laissera-t-il goûter son cidre?
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