Ingeburge
[Sur la lice, abandonnéeeeeeeeeeeeeee, gribouillages et caducéeeeeeeeeeeeeee]
Le petit tour dans le campement des jouteurs avait été des plus... intéressants et elle aurait bien prolongé la visite, afin de saluer tous ceux qu'elle connaissait, et les autres aussi, et également afin de profiter de l'effervescence régnant autour des tentes et des écuries improvisées et de prendre ainsi sa part d'adrénaline. Mais l'heure n'était plus à la rêvasserie et aux mondanités, elle avait des joutes à arbitrer. Sans donc perdre davantage de temps en discussions et en observations, elle partit d'un pas résolu vers le champ-clos afin de remplir son office. Et, dans l'idée de pouvoir se mouvoir facilement et crapahuter sur la lice sans risquer de charrier derrière elle des monceaux de sable, elle avait choisi une tenue adaptée à la situation. Disons-le d'emblée, tout était noir, absolument et profondément noir, joutes ou pas, on ne perd pas une bonne habitude qui a donné ses preuves et ce, à moult reprises. Mais les chausses fines avaient été remplacées par des bottes cavalières, montant jusqu'à mi-cuisses et la couronne ducale avait été dédaignée au profit d'un simple mais délicatement travaillé bandeau d'orfèvrerie ceignant élégamment le front dégagé d'Ingeburge qui, là aussi en vue de ne pas être gênée, avait fait séparer ses cheveux ébène en deux longues nattes retombant en dessous de ses reins. L'autre changement notable était le vêtement principal, en effet, à une longue houppelande de velours plain de Gênes, elle avait préféré une cottardie en soie de Damas, boutonnée sur le devant par des attaches d'onyx, de l'encolure arrondie à la taille, et dont la courte traîne avait été remontée, sur l'un des côtés et passée à la ceinture de cuir de Cordoue enserrant la taille de la Prinzessin. A cette ceinture, une aumônière de taffetas rebrodé accueillait quelques menus objets mouchoir, flacon de sels, fiole de Lys de Florence, etc. le plus gros du matériel d'Ingeburge se trouvant dans la besace qu'un domestique portait, en plus d'une boîte oblongue, pour elle. Parachevant l'ensemble, sur les épaules, une confortable cape retenue au cou par un fermail ouvragé et aux mains, de sombres gants à crispin égayés par les bagues passées par-dessus chacun des doigts gainés de cuir, on est Ingeburge ou on ne l'est pas et les joutes n'emportent pas pour conséquence de se montrer à moitié apprêtée ou fagotée comme la dernière des dernières.
Quelques saluts et recommandations adressés à ceux qui l'assisteraient pour que la fête soit réussie plus tard, elle foula enfin le sable du champ-clos. Au niveau de l'un des rangs, elle resta quelques secondes immobile, embrassant de son regard pâle la perspective tout en longueur de la piste. Elle se tenait précisément là où les jouteurs se placeraient avant de partir à l'assaut, avec sur la gauche, les gradins qui commençaient à se remplir et sur la droite, le palais des ducs de Bourgogne. C'est vers ce côté qu'elle obliqua, après avoir jeté un coup d'il vers le ciel pour s'assurer que nul nuage menaçant n'avait fait son apparition. L'examen du champ-clos commençait. Elle longea d'abord les lices, appuyant sa main gantée sur les palissades de bois, afin d'en éprouver la solidité, les pieds semblaient avaient été correctement fichés dans le sol, rien ne bougeait de ce côté. Elle continua sa marche, jusqu'à l'autre bout de la piste et passa dans l'autre rang, là où patienterait le second jouteur avant de s'élancer. Cette fois-ci, elle resta au milieu, afin de vérifier que les toiles avaient été solidement arrimées, cette barrière du milieu, séparant le champ en deux devrait résister à tous les chocs. Là encore, elle put constater que la travail avait été correctement exécuté et, rassurée de ce que les constructions en bois tiendraient bon, de la première passe des éliminatoires à la dernière, elle s'arrêta à mi-parcours, là où avait été dressée une estrade sur laquelle avait été posé un pupitre. C'est là qu'elle prendrait place, pour sa part, pour l'ouverture du tournoi et pour le défilé. Ensuite, le petit promontoire serait ôté du champ-clos et placé juste devant les tribunes; ce serait l'endroit parfait pour juger de la régularité des combats.
Le héraut alla se percher sur l'estrade d'où il observa les hourds aux couleurs du duché de Bourgogne. Le valet tendit le havresac à Ingeburge et celle-ci entreprit d'en extirper quelques parchemins qu'elle étala ensuite devant elle. Quelques minutes pour revoir le plan, quelques minutes pour reprendre les minutes, quelques minutes avant d'aller rejoindre les écuyers, quelques minutes avant de commencer...
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Le petit tour dans le campement des jouteurs avait été des plus... intéressants et elle aurait bien prolongé la visite, afin de saluer tous ceux qu'elle connaissait, et les autres aussi, et également afin de profiter de l'effervescence régnant autour des tentes et des écuries improvisées et de prendre ainsi sa part d'adrénaline. Mais l'heure n'était plus à la rêvasserie et aux mondanités, elle avait des joutes à arbitrer. Sans donc perdre davantage de temps en discussions et en observations, elle partit d'un pas résolu vers le champ-clos afin de remplir son office. Et, dans l'idée de pouvoir se mouvoir facilement et crapahuter sur la lice sans risquer de charrier derrière elle des monceaux de sable, elle avait choisi une tenue adaptée à la situation. Disons-le d'emblée, tout était noir, absolument et profondément noir, joutes ou pas, on ne perd pas une bonne habitude qui a donné ses preuves et ce, à moult reprises. Mais les chausses fines avaient été remplacées par des bottes cavalières, montant jusqu'à mi-cuisses et la couronne ducale avait été dédaignée au profit d'un simple mais délicatement travaillé bandeau d'orfèvrerie ceignant élégamment le front dégagé d'Ingeburge qui, là aussi en vue de ne pas être gênée, avait fait séparer ses cheveux ébène en deux longues nattes retombant en dessous de ses reins. L'autre changement notable était le vêtement principal, en effet, à une longue houppelande de velours plain de Gênes, elle avait préféré une cottardie en soie de Damas, boutonnée sur le devant par des attaches d'onyx, de l'encolure arrondie à la taille, et dont la courte traîne avait été remontée, sur l'un des côtés et passée à la ceinture de cuir de Cordoue enserrant la taille de la Prinzessin. A cette ceinture, une aumônière de taffetas rebrodé accueillait quelques menus objets mouchoir, flacon de sels, fiole de Lys de Florence, etc. le plus gros du matériel d'Ingeburge se trouvant dans la besace qu'un domestique portait, en plus d'une boîte oblongue, pour elle. Parachevant l'ensemble, sur les épaules, une confortable cape retenue au cou par un fermail ouvragé et aux mains, de sombres gants à crispin égayés par les bagues passées par-dessus chacun des doigts gainés de cuir, on est Ingeburge ou on ne l'est pas et les joutes n'emportent pas pour conséquence de se montrer à moitié apprêtée ou fagotée comme la dernière des dernières.
Quelques saluts et recommandations adressés à ceux qui l'assisteraient pour que la fête soit réussie plus tard, elle foula enfin le sable du champ-clos. Au niveau de l'un des rangs, elle resta quelques secondes immobile, embrassant de son regard pâle la perspective tout en longueur de la piste. Elle se tenait précisément là où les jouteurs se placeraient avant de partir à l'assaut, avec sur la gauche, les gradins qui commençaient à se remplir et sur la droite, le palais des ducs de Bourgogne. C'est vers ce côté qu'elle obliqua, après avoir jeté un coup d'il vers le ciel pour s'assurer que nul nuage menaçant n'avait fait son apparition. L'examen du champ-clos commençait. Elle longea d'abord les lices, appuyant sa main gantée sur les palissades de bois, afin d'en éprouver la solidité, les pieds semblaient avaient été correctement fichés dans le sol, rien ne bougeait de ce côté. Elle continua sa marche, jusqu'à l'autre bout de la piste et passa dans l'autre rang, là où patienterait le second jouteur avant de s'élancer. Cette fois-ci, elle resta au milieu, afin de vérifier que les toiles avaient été solidement arrimées, cette barrière du milieu, séparant le champ en deux devrait résister à tous les chocs. Là encore, elle put constater que la travail avait été correctement exécuté et, rassurée de ce que les constructions en bois tiendraient bon, de la première passe des éliminatoires à la dernière, elle s'arrêta à mi-parcours, là où avait été dressée une estrade sur laquelle avait été posé un pupitre. C'est là qu'elle prendrait place, pour sa part, pour l'ouverture du tournoi et pour le défilé. Ensuite, le petit promontoire serait ôté du champ-clos et placé juste devant les tribunes; ce serait l'endroit parfait pour juger de la régularité des combats.
Le héraut alla se percher sur l'estrade d'où il observa les hourds aux couleurs du duché de Bourgogne. Le valet tendit le havresac à Ingeburge et celle-ci entreprit d'en extirper quelques parchemins qu'elle étala ensuite devant elle. Quelques minutes pour revoir le plan, quelques minutes pour reprendre les minutes, quelques minutes avant d'aller rejoindre les écuyers, quelques minutes avant de commencer...
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