Gisors était baigné par un soleil dont il aurait été dommage de ne pas profiter au vu de la saison. On en aurait presque oublié que l'on sortait tout juste de l'hiver. Toute façon "on" est un "con", du moins c'est ce que disais mon maitre à l'école.
Les deux Gisors Breuil avaient donc décidé de mettre à profit ce temps radieux pour un petit cour d'escrime. Gabriel avait fait porter des armes qui étaient rangés le long de la cour. Il était, tout comme son frère, habillé légèrement, dans le but de donner plus de facilité à ses mouvements.
Eh bien, nous allons commencé de suite.
L'ainé des deux frère alla chercher une épée, une légère, à une main, et la montra à son frère avant de se lancer dans un cour magistral.
Lépée est une lame de métal conçue pour trois fonctions : couper, trouer et parer.
Sa longueur dépend de la taille du porteur. Celui-ci doit pouvoir toucher ses adversaires lorsquil est à cheval et eux au sol, ou inversement. Contre un adversaire muni dun bouclier, lépée doit pouvoir atteindre les jambes, la tête et le bras armé. Enfin, il faut pouvoir porter lépée au côté, de la hanche à la cheville.
Une épée doit être assez légère pour être transportée et être utilisée toute la journée en combat. Elle doit être bien balancée, et maniable pour sen servir de manière efficace.
Et se faisant, Gabriel imprima un mouvement à l'arme pour montrer la maniabilité de celle ci.
Lourde, la lame possède une inertie qui permet des coupes plus fortes, au prix dune maniabilité réduite.
Une lame doit être suffisamment large pour permettre de laiguiser, de meuler les entailles causées par un usage fréquent. Une certaine largeur doit être respectée pour que la lame puisse à la fois infliger des coups puissants et garder un minimum de tranchant.
Si le tranchant est fin, les coupures sont plus efficaces, mais il faut laiguiser et le réparer plus souvent. Des tranchants avec un angle plus obtus coupent moins bien, mais peuvent permettre davoir une lame plus forte, plus apte à parer.
Gabriel passait maintenant son index de la sénestre sur le lranchant de sa lame
Le tranchant dune épée ressemble plus à celui dun burin quun couteau de boucher. La lame doit être bien trempée et le tranchant doit être entretenu pour rester bien poli. Tout artefact ou protubérance sur le poli de la lame accrochera à coup sûr. Avec une lame moins bien trempée, un tranchant ne mordra pas dans une cotte de mailles ou même du cuir épais. Un tranchant peut être très effilé mais encore trop mou.
L'épaisseur de la lame joue fortement sur le poids. Entre les deux tranchants, la partie centrale de la lame. Une multitude de possibilités : il suffit de "couper" la lame sur son épaisseur pour le visualiser. Avec une forme en amande, par exemple, la partie centrale nest pas vraiment délimitée par rapport aux tranchants. Un losange, idem, mais on distingue au moins la délimitation des deux tranchants. Mais ceux-ci ne doivent pas forcément se rejoindre : la partie centrale peut être plate (une forme dhexagone aplati), voire légèrement concave. Dans ce cas, on parle du creux de la lame, qui permet dalléger lépée sans réduire sa longueur ou sa surface de tranchant. Cela permet également dajouter de la rigidité et de la force sans rajouter du poids ou baisser la flexibilité. Il existe une variété considérable de creux. Ils peuvent être sur une seule face de la lame ou les deux, être profonds et étroits ou peu accentués et larges, se retrouver sur toute la longueur de la lame ou au contraire seulement prêt de la base. Si le creux est profond, cela permet dalléger la lame sur la moitié inférieure, mais on larrête à la moitié pour garder de la rigidité sur la moitié supérieure. Il est également bon davoir plusieurs creux parallèles sur une même face de la lame. Le creux est parfois perçu, par ignorance, comme un sillon permettant au sang de sécouler. Au lieu de creuser la lame, il est possible de la renforcer, ce qui améliore la rigidité des lames les plus minces, ou celles utilisées pour combattre des armures de plates.
Gabriel marqua une petite pose avant de reprendre
Même si les épées sont prévues pour léviter, elles peuvent toutes casser. En tapant trop fort sur le plat de la lame, celle-ci peut se tordre jusquau point de rupture. En frappant sur le tranchant sur un point abîmé ou sur un artefact de forge interne, la lame peut craquer et se fissurer. Comme la plupart des lames, faites en soudant un noyau de fer mou entre deux écailles dacier, il peut y avoir une petite couture vers le centre de la lame, qui peut faire casser celle-ci si le tranchant est trop endommagé.
La flexibilité est une caractéristique cruciale de lacier dune bonne épée. Celle-ci doit être résistante aux chocs répétés, flexible de telle manière quen frappant le bord dun bouclier elle puisse se courber, se tordre, et revenir à létat initial par la suite.
Évidemment, plus une lame est solide, moins elle est flexible, et il existe des épées de différentes trempes. Une bonne lame est capable de se tordre dau moins 8 mesures (en partant de la pointe) et de revenir à la position initiale, et ce de manière répétée. Les lames des vikings étaient connues pour pouvoir se tordre de 15 mesures voire plus.
Beaucoup dépées nont pas de pointes prévues pour trouer, car elles misent plus sur leurs tranchants. Certaines épées ont des pointes plus épaisses spécifiquement prévues pour percer les jointures des armures plates.
Les épées dont la fonction est de trancher ont des lames larges habituellement sans pointe. Celles qui peuvent lacérer et trouer tendent à avoir des lames plus minces. Bref, cela est surtout une question de préférence personnelle. Il est intéressant de noter que quelles que soient les armures en face, cela ne semble pas avoir dincidence notable sur les pointes des épées.
La racine de la lame, le tang, est la brute de la lame, non polie, qui passe à travers la garde, sert de base pour la poignée, et auquel se rattache le pommeau. Généralement, lorsque la lame rejoint la garde, la partie visible est plus large que la partie cachée, il arrive même que la lame soit plus épaisse à cet endroit pour en améliorer la force.
Le tang doit être assez large pour soutenir des effets de torsions brusques sans casser, mais pas trop sous peine daltérer léquilibre et le poids de lépée. Le métal est également moins trempé, pour absorber les chocs et vibrations. De fait, le tang peut venir ou non de la même pièce de métal que la lame, et le plus souvent il suffit de battre le métal une fois la garde passée, pour que le tout tienne dun bloc.
Une garde simple, cruciforme, est commune : une épée de famille peut voir bien des poignées et gardes différentes, en conservant toujours la même lame. Lutilité principale de la garde est de stopper la main, déviter quelle se retrouve sur la lame, lorsque lépée est utilisée pour trouer. Lutilité secondaire est de protéger la prise à lépée quand celle-ci percute un bouclier (entre lextrémité de la garde et le pommeau, tout lespace interne est protégé), et cest seulement en troisième position quon retrouve la fonction de protection de la main face aux armes adverses.
Pour faire une poignée, au-dessus du tang, il est possible dutiliser du bois, de la corne ou de los, mais ces matériaux peuvent être glissants dans une paume en sueur. Des anneaux de métal, de cuir ou du fil de fer sont donc utilisés pour une meilleure prise, surtout en conjonction avec des gants de cuirs ou des gantelets de fer. La prise peut également être couverte de lin, velours, ou corde, avec une sous-couche de cuir.
Sur une épée prévue pour couper ou faire des estafilades, la prise nest habituellement pas ronde, mais plutôt ovale, assez plate. Par contre, une épée prévue pour trouer a plutôt une prise ronde, à cause de la prise spécifique à ce type darme (comme des rapières). Enfin, les épées bâtardes ou à deux mains plus récentes peuvent avoir des poignées octogonales, ou carrées aux angles arrondis.
Nous en venons donc à la longueur des poignées : une poignée longue permet de manier plus facilement le poids excédentaire dune lame large, et dutiliser une seconde main, ce qui peut être nécessaire face aux armures les plus lourdes. Ces poignées peuvent avoir une protubérance au milieu de la prise, permettant de faciliter leur usage à une main ou deux mains. Dautres prises sont spécifiquement conçues pour un usage à deux mains uniquement. A noter que pour la prise dite "à une main et demi", la protubérance est habituellement plus proche du pommeau que de la garde.
Le rôle du pommeau est avant tout dempêcher la main de glisser de la poignée, et il sert également de contrepoids. Il permet de bloquer le tang, de lier ensemble la garde et la lame. Un pommeau de mauvaise taille rend une épée mal balancée et mal aisée à utiliser.
Il existe une très grande variété de pommeaux, certains étant spécifiques aux épées à une main et plus confortables contre la paume, dautres plus appropriés pour des lames larges. Ils peuvent être prévus pour être agrippés par la main ou non, voire pour fonctionner avec des gantelets darmures.
Son discours terminé, il confia l'arme qu'il tenait à son frère.
Voilà ce que tu dois savoir pour bien choisir ton épée. Mais suffit de la théorie, nous allons passer à la pratique.
Et Gabriel alla chercher un autre arme.
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