Maeve.
Berthe l'a donc retrouvée... Facétieuse môme échappée sur la plage de Dieppe, s'amusant avec l'insouciance de sa jeunesse à prendre à l'aide de coquillages des châteaux forts construits de sable humide et de menottes empressées. Maeve n'était pas si mal toute seule, elle apprécie d'être presque considérée comme une grande... même si elle sait qu'il lui faudra encore quelques années avant de devenir forte comme sa mère.
Mais Berthe a des avantages... Par exemple, elle peut écrire à la place de la rouquine qui ne sait pas encore tracer volutes et déliés compréhensibles par d'autres qu'elle-même. E écrire Maeve elle aimerait bien là... D'abord à sa maman, pour lui dire qu'elle va bien et qu'elle a hâte de la rejoindre. Pas vraiment concentrée, Maeve, l'index sur la lèvre supérieure, s'applique à bien tourner ses phrases. Quand on a la chance de naître d'une mère secrétaire d'état et d'un père poète, le moins que l'on puisse faire est de s'exprimer correctement.
Première lettre scellée d'un pouce imprimé dans la cire. Grelot rieur qui égrène ses notes enfantines tandis qu'elle essuie le rouge sur son doigt. Il est des plaisirs simples, et elle est la première à en profiter.
- Damoiselle, vous avez d'autres courriers ou nous passons à autre chose ?
- Euh... Ze voudrais bien... Tu sais...
- Hum... Laissez moi deviner... le jeune garçon dont vous m'avez parlé ?
- C'est presque un grand hein ! Et oui....
Menottes qui tricotent, étoiles dans prunelles azurées de l'enfant, et un rose pas vraiment timide, trop jeune pour se poser ces questions-là... Maeve se contente de le trouver beau, c'est déjà beaucoup. Et puis ils ont été gentils, les deux autres enfants perdus de Dieppe. D'ailleurs, en trottinant dans la ville, elle a bien déchiffré leurs noms sur les listes ducales. Fille de vicomtesse, elle sait déjà trop de choses pour son âge sur le fonctionnement du royaume, laissant souvent oreilles et yeux trainer dans les réunions de grands... Et feintant le garde, elle avait même voté...
- Tu vas écrire alors ?
- Et vous voulez lui dire quoi, Damoiselle ?
- Ah...
Maeve n'y avait pas songé... Belle idée que de vouloir écrire à quelqu'un qu'on connait à peine, mais encore faut-il avoir quelque chose à dire... Moue froissée sur minois enjoué, les pupilles vont se percher en l'air, comme si l'inspiration se trouvait dans les poutres de la chambre...
- Tu as gagné Berthe, ze sais pas du tout...
- Vous n'avez qu'à lui souhaiter bonne chance...
- Oh oui ! Bonne idée !
Menottes qui s'entrechoquent et Maeve qui commence à dicter... La lettre sera brève et simple. Mais après tout, le plaisir ne se trouve-t-il pas dans la sobriété ? Non ? Ah tant pis... Et de nouveau, rituel amusant du scel de la missive, avant de la confier à un jeune homme contre quelques pièces et indications. Quelques heures plus tard, Leandre pourra lire sur le parchemin un peu froissé une écriture brouillonne mais claire :
Mais Berthe a des avantages... Par exemple, elle peut écrire à la place de la rouquine qui ne sait pas encore tracer volutes et déliés compréhensibles par d'autres qu'elle-même. E écrire Maeve elle aimerait bien là... D'abord à sa maman, pour lui dire qu'elle va bien et qu'elle a hâte de la rejoindre. Pas vraiment concentrée, Maeve, l'index sur la lèvre supérieure, s'applique à bien tourner ses phrases. Quand on a la chance de naître d'une mère secrétaire d'état et d'un père poète, le moins que l'on puisse faire est de s'exprimer correctement.
Première lettre scellée d'un pouce imprimé dans la cire. Grelot rieur qui égrène ses notes enfantines tandis qu'elle essuie le rouge sur son doigt. Il est des plaisirs simples, et elle est la première à en profiter.
- Damoiselle, vous avez d'autres courriers ou nous passons à autre chose ?
- Euh... Ze voudrais bien... Tu sais...
- Hum... Laissez moi deviner... le jeune garçon dont vous m'avez parlé ?
- C'est presque un grand hein ! Et oui....
Menottes qui tricotent, étoiles dans prunelles azurées de l'enfant, et un rose pas vraiment timide, trop jeune pour se poser ces questions-là... Maeve se contente de le trouver beau, c'est déjà beaucoup. Et puis ils ont été gentils, les deux autres enfants perdus de Dieppe. D'ailleurs, en trottinant dans la ville, elle a bien déchiffré leurs noms sur les listes ducales. Fille de vicomtesse, elle sait déjà trop de choses pour son âge sur le fonctionnement du royaume, laissant souvent oreilles et yeux trainer dans les réunions de grands... Et feintant le garde, elle avait même voté...
- Tu vas écrire alors ?
- Et vous voulez lui dire quoi, Damoiselle ?
- Ah...
Maeve n'y avait pas songé... Belle idée que de vouloir écrire à quelqu'un qu'on connait à peine, mais encore faut-il avoir quelque chose à dire... Moue froissée sur minois enjoué, les pupilles vont se percher en l'air, comme si l'inspiration se trouvait dans les poutres de la chambre...
- Tu as gagné Berthe, ze sais pas du tout...
- Vous n'avez qu'à lui souhaiter bonne chance...
- Oh oui ! Bonne idée !
Menottes qui s'entrechoquent et Maeve qui commence à dicter... La lettre sera brève et simple. Mais après tout, le plaisir ne se trouve-t-il pas dans la sobriété ? Non ? Ah tant pis... Et de nouveau, rituel amusant du scel de la missive, avant de la confier à un jeune homme contre quelques pièces et indications. Quelques heures plus tard, Leandre pourra lire sur le parchemin un peu froissé une écriture brouillonne mais claire :
Citation:
Bonjour Leandre,
Je ne sais pas si tu te souviens, mais nous avons discuté de nos mamans en taverne, et des gens avec des licornes sur leurs mantels... C'était très chouette, et je ne t'ai pas oublié moi...
Je te souhaite bonne chance pour les élections, et j'ai même voté pour toi tu sais. J'espère aussi que peut-être un jour on se reverra, peut-être à Ryes quand j'irai avec ma maman ou mon papa. Je serai écuyère et puis chevalier aussi, un jour, tu sais.
Bonne journée à toi,
Maeve Alterac
Je ne sais pas si tu te souviens, mais nous avons discuté de nos mamans en taverne, et des gens avec des licornes sur leurs mantels... C'était très chouette, et je ne t'ai pas oublié moi...
Je te souhaite bonne chance pour les élections, et j'ai même voté pour toi tu sais. J'espère aussi que peut-être un jour on se reverra, peut-être à Ryes quand j'irai avec ma maman ou mon papa. Je serai écuyère et puis chevalier aussi, un jour, tu sais.
Bonne journée à toi,
Maeve Alterac
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