--Les_jumelles
(RP déconseillé aux âmes sensibles et aux mineurs. Nous tâcherons de rester respectueux des règles du forum, il est cependant judicieux d'éviter sa lecture si l'on est... encore innocent et facilement choquable. )
La lune n'éclairait ce soir-là que très peu les quais, toute dissimulée sous de longs nuages filandreux, mauves et gris. Dans le silence, seuls résonnaient l'écho des pas de deux silhouettes sombres aux lourdes chevelures, claquant légèrement sur les pavés inégaux des docks. De temps à autre, les hurlements de quelque matelot ivre mort venaient troubler la quiétude de la nuit.
A peine en retrait, de plain pied sur les quais, une bicoque de bois aux panneaux de papier de riz refusait pourtant de se plier à la quiétude qui, partout ailleurs, semblait régner. Les ishi-doro, lanternes taillées dans la pierre faisaient danser leur chaude lumière au-dessus du murmure des fontaines de la cour d'entrée. Des orifices ronds creusés à même les panneaux de bois, s'échappaient des rires et des claquements si caractéristiques de celui des bouteilles de sake que l'on repose brutalement après avoir trop bu, le tout dans un fourmillement de bruits moins facilement définissables, à moins de tendre l'oreille... Entrons voir, voulez-vous.
Des matelots, des soûlards et autres mâles de bonne compagnie emplissent la pièce principale de leurs voix puissantes aux relents rauques, éraillées par l'alcool et parfois l'opium... En entrant, le regard est attiré par un comptoir de granit solidement calé contre le mur de droite, écueil aux ivrognes échoués, alors que quelques tables de même facture, surchargées d'alcool dont s'imbibent des salauds à la main leste et au verbe gouailleur, trônent au centre de la pièce. Le brouhaha ambiant est encouragé par le délicieux va-et-vient de jeunes femmes aux lèvres délicates et aux cils sensuellement ourlés, les bras chargés de bouteilles et de verres... De légères teintures de voile bordeaux ornent le plafond sur toute sa surface, tandis que de petites appliques murales de papier washi baignent la pièce de leur ambiance tamisée... L'oeil par l'alcool troublé risque ici de se perdre. Sillonnant la pièce de leur voix de velours grave et de leurs sourires, tour à tour tendres ou espiègles, deux silhouettes aux courbes exquisément similaires, sensuels reflets l'une de l'autre, s'emploient à distribuer caresses et breuvages à la faune réunie.
Dans le fond de la pièce, on aperçoit un escalier... Des créatures, brunes, lascives, aux formes généreuses empruntent le passage, souvent accompagnées d'un ou quelques rustauds à l'humeur joueuse. Il y a fort à parier que l'étage recèle quelques alcôves intimes... A vous de venir le découvrir, si vous souhaitez maintenant rester.
Un panneau coulissant au fond du lieu de beuveries semble mener à une arrière-cour... Allons voir. La nuit est douce, malgré l'hiver. Un doux clapotement se fait entendre au bout du chemin pavé... L'arrière cour se révèle être en fait un jardin, en cette saison recouvert d'un manteau de neige uniforme. Un grand camphrier, de hautes pousses de bambou... Nous poursuivons pour découvrir au détour du sentier une source chaude, propice à la détente, ou encore à venir cueillir quelque beauté.
Le temps dans ces lieux est comme suspendu, et s'étire à votre convenance, pour que vous puissiez vous enivrer et vous repaître de plaisirs jusqu'à plus soif... L'exigence de votre imagination ici n'aura pas à se soucier de limites, venez...