Maeve.
Rouquine gamine qui arpente les rues dieppoises depuis quelques jours. Sautillements amusés en taverne, Maeve a été accueillie avec le sourire et des gâteaux. Moustache de lait encore marquée sur sa lèvre supérieure, elle progresse dans la ville.
Pas très inquiète, l'insouciance tranquille de l'enfance, à trois ans on panique peu. En tout cas, elle non. Les gambettes tricotent dans les ruelles, menant le petit nez retroussé à travers le village normand.
Ce qu'elle fiche à Dieppe ? Elle s'est perdue. Facétieuse gamine, première admiratrice de sa maman, elle devrait se trouver avec elle... Mais Marie-Alice a toujours beaucoup de choses à faire, et Maeve a été envoyée en Normandie, voir son futur baptiseur.
La nourrice, absolument dépourvue de tout sens de l'orientation, les a menées à Dieppe... absolument pas l'endroit où devrait se trouver Muad. Et même si l'accueil est sympathique et attentionné, Maeve commence à se demander quand elle reverra ses parents... Et puis elle est où d'ailleurs sa nourrice ?
Les petits cailloux roulent sous les chausses de l'enfant, petits pieds qui s'activent, décollant du chemin poussière et imprimant petons dans le sol qui se fait plus meuble au fur et à mesure qu'elle s'éloigne du centre du village.
Brise fraiche qui joue dans les cheveux d'un blond foncé tournant allègrement vers le roux taquin. Ne perdant pas une miette de la ballade, le regard azuré détaille les alentours, pétillant de la curiosité insatiable des gamines éveillées. L'air s'emplit du sel de la mer dont Maeve s'approche.
Quand l'enfant déboule sur la plage, les mirettes s'écarquillent. Les menottes viennent frapper l'une contre l'autre, marquant un enthousiasme effréné pour ce qu'elle découvre.
Devant la gamine ébahie, une étendue d'eau, miroitante, au bleu changeant, de l'azur au bleu roi, avec des teintes profondes et mouvantes. Paillettes ensoleillées qui jouent sur la surface sans cesse en mouvement de la Manche qui s'étend, comme à l'infini, jusqu'à caresser l'horizon de vaguelettes invisibles, là-bas, tout au bout. Elle en resterait immobile, Maeve, à admirer la mer, repérer à la formation d'une barbe écumeuse sur le haut des vagues celles qui viendront bientôt s'échouer, léchant la plage de sable d'une langue salée... Mais sous ses petons, là aussi, la surprise est grande. Les grains de sable, ne respectant aucune frontière, s'insinuent et glissent dans ses chausses, jusqu'à aller gratter entre les orteils, chatouillant la voute plantaire, provoquant frissons tandis qu'en sautillant pour l'éviter, elle creuse des trous encore plus profonds, comme si la plage tenait à la garder, avalant ses pieds, remontant jusqu'aux menues chevilles.
Et le rire... tel les grelots d'un bouffon, qui s'égrène dans l'air vif d'un dimanche à la plage... Heureuse et oublieuse soudain, elle se met à courir, laissant derrière elle flotter les notes cristallines d'une joie enfantine. Minutes, heures défilent devant les jeux d'une enfant qui n'avait connu jusqu'alors que les routes sans fin d'un royaume qu'elle croyait fait de terre et de collines.
Légers cris quand l'eau froide d'un début de printemps grignote la peau chauffée par les rayons d'un soleil qui se fait moins timide. Les chausses sont abandonnées sur le sable alors qu'elle galope sur la rive, qu'elle découvre la physique constructive: à savoir qu'on peut faire des figures avec du sable mouillé...
Maeve s'amuse et profite, les taches de rousseur sur son minois s'éveillent et parent d'une auréole mutine le minois de la môme. Tout à l'heure, il lui faudra retourner vers le village, picorer ça et là gâteaux et lait, se faire choyer en attendant l'arrivée de Muad... Mais la notion de temps est relative quand on n'a que quelques années, l'attente n'est impatience que lorsqu'on est inactif. Et avec la plage, la petite Alterac n'accorde pas une pensée à l'inquiétude.
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Pas très inquiète, l'insouciance tranquille de l'enfance, à trois ans on panique peu. En tout cas, elle non. Les gambettes tricotent dans les ruelles, menant le petit nez retroussé à travers le village normand.
Ce qu'elle fiche à Dieppe ? Elle s'est perdue. Facétieuse gamine, première admiratrice de sa maman, elle devrait se trouver avec elle... Mais Marie-Alice a toujours beaucoup de choses à faire, et Maeve a été envoyée en Normandie, voir son futur baptiseur.
La nourrice, absolument dépourvue de tout sens de l'orientation, les a menées à Dieppe... absolument pas l'endroit où devrait se trouver Muad. Et même si l'accueil est sympathique et attentionné, Maeve commence à se demander quand elle reverra ses parents... Et puis elle est où d'ailleurs sa nourrice ?
Les petits cailloux roulent sous les chausses de l'enfant, petits pieds qui s'activent, décollant du chemin poussière et imprimant petons dans le sol qui se fait plus meuble au fur et à mesure qu'elle s'éloigne du centre du village.
Brise fraiche qui joue dans les cheveux d'un blond foncé tournant allègrement vers le roux taquin. Ne perdant pas une miette de la ballade, le regard azuré détaille les alentours, pétillant de la curiosité insatiable des gamines éveillées. L'air s'emplit du sel de la mer dont Maeve s'approche.
Quand l'enfant déboule sur la plage, les mirettes s'écarquillent. Les menottes viennent frapper l'une contre l'autre, marquant un enthousiasme effréné pour ce qu'elle découvre.
Devant la gamine ébahie, une étendue d'eau, miroitante, au bleu changeant, de l'azur au bleu roi, avec des teintes profondes et mouvantes. Paillettes ensoleillées qui jouent sur la surface sans cesse en mouvement de la Manche qui s'étend, comme à l'infini, jusqu'à caresser l'horizon de vaguelettes invisibles, là-bas, tout au bout. Elle en resterait immobile, Maeve, à admirer la mer, repérer à la formation d'une barbe écumeuse sur le haut des vagues celles qui viendront bientôt s'échouer, léchant la plage de sable d'une langue salée... Mais sous ses petons, là aussi, la surprise est grande. Les grains de sable, ne respectant aucune frontière, s'insinuent et glissent dans ses chausses, jusqu'à aller gratter entre les orteils, chatouillant la voute plantaire, provoquant frissons tandis qu'en sautillant pour l'éviter, elle creuse des trous encore plus profonds, comme si la plage tenait à la garder, avalant ses pieds, remontant jusqu'aux menues chevilles.
Et le rire... tel les grelots d'un bouffon, qui s'égrène dans l'air vif d'un dimanche à la plage... Heureuse et oublieuse soudain, elle se met à courir, laissant derrière elle flotter les notes cristallines d'une joie enfantine. Minutes, heures défilent devant les jeux d'une enfant qui n'avait connu jusqu'alors que les routes sans fin d'un royaume qu'elle croyait fait de terre et de collines.
Légers cris quand l'eau froide d'un début de printemps grignote la peau chauffée par les rayons d'un soleil qui se fait moins timide. Les chausses sont abandonnées sur le sable alors qu'elle galope sur la rive, qu'elle découvre la physique constructive: à savoir qu'on peut faire des figures avec du sable mouillé...
Maeve s'amuse et profite, les taches de rousseur sur son minois s'éveillent et parent d'une auréole mutine le minois de la môme. Tout à l'heure, il lui faudra retourner vers le village, picorer ça et là gâteaux et lait, se faire choyer en attendant l'arrivée de Muad... Mais la notion de temps est relative quand on n'a que quelques années, l'attente n'est impatience que lorsqu'on est inactif. Et avec la plage, la petite Alterac n'accorde pas une pensée à l'inquiétude.
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