La porte s'ouvre brutalement, tandis qu'un éclair illumine le salon, et des visages terrifiés, pâlis.
Le majordome était un calme à tout épreuve, à l'évidence il n'était pas à l'intérieur du château, mais la mine était soucieuse. Comment leur annoncer, il ne le savait certainement pas. Pour l'heure il lui incombait de rassurer tout ce monde.
-Majodome ? Où êtes vous ? Quel était ce cri ?
C'était la dernière phrase qu'il a entendu, tandis que les manières élégantes, lentes, ne laissait rien trahir de ses sentiments, ni même de ses pensées.
-Mes dames, mes sieurs, soyez les bienvenus Icelieu.
Il s'approche de l'âtre, se saisit du tisonnier et tisonne, remue les braises réanimant un feu qui s'est assoupi tout en continuant, d'une voix atone mais néanmoins claire, qui ne s'arrêtait que pour laisser le tonnerre gronder.
-Je dois vous avertir de suite, ayant vu les questionnements dans le regard de certains d'entre vous que je ne suis au courant de rien, et quand même je l'étais, je suis tenu par le secret..car sieur Thomas..
Sa mâchoire se crispe à la simple évocation de ce nom, tandis que le mouvement du bras devient énergique
-...sieur Thomas me payait à l'année, et étant un homme d'honneur, je reste jusqu'à ce que mon contrat prenne fin, ou que l'un de vous en futur héritier me congédie. En attendant je vous reçois en la mémoire de cet homme à qui je dois la vie.
La voix rauque du majordome, pesée, pesante, faisait que tout le monde l'écoutait, certains y cherchant certainement une réponse à leurs questionnements, mais d'aucun n'y trouvant leur quête.
Le feu, dansait de plus belle éclairant mieux des visages inquiets. Le soir tombait exigeait de l'homme des gestes immuables, comme répétés à l'infini : allumer les cierges, fermer les volets avant de pivoter sur ses talents, le menton quelque peu arrogant, et de les regarder tous d'un regard ballant.
-Vous pouvez vous attabler je vous sers le dîner.
Sitôt la phrase lancée, il sait, d'avance qu'une salve de questions retentira quant au cri, et d'une symbolique évidente, les sommant tous à ne pas le harceler de questions, il leur tourne le dos, et se dirige le pas assuré vers les cuisines, s'arrêtant à peine au seuil de la grande porte du salon pour leur lancer d'une voix ne souffrant aucune contradiction
-Le cri..ne faites pas attention, c'est certainement une mouette borgne qui s'est engouffré par une fenêtre, elles ont le cri quasi humain.
Continuant son chemin vers les cuisines, il ne revint que pour servir sur la grande table, potage, légumes, pâté de poisson, et pain, tandis que les invités prenaient place un par un autour de la table. S'il avait l'habitude de rester debout derrière Thomas, il s'éclipse pourtant aussitôt la table servie.