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[RP]Lorsque l'agneau se sauve

Della
Quelque part, mais pas ici.

Ca y est, encore un effort et la voilà dehors !
Pas si simple de déjouer l'attention des gardes de la porte sud, pourtant, elle y était arrivée, la gredine !
Elle s'enfuit en riant vers la petite chaumière de Jehan. Jehan lui avait promis une jument, prête à l'aurore, ce jourd'hui.

La bête était belle, aussi noire que sa cavalière était blonde, aussi jeunes, toutes les deux ! Jeunes et prêtes à parcourir des lieues et des lieues pour donner libre cours à autre chose qu'être enfermées.
Si la jument ne faisait que subir les désirs de la jeune fille, cette dernière, elle, savait parfaitement bien ce qu'elle voulait ! Et ce désir était de fuir au plus loin une famille qui venait de décider de son avenir en mettant une signature au bas d'un parchemin rempli de sceaux !
Si Mélianor ne lui avait pas raconté cette conversation, la blonde sauvageonne aurait eu à subir l'ultime contrainte de sa courte vie.


Ici.

La jument épuisée souffla devant la porte de Toul lorsque la jeune fille la fit s'arrêter.
Toul ! Pourquoi pas, après tout. Ici ou ailleurs, quelle différence cela fait-il pourvu que ce soit loin de là-bas !

Et ainsi commença la vie de Della, à Toul.


Citation:
Travail à l'Église

Il fallait bien commencer par quelque chose, alors, autant que ce soit par aller cirer les bancs du curé puisque le passage était obligatoire.
Remontant ses manches, Della se mit à l'oeuvre. Il s'agissait d'astiquer, de faire reluire, de rendre brillantes, ces planches de bois sur lesquelles des postérieurs nobliards viendraient se poser !
Le comble pour une fille elle-même de lignée nobliarde !
Mais peu importait, Della voulait oublier ça. Sa fuite avait pour seul but de dévorer la vie, d'y goûter, de s'enivrer de tous les plaisirs possibles, de tout ce dont elle avait été privée et surtout, ne plus se mettre des chaînes ni aux pieds ni aux mains ni même au cou !
Cirer, frotter...le tout en chantant des vers de chanson apprise avec le précepteur, parfaite activité pour l'instant.
Della
Tenez, ma fille, pour votre travail si bien fait dans notre église !
Le curé tendit la main et déposa dans le creux de celle de Della, le fruit de son labeur.
Citation:
16-02-2009 04:24 : Vous avez gagné 5,00 écus.

Baissant les yeux sur les pièces, la jeune fille faillit s'étrangler de stupeur.
Quoi ? C'est tout ? Cinq écus, cinq malheureux écus ? Mais...mais c'est de l'escroquerie !
Le curé afficha un sourire niais qu'il voulait sans doute compatissant.
Ma fille, allons, du calme. Cet argent vient de l'église, il a bien plus de valeur que n'importe quel autre.
Et n'oubliez pas que moi-même, je vous suis reconnaissant.

Citation:
16-02-2009 04:24 : Vous avez gagné un point de réputation.

Ce n'est pas ça qui me fera manger, mon père !
La jeune femme mit ses poings sur ses hanches, dans une attitude de défi.
Savez-vous lire ?
Le curé parut interloqué.
Oui...oui, bien sûr, je sais lire.
Della le fixa d'un regard décidé.
Alors, allez relire les lois !
Citation:
0 à 5 pts de caractéristiques =15 écus

Vous devriez avoir honte d'exploiter ainsi les pauvres gens comme moi qui se tournent vers vous pour ne pas mourir de faim...mon père !
Le dernier mot claqua comme un coup de fouet et la blonde tourna les talons, sortant dignement de l'église, la tête haute, serrant de rage les cinq écus récoltés pour avoir astiquer les bancs sur lesquels des culs bénis allaient venir prendre place au prochain office, sans doute pour demander pardon de toute leurs infamies commises sous de fallacieux prétextes !
_________________
Uriel
Un homme passait près de l'église lorsqu'il entendit la conversation.
Cela le fit sourire.

Il n'était pas de la ville, juste de passage, mais fort attaché à l'Eglise ...


La colère ne doit point vous emporter, damoiselle.
Je vous remercie de ce travail donné.

Il n'est pas question d'exploiter les gens à l'église, mais ... les églises des villages ne sont pas riches ...

Sachez que ce salaire est basé sur les dons que les gens font, si ils n'en font pas ...
Vous savez, je viens de donner un service à l'Eglise, et qui ais-je vu ? ... Personne ...

En outre .. vous devez comprendre que les biens matériels ne sont rien par rapport aux biens spitrituels que nous offre Dieu.


Il se dit que la jeune fille avait du espérer davantage de ce travail et eut de la peine pour elle, car sa déception l'avait mené à la colère et tel Léviathan face à Gabriel dans la cité maudite d'Oanylone, cette colère menait à bien des choses néfastes ...

Maintenant, si vous vous estimez toujours lésée, venez me trouver ce soir en taverne, je vous cèderai un pain pour vos cinq écus.
Je ne suis pas bien riche, mais si cela peut apaiser votre coeur et votre faim, telle sera ma joie.

Ne vous abandonnez pas à ces sentiments faciles que sont la colère et l'emportement.


Il n'y avait nulle moquerie ni ressentiment dans ses propos, mais simplement beaucoup de compassion envers les humains.
_________________

Uriel, Aspirant-Major de la Garde Episcopale à Verdun, et Diacre Itinérant de Lorraine
Della
Voyage au coeur d'une mémoire jeune mais pas courte.

Chapelle de la baronnie maternelle.
    Tous les jours matins, l'enfant blonde, assise sur un banc, baille en se racontant des histoires de crapaud devenant prince charmant. Et pendant ce temps-là, le chapelain rabâche sans cesse la même litanie.
    Blablabla...le Sans Nom...blablabla...la confession...blablabla...votre aumône...amen !
Cathédrale du comté paternel.
    A chaque fête, on amène la vilaine fille jusqu'aux chaises aux douillets coussins de velours. Là, pendant des heures, elle va balancer ses pieds en regardant autour d'elle, se mettant à genoux au tintement des clochettes et se relevant au même tintement. Et pendant ce temps-là, l'évêque, l'archevêque et même le cardinal aux doigts richement parés de pierres et d'ors rabâchent sans cesse la même litanie.
    Blablabla...le Sans Nom...blablabla...la confession...blablabla...votre aumône...amen !
Confessionnal du couvent où sa chère mère l'a fait enfermer à l'automne dernier.
    A genoux, sur un prie dieu, le nez devant une grille, sentant le souffle putride de l'abbé sur sa joue, cherchant en vain des péchés à confesser, se demandant quand et comment elle aurait l'occasion d'en commettre, enfermée qu'elle a toujours été. Et pendant ce temps-là, l'abbé rabâche sans cesse la même litanie.
    Blablabla...le Sans Nom...blablabla...la confession...blablabla...votre aumône...amen !


Retour ici.


Elle s'apprêtait à descendre gaillardement les marches de l'église lorsqu'un homme l'interpella !
Elle l'écouta, attentive à ses paroles qui ne souffraient pas d'être interrompues.
Qui était cet homme ?
Il parlait de service rendu à l'église mais sans personne, sans doute un prêtre ou un diacre. Sa voix était douce, sans amertume ni regret. Le regard qu'il posait sur la femme-enfant était dénué de reproche ou de ressentiment. Mais ce qui la toucha la plus, ce fut la générosité palpable qui transpirait de cet homme, la bonté et la foi qui l'animaient.
Il parla de colère et d'emportement et elle rougit !
Elle se sentit soudain touchée plus qu'elle ne l'aurait voulu par la gentille remontrance que venait de lui faire un inconnu. Bien plus que tous les sermons ou que toutes les pénitences infligées par l'abbé, le discours de cet homme lui parlait, non pas à ses oreilles, mais à son âme.


Dans un sourire d'excuses, elle tendit la main qui tenait les cinq malheureux écus et les lui offrit.
Prenez, vous saurez quoi en faire pour aider les pauvres. Moi, je n'en ai pas vraiment besoin.
Elle n'aurait pu ajouter autre chose, sa gorge se nouait lentement, sous l'emprise de l'émotion infligée par le leçon d'humilité.
_________________
Uriel
Le jeune homme vit alors, Della rougir et fut lui-même mal à l'aise, il n'avait jamais voulu lui reprocher quoi que ce soit, et encore moins la juger.

Et soudain, elle lui tendit les écus.
Il fut très surpris par la réaction de la jeune fille et lui sourit.
Quelle générosité, se dit-il, car même si elle disait le contraire, elle en avait besoin au moins pour se nourrir.

Mais un don était un don, encore plus si il l'était pour les pauvres, le refuser aurait été une offense.


Oh ... mais ... damoiselle, non, je n'ai pas dit cela pour vous mettre dans l'embarras.

Tandis qu'il prenait l'argent et le plaçait dans un petit morceau de tissus où était brodée la croix de Christos, il sortit de son sac ce qui semblait être son dernier pain et le sépara en deux morceaux.
Les regardant, il vit qu'il y en avait un grand et un petit ; lui aurai bien assez du petit pour la journée et il tendit le quignon à Della.


Alors, prenez ceci, s'il vous plait ... je sais que ce n'est pas grand chose, mais il vous calera l'estomac pour la journée.
Si si, j'insiste, prenez.

Et tel que fut écrit le parchemin que trouva Raphaelle :

« Lorsque tu nais, tu ne choisis pas ton frère.
Quel qu’il soit tu dois apprendre à vivre avec, à vivre pour lui.
Si ton frère resplendit de l’amour de Dieu, alors cet amour ne pourra que te rejoindre.
Si en revanche ton frère se détourne de l’amour divin, c’est à toi de le lui faire voir au prix de ta vie.
Mais, à quoi bon donner sa vie pour quelqu’un qui ne veut pas voir ?
Si tu réussis, tu lui donnes une chance de rejoindre Dieu et les anges après sa mort et pour cela tu les rejoindras toi aussi.
Si tu échoues, c’est toi qui les rejoindras.

Cependant, il est dit aussi, ne t’attarde pas sur ton frère si ses yeux ne peuvent voir, pense et œuvre pour le plus grand nombre car ceux pour qui tu auras œuvré, eux aussi pourront œuvrer pour d’autres.

Alors, mieux vaut-il donner sa vie pour tenter d’en sauver un qui ne veut pas être sauvé ou donner sa vie pour sauver une multitude dont l’envie de voir est ardente ? »



Par cet acte, ce don, vous avez contribuez à aider la multitude, et je vous en remercie grandement, car la générosité et le don de soi sont des étapes sur le Chemin de la Vertu et du Paradis.


Uriel lui sourit à nouveau, heureux d'avoir pu partager et recevoir ces sentiments qui pour lui étaient très importants.
_________________

Uriel, Aspirant-Major de la Garde Episcopale à Verdun, et Diacre Itinérant de Lorraine
Della
Della accepta le morceau de pain et sourit en remerciement.
Puis, l'homme récita un texte et ce texte, à nouveau, la toucha très fort. Sans doute l'avait-elle déjà entendu mais sans doute aussi, ses accents ne lui étaient-ils pas parvenus parce que dénués de sens, alors.

Mais lorsqu'il fut question du chemin de la Vertu, Della se rembrunit.
Ce genre de choses, elle avait du mal de les accepter, encore.

Pourtant, le sourire que lui fit le jeune homme était d'une telle sincérité qu'elle ne put que lui répondre pareillement.

Merci à vous. Pour le pain et pour le reste.
_________________
Uriel
Il s'attardait, profitant du moment présent.

Je vous en prie c'est tout naturel.

Quittant le perron de l'église, il salua la jeune fille, et se félicita d'avoir fait sa connaissance, elle avait un très grand potentiel et elle saurait sans doute l'utiliser à bon escient.
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Uriel, Aspirant-Major de la Garde Episcopale à Verdun, et Diacre Itinérant de Lorraine
Della
Un geste...simple, léger. Un signe d'au revoir anodin, croisé sur un regard franc et amical, sans doute.
La jeune fille suivit le jeune homme qui s'en allait déjà, réalisant seulement qu'elle ignorait jusqu'à son nom. Mais son souvenir resterait.

Il était temps de quitter l'église !

_________________
Della
...et la destination suivante était la recherche d'un emploi !
A la mairie, sur les offres affichées, il y avait une proposition qui pouvait lui convenir.

Citation:
*** cherche un travailleur pour ****. Qualification requise: aucune. Salaire : 16,00 écus.

Toute heureuse, la voilà donc qui se présenta devant l'intendant.
Mais cela ne tourna pas comme espéré !
L'intendant la toisa du haut de ses 6 pieds de haut et la renvoya aussi sec !

Citation:
16-02-2009 09:23 : Vous n'avez pas été embauché chez*** .

Déçue, triste et frustrée, elle tapa le pied sur le sol gelé et tira la langue au rustre ! Encore un peu peste, la petite.
Après avoir cherché encore un moment, sans succès, il ne restait plus, à l'évidence que la mine.
Résignée, la petiote se décida donc à sortir de la bourgade, quittant les remparts protecteurs, pour se rendre au nord-ouest de Toul, par de dangereux chemins, jusqu'à la mine d'or.
Oui, parce que tant qu'à suer dans une mine, autant que ce soit en espérant toucher une pépite de ses mains, on se fait le plaisir qu'on peut, non ?
Mais en fin de journée, mine d'or ou pas, ce sont bien des ampoules aux mains que l'on récolte, de la taille d'une pépite, certes, mais douloureuses quand même.
Ces mains au creux desquelles le chef vous glisse une maigre paie, en vous expliquant que pour le reste, ben faudra attendre le jour du Seigneur ! Le revoilà encore, lui ! Il est décidément partout, ce tout puissant !

Citation:
17-02-2009 04:36 : Vous avez gagné 8,00 écus.

C'est ainsi que va la vie quand on voulait jouer la carte de l'indépendance et tourner le dos à un chemin que l'on avait tracé pour vous, sans même vous demander votre avis. Alors, de deux maux, il fallait choisir le moindre et surtout assumer un choix et l'assumer jusqu'au bout ! Le seul souvenir de la voix de sa mère, criant dans les couloirs d'un castel, suffit à lui redonner courage ! Della préférait de loin faire saigner ses mains sur le manche d'un pic au fond d'une mine plutôt que de rentrer là-bas !
Haut les coeurs et vive la vie !

Il restait un souci, et de taille. Où passer la nuit ?

_________________
Della
Sortie de la mine, début de fin de journée.

Les ouvriers de la mine sortaient du ventre de la terre, sales, éreintés, le dos courbé sous la journée de travail passée à extraire des entrailles de Gaia quelques pierres aux éclats de soleil. Della était parmi eux. Le pas lent, elle avait l'impression que ses jambes allaient céder sous son propre poids pourtant pas très lourd.
Au sortir de l'obscurité, elle cligna des yeux sous la lumière rosée de la fin du jour. Ouvrant ses mains péniblement, elle ne put que constater les dégâts. De profondes plaies ravageaient les chairs et la crasse ourlait les bords d'un ruban noir augurant d'une future infection si tout cela n'était pas nettoyé avec soin avant d'être pansé avec quelques pétales de souci.
Della soupira, soudain découragée et lasse.
C'est à ce moment précis que son ventre lui rappela dans un gargouillis disgracieux qu'elle n'avait plus rien manger depuis le pain partagé, la veille, sur le pas de l'église.
Quelques mineurs la bousculèrent, pressés qu'ils étaient de rentrer chez eux. Elle laissa libre cours à son désarroi et des larmes coulèrent sur ses joues sales. Lorsque plus aucune voix, aucun bruit ne résonnèrent autour d'elle, elle s'affaissa sur le sol froid et humide, à peine consciente.


Les yeux de sa nourrice étaient noirs de colère !
    Damoiselle Della ! Combien de fois faudra-t-il vous dire qu'une jeune fille noble ne fait pas cela ! Tenez-vous droite, ne voutez pas le dos, faites une révérence...blablabla...blablabla...
Le doigt du précepteur se promenait sous son nez !
    Il faut que vous étudiez, Della ! Vous devez connaître vos leçons ! Ecrivez mieux que cela ! Appliquez-vous ! Blablabla...blablabla...
Des voix se mélangeaient.
    Faites ceci, ne faites pas ça ! Souriez ! Ne souriez pas ! Levez-vous ! Asseyez-vous ! Blablabla...blablabla...
Récemment !
    Ne touchez pas aux piliers ! Vous ne pouvez pas ! Ne venez pas, c'est une soirée entre amis, entre vieux de Toul, vous n'y avez pas votre place ! Allez à l'église ! Allez à la mine ! Travaillez !
Et enfin...
    La colère ne doit point vous emporter, damoiselle.
    Cependant, il est dit aussi, ne t’attarde pas sur ton frère si ses yeux ne peuvent voir, pense et œuvre pour le plus grand nombre car ceux pour qui tu auras œuvré, eux aussi pourront œuvrer pour d’autres.


Le cri d'un rapace la sortit soudain de sa torpeur et elle ouvrit les yeux sur la nuit qui tombait.
La colère ne doit pas vous emporter. Mais on pouvait très bien ne pas laisser la colère gagner sans pour cela accepter et subir les mauvaises langues et les mauvaises intentions.
Aux yeux noirs et au doigt menaçant, elle avait préféré la liberté dans la fuite dangereuse. Ce n'était pas ici que les réprimandes de Machin ou les menaces de Truc allaient lui faire peur.
Elle se releva non sans grimacer lorsqu'elle voulut prendre appui sur ses mains mais elle se releva, le menton haut, pour s'encourager elle-même.
Ni la mine ni la peur ne la briseraient !
Il y avait, ici, à Toul, énormément de braves gens, sa vie pourrait s'écouler paisiblement, pendant un moment, ici.

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Della
Balade au marché et la suite.

Deux jours sans rien avaler d'autre que de l'eau et un verre de vin. Deux jours que la faim tenaillait son estomac qui faisait entendre son mécontentement par des gargouills bruyants. Deux jours qu'elle perdait des forces, petit à petit.
Citation:

Vous êtes famélique.

Le marché était là, pas loin de la place où elle se tenait pour regarder passer les passants pressés, les enfants qui se bousculaient en riant et les chiens maigres et crasseux cherchant, comme elle, à tromper la faim.
Si le printemps avait été là, elle aurait pu trouver, dans la forêt, quelques racines ou quelques herbes à manger. Sa nourrice, un peu sorcière sur les bords, lui avait appris à reconnaître les bonnes herbes et à éviter les herbes du mal. Mais nous étions en hiver, malheureusement.
Des odeurs alléchantes lui parvenaient des étals de pains frais et de viandes sèches. Jusqu'à le poisson, pas toujours très frais pourtant, semblait embaumer.
D'une main encore meurtrie, elle ouvrit les liens de sa maigre bourse.
Il fallait économiser pour avoir au moins un toit sur la tête mais il fallait aussi manger. La décision était difficile. La blonde enfant n'était pas dépensière, plutôt radine, même, sur les conseils de son comte de père qui tentait toujours de faire deux sous hors d'un seul.
Tout en comptant ses écus, elle avança, presque malgré elle, vers le marché.
Là, sur un étal, elle vit de belles miches de pain, dorées à souhait, dont on devinait le croquant de la croûte.
S'approchant, elle constata qu'elles étaient à 2 écus !
Retenant un cri de joie, elle tendit 4 écus au boulanger et attendit qu'on lui donne ses miches.
Mais le temps passait et ô infamie, on lui dit qu'elle ne serait pas servie.

Citation:
18-02-2009 09:30 : Vous n'avez pas réussi à acheter 2 miches de pain pour 2,00 écus .

Elle vit rouge !
Et pourquoi, s'il vous plait, ne puis-je recevoir mes pains ?
Le boulanger ricana sur des chicos de dents noircies.
Hé, la belle, faut laisser la place aux riches, à ceux qui ont du charisme et qui raflent les pains à bon marché ! Mange des fruits et des légumes, après, tu verras, tu feras pareil !

Nom de nom de nom ! Pensa-t-elle. Tu vas voir, ça, si je ne les aurai pas, mes miches ! Et hop, aussi tôt, elle attrapa deux miches sur l'étal et elle détala à toutes jambes, bousculant, poussant les badauds qui la regardaient passés, l'air ahuri !
Elle courut longtemps. D'abord, elle entendit le boulanger gronder après elle puis ce furent les gens qu'elle bousculait qui se mirent à crier, répétant les uns après les autres :
Attrapez-la, c'est une voleuse !
Puis, il lui sembla qu'elle n'entendait plus rien, ne voyait plus personne, ne bousculait plus personne. Elle s'arrêta, le souffle court et le sang battant à ses tempes. Un instant, elle resta là, tenant fermement ses deux pains, sans bouger, juste cherchant un souffle plus calme. Enfin, elle réalisa qu'elle était dans la forêt. Elle avait sans doute semer ses poursuivants qui, une fois les remparts passés, n'étaient pas très friands à aller se balader au milieu des bois. Là, elle s'assit derrière un énorme rocher et les larmes aux yeux, elle déchira une des miches et mordit dedans jusqu'aux oreilles.
La faim fait faire bien des choses...Méditez, braves gens.

_________________
Della
Quand on n'en peut rien ou la non-maîtrise des événements.

Certains affirment que le sort ne s'acharne pas, que rien n'est prémédité, que tout est hasard. D'autres sont radicalement d'un avis contraire et affirment que le destin de chacun est inscrit quelque part, peut-être même avant sa naissance.
Dans le fond, ça n'intéresse vraiment que les personnes qui s'épuisent à réfléchir à ce genre de questions. Il paraît qu'on les appelle, des philosophes.
Tout cela est très bien mais en quoi cette réflexion concerne-t-elle Della ?
C'est que, ce matin, voici notre petiote blonde qui, après avoir fait quelques ablutions dans le ruisseau -vraiment très rapides, les ablutions, l'eau est franchement très très froide- se dirige à nouveau vers le marché.
Ah non, allez-vous penser, elle ne va pas encore chaparder sur un étal !
Hé non, pas aujourd'hui. Aujourd'hui, elle était décidée à acheter sa miche de pain au prix affiché.

Pauvrement vêtue d'une cape usée et rapiécée, mais le regard haut et fier, Della fit une apparition remarquée sur la place. Pourquoi remarquée, demanderez-vous ? Tout simplement parce que, encore un peu imbibée de la veille, elle chantait à tue-tête !

    Dans les prisons de Nantes, lan digidigidan, lan digidigidigidan
    Dans les prisons de Nantes, y'avait un prisonnier, y'avait un prisonnier.

    Personne ne le vint le vouer
    Que la fille du geôlier

    Un jour il lui demande
    Oui Que dit on de moue

    On dit de vous en ville
    Que vous serez pendu

    Mais s'il faut qu'on me pende
    Déliez moi les pieds

    La fille était jeunette
    Les pieds lui a délié

    Le prisonnier alerte
    Dans la Loire a sauté

    Des qu'il fut sur les rives
    Il se prit a chanter

    Je chante pour les belles
    Surtout celle du geôlier

    Si je reviens a Nantes
    Oui je l'épouserai

    Dans les prisons de Nantes
    Y'avait un prisonnier.


Et là ! Juste à la fin de la chanson, que vit-elle ?
Ha ha ! Vous voudriez le savoir, bande de curieux !
Je vais vous le dire.
Mais pour être sur la bonne longueur d'ondes, il faut que vous vous rappeliez le léger malentendu qu'il y avait eu précédemment, à propos d'un port vestimentaire élégant et d'une barbichette.
Ca y est ? Vous vous souvenez ? Bien, dans ce cas, continuons.(*)
Que vit la blondinette sur la dernière note de sa chanson ?
J'en devine qui ont deviné...Oui ! Elle vit LA fameuse barbichette derrière l'étal des boulangers.
Je vous laisse imaginer la discussion qui eut lieu, au-dessus de la tête de Della.
    A gauche :

    Vas-y ! C'est le pain le moins cher du marché !
    T'as pas trop de sous, c'est l'occasion !
    Puis, t'aimes bien sa barbichette, ne dis pas le contraire !
    Allez...

    Et à droite :

    Bah, à côté, c'est 5 sous de plus, c'est pas la mort.
    Tu vas encore avoir des ennuis.
    Laisse les gens en paix, évite-les, tu seras bien plus tranquille...


Je vous invite à vous poser la question à vous-même : qu'auriez-vous fait, à la place de Della ?
Les plus sages auraient été voir à côté.
Les plus audacieux auraient acheté la miche à la barbichette.

Et vous savez ce qu'on dit ? Fortes fortuna juvat !

Citation:
20-02-2009 08:30 : Vous avez acheté à la barbichette 1 miche de pain pour *** écus.

Je gage les quelques sous que votre bonté va vous pousser à me donner à la suite de cette narration, que cette miche-là a eu un goût particulièrement délicieux au palais de Della.

(*)Pour ceux qui ignorent l'histoire du port vestimentaire et de la barbichette, plusieurs choses :
- vous êtes vraiment à la traîne des ragots de Toul ;
- demandez à quelqu'un en taverne qu'on vous raconte ;
- écrivez à Della, elle vous expliquera, peut-être.

_________________
Della
D'une surprenante découverte.

"On" avait toujours raconté à Della que les bébés naissaient quand un homme et une femme étaient mariés. Que c'était le miracle du mariage.
Jusque là, la blondinette ne s'était pas trop préoccupée de cela.
Or, la veille, alors qu'elle sirotait un petit sirop, tranquillement, à la taverne, avec des amis, voilà que l'une d'eux annonce qu'elle va avoir un bébé.
Ce qui chiffonna Della, c'est que cette dame n'était pas mariée.
Comment donc, pouvait-elle être enceinte si elle n'avait pas de mari ?
Après s'être grattée la chevelure dorée, Della mit en application une règle absolue : si tu veux savoir, demande !
Les deux couples présents avec elle se mirent à rire lorsqu'elle posa cette question. Ce qui étonna grandement la jeune fille.
Alors, s'en suivit de longues explications mêlant tour à tour moutons, portier qu'on déshabilla, couteau qu'il fallut ranger, gymnastique des mains et encore bien d'autres choses qu'il serait impossible d'énumérer !
Toujours est-il que la pauvre Della eut bien du mal à tout comprendre, à tout suivre et qu'au fur et à mesure, elle devenait de plus en plus pâle.
Le coup de grâce étant quand même lorsqu'on baissa les braies du portier, laissant apparaître une excroissance monstrueuse qui la fit hurler de terreur !
Là-dessus, Della se jura que jamais, elle ne serais enceinte !

Pourtant, une fois toute seule, elle tenta de remettre ses idées au clair. Elle fila même jusqu'à la bergerie la plus proche pour investiguer de ce côté-là.
Et elle comprit !
C'était pourtant simple...pourquoi l'avoir noyée dans des explications tordues ?
Ce n'était évidemment pas le mariage qui donnait des bébés !
Avez-vous déjà vu des moutons mariés, vous ?
Ah ! Je ne vous le fais pas dire !
Non non non ! Pas besoin de mariage ! Le mouton dort dans la bergerie avec la brebis. Donc, il suffit de dormir avec un mâle enfin, un homme, quoi !
Et l'excroissance du portier n'a rien à voir là-dedans, il vaudrait mieux abréger ses souffrances et la lui ôter, ce qui serait un acte charitable.
Faudra en reparler...

_________________
Della
Quand on change de statut social.

Le printemps commençait doucement à poindre le bout de son nez. Cela se sentait dans l'air qui doucement perdait en piquant, quelques oiseaux lançaient de timides notes annonciatrices d'une très proche activité frénétique, une odeur particulière aussi, venue de la forêt qui perdait peu à peu de son engourdissement pour laisser la place à un éveil paresseux. Bref, tout cela sentait le proche renouveau et cela faisait du bien !

Ce matin-là, Della aurait trouvé n'importe quoi merveilleux !
En effet, c'était ce jour-là qu'elle irait voir le fameux conseiller du duc pour gravir une toute petite marche de l'échelle sociale. De pauvre petite vagabonde, elle allait passer à pauvre petite paysanne. La différence en valait la chandelle !

Pour être bien certaine qu'elle ne s'était pas trompée, elle recompta fébrilement chacun de ses écus : 133 écus exactement !

Elle se sentait fière d'avoir réussi jusque là.
Jamais on ne lui avait accordé la moindre possibilité de montrer ce qu'elle valait réellement, jusqu'à aujourd'hui ! Elle avait été éduquée, couvée et instruite exactement comme on gavait les oies avant de leur extraire un foie anormalement trop gros qui viendrait garnir les plats festifs.
Et de cela, elle ne voulait plus. Sa vie lui appartenait et aujourd'hui, elle récoltait les fruits d'efforts et de privations. Ses mains ensanglantées, son estomac trop souvent vide et les cernes autour de ses yeux...tout cela allait avoir un sens, réellement.

Pour l'occasion, elle sortit une robe qu'elle n'avait pas encore mise depuis son départ en catimini de sa prison dorée sur mesure. C'était une robe simple, pour une jeune fille simple.


Une fois sa cape passée sur ses épaules, elle prit la direction du bureau du conseiller du duc, fébrile.

Citation:
Rencontrer le conseiller du Comte

Toc toc toc...
Le conseiller n'avait pas l'air commode, Della entra presque à pas de loup et se présenta.
Bonjour, je suis Della, de Toul et je viens quérir le droit de devenir paysanne en achetant un champ.
Cela serait pour moi une joie de vous concéder cette magnifique propriété pour la modique somme de 90 écus !
Vous pouvez passer au niveau suivant!

Voulez-vous passez au niveau suivant ? (-90 écus)
À quel usage destinerez-vous votre champ ?

Elle avala sa salive avant de répondre.
Oui, je désire acquérir un champ et la masure qui va avec, messire.
Je désire un potager, s'il vous plait.

Le conseiller prit les 90 écus et signa un parchemin qu'il tendit à Della.
Citation:
A partir du 23 février 1457, il revient à la damoiselle Della, habitante de Toul, de jouir de la propriété d'une masure et d'un potager sis à Toul.
Que cela soit.
22 février 1457.
Le conseiller du duc aux affaires sociales.

La jeune fille prit le parchemin, fit une petite révérence respectueuse et quitta le bureau, en serrant contre elle, ce parchemin qui faisait d'elle une paysanne !
Dès demain, elle pourrait entamer son emménagement et cultiver ses légumes.
Jamais la vie ne lui avait paru aussi belle !

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Della
Aménagement.

La masure, hors-les-murs de Toul, était petite, elle sentait mauvais, le sol avait besoin d'une bonne brasée de foin propre et l'âtre serait heureux de tirer le charbon !
Mais c'était chez elle ! Et cela primait sur le reste !
Lorsqu'elle ouvrit l'unique volet de l'unique fenêtre, la clarté vint réjouir l'intérieur et balayer les murs d'un coup de gaieté.
Une échelle bancale menait au sous-toit. Il serait facile d'y aménager un couchage, ce qui libérerait l'espace au sol. Il faudrait trouver une paillasse. Au pire, se contenter de foin, dans un premier temps.
Au final, il suffirait de quelques heures et d'huile de coude et cette maisonnette serait très agréable à vivre !
Della n'avait absolument rien, le déménagement serait immédiat et vite fait !
Peut-être quelques bonnes âmes lui apporteraient-elles une table et une chaise, voire un coffre ou une étagère. Il fallait faire confiance.
Déjà, lorsqu'elle s'était levée, ce matin, elle avait trouvé un cadeau de la Boulasse.

Citation:
23-02-2009 05:06 : Vous voyez en songe l'ange Al Lopas qui vous remet une miche de pain. A votre réveil, vous trouvez cette miche près de vous. Étonnant, non ?

Et une gentille personne lui avait accordé sa confiance.
Citation:
23-02-2009 10:52 : Arphasar vous a accordé sa confiance.

N'étaient-ce pas de bons augures, tout cela ?

En sortant sur l'arrière, clôturé par une barrière en bois tressé, le potager semblait attendre que la houe vienne le caresser pour donner ce qu'il avait de meilleur. Les légumes pousseraient bientôt dans cette belle terre prometteuse.

Bien que Della ne soit pas riche, elle pourrait bientôt manger à sa faim, envisager aussi de troquer ses vieux habits contre quelques frusques un peu moins élimées et s'investir un peu plus à Toul...Il y avait beaucoup de choses à faire !

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