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[RP]Lorsque l'agneau se sauve

Della
Pas de bonnes âmes à l'horizon mais beaucoup de courage et de force à dépenser dans un radical nettoyage de la chaumière !

Tôt le matin, Della avait rallumé un bon feu dans l'âtre de la petite pièce. La cheminée avait refoulé un bon moment avant de se décider à tirer de la bonne façon. Résultat, une odeur de bois brûlé flottait encore partout malgré que la fumée s'était enfin dissipée.
Mais bon, au moins la cheminée était en état, maintenant !

Après cette première victoire, il fallut sortir l'épaisse couche de paille pourrie et crasseuse. L'odeur qui en émanait était pire que celle sortant d'une étable et Della grimaça nombre de fois, entre deux éternuements.
A une demi-lieue de chez elle, elle trouva de la paille et du foin frais. Le fermier accepta même de venir les lui apporter avec sa charrette ! Quel soulagement, cette fois, pas besoin de transporter à la brouette !

Lorsque le sol fut recouvert de paille fraîche, Della s'occupa de se préparer une paillasse sous le toit. Deux bonnes brassées de foin bien tassé, un drap et cela suffirait pour le moment. Plus tard, elle demanderai à un charpentier de lui confectionner un lit. Mais ce serait pour quand elle serait riche, donc, pas de suite ! A cette idée, elle sourit de façon énigmatique en dépliant une couverture sur le lit ainsi préparé.

Sur le côté de la maison, elle avait trouvé un ancien billot. Sans doute coupait-on le bois dessus. Elle le fit rouler jusqu'à l'intérieur, le redressa et il devint sa table ! Avec un peu de chance, elle trouverait bien de quoi se faire un banc. Au pire, elle ramènerait un autre billot, plus court.

De son sac, elle sortit quelques chandelles, achetées en ville. Elle en posa une sur la table et l'alluma. Les ombres de la flamme se mirent à danser sur les murs manquant de chaux, semblant animer d'un seul coup la solitude du lieu et de sa propriétaire.
Della laissa son regard se perdre sur un des murs, partant dans ses pensées, quelque part où elle seule avait accès.
Un bruit la fit sursauter et se retourner, sur ses gardes !

Un chien, un jeune chien tellement maigre que ses flancs semblaient n'être faits que d'os, venait d'entrer par la porte entrouverte.
Della hésita. Certains animaux avaient la rage, il ne fallait pas être imprudente. Alors, elle avança tout doucement, une main sur la petite lame qui pendait à sa ceinture, juste au cas où, et l'autre en avant, pour montrer à l'animal qu'elle ne lui voulait pas de mal.
Le chien resta sur place, la regardant venir vers lui, sans broncher.
Lorsqu'elle fut assez près, elle osa une caresse qui fut accueillie par un petit jappement et un balancement de la queue.

Dis donc, toi. Tu as l'air aussi perdu que moi. Aussi maigre, ça c'est certain !

Le chien s'était endormi devant la cheminée, s'il décidait de rester, Della le garderait. Il serait une bonne garde, quand il aurait repris des forces, pour la maison. Et pour aller chasser aussi, un peu de braconnage n'a jamais tué personne et permettait de se nourrir.

Della sortit une carte qu'elle étala par terre. De son doigt, elle suivit quelques routes et chemins. Nord ? Est ? Ou Sud ? Elle afficha une moue négative pour le sud. Restaient donc le nord et l'est. Le nord offrait une intéressante perspective, l'est, lui, promettait une curieuse expérience.
Avec le choix, évidemment, on avait aussi l'embarras du choix.
Alors, pile ou face ?

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Della
Quelques parchemins brûlent dans la cheminée.
Autant de rêves que d'envies.
Peut-être eut-il été plus sage de rester enfermée.
Peut-être pas.
Qui le dira ?
Pas Della.

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Floche
Depuis un certain temps déjà Della était partie.
Un vent de poésie manquait à Toul. Un vent oui, parce que quelques fois violent, toujours insoumi.
Mais les mots qui le porte sont bien trouvés, élégament asssortis et ce qu'ils disent est profond et bien pensé.

Une vie, mille douleurs, une révolte, beaucoup de chaleur tout ce qui fait un être un peu solitaire, ardent quelque fois belliqueux.
Tout ce que laisse filtrer une âme fière et ombrageuse.

Sur quelles routes fait-il voler la poussière ?
Quand reviendra-t-il en nos murs ?
Apportera-t-il un vent de printemps ou les dernières bourasques d'hivers ?

Belle Della où es-tu ?
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Arphasar


Arphasar tenait précieusement contre elle son matériel d'écriture. Ne sachant pas trop où se cacher elle avait jeté son dévolu sur la petite masure de Della inhabitée depuis un petit temps. Elle entra et fut surprise par la propreté de la demeure. Della était vraiment une jeune fille aux talents multiples, enchanteurs et étonnants.
Elle inspira, laissant l'odeur du foin lui picoter les narines, les souvenirs affluer et lui apporter l'ombre d'un sourire. Seule, debout au milieu de la pièce, les yeux fermés, elle laissa vagabonder ses pensées d'un événement à l'autre sans tenir la bride...

Du vert, une petite mélodie qui flotte sur un ruisseau
Une feuille d'érable virevolte et se dépose délicatement
Telle une barque sur l'eau.
Un souvenir douloureux perçant la peau
Du coeur et s'enfonce indéfiniment
Le sang de la mémoire coule à flots
Il a changé, je ne l'ai pas supporté,
Je suis partie et je suis revenue,
Aucun regret ne me frôle
J'ai essayé, j'ai fait mon choix
Je l'avais choisi lui et je ne le savais pas

Elle pensa avec amertume que seul Paco était au courant, seul lui connaissait son désarroi. En mourrant, il était parti avec une partie d'elle même... Ce n'est peut-être pas une mauvaise idée... Peut-être penserait-elle moins à lui? Lui qu'elle avait haï stupidement, comme une petite fille... Ce n'était pas de ses caresses dont elle avait besoin ni de son amour, c'était son AMITIE, ses mots, ses réponses, sa méchanceté froide, son caractère fort si fascinant, ses idées opposées, son côté mathématique qu'elle appréciait même si elle ne lui arrivait pas à la cheville...
Les quelques échos qu'elle arrivait à glaner ici et là, l'électrocutaient alors que ce n'était rien, rien du tout... Juste les signes extérieurs d'une vie qui continue.
Elle repensa à une de ses paroles:
Je t'apprécie... et même plus...
Les larmes jaillirent, celles que depuis des mois elle gardait enfouies au fond de ses yeux... De toute évidence, elle l'avait perdu... Pour toujours?

Elle s'assit sur ce qui devait servir de banc à Della. Un rayon de soleil éclairait timidement le seuil de la porte et venait chatouiller ses orteils. Lentement il vira de couleur, rougit et vint lécher ses jambes. Il semblait vouloir l'enlacer. De plus en plus grand, chaud et coloré, il l'enveloppa de ses rayons et l'emplit de sa chaleur. Chaleur douce et légère, qui comblait l'affreux vide froid qui s'était creusé en elle -même.
Les traits de son visage se détendaient, les épaules s'affaissaient libérée de toute tension, les mains ne pianotaient plus nerveusement sur une cuisse, les dents ne cherchaient plus à arracher la peau de ses lèvres...
Elle dormait, attendant peut-être tranquillement le "lui" de ses pensées...


Della


Un retour, une renaissance et quoi d'autre ?

Le chien courait, allait et revenait, sautant gaiement à mes côtés, tirant la langue dans une invitation au jeu. Tout au long du voyage, il avait été un compagnon idéal. Il était évident que nous nous étions adoptés l'un l'autre. Il avait pris du poids, moi pas. Il avait grandit en sagesse et en obéissance, moi pas. Il avait appris à ne pas aboyer sur tout et rien, moi pas. Il avait appris à ramener le bâton que je lui lançai, moi pas !

Je rentrais en Lorraine. Il m'était difficile d'imaginer l'avenir. Le voyage qui se terminait m'avait changée, ce que j'avais appris, vu et vécu ne pouvait me laisser intacte.
Mon intention n'était pas de raconter en détail chaque évènement. D'ailleurs, j'étais certaine que pour la plupart, les gens ne comprendraient pas. Pire, j'imaginai très bien qu'ils dressent un bûcher. Cette idée me fit sourire.
Toul. Allais-je y rester ou pas ?
Je venais chercher ce que la vente du potager m'avait rapporté. Ca au moins, c'était certain.
Citation:
05-03-2009 17:17 : Vous avez vendu à *** un champ pour 400 écus.

Pour le reste, j'avais bien quelques idées et envies mais j'avais appris aussi à laisser le destin me guider.
Si Anibas avait été là, il m'aurait certainement conseillé de lire les cendres. Je le ferai, au plus tôt.

Lorsque je vis les murs de Toul, mon coeur serra, à mon grand étonnement. Jamais je n'aurais imaginé que cette ville ait pu me manquer. Certains visages passèrent devant mon souvenir. Certains m'arrachèrent un petit sourire en coin. D'autres carrément, une moue moqueuse. Tout d'un coup, je me sentais pressée de pousser la porte de la première taverne où je verrais des têtes !
Je sifflai le chien qui déboula de derrière un buisson et je me dirigeai vers la porte principale de Toul, celle où je devrai décliner mon identité pour pouvoir rentrer.

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Della


La veille, après la tournée des tavernes, lorsque j'étais rentrée "à la maison", j'y avais trouvé Arphasar, endormie.
D'abord étonnée, je me contentai de la regarder et je la trouvai belle ainsi. Ses traits étaient paisibles et son visage reflétait une certaine paix. Peut-être rêvait-elle car elle semblait heureuse dans son sommeil.
Surtout, je la laissai dormir et apportai simplement une couverture pour la protéger de la fraîcheur de la nuit.
La trouver là me faisait plaisir.
Je m'adressai à la déesse mère et lui demandai de veiller sur ma visiteuse inattendue.

Je fis comprendre au chien qu'il devait se tenir tranquille et il retrouva sa place devant la cheminée avec plaisir.

Je pris du temps pour me dévêtir, ce soir-là !
C'est que j'avais dépensé une grande partie de la vente du potager dans des vêtements neufs et je tenais à les garder en bon état.

Citation:
12-03-2009 07:20 : Vous avez acheté à *** 1 braies pour 72,00 écus.
12-03-2009 07:20 : Vous avez acheté à *** 1 chemise pour femme pour 112,00 écus.
12-03-2009 07:20 : Vous avez acheté à *** 1 bas pour femme pour 47,00 écus.
12-03-2009 07:20 : Vous avez acheté à *** 1 paire de bottes pour 78,00 écus.

Mon choix s'était porté vers le noir. Peut-être avais-je une idée derrière la tête, comment savoir ?
Bref, j'y tenais à ces frusques !

La nuit fut agitée.
Je rêvai beaucoup, beaucoup trop même !
Anibas me manquait beaucoup aussi et cela se fit sentir dans mes rêves.
Il m'avait assuré qu'il serait partout avec moi, par les pensées et que lorsque je me sentirais seule, il saurait me faire signe. Je ne doutai pas de la force de la magie de la religion ancienne, bien entendu et je lui faisais confiance.
Je ne fus pas trompée parce que cette nuit...

Citation:
13-03-2009 04:31 : Vous êtes réveillé très tôt par le grondement menaçant et inhabituel d'un oiseau. Il s'agit d'un hibou. Il a les yeux injectés de sang et tient une truite dans son bec, qu'il lache avant de s'envoler. Les hiboux ne sont pas ce que l'on pense.

C'est sous la forme d'un hibou que le sorcier vint me rendre visite.
Il me laissa même une offrande : un poisson.
Bien entendu, je savais ce qu'on allait me dire, qu'il s'agissait de la fameuse boulasse !
Mais moi, au tréfonds de mon âme, je savais très bien de qui venait ce présent.
On pourrait se dire qu'il s'agissait d'un drôle de cadeau de la part d'un sage-sorcier, que l'odeur d'un poisson n'est pas à proprement parlé agréable et que sais-je encore. Peu importait. Ce poisson avait, pour moi, une signification particulière et c'était le plus important !


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Della


    La vie s'écoulait comme un long fleuve tranquille et Toul le monde était heureux !

Hum...Pardon, mais il y a une petite nuance à faire quand même.
Si la vie s'écoulait bien, la comparaison avec un long fleuve tranquille est peut-être un peu trop exagérée.

Il y a quelques jours de ça, alors que je papotais tranquillement en taverne avec des personnes aimables et intelligentes, il me vint comme une révélation !
Je devais faire quelque chose pour Toul, tenter quelque chose pour rendre à notre bourgade, un visage gai, amusé et amusant, effacer de ses traits, les rides courant vers le bas que certaines personnes lui imposaient.
Je ne doutai pas que ces personnes n'avaient pas l'intention de faire mal mais pourtant, elles blessaient, rabrouaient et intimidaient pas mal de Toulois qui petit à petit désertaient Toul pour s'en aller vivre ailleurs. Moi-même avais eu cette idée, je savais de quoi il s'agissait et j'en étais peinée.

Cette révélation qui me sauta alors aux yeux était de poser ma candidature à la mairie puisque les élections allaient commencer bientôt.
Je grattai mes sous, comptai et recomptai, vendis quelques denrées et une fois la somme réunie, je me rendis à la mairie où je posai officiellement ma candidature.

Citation:
La prochaine élection municipale
aura lieu dans 6 jours.
Vous êtes candidate

Cela me fit un choc quand même. Et après coup, je me rendis compte que j'avais bien peu d'expérience dans ce domaine. Bah, peu importait, tout pouvait arriver.
J'estimais que gérer une mairie n'était pas seulement tirer une tête jusque par terre, compter les écus et favoriser ses copains dans leurs achats divers. Non, pour moi, gérer une ville et sa mairie, c'était d'abord et avant tout rendre vivante cette mairie !
J'avais eu l'occasion, à de nombreuses reprises, de constater que la maire actuelle et ses sbires lisaient dans les pensées et faisaient acte de diverses formes de sorcellerie noire en évoquant une certaine Fayence et un royaume où on ne parlait que du Fric. Cela m'écoeurait que l'on puisse à ce point-là, utiliser de telles applications et se sentir droit dans ses bottes ! Je ne pouvais concevoir que l'on soit à ce point obtus et aveugle.
Il y avait de bien plus nobles façons de s'acquitter de sa tâche ! Mais il est vrai que la facilité est et sera toujours le chemin que beaucoup préfèreront. C'est ainsi !

Le premier jour des votes, je ne fus pas très angoissée, je ressentais cela plutôt comme une nouvelle expérience de vie à connaître.
Le soutien de nombreuses personnes me fit du bien. Notre but était simple mais concret.
Mais le soir-même, je ressentis le besoin de me confier à un ami, de lui écrire et de lui expliquer les raisons de mon acte.
J'espérais de tout coeur qu'il comprendrait et ne me jugerait pas trop durement. Je savais que sa réponse m'aiderait à me situer.

Ce matin, je savais que le premiers résultats seraient affichés.
Je sortis donc de mon lit précipitamment, enfilai tout aussi vite mes vêtements et filai à la mairie !
Et là, j'eus une très agréable surprise. Les résultats étaient pour le moins encourageants.
Citation:
Sondage réalisé le 16/03
1. Altesses973 : 47.4%
2. Della : 26.3%
3. Olivierdanjou : 26.3%

Bien sûr, Alty recevait bien plus de voix mais tout n'était pas perdu. Une certaine opposition se faisait sentir. Ca, c'était le début !

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Della
Hum...Ou Toul le monde s'en fout !

Depuis ce matin, j'avais en tête une phrase qu'un ami m'avait dite, à mon arrivée ici.
Citation:
Cependant, il est dit aussi, ne t’attarde pas sur ton frère si ses yeux ne peuvent voir, pense et œuvre pour le plus grand nombre car ceux pour qui tu auras œuvré, eux aussi pourront œuvrer pour d’autres.

C'est avec cette phrase-là que je passais, par simple curiosité, à la mairie.
Citation:
1. Altesses973 : 56.9%
2. Della : 20%
3. Olivierdanjou : 15.4%
4. Ladybrighty : 7.7%

Bien sûr, c'était attendu et donc, je ne fus pas étonnée.
Par contre, lorsque je fis le total des votes en opposition, je reconnais que cela m'interpellait pas mal. D'ailleurs, dans le cas contraire, il y aurait eu un second tour, évidemment.
Cela était très clair, pour moi, comme message et les mots d'Uriel revinrent encore.

Citation:
ne t’attarde pas sur ton frère si ses yeux ne peuvent voir

Il était évident que Toul ne voulait pas voir.
On aurait pu penser que c'était de l'orgueil de ma part, d'interpréter cela ainsi. Oui, peut-être en était-ce un peu.
Mais il était évident que les Toulois aimaient l'ambiance que moi, je détestais.

Le chien me suivit sagement jusqu'à la maison. Il s'assit devant la porte, battant le jonchée de sa queue, patiemment.
Je comprenais ce qu'il me disait, ce que les évènements, ici, me disaient.
C'était assez étrange d'ailleurs, comme cela ne me peinait pas.

Il ne me fallut qu'une toute petite heure pour ramasser mes maigres biens et les faire entrer dans mon sac.

Je laissai la porte ouverte.
Peut-être cette maison accueillerait-elle un autre occupant, je l'espérais, au plus profond de moi.

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