Deliriuma
Citation de Pierre Corneille La Veuve (1634)
Aux premières lueurs de laube naissante, les portes de la cité montalbanaise souvraient doucement. Une belle matinée de printemps, le doux sifflement des oiseaux qui séveillaient paisiblement se faisait entendre dans limmensité du ciel. Pas un nuage à lhorizon, la journée promettait dêtre belle. Le pas léger du jeune testerin foulait les sentiers qui jouxtaient la ville. Le voyage avait été calme et il ne lui faudrait plus beaucoup de temps pour arriver à destination.
Un mince sourire se dessinait sur son visage. La satisfaction sans doute darriver à bon port, dhonorer une invitation quil naurait jamais cru recevoir, dévacuer de son esprit tous les tourments qui lavaient envahi et qui continuaient de lhabiter. Parfois il suffisait de peu de choses pour remettre un peu de chaleur dans un cur qui se refroidissait chaque jour un peu plus. En loccurrence, il sagissait ici dune main tendue, dun sourire, de conseils avisés et de cette invitation quil sapprêtait à honorer.
Et pourtant, bien que les choses semblaient se résorber doucement delles mêmes, certaines réflexions occupaient toujours ses pensées. Montauban était un lieu particulier pour lui. Il était loin le temps où il avait foulé son sol pour la première fois, la seule et unique dailleurs. Cétait de là quelle venait, là où elle avait vécu et là où elle avait probablement disparu. Il était loin ce temps, mais toujours bien présent dans son esprit.
La cité avait bien changé depuis la dernière fois, il ne la reconnaissait pas vraiment mais ça navait pas de réelle importance. Il était là pour quelques vacances. Il prit une grande inspiration et avançait doucement dans les rues de la ville. Elle semblait calme, peut être encore bercée des bras des anges de la nuit, qui apportaient de leurs doux espoirs les rêves dun avenir en lesquels chacun pourrait croire. Il y avait malgré tout quelques personnes, sans doute les voyageurs qui suivaient la même direction que lui.
Il ne put sempêcher davoir une pensée pour elle, quil avait quitté quelques jours plus tôt. Il aurait voulu quelle soit là, ne serait ce que pour profiter avec elle de contempler des lieux qui semblaient nouveaux. Ils étaient loin lun de lautre et pourtant il la ressentait toujours comme si elle était près de lui. Mais ce nétait pas le cas. Elle nétait pas là et cette perspective lui noua douloureusement la gorge. Que faisait-elle ? Se reverraient-ils bientôt ? Pensait-elle au moins un peu à lui malgré la distance qui les séparait ? Deli se posait une multitude de question qui ne trouveraient peut être aucune réponse. Ou, tout au moins, pas à cet instant. Il se plaisait cependant à croire quil pouvait y répondre par laffirmative à tort ou à raison . Les dernières missives reçues répondaient relativement bien à ces interrogations.
Lauberge qui allait laccueillir au moins pour cette nuit, se trouvait juste devant lui. La bâtisse navait rien de bien exceptionnel, elle semblait même plutôt banale. Il poussa la porte dun geste léger et pénétra dans ce qui semblait être le hall daccueil. Il sadressa à la tenancière de létablissement.
Bonjour, je suis Deli de La Teste. Vous devez avoir une réservation à mon nom
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