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[RP] Siffle le vent, sifflent les lames

Rolin
Au commencement étaient Rolin et Trella à Saumur.
Les deux tourtereaux, Rolin et Trella, étaient animés d'un irrépressible besoin d'ailleurs. Les Angevins, au moins pour un temps, allaient devoir se passer de leur présence irremplaçable et de leurs commentaires sur à la fois tout et rien. C'était comme ça. Fallait s'y faire.

Direction la Touraine.
Il fallait se trimbaler une immonde charrette remplie de bricoles toutes aussi inutiles les unes que les autres, le tout tiré par un besogneux cheval de trait qui semblait mal supporter le poids du machin. Ces bricoles n'appartenaient évidemment qu'à Trella qui, dans un souci d'efficacité, n'avait embarquée que le plus utile. Des robes et des robes et encore des robes et toujours des robes. Jolies les robes, précieuses les robes, certes ! Mais remarquables les robes et surtout encombrantes ! Au milieu de cet amas d'étoffes polychromes, tout un tas d'autres bidules encore plus superfétatoires. Y'a pas à dire, comme toutes les donzelles, Trella ne savait pas aller à l'essentiel. Dans ce domaine, il n'y avait d'ailleurs pas meilleure ambassadrice qu'elle. Même Exquiz, personnage haut en couleur, bercée par sa tendre insouciance, féminine jusqu'au bout des ongles, matérialiste au point d'attacher des objets dans sa tignasse, n'était pas en mesure de l'égaler.

Il fallait passer outre ce détail. Faire route. Maintenir le cap quoi qu'il arrive.
Et justement, la première mésaventure ne tarda pas à se profiler à l'horizon. Croyant sans doute avoir affaire à de grossiers gueux manchots innocemment partis en pèlerinage, un bandit de pacotille se rua sur eux à la faveur de la nuit, au détour d'un petit bosquet. Le malotru fût reçu comme il se doit, à grands coups de tatanes dans le bide et de beignes en pleine figure. Quelle ne fût pas leur surprise de découvrir, une fois l'homme immobilisé à terre, qu'il s'agissait en fait d'une connaissance, voire d'un ami. Messiah en personne venait de se prendre une monstrueuse déculottée face à un Bourguignon souffreteux et une simple jouvencelle. Il fila sans demander son reste. Sans doute n'aurait-il pas l'idée d'aller s'en vanter, de celle-là.


16-04-2011 04:05 : un malfaiteur nommé Messiah (coefficient de combat 5) a tenté de vous détrousser. Vous lui avez infligé une bonne correction, et il est parti en boitant, après s'être excusé à genoux.


Première étape : Chinon.
Si Trella décida d'y traîner, Rolin préféra lui ne pas fréquenter la canaille environnante. Aussi resta t-il sagement campé sur ses positions, à surveiller les affaires de madame, à faire la sieste loin du bout du quai les ballots.

Deuxième étape : Tours.
Revigoré par sa journée cossarde, Rolin atteignit avec sa dulcinée la capitale tourangelle. Une drôle d'agitation y régnait. Un soupçon de colère mêlé à un zeste de coupe-chou, l'on pouvait sentir la révolte poindre. Et cette révolte eût bel et bien lieu, avec son cortège de grognements et de bouleversements habituels. Sémillants les gagnants, avachis les perdants. La duchesse évincée par une flopée de nobles abâtardis tous plus prétentieux les uns que les autres. De là de fallacieuses justifications pour dissimuler ce que l'on peut considérer comme un coup d'Etat, ni plus ni moins, dans la mesure où le Vox populi Vox dei est copieusement réprouvé.
Les deux voyageurs y restèrent en tout et pour tout trois jours. Trois journées où ils furent les témoins privilégiés de ces évènements sans jamais y prendre part. Peut-être deviendront-ils acteurs plus tard, lorsque le moment fatidique sera venu.

En attendant, il fallait poursuivre son chemin.
Un campement en pleine cambrousse. Et voilà que Rolin s'adonne à son hobby favori : détrousser les passants. C'est un loisir exigeant, mine de rien. Comme à la pêche, il faut du bon matériel pour maximiser ses chances de réussite. Et plus encore, on ne peut absolument pas deviner si le poisson finira par mordre, ou bien à quel moment il décidera de le faire. Adepte du dicton « si vous donnez un poisson à un pauvre, il mangera un jour; mais si vous lui apprenez à pêcher, il mangera tous les jours » Rolin se mit en tête d'apprendre à Trella les rouages et les vertus de cette noble discipline pratiquée depuis des lustres dans diverses contrées.

Et le poisson mordit.


Bon, surtout tu m'laisses parler parc'qu'avec ta voix... j'crains que l'guignol ait plus envie d'rire que d'faire dans ses braies, conseilla le brun muni d'une maigre hallebarde.

Ils entravèrent la route d'un jouvenceau qui eut la mauvaise idée de prendre la route de nuit. A la première injonction, sans même avoir besoin de recourir à la force, celui-ci vida ses poches et leur fila ses maigres économies ainsi que ses provisions. Décontenancé par ce si maigre butin, Rolin songea à le punir de ne pas avoir plus. Il s'en fallu de peu pour qu'il lui tranchât la tête. Il se contenta néanmoins de le menacer, sans doute pour ne pas dégoûter d'emblée Trella.

Ladre dégueulasse ! La prochaine fois, reviens nous-y plein aux as où j'te tranche une esgourde ! T'as t'y compris grippe-sou ? Barre-toi avant que j'te finisse !

Et le malheureux s'en alla la queue entre les jambes.


Tu vois ? C'est pas si compliqué qu'ça... tu préfères rester ici en attendant qu'un aut' passe... on peut s'occuper hein... ou tu veux qu'on aille s'occuper ailleurs qu'ici ?

21-04-2011 04:05 : Vous avez racketté Maximalius qui possédait 12,90 écus et des objets.
Estrella.iona
Les voyages forment la jeunesse, c'était bien connu. Et les voyages en Touraine ne faisaient pas exception à la règle, il faut le savoir.
Aussi quand Rolin fit part à l'Etoile angevine de son désir de voyager, celle ci lui suggéra de l'emmener, et ce pour plusieurs raisons : d'une part, l'Anjou c'est plus trop ce que c'était, tout le monde va et vient, personne ne reste en place, aussi il fallait songer à aller voir ailleurs pour parer à l'éventualité de s'enraciner ou de se transformer en statue de sel ; d'autre part, comme il l'avait affirmé à plusieurs reprises, elle "ne pouvait pas se passer de sa présence". Ce qui était, à son grand malheur, totalement vrai.

Laissant là les angevins, elle s'était mis alors en devoir de tout préparer consciencieusement pour le départ fixé au lendemain : des effets de rechange en nombre relativement considérable - mais on n'est jamais trop prudents question textile - ainsi que quelques armes et quelques objets de la plus haute importance comme son certificat de pastorale - on sait jamais qu'on rencontre un évêque ou un curé qui veuille le voir - ou encore des jouets appartenant à Aurélie, sa fille - même si elle n'était pas du voyage, on sait jamais qu'on croise une gamine sans jouets sur la route. Que des choses de la plus haute importance.

Tout cet attirail fut chargé sur sa superbe charrette peinte d'un rouge du plus bel effet. Heureusement qu'il restait au milieu de tout ce bazar quelques coins pour pouvoir s'asseoir, et le convoi put partir à l'aventure.

Drôle d'aventure qu'une balade en terre tourangelle d'ailleurs. Mais la Touraine, égale à elle même, n'avait presque plus de surprises pour la petite Trella qui l'avait quittée une dizaine d'années auparavant. Rien n'avait changé, ou si peu. Les gens étaient toujours hostiles aux angevins, et même si ce n'était pas les mêmes personnes, c'était la même mentalité. A croire que le Très Haut disposait d'un panoplie de cerveaux configurés pour les tourangeaux et qu'il se contentait juste de changer le moule.

De toutes façons, ils savaient ce qu'ils voulaient faire : aider les passants à porter leurs affaires qui étaient souvent trop lourdes pour eux. Typique de leur légendaire bonté, ça.
Trella savait faire beaucoup de choses pour son jeune âge, mais il existait pourtant des domaines où elle avait peu d'expérience, et le brigandage en faisait partie. On lui avait assez souvent répété durant son enfance que le brigandage c'était pour les pouilleux, que mercenaire c'est bien plus classe, et elle avait elle même assez charrié ce bon vieux Chaos - qu'Aristote veille sur lui - sur son extraction brigande.
Mais tout le monde change, et même si le borgne s'arracherait les cheveux si elle savait à quoi elle occupait désormais sa vie entre dentelles, chiffons et brigandage, elle voulait absolument s'essayer à cette pratique dans laquelle son cher et tendre se vantait d'exceller. Et comme elle était d'une nature studieuse et assidue, il avait accepté de la prendre pour élève.

Donc, après avoir traversé Tours et sa révolte, et où Trella avait fait encore une fois la connaissance d'une nouvelle-ancienne maitresse de Rolin qu'elle avait trouvé folle à lier, le petit couple arrêta la charrette dans une campagne paisible, et le cours put commencer.

Les bases furent expliquées, mais comme la théorie ne vaut pas la pratique, le premier cobaye ne tarda pas à pointer sa frimousse. Un jeune homme. Vu son accoutrement, il ne devait pas rouler sur l'or, le p'tit gars. D'ailleurs, Trella aurait pu le signifier, ça, avant que Rolin se jette dessus aussi vivement qu'un lapin sur sa carotte : comme elle travaillait dans un atelier de haute couture, elle pouvait désormais reconnaitre le statut social des gens à leur habillement, et était passée maitre en la matière. Mais nan.


Bon, surtout tu m'laisses parler parc'qu'avec ta voix... j'crains que l'guignol ait plus envie d'rire que d'faire dans ses braies.

Ouais ouais ouais... Fallait pas croire, quand elle le voulait elle pouvait donner de la voix elle aussi. Rien que ses cris retentissants lorsqu'il lui annonçait des nouvelles pas du tout à son gouts le lui prouvaient. Mais bon, passons.

Mais oui, vas y, parle toi, moi j'regarde et j'apprends.

Studieuse élève, à la bonne heure ! Mais comme prévu, le gars n'avait pas un rond, ou plutot si, mais pas vraiment de quoi se rouler par terre de joie.
L'Etoile réprima un "J'te l'avais dit..." moqueur, car cela n'aurait pas eu de sens qu'elle le sorte, étant donné qu'elle n'avait rien dit.
Elle se demanda l'espace d'un instant s'il allait l'achever pour illustrer le cours qu'il lui avait donné quelques jours plus tôt, cours qui concernait le métabolisme des poules et le fait qu'elles continuent de voler quand on leur coupe la tête, et que c'était pareil sur les hommes. Mais nan. Le cobaye prit congé d'eux. Et Trella de répondre à son amant :


Et bien... C'est plus physique que c'que je pensais... Mais c'est aussi beaucoup moins rentable que le mercenariat... T'as vu ! Douze écus ! C'pas avec ça que je m'achèterais cette magnifique parure que j'ai vu chez Watelse l'orfèvre, à Paris...
Mais c'est quand même pas si mal que ça, j'avoue...


Jusqu'au jour où ils tomberaient sur plus fort qu'eux, mais ça, valait mieux ne pas y penser maintenant. Elle aurait pu évoquer le fait qu'elle avait occis un de ces joyeux brigands qui avait tenté de la dépouiller elle, son père, sa femme et Mira aux alentours de la Normandie et dont elle n'avait fait qu'une bouchée pour les défendre, alors qu'elle était à l'aube de ses dix ans. Mais elle préféra s'approcher de son amant et se pendre à son cou tout en lui déposant un baiser à la commissure de ses lèvres.

T'es drolement fort dis donc...
Elle savait aussi passer de la pommade en dépit de son jeune âge, et elle savait pertinemment que son Rolin raffolait des compliments.
J'crois que j'arriverais jamais à faire ça aussi bien que toi, même ! Mais oui on peut s'occuper en attendant la suite des réjouissances, j'ai même tout un tas d'idées pour ça ! On pourrait faire nos comptes ou bien mettre à jour notre correspondance, ou bien je pourrais te cuisiner ma nouvelle spécialité, les poires salées au saumon, ou bien...

Clin d'oeil malicieux, c'était une proposition qu'il ne pouvait pas refuser. Ou pas.

Et tant pis si on loupe le passage d'un autre !
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Rolin
Fort de son expérience, Rolin ne tenait aucunement compte des appréciations de sa jeune élève. Aussi justes soient ses remarques, aussi douée qu'elle soit, elle n'en restait pas moins un disciple. Et à aucun moment, un disciple – encore plus quand celui-ci est de sexe féminin - ne peut remettre en cause les dires ou les agissements du maître – encore plus quand celui-ci est de sexe masculin. Ni réflexion, ni commentaire. La hiérarchie est faite pour être respectée. On obéit au chef en toutes circonstances, un point c'est tout. Évidemment, il est mille fois plus aisé d'obéir à cette règle d'or lorsque l'on est le chef auto-proclamé plutôt que le couillon désigné forcé de dire amen à chaque recommandation plus ou moins saugrenue. Quoi qu'il en soit, Trella ne se conformait pas à cette règle. N'en avait-elle donc jamais eu vent ? Elle qui vit aujourd'hui au sein de la noblesse ne devrait pourtant pas ignorer que la déférence envers la hiérarchie, l'obéissance dûe au suzerain, est certainement la chose la plus importante qui soit dans cette caste. Mais peut-on en vouloir à une telle bouille ? Assurément non... Infiniment magnanime, le brun n'eût pas la force de lui reprocher ce qu'il eût pu qualifier d'insolente incongruité. A croire qu'il se ramollissait... à moins qu'il ne commençât à en pincer véritablement pour elle ?

Et puis, elle n'avait pas tout à fait tort. Que faire de douze malheureux petits écus ? Les redistribuer aux plus pauvres ? Non, il s'appelle Rolin, pas Robin, jaçoit que ses connaissances étaient de plus en plus en nombreux à le confondre. Il se devait de les conserver. Ca le chagrinait d'ailleurs un peu de devoir partager le butin avec elle. Mais après tout, même s'il n'avait fait pour ainsi dire que contempler son professionnalisme, elle était tout de même présente, de son côté, et elle serait certainement intervenue en cas de pépin.


Elle coûte combien ta parure d'chez Jetalse ? J'peux t'donner tout c'qu'on vient d'lui piquer à l'aut'... si ça t'suffit à payer ton bijou.

Connaissant le goût qu'à l'Etoile pour tout ce qui est luxueux et donc hors de prix, il savait pertinemment que cet argent ne suffirait pas à payer sa parure. Et pourtant, il insistait.


J'peux rajouter un peu d'sous encore si y'a pas l'compte...

Stratégie machiavélique visant à passer pour un homme désintéressé dont le bonheur de sa femme est son unique objet. Ceux qui connaissent un peu Rolin savent qu'il ne fait jamais rien sans attendre quelque chose en retour. En fait, il cherchait surtout à consolider sa position de manière à mettre toutes les chances de son côté pour avoir le droit, lui aussi, à une couronne de baron. C'est que c'est plutôt jolie une couronne avec des pierres précieuses. Sans parler des gens qu'il aurait tout loisir de maltraiter !

J'crois que j'arriverais jamais à faire ça aussi bien que toi, même ! Mais oui on peut s'occuper en attendant la suite des réjouissances, j'ai même tout un tas d'idées pour ça ! On pourrait faire nos comptes ou bien mettre à jour notre correspondance, ou bien je pourrais te cuisiner ma nouvelle spécialité, les poires salées au saumon, ou bien...

Elle gagnait des points en le complimentant, certes. Par contre, en ce qui concerne les poires salées au saumon, la proposition demeurait nettement moins affriolante. Y'avait-il un message dissimulé ? Rolin, futé pour certaines choses, bêta pour d'autres, ne savait trop quoi en penser. S'il agissait vraiment de nourriture, alors il aurait vivement refusé. C'est qu'il raffolait de la viande et du pain. Le reste ne lui inspirait que dégoût. Il ne tint pas non plus compte de la mise à jour de la correspondance. Il se doutait qu'elle en aurait profité pour fouiller dans ses affaires, curieuse comme elle, jalouse à l'excès. En revanche, l'idée de faire les comptes lui plaisait. C'est qu'il aimait l'argent, l'or... tout ce qui est un tant soit peu précieux. Alors oui, trois fois, il aurait pû compter et recompter encore sans jamais plus s'arrêter. Sauf que le « ou bien... » final conjugué au clin d'œil finaud semblait, il ne pourrait pas dire pourquoi, davantage séduisant que toutes les piécettes réunies. Que voulait-elle donc lui signifier ? Ca ne faisait guère de doute. Soit elle voulait faire l'héritier mâle de suite, soit... elle exigeait un cours sur l'épistémologie du larcin. Il penchait plus pour la première option. Pourtant, de peur de ne comprendre que ce qu'il a envie de comprendre, il opta pour la seconde qui ne lui déplaisait pas, avouons le.

Soit j't'en apprends plus sur le larcin ? Il s'trouve que j'ai ouï dire que certains confectionnent des pièges comme pour attraper les lapins. Par exemple, ils creusent des trous énormes sur la route et comme ça, le passant tombe dedans. Moi j'ai jamais essayé... j'pense qu'ils se donnent trop de mal ceux qui font comme ça... la preuve, t'as vu ? Nous on a pas fait d'trou et on a quand même réussi... après y'en a aussi qui mettent des dispositifs avec des cordes et que quand tu t'prends l'pied dedans, t'es suspendu en l'air, la tête à l'envers ! J'aurais bien essayé cette méthode rien qu'pour l'plaisir d'voir une proie qui s'débat en l'air comme un oisillon ret'nu en cage mais j'sais pas faire les nœuds... c'est que j'suis pas marin. D'ailleurs, en parlant d'marin, y'en a aussi qui brigandent depuis des bateaux. T'imagines ? Moi j'aime pas l'eau alors j'le ferais jamais ça. Et pis, si t'es pris dans une tempête, il s'passe quoi ? J'suis pas sûr qu'un canot puisse tenir l'choc dans d'l'eau... et pis mon corps finirait à la flotte. Paraît qu'il y a des monstres en plus, dans la mer... avec plein d'têtes et plein d'bras... Au moins, ici, à terre, y'a pas d'risque. Faut toujours voir l'côté pratique, tu comprends ?

Et Rolin de sourire à sa belle élève tout en aiguisant la lame de sa hallebarde à l'aide d'un minuscule canif.
Estrella.iona
Carrément surprise l'Angevine quand il suggéra de lui donner le fruit du brigandage. Encore plus surprise quand il enchérit en lui proposant de rajouter ce qu'il manquait pour atteindre le prix du bijou évoqué. C'est que c'est pas trop dans ses habitudes de faire preuve d'une telle générosité...
Et bien qu'agréablement surprise dans son for intérieur, elle prit le parti de n'en rien laisser voir. Ca cachait surement quelque chose, et connaissant la gente masculine, il n'y avait pas tellement de possibilités : soit il allait lui annoncer la naissance prochaine d'un autre de ses petits bâtards qu'il se plaisait à semer aux quatre coins du Royaume, soit il se préparait à lui dire qu'il avait vendu son âme au Sans-Nom - puisque dans ses crises d'ivrognerie notoire, Rolin il cause avec le Sans Nom, faut le voir pour le croire -, soit ils s'étaient perdus, et dans tous les cas il cherchait par ce stratagème généreux à faire passer la pilule.


T'es trop mignon, mais tu devras en dépouiller plus que ça, des gars... S'ils ont tous douze écus sur eux, faudra en déposséder une bonne centaine d'autres...

L'Etoile s'attendait donc presque à l'annonce d'une mauvaise nouvelle... Mais rien ne vint.

Rien à part un cours détaillé sur l'art du brigandage. Il n'avait pas saisi l'allusion qu'elle avait tenté de placer là, tant pis. Il était homme, et les hommes ne sont pas doués pour saisir l'implicite.
Son idée aurait pu les faire passer le temps aussi bien qu'autre chose, et puis si on ôte le fait que derrière les buissons peut y'avoir des bestioles pas très recommandables qui éventuellement pourraient troubler la petite réunion, elle restait tout de même très envisageable.

Mais c'était sans compter sur Rolin qui s'était lancé dans un laïus descriptif et instructif. Malheureusement, Trella avait toujours préféré la pratique à la théorie. Elle avait séché quelques cours de spinozisme dispensés par Finam, le Papy admor spinoziste. Elle ne s'était pas non plus montrée très assidue lorsque Feu Hijikata, le père de Feue Natsuki son amie, avait décidé d'apprendre l'écriture à sa fille et ses amies, ce qui lui avait valu un plus long temps d'apprentissage qu'elles ; cette carence orthographique et grammairienne avait d'ailleurs eu pour conséquence la lettre bourrée de fautes et quasi incompréhensible que les lochois avaient un jour reçu dans leur pigeonnier, quand Trella avait décidé de soutenir la candidature de Miramaz aux municipales.

Mais malgré son évident penchant pour la pratique, elle savait quand même se taire quand il le fallait et ouvrir grand les oreilles. Surtout que c'était intéressant ce que Rolin disait là. Pièges, lapins, trous, tombe, cordes, pied, plaisir, nœuds, marin, eau, tempête, monstres, pratique.

Le dernier mot prononcé, l'Etoile se laissa tomber dans l'herbe dans un bruissement de soieries aux couleurs foncées. Pas qu'elle était fatiguée, mais quitte à discourir, mieux valait prendre ses aises.
Elle roula donc sur le dos, plissant les yeux car aveuglée par le ciel, puis se retourna sur le ventre, sa main droite soutenant sa tête afin qu'elle puisse le voir et l'autre main arrachant quelques brins d'herbe.


Les brigands sur l'eau, c'est des pirates... Ou des corsaires. J'crois qu'on peut dire les deux... Mais c'est vrai que c'est vachement plus dangereux, parce que y'en a qui y vont et qui reviennent jamais. D'ailleurs, on m'a raconté une histoire d'un pirate comme ça qui avait tellement brigandé de gens qu'il avait réussi à avoir tout un trésor, mais super gros le trésor ! Pis il l'a caché. Pis l'est mort. Pis personne il sait où il est son trésor.

Pause pour se remettre en position d'étoile de mer.

T'imagines ! J'suis sure que y'aurait assez de pièces pour qu'on puisse nager dedans ! Et là, plus besoin de brigander, j'pourrais m'en offrir dix, des parures de chez Watelse...P't'etre même que c'est une de ces bêtes avec plein de bras et plein de jambes dont tu causes qui le garde, le trésor !

Mouais... C'était surement pas parce qu'une légende hasardeuse causait d'un trésor de pirate que son existence était véridique. Par contre, le trésor du Colosse lui, était vrai de chez vrai. Calyce et Trella avaient souvent évoqué le sujet devant lui, et il avait affirmé que son trésor considérable était en sûreté et bien gardé, et ce par une affreuse bête qui les déchiquèterait au minimum. Donc valait mieux oublier.

Mais ouais, nan, mieux vaut rester sur la terre ferme, c'est plus prudent. Et pas besoin de faire des trous ni de pendre les gens par les pieds... ta technique à toi elle est super efficace. D'ailleurs j'ai une super bonne idée !

C'est souvent mauvais signe, quand l'Etoile a des idées, la dernière en date consistant à découper un ver de terre dans le sens de la longueur pour voir si, comme quand on le coupait dans le sens de la largeur, il se dédoublait en deux entités vivantes.

J'reviens !

Elle se redressa vivement, laissant Rolin planté là, et courut en direction de la charrette de laquelle elle extirpa non sans mal ses anciens vêtements qui dataient de la période où elle ne s'était pas encore découvert de passion pour les robes en soie, et où de toutes façons elle ne pouvait pas se les offrir.
En quelques minutes, elle retira sa robe sans se soucier des regards indiscrets puisque en pleine cambrousse y'en avait théoriquement pas et revêtit braies rouge rosées et chemise noire. C'était quand même plus pratique qu'une robe pour mettre en oeuvre l'idée qu'elle venait d'avoir, et puis c'était aussi plus réaliste. Ceci fait, elle rebroussa chemin.


On va faire un jeu pour que tu voies que j'ai tout bien compris et que tu voies si tu m'a bien appris et que tu voies si je suis forte. Tu fais le voyageur, tu fais genre t'es fatigué et tout. Si tu pouvais aussi faire genre t'es riche, ça serait pas trop mal, parce que pour mon premier faux-brigandage en solo ça serait bien que j'tombe sur un riche, même si c'est faux.

Logique.

Et pis moi j'fais la voleuse, et si j'arrive à te dépouiller, bah tu devras faire tout ce que je veux. Et si je réussis pas, je devrais faire tout ce que tu veux.

Equitable.
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