Tokugawa_hakumei
" La courbe de tes yeux fait le tour de mon cur
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Paul Eluard
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Tel un écrin de douceur, jy ai lové ma haine. De ton regard accordé, jai bercé laccalmie dans mes entrailles nouées et dun battement de tes cils, toute folie je lai oublié. Je my suis accroché comme au dernier fil de la raison, malourdissant à tes pieds comme la neige sabaisse sous le soleil. Jai fais ployer sous tes yeux toute ma véhémence ignorant subitement les injures de mon âme. Autiste, Yamiko, jai été sous tes cils. Oubliant le monde, oubliant même jusquà lenvie de vivre, jaurais voulu emporter dans mon dernier souffle, la beauté de ton regard. Cette douceur qui était tienne Yamiko, jaurais voulu en voler les attraits, choyant jalousement ses prunelles que jaurais fait mienne. Tu aurais été mon trésor Yamiko, toi qui naurais contempler que moi, car sans toi Yamiko, je ne vis pas.
Malgré cette folie, pourtant, jamais je naurais pu tenchainer. Oiseau nocturne au plumage de nacre à en faire blanchir la lune, je me plaisais à me délecter de ton envol. Danse aérienne des soies enlaçant tes chevilles dessinant sur mes lèvres la courbe dun sourire. Et des fils dargent encadrant ton visage, jen ai retenu chaque danse. Rebelle pour la coutume, toujours libres de leurs mouvements.
Ta liberté, Yamiko, jai jurer de la protéger, jusquà ce que la vie sépanche de mes plaies et dans le dernier effort, jaurai pris soin, alors, de graver dans les tréfonds de mon âme la courbe de tes yeux
Les pieds dansent sur le muret de pierre. Peau nue qui se délectent de la fraicheur de la roche. Ballet gracile des bras qui assurent léquilibre et cette peau dégagée, offerte à la fraicheur hivernal. Chaleur glacial qui se dégage du crépuscule, dorant la neige de sa lumière mourante. Elle avance, plume délicate, ballotée paisiblement par un vent inexistant. Maitrise de chaque pas, danse éthérée qui jamais ne sarrête et dévale les valons du muret montueux.
Course dansée pour se souvenir. Un nom, un visage, un sourire, une envie. Le bras se tend au devant cherchant à effleurer de ses doigts lor doré coulant à lhorizon. Les doigts se referment. Capturer linstant, une seule seconde, figer ce souvenir éphémère. Les paupières se ferment, lente inspiration. Une odeur de sakura. Élan du cur. Les pas reprennent.
Pour toi, Yamiko, jaurais aimé le monde
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