--Le_ptit_ramier
- Rrrrrrrrrrrrrrouh !
Il n'avait pas pu résister le pigeon. Une énoooorme mie de pain se tenait devant lui. Ce genre de mie de pain qui traine après que les gens aient mordu dans le pain qu'ils venaient d'acheter, ce genre de mie de pain qui se tient fièrement devant les pigeons et qui semble dire « Mangez moi !» Comment résister ? Un pigeon ne le peut assurément pas, aussi il sautilla vers la mie tant désirée et commença à picorer dedans.
La concentration de l'oiseau était à l'extrême quand il remarqua une vive agitation juste en face de lui. Des humains en pleine frénésie et qui s'activaient à installer on ne sait quoi.
- Rrrrrrrrrouh !
La bestiole ne comprenait pas ce qui se passait car ne comprenant jamais rien aux humains. Ils n'avaient pas d'ailes eux. C'était bizarre. Et puis ils s'activaient beaucoup, à faire on ne sait quoi, à préparer des choses qui dépassaient l'entendement des pigeons. Notre bon gros pigeon avait des préoccupations toutes normales comme la nourriture qu'il chérissait plus que sa propre vie et voleter de places en places espérant trouver toujours plus à manger. Certains de ses congénères devenaient des messagers. Lui même avait été messager mais avait pris sa retraite. Trop dur. Trop dangereux. Beaucoup de ses amis pigeons avaient fini en rôti ou avaient disparus dans des circonstances obscures après s'être aventurés un peu trop près d'un certain château.
Les humains qui se tenaient devant le pigeon ne cessaient leurs préparations. Il les fixait, tentant de savoir ce qui se passait, mais à part des pieds, des allers et retours, il ne saisissaient rien. Non loin de lui un autre pigeon s'était posé, prêt à lui chiper son bout de mie. Le premier pigeon sautilla alors vers l'autre pour lui faire comprendre que la mie présente sous son bec était la sienne.
- Rrrrrrrrrrrrouh !
L'autre pigeon vint à côté du premier et se mit à regarder lui aussi la scène qui se tenait devant eux. Sans comprendre non plus. Ses pensées étant portées prioritairement sur la mie de son congénère. Un pigeon ça ne réfléchit pas, ça becte et c'est tout.
Tandis qu'il regardait encore le morceau espérant que le premier pigeon se lasse de le garder comme une pie qui gardait le butin amassé depuis des semaines, on afficha une banderole.
Un gigantesque pigeon ! Lui aussi allait être intéressé par la mie du voisin ! Nooooooooooooon ! Pas touche ! Le premier oiseau fut cependant si choqué par la taille de ce nouveau pigeon que le second chipa la mie et s'envola. Le volé clignait toujours des yeux en direction de la banderole et quand sa tête se pencha vers le sol il vit qu'il ne lui restait plus rien. Le pigeon avait été pigeonné.