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[RP] L'art de devenir un homme

--Desiree


[Rose Noire. Sur le départ.]

Oui, ma Dame.

Comme un credo, elle dit oui à sa Dame. Elle dit oui à tout, elle tend son visage vers la main qui la recoiffe, comme une enfant cherchant la caresse de sa mère, comme un chiot confiant en son maitre.
Elle suit la dame, évite de sourire en voyant le regard du muet sur elle, parce qu’elle sait qu’elle n’a rien à craindre de lui, il aurait la main tranchée avant de l’avoir posée sur elle. Elle jubile intérieurement de voir la Dame utiliser son chaperon comme larbin. Elle se méfiait de l’homme comme de la peste, et le haïssait positivement. Une bonne chose que de le voir asservi quand elle était traitée en princesse et chouchoutée comme une pouliche de compétition. Le contrat devait réellement être juteux.

Elle grimpe dans le coche, s’installe près de la fenêtre, et le courrier disparait dans son escarcelle. Elle n’a pas tellement envie de voyager trop longtemps, et quitter le bordel pour plusieurs jours d’affilée ne lui plait pas tant que ça. Mais elle s’acquittera de sa tâche, et elle le fera bien.
Elle sourit à la Dame, et se cale au fond de son siège, ramassant les coussins disponibles pour elle, laissant la banquette dure au larbin.

En route, marcel !

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--Geoffroi



[Rose Noire - Quand le chaperon s'imagine loup]


Le temps d'une claque sur les fesses, c'est lui qui devient la catin, celle qui s'en va porter loin, auprès d'un puceau, la bonne parole du plaisir charnel. Pendant quelques secondes, il comprend Désirée, il se sent excité, comblé, presque empli d'une gratitude incommensurable pour la Rouge qui lui signifie, par ce geste, son appartenance à la Noire Maison. Presque... Parce qu'elle a dit les mots en trop... Comme toujours dès qu'il s'agit de Désirée, et de lui face à cette blondasse de catin!

Encore une fois, il est traité en vulgaire porteur, et même s'il semble avoir un rôle de choix dans la protection de la petite merveille dorée de la Rose, il sait, lui, qu'il n'est qu'un figurant interchangeable, que la catin non seulement le méprise mais le considère également comme quantité négligeable, et que la Maquerelle ne lui prête pas davantage d'attention que ça, sauf lorsqu'il s'agit de suivre comme un chien sa précieuse marchandise... Ça fulmine, ça rumine dans sa tête, et ça termine de prendre sa décision et de fomenter sa vengeance...

Oui, il est retourné sur ses pas récupérer le coffre dans la chambre. Oui, il l'a fait sans râler, comme s'il était satisfait de sa condition. Oui il a suivi Désirée dans le coche et oui il a pris le siège inconfortable qu'elle lui a laissé d'un air méprisant... Profite-bien ma jolie... Au retour, ça s'ra moi le maître... Au retour oui.. Car le plan qu'il dresse ne peut être mis à exécution rapidement... Car avant, il fallait que la jeune blonde remplisse son contrat, pour que certains aient le beurrer, d'autres l'argent du beurre, et que lui ait surtout, surtout, le c** de la catin...





--Desiree


[En Route : Jour Premier]

Aristote que la route était longue. Elle s’ennuyait. Elle s’ennuyait. Et elle s’ennuyait encore.
Elle n’avait pas décroché un mot à l’homme en face d’elle, et elle s’arrangeait même pour ne pas avoir à le regarder. Le paysage, bien que monotone, était bien plus intéressant. L’on n’avait pas mis longtemps à sortir de Paris, les chevaux allaient grand train. La personne à déniaiser devait vraiment être importante, et son mariage proche, pour qu’on l’y mène si vite. Tiens, les vaches n’étaient plus de la même couleur.

Elle était fatiguée. Si fatiguée, mais il lui était impossible de dormir. Pas avec l’autre en face d’elle. Qui sait ce qu’il ferait si elle s’endormait. Et elle ne pouvait pas se permettre de ne pas être fraiche et belle pour le noble seigneur qui allait être son client. Elle avait faim, d’ailleurs. Elle aurait bien mangé une tranche de gigot rôti, ruisselant de jus de miel et d’épices. Oooooh ! Elle avait envie de vomir maintenant. Mauvaise idée, mauvaise idée l’agneau. Penser à autre chose. Là présentement, ce n’était vraiment pas le moment. L’autre la trahirait auprès de la Rouge avant qu’elle n’ait le temps de le faire elle-même, et ça, ça serait vraiment très très embêtant. Surtout si ça lui soufflait le richissime client pour qui on la faisait sortir de son unique cocon de protection. Que la route était monotone… Tiens, les femmes ici avaient une coiffe différente.

Ne pas dormir. Ne pas dormir. Ne pas dormir. Bientôt ils arriveraient à l’auberge, elle pourrait exiger qu’on lui prépare un bain chaud et qu’on lui monte à manger dans sa chambre. Elle pourrait profiter de son bain chaud et de sa nourriture, et dormir, dormir de tout son saoul, pendant que l’autre devrait monter la garde devant sa chambre. Comme si elle voulait s’enfuir. Alors qu’elle était sur le point de connaitre ce qui serait peut-être l’apogée de sa carrière.

Oui, dormir, barricadée dans sa chambre, pendant que l’autre veillait. Voila qui la réjouissait d’avance…


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Aimbaud
[Sémur - Campement again]

Aux alentours de minuit le GET 27 de Bourgogne pionçait, la tronche complètement fourrée dans l'oreiller, une habitude qui avait toujours terrifié sa mère quand il était petit, car elle lui avait souvent valu de passer près de mourir étouffé pendant son sommeil. Aimbaud donc en toute logique, tel une crêpe, devait être retourné à maintes reprises au fil de la nuit. Un serviteur angevin avait ainsi été assigné à cette tâche à Château-Gonthier : retourner le bébé. Et puis le bébé devenant plus pesant, la tâche devint de plus en plus ardue. Il fallut embaucher deux retourneurs, puis un troisième. Cela devint trop coûteux, on abandonna.
Depuis ce temps, Aimbaud vit en Bourgogne, dort toujours à plat ventre et n'est toujours pas mort étouffé dans son oreiller, heureusement pour le fil de l'Histoire de France au XVème siècle. Bon... J'en étais où...

Aux alentours de minuit, alors que le GET 27 de Bourgogne s'étouffait paisiblement dans son oreiller, un garde lui secoua l'épaule en disant :


Messire de Josselinière ! Un homme de Menessaire demande à vous voir.

Mhnmnessaire ?

Menessaire.

Hmmfhmnssaire…

Menessaire.

Gna mais ça va j’ai compris ! Fiotte ! Bon… ghmf… Gnfbon… Mes vêtements. ‘Té… elle me fatigue, elle me fatiiiiigue…


Pestant et râlant et grommelant et gargouillant, le jeune Josselinière se revêtit, l’esprit fort embué par le sommeil, car on l’avait interrompu en plein cycle et qu’il était en période de croissance et qu’il manquait de vitamines, puis signifia par un geste mollasson qu’on fasse entrer le visiteur, priant en silence pour que la visite soit de courte durée.
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Akator
[Arrivée au campement]

Le trajet jusqu'au Campement où se trouvait Aimbaud fut plutôt long, - mais néanmoins pas désagréable, habitué à voyager à pieds, Akator appréciait le confort et la sensation de vitesse qu'un cheval pouvait lui offrir, il lui faudrait songer à s'en faire offrir un à plein temps par Armoria - ainsi donc le Franc-Frappeur arriva à destination à la nuit noire, et en plus sans encombre !
C'est qu'il avait le chic pour éviter les brigands le Savoyard.

Finalement arrivé, le gaillard se présenta à l'un des gardes qui était à vrai dire assez méfiant, sans doute était-ce le manque de sommeil qui le rendait si suspicieux envers lui. Mettant ses mains en évidence vers le soldat qui le pointait déjà de son arme, Akator s’efforçait d'être le plus amical possible dans ses gestes et ses mots, il en faisait presque de trop :

- Bonsoir mon ami ! Ne t'inquiète pas je suis de ton côté, regarde je suis de ton côté. Alliant la parole au geste, il tira sur ses vêtements montra les couleurs de Menessaire, tu vois, c'est la princesse Armoria qui m'envoie, je dois voir un jeune nobliaux du nom de Aimbaud au plus vite. Vous me surveillez le cheval s'il vous plait, je ne pense pas que la Princesse serait ravie d'apprendre qu'il a disparu ! Le Compagnon confia donc sa monture à ce garde à qui ma foi, il n'avait pas laissé le choix.

La tension réduite, le sentinelle acquiesça, et fit signe à un autre soldat d'accompagner Akator jusqu'à la tente dudit garçon. La traversée du camp fut revenir des souvenirs au Savoyard, certains gais d'autres moins, mais il n'était pas là pour se rappeler du passé, le Franc-Frappeur sourit l'espace d'une seconde puis redevint sérieux une fois devant la tente du Josselinière.

Il pénétra dans la tente, l'attente trop longue l'avait poussé à y entrer avant qu'on ne l'y autorise, plus vite ils seraient partis, mieux ce serait.

- Ah bonjour jeune homme ! Vous vous souvenez de moi, nous nous sommes vus l'autre fois en taverne à Sémur, enfin bref, bien dormi ? vous allez bien? J'imagine que oui. Bon, il est temps de partir la princesse vous attend à Menessaire, prenez vos affaires, je vous attends dehors.

Akator ne laissa pas le temps de répondre à Aimbaud et sortit immédiatement après avoir fait son monologue, il s'étira longuement et poussa un soupire de fatigue.

- Allez Aimbaud, dépêchons s'il vous plait ! dit-il par l'ouverture de la tente.
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Aimbaud
Etait-ce un rêve ? Est-ce que ce qui était en train d'avoir lieu, avait bel et bien lieu ? Est-ce que ce plouc au fort accent de l'est qui sentait à n'en pas douter la raclette et les croûtons aillés venait bien d'entrer dans sa tente au beau milieu de la nuit pour le siffler, lui Aimbaud de Josselinière, comme un chien-chien quand c'est l'heure de la sortie ? N'était-ce pas le fruit d'une imagination débordante, d'un jeune cerveau hyper-actif ou d'une alimentation trop riche en protéïnes ?
Doute.

Aimbaud, relativisant les choses, observa l'intérieur de sa tente, les mains croisées sous son menton. Combien écope-t'on pour l'assassinat de sang-froid d'un domestique d'une mesnie princière ? Fatigué, le Josselinière écarta la main. Geste auquel le garde réagit par un déplacement de sa lance en travers du chemin d'Akator.


Sieur...? Machin. Prenez un instant.

L'instant, il était bien forcé de le prendre... Le garde montra ses dents jaunes. Aimbaud lui, se frotta la paupière avant de reprendre.

Je n'ai pas souvenance de vous, pas plus que de la foule de poivrots qui se pressent dans les tavernes. Aussi vous m'épargnerez vos familiarités et me nommerez par mon nom. Ensuite... Bâillement. Vous ferez savoir à la Princesse que je ne suis plus disposé à me plier à son bon vouloir, et qu'elle aille se faire voir au Finistère.

Ah... Cela faisait un bien fou... Cinq mois entiers que la Chantilly claquait des doigts pour le voir accourir, lui ordonnait de se mieux vêtir, de manger tel met, de boire tel vin, d'obéir à tel maître-d'arme, d'aller à telle catin. Elle le gavait de fortifiants, lui faisait subir des examens, elle le faisait plier, le façonnait, le bridait, le muselait. Mais MEEERDE. Il était majeur, il était soldat, il était membre du conseil. Il avait voix au chapitre. BORDEL. Rire nerveux.

Dommage hein ? J'ai des devoirs qui me retiennent ici. Elle comprendra !

A ce propos, messire. Le duc vous a donné permission.


Fit le garde en sortant de sa poche un parchemin officiel tâché de vinasse.
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Akator
Le Compagnon posa un regard sévère et noir sur le jeune Josselinière, trois poils au menton et le garçon - puceaux de surcroit - s'imaginait déjà être un homme. Décidément ces Josselinière, ils n'étaient pas un cadeau du ciel pour Akator, à se demander si dans leur famille un pari était lancé, le plus arrogant l'emporterait.
Akator soupira, puis dit à Aimbaud :

- Allons bon ...messire Aimbaud, il serait triste de contrarier la princesse, elle vous veut à Menessaire, alors elle vous aura à Menessaire, je crains que vous ne pouviez refuser.

Le Savoyard jeta un coup d’œil au garde, il ne pouvait nullement s'emparer du garçon sans réveiller tout le campement, il fallait une stratégie, mais la ruse n'était en aucun cas la meilleure de ses qualités, mais soudain une idée lui vint. Il esquissa un sourit à peine perceptible et sortit de sa besace un courrier de son épouse qu'il tendit au garde qu'il supposait illettré.

- Mon ami, lisez donc, la Princesse de Chantilly m'autorise à user de la force pour amener son jeune ami à destination.

Il suivit la lettre d'une poignée d'écu de sa bourse personelle.

- Avec nos remerciements.

Et le gaillard de s'emparer du Josselinière par le col et de le soulever pour ensuite le plaquer violemment contre la toile de sa tente, il espérait qu'Aimbaud prenne peur aidé par son précoce réveil, sa fatigue et surtout son allure de barbare peu recommandable.

- Écoutez jeune sire, pas de bêtise durant le trajet sinon je vous enterre dans les bois, je n'aurai pas de mal à trouver une excuse pour notre très chère Princesse !

Il laissa un instant à Aimbaud le temps de réfléchir, puis ajouta :

- Maintenant, je vais vous déposer, mais pas de bêtise, il serait préférable que nous soyons amicaux étant donné que je vais vous protéger ces prochains jours.

Et Akator, lentement fit retrouvé ses pieds sur terre au garçon.
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Aimbaud
Un malade... C'est un malade !...
Suspendu à deux pieds du sol par la poigne du barbare, le fils Josselinière rentrait tant bien que mal la tête dans les épaules, fort impressionné par la grosse voix savoyarde. Bien peu accoutumé à se faire rudoyer de la sorte, au nez et à la barbe de sa garde, il en resta bonnement sans voix, jetant un regard halluciné au soldat bienheureux qui repartait avec sa petite prime... Enterrer ? Dans les bois ? Il était sérieux, le psychopathe ! Pétrifié, il opina piteusement aux volontés d'Akator pour retrouver le contact de la terre ferme sous ses semelles. Il faut dire que si Aimbaud avait la conviction d'être un homme, cette certitude avait toutes les chances de s'évaporer, face à une brute helvète qui lui rendait une tête et deux épaisseurs d'épaule... Elle les dégotait où ses hommes de main, la Chantilly ? Il lui demanderait l'adresse du fournisseur, à l'occasion...


Ç... ça va. J'allais venir euuh... Si on peut plus discuter... 'Fiou...

Pas taper, le grand.
Sur les ordres d'Akator, le jeune Métisse ramassa donc ses effets avec des gestes maladroits et sortit suivit du Franc-Frappeur dans l'obscurité fraiche de ce milieu de nuit. Noir. Lumière. Fatigue. Ils se munirent de torches et montèrent en selle pour s'engager sur la route qui menait à la demeure de celle dont les fameuses entreprises ne souffraient pas d'attendre.

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Armoria
A Ménessaire, près de l'office - et donc du jardin de simples - se trouvait une pièce de dimensions modestes, voûtée de grosses pierres inégales, au sol de terre battue et dont les murs verticaux étaient munis d'étagères. Au centre, une table en bois ; sur les étagères, divers flacons, ainsi qu'une réserve de sachets de cuir. A terre, devant les étagères, des paniers contenaient des plantes séchées ; courant sous la voûte, des liens supportaient les plantes cueillies plus récemment, et qui rejoindraient les autres dans les paniers, une fois sèches. La cave, non loin, fournissait le vin qui servait dans certaines recettes.

Là se trouvait le royaume de la blonde altesse : celui où elle répétait les gestes appris de sa grand-mère pour concocter potions, décoctions et autres tisanes à usages divers. Et si elle avait rayé de sa mémoire les hautes flammes qui s'étaient élevées du bûcher de la vieille bonne âme, elle n'avait en revanche rien oublié de ses leçons, auxquelles elle avait ajouté les siennes propres, de son écriture fine et énergique, qui jouxtait les maladroits dessins de son aïeule.

Là, elle avait préparé pour Aimbaud un vin "spécial". Tout aussi spécial que le précédent qu'elle lui avait préparé. Le premier avait pour but de limiter à presque rien ses éventuelles envies sexuelles, le second avait pour effet l'inverse. D'abord, le vin de laitue, ensuite le vin d'ail. Et comme la puterelle serait là d'ici quelques jours, il était grand temps d'abandonner le premier pour passer au second.

Ses valets ne sachant pas lire, elle était allée chercher elle-même la précieuse décoction ; elle attendait à présent le jeune rebelle dans son bureau. La bouteille était à portée de main, et sous surveillance : il ne fallait pas, non plus, que quelqu'un d'autre en boive. Après tout, sa douce pucelle était de retour, et elle n'avait pas envie de la retrouver troussée par celui qui aurait bu le vin d'ail.

Les servantes, à la rigueur, mais pas sa fille.

... Ce qui lui faisait penser qu'Akator aurait à surveiller le garçon : c'était la première fois qu'elle comptait administrer ce breuvage à quelqu'un de si jeune, et il ne s'agissait pas qu'il aille se déniaiser avec son personnel féminin.

Tout était donc prêt quand ils furent annoncés par Gaston.

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Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Akator
Vous n'avez jamais connu cette sensation ? Celle où le retour vous semble plus rapide que l'aller ? Et bien Akator lui l'avait ressentie, ce qui avait pris plusieurs heures de routes n'en étaient que deux dans la tête d'Akator, guettant le protégé de la Princesse la route continuait de défiler sous une obscurité aveuglante.

Alors comme ça ce jeune puceau ne tardera pas à découvrir les joies du plaisir charnel pour la première fois, et sans doute avec une prostituée de luxe, le petit veinard pensa-t-il esquissant un sourire, il se rappelait aisément de sa première donzelle ; une voyageuse aisée d'une quinzaine d'années, fille de marchands, halala cette petite, ils s'étaient découverts pour ne pas se déplaire, malheureusement pour le Franc-Frappeur, elle suivit ses parents une semaine plus tard, brisant son cœur fragile de jeunot.
Mais les choses avaient bien changées depuis cette époque...

Ils arrivèrent à Menessaire en fin de matinée, après avoir déposés leurs chevaux à l'écurie, le Compagnon tenta de combler le vide entre le Josselinière et lui.

- Alors messire Aimbaud, n'êtes-vous pas excités à l'idée de trousser cette catin ? Hahaha

Il allait lui donner une tape sur l'épaule, mais s'arrêta aussi-tôt.

- Non c'est vrai pas de familiarité ! Enfin, si vous ne savez pas la mettre dans le trou appelez moi je vous montrerai avec plaisir ! dit-il rigolant à s'en étouffer.

Le Compagnon redevint calme à l'intérieur du château, il essuya ses yeux humides d'avoir trop ris, puis entreprit de rejoindre le bureau de la vanillée - toute cette route lui avait creusé l'appétit, il était temps de passer par chez Joséphine - au plus vite. Ils croisèrent Gaston à l'entrée du bureau d'Armoria - chanceux ? non voyons ! -.

- Bonjour Gaston ! Pouvez-vous prévenir la Princesse que j'ai récupéré ce qu'elle voulait. dit-il en désignant le garçon à ses côtés.

Une fois annoncés, Akator entra suivit d'Aimbaud.

- Bonjour Votre Altesse, j'ai récupéré messire Aimbaud comme vous le désiriez sans aucun problème. Si vous n'avez plus besoin de moi, j'aimerais aller me reposer ?
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--Geoffroi



[Vers Ménéssaire, Jour 1]


Mine de rien, il faut beaucoup de qualités pour être un bon gardien de Bordel. De la diplomatie pour savoir quoi dire, à qui, et à quel moment. De la prestance, pour en imposer, rien que par la vue, et peut-être tuer dans l'oeuf d'éventuelles tentatives d'infraction aux règles d'entrée à la Rose. De la force, pour calmer les ardeurs des plus virulents et protéger le bétail comme un bon berger. Du charisme, pour impressionner ledit bétail qui ne fonctionne pas vraiment comme un assemblage de moutons et dont il faut gérer les individualités prononcées. Etc...

Bien évidemment, pour qui a vu Geoffroi au moins une fois, et même sans avoir vu Thorvald ou Baudouin avant, il est loin de représenter LE gardien dont tout Bordel rêverait... Néanmoins, il essaie, le jeune homme, il essaie... Et en deux mois, il a déjà appris beaucoup des ficelles du métier, et à défaut de l'être, il réussit souvent à paraître. Néanmoins, il a une qualité indéniable, innée et presque involontaire: il ne s'ennuie jamais quand il est seul. Et ça, pour un simili plancton, c'est absolument vital...

Et, en ces premières heures d'un trajet qui promet d'être long, il se laisse aller à la seule activité possible en présence de Désirée: reluquer la catin et réfléchir à sa vengeance. Oui parce que non seulement il n'a pas oublié l'humiliation, l'énorme humiliation, que lui a fait subir la jeune blonde, mais à ce sentiment très complexe d'infériorité vis-à-vis de la catin, s'ajoute un indéniable désir pour elle. Il faut dire qu'elle est irrésistiblement attirante, avec ses formes admirablement proportionnées, et que la façon qu'elle a de l'ignorer et de lui faire sentir à quel point il est insignifiant pour elle l'excite plus que de normal...

Depuis le premier jour où elle l'avait traité comme un moins que rien au marché, il développe une espèce d'obsession qui aurait intéressé plus d'un futur lacanien: fourrer la catin comme une dinde aux marrons, et lui montrer à quel point il était un homme... Certes, pas très subtil comme mâle, mais un mâle quand même... Oh oui comme il aimerait la prendre, et lui faire ravaler sa morgue et son arrogance, et surtout, surtout, son indifférence...

Et dans sa petite tête qui fonctionne plutôt bien pour un gars de son milieu et de son éducation, ou manque d'éducation, ou auto-éducation même... un projet commence déjà à voir le jour, alors qu'au dehors de la voiture, défile le paysage sans même qu'il n'y jette un regard. Il sent confusément que cette "mission" que lui a confiée la Rouge peut tourner en sa faveur, s'il arrive à saisir le bon moment, la bonne occasion... Oui, juste la saisir.. Il fixe la catin, un début de sourire vainqueur sur les lèvres.



--Desiree
&

[En Route : Jour Second]

Tout se déroulait comme prévu. Auberge, bain, repas. Porte fermée par sa malle poussée devant. On ne savait jamais avec ce zigue là.
Et le lendemain ? rebelote. Les chastes vêtements sont enfilés à nouveau, couvrant son corps, avec la cape sombre par-dessus. Il faut qu’elle se dissimule, elle sait que l’autre la regarde. Toujours. Tout le temps. Elle n’aime pas cela. Dans le coche, elle se pelotonne sous sa cape, se tourne résolument vers la fenêtre, et s’arrange pour que sa capuche dissimule son visage. C’est que les cahots secouent son estomac plus qu’elle ne l’aurait souhaité…



Cette nuit à l'auberge, il n'a rien tenté. La vengeance est un plat qui se mange froid, et son projet aussi... Dans son lit, il profite de sa solitude pour tester le désir qu'il croit ressentir envers la catin, et il n'a aucun mal à bander, rien qu'en s'imaginant qu'elle se déshabille pour lui dans la voiture... Il écrit alors l'histoire comme il voudrait qu'elle se déroule, et peu à peu, sans qu'il ne réfléchisse, les détails se font de plus en plus précis dans son esprit, et il sait, il sait ce qu'il va faire! Et il jouit, en silence, sentiment de toute puissance de celui qui se sent tout près du but... Le lendemain, dans le coche, il fixe à nouveau Désirée, parfaitement conscient du malaise de la jeune catin. Mais il veut commencer à marquer son territoire, le chaperon...

Ne me regarde pas!

Elle lui jette un bref regard malveillant, et se détourne à nouveau, tirant sa capuche pour se dissimuler entièrement à ses yeux. Elle ne sait pas ce qu'il lui passe par la tête, et elle ne veut pas le savoir. Elle se concentre pour regarder la route. Elle n'aurait pas du boire cette tisane, ni manger cette tartine de cet excellent miel qu'ils avaient à l'auberge. Elle n'aurait pas du, parce qu'elle ne s'était jamais sentie aussi malade de toute sa vie, et elle commençait à douter sérieusement que ce secret au fond d'elle soit une bonne idée. Elle maugréa encore :

"je sais à quoi tu penses! Je le dirais à la Rouge!"


Sa première réaction est de grimacer. Il a bien compris, Geoffroi, que la blonde était la préférée de la Rouge, et il sait la catin capable des pires mensonges pour rester au sommet de la hiérarchie. Mais très vite, son visage se détend. La Maquerelle n'est pas là, et elle l'a chargé, lui, de protéger sa "marchandise"... Il ne veut pas commettre d'erreur, il ne va pas le faire.. Il sait que s'il se controle, ses desseins se réaliseront, et il aura tout le temps de gérer ce que pourra raconter la catin à leur retour. Si elle raconte quelque chose... Pour le moment, ruse et feinte.. Il sourit presque doucereusement.

"Tu ne sais pas à quoi je pense. Mais si ça t'embête tellement que j'te regarde, beauté, t'as qu'à l'dire, j'tournerai les yeux hein?"..

Parce que plus tu vas me menacer, et plus tu vas le payer.. Mais ça il le garde pour lui, et accentue son sourire.



Et bien tourne les si ça te chante. Je m'en moque.

Souvent, femme varie. Et elle ne lui fera pas le plaisir de reconnaitre qu'elle est dérangée par ses regards incessants. Elle prend donc le parti de le provoquer, avalant sa salive, oubliant son estomac se prenant pour la mer par gros temps. La cape est retirée, soigneusement pliée, les cheveux blonds repoussés vers l'arrière, dégageant un cou gracile où est noué un ruban de soie mauve. Qu'il la regarde. Qu'il la désire. Il ne pourra jamais la toucher, elle le sait. Elle est trop précieuse à la Rouge pour qu'il ne se risque à ce genre d'exercice. Il veut la voir? Elle se montre. Et chasse un grain de poussière imaginaire de sa longue jupe.





Et ainsi file le trajet. Fragmenté de pauses, parce qu’elle l’exige. Elle veut se dégourdir les jambes, elle veut se rafraichir, elle veut soulager sa vessie, et ce qu’elle veut, elle l’obtient. Et elle sera parfaite pour le jeune noble à qui on la destine. Et passent les jours. Et arrive un soir où ils sont à Saulieu. Et où la Princesse de la Noire reçoit chambrine et réclame un bain. Elle ne sait pas si elle recevra le jeune homme le jour même. Elle est bien fatiguée par les journées de voyage et elle dormirait bien un peu, à dire vrai, mais elle n’est que marchandise, elle fera comme on l’exigera d’elle.

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Aimbaud
[Menessaire]

Il était notable que l'humour graveleux du Franc-Frappeur faisait un formidable flop avec Aimbaud en guise de public. Ce dernier le regardait se marrer comme un phoque, avec une mine parfaitement blasée. Et ne put contenir un "AH. ... Ah. ... ah. ... Mort de rire." marmonné dans la barbe qu'il était loin d'avoir, ponctué par un massage agacé de l'arrête de son nez, avant qu'ils ne franchissent tous deux le palier de l'infâme Tutrice.

Il entra donc, dans ses frusques fort débraillées, comme à son habitude dès qu'il était question de faire bonne figure face à Armoria. Il faut savoir que toute rébellion digne de ce nom commence en général par un chamboulement vestimentaire. Mais cette fois, sa mauvaise mine n'était pas entièrement volontaire. Voyez les ravages d'une nuit blanche sur un adolescent type.

Il braqua des yeux profondément cernés et peinant à s'ouvrir en direction de la Princesse, avant de plier dans une révérence pénible.


... Altesse.
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Armoria
Armoria chantonnait, en attendant le retour de l'homme et du garçon - du presque homme, à présent. Heureuse ? Guillerette, en tout cas : le dépucelage d'Aimbaud signifiait que sa mission s'approchait de sa fin. Et même si elle s'était parfois vengée quelque peu en le surveillant d'un peu trop près, ce n'était tout de même pas assez amusant pour justifier le poids de la responsabilité. Toujours est-il que ce fut avec un large sourire et une fort belle humeur qu'elle les accueillit.

Eh bien, voici notre gaillard ! Alors, vous avez fait connaissance avec mon franc-frappeur ? J'espère que vous vous entendez bien... Vous savez, Aimbaud, c'est un joyeux camarade.

Tout en parlant, elle avait avancé des hanaps sur la table ; s'arrangeant pour tourner le dos au garçon tandis qu'elle emplissait son verre avec "LA" fiole, puis, rapidement, emplir les deux autres, elle tendit ensuite "LE" hanap à Aimbaud, et l'autre, le sage, à Akator. Elle prit le sien et le leva.

Je lève mon verre aux joies des découvertes ! Votre puterelle est en route, mon garçon, et devrait arriver dans quelques jours. Tout est prêt ! Cependant, vous savez ce qu'il en est des incertitudes de la route : autant que vous soyez sur place, afin que l'affaire soit rondement menée. Vous verrez, au sortir de cette chambre, vous vous sentirez un homme, foi d'Armoria !
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Aimbaud
Joyeux camarade, joyeux camarade... Il avait quand même menacé de l'enterrer dans un fossé, le joyeux camarade ! Aimbaud jeta un regard torve vers le Franc-Frappeur avant de saisir la coupe qu'on lui tendait, sans se douter le moins du monde qu'elle contenait autre chose que du jus de raisin fermenté. Il l'approchait de sa bouche pour étancher la soif du voyage, quand il arrêta soudain on geste pour s'exclamer :

Quelques jours ? Vous voulez-dire que je suis reclus y-ci jusqu'à l'arrivée de cette ribaude ?

Non mais elle avait fumé la tapisserie, l'Armoria. Et l'armée ? Bon ça ce n'était pas une excuse, il avait permission du Duc. Mais la direction de Corbigny ? L'intendant Eustache s'en chargerait, certes... En revanche qui prendrait soin de Yolanda ? Sûrement la foule de petites gens dont il payait les gages en fin de mois... Non mais là n'était pas la question ! Il ne voulait en aucun cas rester cloîtré dans l'enceinte de Menessaire sous le regard inquisiteur de la Princesse-puissance-deux. Tout ça pour une catin dont il n'avait même pas fait la demande !
De morose, ses yeux se firent arbalète, faute d'être revolver question d'époque, mais le regard n'en tuait pas moins.


Ne me dites pas que je suis privé de cheval ?

Parce que là, c'était grave.
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