Sembrounet
Sem était hier en taverne, avec la petite Alwenna qui jouait à trouver des surnoms pour les uns et les autres. Cette occupation avait l'air d'amuser l'une et l'autre quand, sur ces entrefaites, Milledy la pirate entra.
Maladresse de la gamine qui surnomma la dernière arrivée "Lait", la pirate courroucé sortit une lame et menaça l'enfant. Une bagarre s'ensuivit, à vrai dire confuse. Sem protégeait la petite que l'autre voulait, sinon occire mais au moins menacer.
La belle Elisabeth et sa tante assistèrent à la fin de l'affrontement, la pirate lassée quittant la salle.
Plus de peur que de mal pour Alwenna. Quant à Sem, ses blessures et estafilades semblaient superficielles mais néanmoins saignaient et une plaie plus vilaine au flanc, trempait sa chemise et le haut de ses braies de sang...
Else, je ... crois ... que .... j'ai besoin de vos soins" dit Sem avec une grimace et se tenant le ventre?
Le grand gaillard de Reoz, marqué par la douleur vive tourna son visage vers la belle jeune fille.
Else
Dabord le chaos. Deux paires de semelles frénétiques martèlent le plancher en long, en large, chopes et tabourets se renversent, les coups et les lames fusent, un rire, un cri, un grognement, étincelles anarchiques dans la pénombre de la taverne que les duellistes remplissent toute entière
Puis plus rien.
Que lair saturé dodeurs âcres et ferrugineuses.
Le brusque départ de la Pirate a taillé un vide dans latmosphère épaisse, aussi béant que la porte ouverte sur la nuit froide et par laquelle Elisabeth s'est engouffrée. Spectacle étrange. Elle se précipite vers la petite silhouette au sol. Pendant quelques microsecondes, cest lâme animale, instinctive, qui tient les rênes, sonde, ausculte, évalue méthodiquement la distance du danger. Reviendra ? Reviendra pas ?
- Else, je ... crois ... que .... j'ai besoin de vos soins.
La voix affaiblie du gaillard susnommée a eu tôt fait de rompre le charme. Reviendra pas. Les muscles bandés, prêts à bondir vers une sortie, se détendent imperceptiblement, Lise relâche son étreinte sur la petite Alwenna et caresse ses cheveux. Un regard lassure que lenfant na rien, quau contraire le Sem nen mène pas large.
Ophélia, veux-tu bien mexpliquer à quoi ils jouent tous ces derniers temps ? Evidemment, rien ne permet de laffirmer ; mais je vous fiche mon billet que cest ce que pense la blonde à linstant de se pencher sur le blessé. Car voyez-vous... Comment ça, cest qui Ophélia ? Pfff. Bandes dhérétiques.
Oui, sauf toi, le petit au premier rang. Tous les autres, allez au diab
en récré.
Or donc.
- Quaviez-vous donc besoin de vous battre ? grommelle Elsbeth en examinant la ligne rouge au cou du Sem. Ce ne sera rien. Le reste non plus, juge-t-elle dun coup dil. La chemise maculée de sang est plus inquiétante. Elle en saisit un pan.
- Enlevez donc ça, et continuez dappuyer, jvais chercher de quoi.
Et sans attendre de réponse, elle se lève et se dirige vers les bouteilles dalcool.
Edit pour cohérence
Sembrounet
- Enlevez donc ça, et continuez dappuyer, jvais chercher de quoi.
Sem lance un regard reconnaissant à Else et entreprend, malgré sa main blessée aussi par une arme blanche d'ôter sa chemise pour en faire quelque compresse. Grand gaillard mais n'aimant pas voir le sang couler, surtout le sien, Sem garde son calme attendant qu'Elisabeth se retourne.
- Comme cela, ça va ?
Sem regarde la jeune femme qui agit de manière rapide et précise et brusquement, lorsqu'elle se retourne, il se met à rougir un peu d'être torse nu et un peu vulnérable devant elle ... réalisant pour la première fois clairement qu'Elisabeth est un joli brin de fille, alors que depuis plus de deux semaines il ne s'était attaché qu'à la conversation et l'esprit d'Else. Il espère toutefois que ni son attitude ni son regard ne trahiront son brusque émoi.
Else
Des hommes torse nu, elle en a déjà vu. Non, pas tant que ça... Je vous vois venir, avec vos gros sabots ! M'enfin, elle en a déjà vu. Soigné quelques uns. Regard purement médical.
Ca, c'est que qu'elle aimerait.
Sauf que le Sem pique un fard discret. Sauf que certaines lettres la renseignent assez sur ce qui peut se tramer dans la tête de son compagnon de route. Et même sans cela, les manuvres d'une petite marieuse blonde ne laissent de toute manière pas place au doute. Ou le provoquent, selon le point de vue. Ainsi s'installe le malaise, que Blondine affronte à sa manière de cabocharde : nier, saper, annéantir. Quand on tient tête à la réalité, parfois, c'est elle qui plie. Alors, pour faire disparaître son embarras, elle le ravale. Rassemble ses esprits, et examine la plaie.
Eh ben, c'est pas beau à voir. Le flanc est entaillée sur près de quatre pouces et n'en finit pas de cracher du sang. Elle imbibe un linge et nettoie la plaie ; la chair frémit sous la morsure de l'alcool.
- Faites pas l'enfant, voulez-vous ?
Oui oui, elle en a d'autres, des comme ça.
Sembrounet
Sem avait beau être préoccupé, il lui avait semblé, à l'occasion de phrases d'Alwenna ou sous l'effet de son regard, qu'Else tressaillait légèrement. Oh, à peine mais Sem peu à peu avait appris à connaître la gamme des expressions du visage d'Elizabeth et sa manière de triturer son médaillon, de baptême lui avait-elle dit, pour se donner contenance.
- Faites pas l'enfant, voulez-vous ?
Les mots d'Else, mi-grondeuse mi-moqueuse, comme on parle à un enfant ou un impotent d'ordinaire, firent se redresser Sem et ses pensées devenues vagabondes regagnèrent la pièce instantanément.
Une moue peu convaincu bien que se voulant drôle et Sem tendit la patte ou plutôt sa main à Elisabeth.
- Allons y, c'est que j'ai assez mal. Et à propos de main, la pirate n'y est pas allé de main morte
Else, silencieuse, fixait la plaie qu'elle nettoyait et les cheveux blonds cascadant sur son visage en masquait l'expression aux yeux de Sem. La main prestement bandée ce fut au tour de la plaie au ventre.
Sem s'allongea sur la grande table de l'auberge, le linge pressé contre la plaie devenant de plus en plus douloureuse lorsqu'il se fut étendu.
- Else ... j'ai mal ...
Crispation du visage et regard vers sa compagne de voyage.[/b]
Else
Et pour cause. La peau déchirée tire sur les tissus, la chair sexpose à la caresse râpeuse du tissu et à la brûlure de lalcool. Le mouvement cause un nouvel écoulement de sang quelle éponge soigneusement.
- Jme doute, répond-elle dune voix adoucie. Zavez une constitution de fillette.
Taillée comme une grenouille anémique et inexpérimentée au possible dans le domaine de la confrontation physique, la blonde nen charrie pas moins volontiers ses interlocuteurs mieux bâtis sur le chapitre de la vulnérabilité. Au contraire. La proximité du corps solide et vigoureux, moitié nu, du jeune homme, lencourage dautant à montrer les dents.
Tandis quelle nettoie la plaie, concentrée sur sa tâche, elle sapplique à ne pas laisser glisser son regard.
- Redressez-vous un peu, que je puisse
Sa main se pose sur lépaule de Sem pour accompagner le mouvement elle enroule la bande de tissu autour de son torse, une fois. Deux fois lest un peu près, là, non ? Trois fois reprends-toi ma fille, cest pas sérieux tout ça. Quatre fois la chair est faible
cest dun pénible
Cinq fois. Enfin elle se redresse ; la rougeur à ses joues trahit son trouble et affirmer quil lindispose serait encore peu dire : il lagace, la met en rage, réveille la honte à fleur de peau, lui rappelle cruellement combien dautres de son sang y ont cédé.
Pas elle. Elle ne cédera pas. En haine de la concupiscence qui en a fait tomber tant. Si la chair est faible, lesprit, lui, sera fort.
Ce sursaut de colère silencieuse a apaisé son embarras. Revigorée, elle ôte son châle et le passe sur les épaules du jeune homme.
- Mettez ça
N'allez pas prendre froid, vous nêtes pas en état. Faudra vous trouver une autre chemise, je doute que vous puissiez jamais récupérer cte tache.
Un regard vers la petite.
- Lys ? Ya quelque chose à manger par ici ? Faut que Sem reprenne des forces.
Sembrounet
La douleur était là toujours présente, lancinante mais qui brusquement saccentuait et vrillait le ventre de Sem qui avait du mal à ne pas laisser échapper un cri.
Elisabeth, lui avait prodigué des soins, de manière efficace. Par moment elle lui avait semblé plus attentive et douce que ne laurait été un médicastre, même du genre féminin. La main de la gracile blonde, posée sur lépaule de Sem par moment se faisait douce, presque languide quand Else sadonnait à sa tache sans se contrôler et par instant, elle reprenait son maintien et la main se crispait se faisant brièvement serre quand la tonalité de sa voix se faisait nettement plus dure.
Sem nosait rien dire, voulant la laisser libre tout en étant sensible au trouble dElse qui rejoignait le sien comme le sentiment dune connivence que la blonde voyageuse nacceptait que par intermittence voire à contre-coeur. Ainsi cest avec précaution et tendresse quune fois la plaie nettoyée et bandée, Else se défit de son châle pour entourer les larges épaules de Sem. Elle laissait presque machinalement ses doigts longs et fins palper et presque caresser le dos et les épaule du blessé.
- Mettez ça
N'allez pas prendre froid, vous nêtes pas en état. Faudra vous trouver une autre chemise, je doute que vous puissiez jamais récupérer cte tache.
Cela ne dura pas et elle se reprit vite, maugréant après lui et Sem qui commençait à la connaître pensa in petto
-« Else en a certainement après elle et me fait payer son geste tendre. Rabroueuse un moment puis se faisant presque câline s'il s'était montré un peu trop affecté. »
Sembrounet la regarda et sourit :
- Merci Elisabeth
pour tout et pour vos soins
Et ses yeux bleu-gris, plus foncés que ceux de la jeune femme, la regardait à ce moment presque sans la voir. Sem était perdu dans ses pensées songeant aux sensations dun autre temps quil pensait ne jamais plus retrouver. Ce bonheur grand mais bref surtout comparé aux affres de l'absence puis de la mort.
Ce fut la voix dElse à laquelle se mêla celle de Lys, qui firent revenir ses pensées dans la pièce.
- Lys ? Ya quelque chose à manger par ici ? Faut que Sem reprenne des forces.
Et Alwenna au lieu de dire "Oui Eli" comme il s'y attendait déclara tout de go.
- Ah bah euh. Pour manger, j'ai que mes feuilles, sinon je sais pas.
Cest pourtant vrai quil avait faim et soif