Elvix
A quelques pas de là, le Pinson blond n'avait pas encore remarqué la présence des Prouty Chiasse. Il était bien trop occupé à fendre la foule en se pavanant comme un coq parmi ses poules. Il s'arrêtait de temps à autre pour signer un autographe ou prendre la pose, au cas où des Papa-Rassis seraient planqués derrière un étale ou coin d'une ruelle, guettant l'instant où ils pourraient faire un crobar de l'idole des jeunes.
Elvix tachait donc d'être le plus parfait possible, il offrait des sourires aux passants, saluant la foule de la main en tentant de mettre en valeur son meilleur profil - le droit - cachant le gauche par la silhouette de son impresario, qu'il écoutait d'une oreille distraite. Ses yeux s'écarquillèrent néanmoins lorsque le baron lui conseilla de se mettre à poil pour attirer la clientèle.
Mé... mé mettre tout nou ? Ma yé peux pas ! Les yens y vont voir qué y'ai souis pas commé sour la statouetté ! Y vont crier au scandalé.
Vous pensiez vraiment qu'Elvix avait posé nu ? La statuette n'était que le résultat d'un savant mélange entre la tête du blondinet et le corps musclé de Chat-Balle (un illustre jouteur).
Par contré, chanter ça yé peux faire...
Le blond glissa sa mandoline sous son bras et commença à l'accorder.
... mais arrêtés dé CRIEEER sinon les yens y vont pas m'entendré !
C'est vrai quoi ! Comment voulez vous qu'on apprécie sa voix si son impresario beuglait à ses cotés comme un goret qu'on égorge ? Non, rectification. Le goret qu'on égorge ressemblait plutôt à Claudia Chiffon.
Encôôôre heureux qué yé né rien dans lé froc. Y'aimérais pas qu'il soit commé lé tien, grouillant dé morpionnes qui pataugent dans les tracés dé freinagé !
Et biiiiim ! Le blond tourna le dos aux Prouty Chiasse et commença à se racler la gorge pour s'échauffer la voix, comme si de rien n'était.
Elvix
Délaissé par le Vaisneau, le blondinet continuait à s'échauffer la voix en gratouille sa mandoline. Il surveillait son impresario du coin de l'oeil. Le fourbe semblait tendre l'oreille aux propos tenus par la représentante du camp adverse. Le barde l'aurait directement envoyé bouler, lui. Enfin... facile à dire qu'on a pas à le faire. La chiffe molle n'en aurait surement pas eu le courage.
Peut-être que face à la Griotte, le baron était aussi intimidé que lui. Quoi qu'à la vue de la tronche qu'elle tirait, son ancienne mécène était contrariée. Le nobliot devait lui tenir tête. C'était mauvais signe... Très mauvais signe. Encore plus craignos quand l'attention de la brune se porta sur lui. Il rentra la tête dans les épaules en se cramponnant à son instrument avec l'énergie du désespoir, comme s'il s'agissait d'un bouclier qui aurait pu le protéger du courroux de la jeune fille. Qu'allait-elle encore lui reprocher ? Allait-elle le frapper ? La chieuse l'intimidait autant qu'une brute épaisse, si pas plus.
« Soy... soy inocente !* C'est pas môôôaaa ! », balbutia-t-il d'un air pitoyable.
Tendant un bout d'index en direction de son impresario : C'est louiii lé coupa...
Le bredouillement intimidé se perdit dans une déglutition difficile. La morveuse fonçait droit sur lui. Terrorisé, Elvix ferma les yeux et serra les dents en attendant que la tornade s'abatte sur lui, mais contre toute attente, sa tête bascula en arrière lorsque des lèvres se posèrent brutalement sur les siennes. Le barde s'en mordit la langue de surprise. Une vraie barbare c'te bâtarde ! Pas une once de douceur dans le baiser échangé. Il en avait la larmiche à l'oeil, et ce n'était pas l'émotion qui lui embuait le regard, mais bien la douleur qui enflammait sa saliveuse.
Lástimaaaa* ! Né mé fais pas dé maaalééé !
Le blond se recula en refilant maladroitement des coups de mandoline dans les cotes de la brune.
Yé sais qué yé souis la perfectiônne incarnée et qué toutés les femmés mé désiréééé, mais mé violer sérait oune trééés mauvaisé idea ! Siiii ! Siii ! Oune trés mauvaisé idea.
Jetant des coups d'oeil inquiets à droite à gauche, en ayant l'air de chercher de l'aide parmis les badauds :
Mes groupies vont té péter les dents ! Elles sont trééés yalousés !
A môôôôôaaaaa ! A l'aaaaaidéééé ! On mé vioooooolééé. Au sécoooours !
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*Soy inocente = Je suis innocent.
*Lástima = Pitié
Zoey.
[ Mort à l'Irlandaise ]
N'y a-t-il pas de pire mort que celle humiliée ? Rassurez vous, chers lecteurs, notre héroïne va s'en sortir. Si, si, vraiment.
Replaçons nous dans l'histoire...
Il est muet. Il ne dit rien, ne fait rien. Visiblement, il n'a pas entendu le discours digne d'une politique de la Corleone. Celle-ci commence à s'impatienter, ses forces étant revenues. La douleur sur sa joue était encore présente.
Comment s'en sortir ? Il le fallait, sans l'aide de personne. Une idée vînt alors titillé l'esprit de la brunette.
Tandis que l'Irlandais se reprend, la main Corleonniène vient se faufiler sur sa ceinture, et retire son poignard.
Elle devrait pensé à dire merci à Requin, c'est lui qui lui a offert l'arme.
Et c'est à cause de lui que l'Irlandais va risquer sa poire.
- Bouge de là, l'Irlandais ! J'suis armée.
Et de serrer le poignard, pour le pointer vers lui.
- Aller !
Et de se tourner quelques instants vers Claudia Chiffon et sa groupie.
- Dites, ça vous dérangerais de venir m'aider ?
Et d'ajouter, en entendant un blond gueuler...
- Oui bah moi aussi on me viole ! Hellllllp !
--Thy_riz
Le bruit de leurs bottes lustrées claquaient sévèrement sur les pavés des Galeries, et même si leur allure peu commode conseillait quiconque de s'élever plus haut que le nombril du Sergent en Chef, chacun des maréchaux ne se privaient pas à flâner sur les étals marchandes. Un périmètre de sécurité s'était formé autour du groupe et ils disposaient ainsi d'un espace d'autorité très prestigieuse. Les caisses grasses du Royaume de France permettaient de sponsoriser un corps de maréchaux suffisant pour faire régner la paix dans le quartier des Halles. Et ils n'étaient pas des ploucs, la prison de St-Lazare était généreusement remplie grâce aux interventions des maréchaux d'ici-haut. Alors, les Halles étaient devenues un endroit de charme en proies aux riches bourgeois et nobles qui avaient besoin d'étancher leur folie du luxe, de la beauté. On s'y pavanait.
Et pourtant en ce jour particulièrement lourd, un groupe de saltimbanque avait décidé de faire la guerre à la paix. Le sergent en chef Thyri posa sa dextre sur la garde de son épée en ajustant de la main gauche une mèche de cheveux blonds qui lui tombait en travers du front, car dans toutes situations il fallait être bien coiffé -question de goût-, en ordonnant à ses hommes de se tenir prêt à emboîter.
-Mais dites donc, vous allez arrêter de rêver sur des tissus que jamais vous ne pourrez vous offrir, et enfourchez votre épée !
-Mais...
-Est qu'ça saute ! on va pas laisser une bande de traine savate polluer le champs auditif des acteurs de l'économie ! Suivez-moi.
Au galop la maréchaussée rappliqua aussi sec vers les agitateurs. C'était une scène assez éprouvante à vrai dire... Un cercle de badauds s'était formé autour des malandrins et sans avoir le temps de se toucher les couilles, ils furent aussitôt dispersés par quelques gardes sous les ordres cinglants du Chef.
-Armant, t'occupes des deux gigolos avec leur sac à patates ! En plus ils empestent, c'est affreux !
Anthelme, sur le blond à la mandoline. Ne les laissez pas s'enfuir, bordel !
Les autres, chopez moi celui avec ses beaux fringues.
-Y'a rien à voir ici, dégagez la voie !
-Chef, il vient de me donner un coup de mandoline !
-Ils s'enfuiiiiiiient !
-Vous avez une autorisation pour chanter sur la voie publique ?
-Mais bougez vous le fion putain !
-Oh, j'ai perdu mon pire-sing...
-Ta gueule !
En quelques secondes les rangs s'étaient déformés et la majeur partie des agitateurs avaient glissés dans les mailles du filet, à vrai dire le Sergent avait été pris de cours. Pourtant deux femmelettes ne cessaient de se crêper le chignon malgré les maréchaux, et à vrai dire il était impossible de ne pas les avoir remarqué : elles se battaient comme des gorets, les bruits avec. L'objectif principal ne se réduit qu'à ses deux gourgandines et les yeux de Thyri se transformèrent en deux fentes vicieuse. Le torse bombé, dans un geste brutal il sépara les deux timbrées en poussant d'un coup d'épaule la blonde au sol tandis qu'il tonitruait à ses maréchaux :
-EMBARQUEZ MOI CES DEUX FÊLÉES ET LAISSEZ LES AUTRES !! Mesdemoiselles, calmez vous ou je serais obligé de vous faire taire par la force !
Deux gardes fondirent sur les deux excitées du bulbe et Thyri balança un violent coup de botte dans le tibia de la brune pour la faire cesser de brailler.
-Allez, on embarque tout ça à St-Lazare. Bâillonnez les et empêchez les de bouger le moindre petit doigt !
Direction case prison.