Alouqua
L'aube , qui parfois lave le jour , lui redonnant clarté et transparence .. qui parfois aussi est grise et brouillée , froide , aplatissant tout relief , donnant une lumière fade sur ce qu'on ne voudrait jamais voir , ce genre d'aube qui vous donne goût à la nuit éternelle et au néant ,plutôt que ce paysage morne et désolé.. c'était ce genre d'aube donc, qui donnait naissance à un jour de glace pour Alou, alors qu'elle franchissait les remparts de Saint Claude , sans que personne ne la voit ni ne l'attende , se glissant dans les rues que seuls les chats et les rats semblaient parcourir.
Elle filait droit, Alou, traversant le village sans même saluer le boulanger déjà levé lui aussi, rendue pour l'heure totalement indifférente au monde qui l'entourait ,quand d'habitude elle prenait le temps de partager son réveil parfois difficile avec lui, alors que Clarri dormait encore ou travaillait déjà , dégustant une miche fraîche offerte par l'homme rubicond et jovial, elle ne le voyait plus non plus lui, à son grand étonnement d'ailleurs ... elle traçait son sillon, droit devant alors que seul comptait ce qu'elle trouverait ou non, là bas , dans cet endroit si riche de souvenirs tous plus lumineux et beaux les uns que les autres , à savoir le Moulin, ou plus exactement , la grange , leur refuge à elles deux , alors qu'elle n'était plus qu'une, fragmentée , disloquée , en vrac, la peur au ventre , l'angoisse rendant ses yeux fixes et sans lumière, juste posés sur le monde, absents .
Depuis Dôle, où s'étant réveillée dans la charrette qui les avait conduite toutes deux , dans laquelle elles s'étaient enlacées avant de s'endormir juste avant l'aube , cette aube première là au contraire si belle et claire , elle s'était réveillée donc , le pépiement insolent des oiseaux comme bienvenue au monde du jour , alors que son bras tâtonnait pour ne trouver que... du vide.. du vide ... une place vide ... à ses côtés à présent c'était le vide ! juste ce mot griffonné à la hâte : "je repars " plié et coincé dans la cage des lapins , qu'il ne s'envole pas ... juste ça, sans plus d'explication.
Relevée en trombe , à peine arrivée à Dôle , après juste un salut à l'équipage présent , Ober , Psy et Lyane , plus le paysan qui leur avait généreusement offert le voyage en charrette bien heureux de faire le voyage ainsi entouré , qui ne comprirent pas plus quelles sortes de mouches piquaient les jeunes filles à prendre ainsi la direction opposée à celle initialement prévue , mais Alou n'avait pas été plus généreuse en paroles pour le coup, et avait détalé sans la moindre question , alors que sa vie s'était enfuie .
Le moulin au bout du chemin , la grange nichée sous l'arbre, vision paradisiaque il y a encore deux jours , trainant presque le pas à cette heure , comme reculant l'inéluctable de sa solitude et de sa perte , irrémédiable peut être , arrivée trop tardive sans doute , l'effet en était le même , Clarri serait partie, partie sans elle , la laissant là, au milieu de ce foin qu'elles avaient retourné en tout sens dans leurs ébats joyeux et tendres, fous et passionnés , amoureux et ludiques .Elle avait peur , de cette peur qui glace le dos, laissant une sueur acide s'écouler entre les côtes , cauchemar éveillé plus atroce qu'une poursuite du plus affreux des monstres assoiffé de sang et de vie , l'abandon de l'être aimé.
Porte grinçante de la grange , écoute de l'environnement , respiration animale de Zezette qui vient gaiement saluer d'un coup de langue la main de celle qui la nourrit et la caresse , dépitée de n'obtenir qu'un vague : "pas le moment Zezette " alors qu'elle grimpe l'échelle qui arrive à leur nid , nid abandonné comme après une migration, mais sans retour probable celle là... et encore ... un mot.. un peu plus long, juste de quelques mots tout aussi froid ou presque .
Elle filait droit, Alou, traversant le village sans même saluer le boulanger déjà levé lui aussi, rendue pour l'heure totalement indifférente au monde qui l'entourait ,quand d'habitude elle prenait le temps de partager son réveil parfois difficile avec lui, alors que Clarri dormait encore ou travaillait déjà , dégustant une miche fraîche offerte par l'homme rubicond et jovial, elle ne le voyait plus non plus lui, à son grand étonnement d'ailleurs ... elle traçait son sillon, droit devant alors que seul comptait ce qu'elle trouverait ou non, là bas , dans cet endroit si riche de souvenirs tous plus lumineux et beaux les uns que les autres , à savoir le Moulin, ou plus exactement , la grange , leur refuge à elles deux , alors qu'elle n'était plus qu'une, fragmentée , disloquée , en vrac, la peur au ventre , l'angoisse rendant ses yeux fixes et sans lumière, juste posés sur le monde, absents .
Depuis Dôle, où s'étant réveillée dans la charrette qui les avait conduite toutes deux , dans laquelle elles s'étaient enlacées avant de s'endormir juste avant l'aube , cette aube première là au contraire si belle et claire , elle s'était réveillée donc , le pépiement insolent des oiseaux comme bienvenue au monde du jour , alors que son bras tâtonnait pour ne trouver que... du vide.. du vide ... une place vide ... à ses côtés à présent c'était le vide ! juste ce mot griffonné à la hâte : "je repars " plié et coincé dans la cage des lapins , qu'il ne s'envole pas ... juste ça, sans plus d'explication.
Relevée en trombe , à peine arrivée à Dôle , après juste un salut à l'équipage présent , Ober , Psy et Lyane , plus le paysan qui leur avait généreusement offert le voyage en charrette bien heureux de faire le voyage ainsi entouré , qui ne comprirent pas plus quelles sortes de mouches piquaient les jeunes filles à prendre ainsi la direction opposée à celle initialement prévue , mais Alou n'avait pas été plus généreuse en paroles pour le coup, et avait détalé sans la moindre question , alors que sa vie s'était enfuie .
Le moulin au bout du chemin , la grange nichée sous l'arbre, vision paradisiaque il y a encore deux jours , trainant presque le pas à cette heure , comme reculant l'inéluctable de sa solitude et de sa perte , irrémédiable peut être , arrivée trop tardive sans doute , l'effet en était le même , Clarri serait partie, partie sans elle , la laissant là, au milieu de ce foin qu'elles avaient retourné en tout sens dans leurs ébats joyeux et tendres, fous et passionnés , amoureux et ludiques .Elle avait peur , de cette peur qui glace le dos, laissant une sueur acide s'écouler entre les côtes , cauchemar éveillé plus atroce qu'une poursuite du plus affreux des monstres assoiffé de sang et de vie , l'abandon de l'être aimé.
Porte grinçante de la grange , écoute de l'environnement , respiration animale de Zezette qui vient gaiement saluer d'un coup de langue la main de celle qui la nourrit et la caresse , dépitée de n'obtenir qu'un vague : "pas le moment Zezette " alors qu'elle grimpe l'échelle qui arrive à leur nid , nid abandonné comme après une migration, mais sans retour probable celle là... et encore ... un mot.. un peu plus long, juste de quelques mots tout aussi froid ou presque .
Citation:
J'aimais bien au hasard des rues regarder ta bonne bouille et rire à ton humour très fin. J'emmène avec moi ton souvenir et la douceur de nos instants.
Tu sais Miss, à côté de toi les duchesses c'est de la soupe de pain perdu, des radis sans leurs fanes ; parce-que le radis sans sa fane c'est juste du néant qui fait roter...
Tu sais Miss, à côté de toi les duchesses c'est de la soupe de pain perdu, des radis sans leurs fanes ; parce-que le radis sans sa fane c'est juste du néant qui fait roter...
Haaa mais non !! haa mais non !!
Mots certes dénués de sens qui s'échappaient des lèvres d'Alou à cet instant , d'une voix forte et étranglée , alors que cet imparfait lui tordait le cur , broyait son âme d'un vague coup de masse donné presque par inadvertance , alors que la peine et la rage l'envahissait , que cet imparfait transformait sa vie en enfer , elle n'avait plus d'humour mais alors plus du tout , plus de finesse non plus , quand aux duchesses n'en avait cure , seul cet imparfait sonnait à son entendement comme un glas .
j'aimais .. j'aimais... mais .. c'est quoi, j'aimais??? ça veut dire quoi J'AIMAIS???????ça veut dire qu'on n'aime plus, c'est tout?
Elle parlait toute seule maintenant , se foutant totalement de savoir si la folie la gagnait , dévalant l'échelle le papier froissé en boule dans sa main, courant vers Saint Claude , irait la trouver où qu'elle soit , parce que c'était impossible, impossible oui , que sa vie soit sans Clarri, sans sa mésange , sans sa folie et son rire , sans sa douceur et son amour , impossible , voilà tout.
Elle la verrait et l'attraperait, prendrait son visage dans ses mains et fouillerait ses yeux des siens , en lui disant juste : non Clarri, non... tu rentres là.. parce que là bas c'est chez nous hein? que moi sans toi je n'existe plus , ou si du pipi de chat dont tu parles , ou du néant , alors tu rentres , et tu me prends dans tes bras , là maintenant , parce que je vais mourir sous tes yeux là, tu vois, m'évaporer si tu ne me serres pas maintenant très fort !
Puis Alou la prendrait elle , son chat sauvage entre ses ailes, et lui prouverait que le mélange des espèces est possible , qu'il est même magnifique , qu'il donne naissance à des animaux féeriques , mythologiques , et que elles deux c'est ça, une féerie , un enchantement , un psaume, un cantique , un hymne , et que ce ne sont pas deux mots mal dit , mal compris qui feront changer la nature de ce qu'elles sont ensemble.
Elle lui ferait comprendre tout ça Alou, comment elle ne le savait pas , mais elle allait à présent dans toutes les tavernes de la ville , demandait à tous si la lumière de Saint Claude était venue ce matin, obtenait des réponses évasives mais qui peu à peu la guidèrent vers elle.
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