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[RP] De la roulotte à l'hacienda

--Omar_ben_chaffar




Par la barbe du prophète ! Omar est scié ! Il n’en espérait pas autant ! Il palpe avec un plaisir évident la bourse aux formes rebondies. Un plaisir presque sensuel le gagne. Caresser la plus plantureuse des moukères, cajoler la plus épanouie des houris d’Afrique du Nord ne lui provoquerait pas d’émoi plus intense. Oui, il a décroché la timbale, en obtenant près de trois fois le prix habituel. Avec une telle somme tombée du ciel, il pourrait même acheter un bateau, plutôt que de louer les services d’un équipage entier à chaque voyage.

Il se tourne vers le gros Paco, vers Esteban, vers Julio, ses plus anciens compagnons d’aventure. Clin d’œil discret. Satisfaction contrôlée. Omar est une fieffée crapule, une brute cupide, mais il sait récompenser les siens. Il sait fidéliser ses acolytes par de larges suppléments de salaire. Et le rhum va couler à flots durant la traversée de la Méditerranée.

Pendant ce temps, les deux bourgeoises ont réagi avec véhémence aux propos acerbes de la captive. A ses grands airs de matamore que rien n’effarouche. D’abord la vieille, puis la belle brune aux gros seins. Cette dernière surtout, répondant aux menaces de la jeune catin par d’autres menaces tout aussi effroyables. Nul doute qu’une confrontation entre ces deux donzelles provoquerait des étincelles. Des touffes de cheveux voleraient dans le vent. Ce serait là un bien joyeux spectacle, mais hélas ça ne sera pas possible. Pas question de trancher les liens de la blonde avant d’être à bord du bateau, elle a vraiment l’air trop délurée. D’ailleurs il n’y a finalement aucune honte à tenir compte des avertissements de la vieille peau. Elle sait ce qu’elle raconte.

Bon, avant que ça ne s’envenime davantage, avant que la prisonnière ne se prenne une bonne paire de gifles dans son joli museau, Omar s’interpose entre les trois belliqueuses. Pas par courtoisie, non, pas par grandeur d’âme, mais simplement parce qu’il n’est pas question d’abîmer la marchandise. Un nez éclaté ou un œil au beurre noir déprécierait son colis, et lui ferait perdre de précieux écus, si difficiles à gagner. Le marchand d’esclaves salue la grand-mère si généreuse, qui s’apprête à regagner ses pénates pour tout oublier de cet épisode qui n’ajoutera rien à sa gloire. De son côté, la brunette a décidé de les accompagner, et semble assez pressée. En route, donc. Omar jette la blonde en travers de sa monture, et lui donne en riant très fort une nouvelle claque sur les fesses, rendu euphorique par les écus qu’il a glissés dans les fontes de son canasson.

C’est parti ! Dans deux heures nous serons au port !

--Sajara


Toujours au milieu de la cour du château, Sajara fut surpris de l’arrivée de Rodrigo, estomaqué par ses révélations.
Rodrigo avait l’air attristé et perdu.
Le géant lui conseilla :
- Si tu ne sais pas comment, ni où elle est allée, va t'assurer avec le palefrenier que son cheval est manquant, voir si une carriole a disparu. Nous aurons une idée du type de monture utilisée et si elle est partie pour une longue distance ou pas.
Sans pendre le temps d’attendre le palefrenier, qui resta planté sans réaction, le jeune homme se précipita vers les écuries.
Rodrigo avait à peine disparu que Sajara remarqua un cavalier arriver.

- Tiens, tiens, notre espion du roi… Nous allons avoir quelques nouvelles…
--Fuinha



Ce n’était pas de gaieté de cœur que la Fouine se rendait chez Arminho. Mais le roi lui avait ordonné de surveiller les intérêts de son bâtard et de sa descendance.
Le roi a dit : « on protège Arminho et je veux la paix en mon royaume… » Alors, il s’exécute.
Si le vieux lion pouvait mettre la région à feu et à sang juste pour une peccadille, que ferait-il si on touchait à la « future » de son fils.

Enfin dans les murs du château…
Quel accueil vais-je avoir ? pensa t-il.
Il vaut mieux prendre tout ça comme une mission de routine. C’est le B-A-Ba du métier.
Dans la cour, il aperçut le géant africain qui le toisait.


Son cheval se planta devant le maure. Le palefrenier se chargea aussitôt de la monture.
Pied à terre, l’espion se sentit très très petit face à la montagne qui le scrutait.

- Salutations !

Aucune réponse.

- Ton maître se remet de sa blessure ?
N’ai crainte le roi l’a sous sa protection.
Le médecin est encore avec lui ?


Le maure acquiesça.

- J’ai une affaire urgente. Je dois voir Arminho de suite. Ça concerne la jeune demoiselle que Dom Rodrigo convoite.

Toujours aucune réponse du chien de garde.
Et puis d’un geste du bras, il lui désigne une tour. Signe que le visiteur a le champ libre pour s’entretenir avec le châtelain.
Il passe alors devant le garde mauresque.
En se dirigeant vers l’antre du seigneur, la fouine ressent dans son dos la présence de Sajara, qui ne l’a pas quitté d’un pas.


Les escaliers, puis une porte massive, quelques coups pour avoir la permission de pénétrer, un cri sourd, une poignée qui tourne, le sésame…
Fuinha fait un pas puis deux, le voilà dans une pièce entouré d’un guerrier dont il connaît tous les exploits ou presque…mélange de crainte et d’admiration… de Rodolfo, le médecin : savant mélange de philosophe, d’ermite… étrange composition chimique sûrement unique en son genre…
Mais, qui est normal dans cette pièce, sûrement pas lui, l’espion au service d’un roi qui maîtrise totalement son royaume. On pourrait comparait ce monarque à un enfant qui jouerait de ses sujets comme de vulgaires soldats de bois…
Omniprésent, intransigeant, un roi terrible qui a renforcé son pays dans la valse du pouvoir, écrasant certaines des plus puissantes cours européennes.
Pas la moindre erreur parmi ses trois-là… ou je ne ressors pas vivant… le sang appelle le sang, ils sont comme des chiens enragés… Surtout après le massacre des Almirante…

La fouine incline la tête :
- Bonjour à toi Arminho…
Il relève tranquillement la tête et regarde son interlocuteur, rassuré, comme si le fait d’avoir prononcé quelques mots avait soudain détendu l’atmosphère.
- Votre « père » vous salue par ma voix.

Joaquim fit un signe à ce messager afin qu’il puisse prendre un siège. Il versa un verre à son visiteur.

- Ce que j’ai à vous dire va vous procurer quelques tracasseries, je le crains.
Joaquim ne sourcillait pas à l’annonce de la Fouine.

Surveillant ses interlocuteurs et détaillant la pièce, le regard de l’espion essayait de parcourir le maximum de choses : les attitudes, les gestes, les livres, les alcools, la disposition des meubles ; tout ce qui pouvait lui donner quelques indications et qui le servirait.

- Notre réseau d’espions, d’informateurs nous a informés que votre femme était en affaire avec un trafiquant…suspendant sa phrase, il continua : un trafiquant d’esclaves…
Arminho ne bougeait pas, mais on sentait que son sang bouillait.
- Nous surveillons Omar ben Shaffar depuis très longtemps, jamais ses affaires n’avaient été un problème pour nous.
Prenant une gorgée de Porto, le subtil agent royal laissait planer le suspense avec une certaine délectation.
- Notre informateur nous a confirmé un échange de courrier entre Dona Philippa et Ben Shaffar. Pas difficile de surveiller ses coursiers ! Encore moins de comprendre que votre « belle fille » était la cavalière ligotée parmi un groupe de trois femmes chevauchant vers le nord menant à un croisement de la route du port. Leur intention étant de livrer cette jolie bohémienne à ce trafiquant. On connaît tous la suite : direction le port puis un bateau en partance pour l’Afrique.

Devant l’assistance qui commencait à se lever et se préparer. Fuinha se sentait comme invisible maintenant.

- Mes hommes sont à disposition et notre informateur se trouve dans la bande de Ben Shaffar, lui aussi vous aidera dans votre tâche.

Déjà les trois hommes dévalaient les escaliers laissant l’agent royal seul dans la pièce.
Pourquoi ne pas faire un petit tour pour récupérer quelques informations.

Se levant de son siège, se dirigeant vers le bureau, la Fouine fut surpris de sentir une main l’attraper par le col.
Sajara se trouvait là à le malmener.

- Oh ! merci messire de me montrer la sortie, je crois que je me trompais de direction.


La fouine en fut quitte pour une frayeur.
La cour semblait en effervescence. Deux palefreniers amenaient des chevaux. Joaquim semblait remis de sa blessure. Sajara en armes était impressionnant et appelait Rodrigo de toutes ses forces.

--Rodrigo




Course folle vers les écuries. Peut-être y dénichera t-il un indice, une raison de retrouver un brin de confiance, ou même un quelconque témoin du départ de Malika ou d’un événement plus récent. Aussi longtemps qu’il y a de la vie, il y a aussi de l’espoir, dit-on.

Les carrioles sont rangées là, à l’endroit habituel, le long des montagnes de paille et de foin emmagasinées dans le bâtiment. Par contre, certains box sont vides, et notamment celui qui abrite habituellement la monture de sa mère. C’est plutôt rare que dona Philippa quitte l’hacienda pour une chevauchée dans la campagne. Mais puisqu’elle est dorénavant reléguée aux confins du domaine, sur ordre de Joaquim, son époux, peut-être est-elle allée reconnaître sa terre d’exil ?

Rodrigo poursuit sa rapide inspection. Tiens ? Le cheval d’Isabella manque également à l’appel. Mais c’était prévisible. Le jeune officier s’est totalement désintéressé de son ancienne promise, elle a donc très bien pu regagner ses pénates, la rage au ventre. Et là, découvrir avec effarement que ses parents ont eu la gorge tranchée par des inconnus, qui n’ont laissé aucune trace permettant de les identifier. Sans doute va t-elle mener sa propre enquête, et ameuter la terre entière. Bah. Ca l’occupera, et pendant ce temps elle ne se mêlera plus des affaires des autres …

Voilà. Ce nouveau passage aux écuries n’a malheureusement pas été plus concluant que les précédents. Rodrigo, le cœur broyé dans un carcan de peine et d’incompréhension, se décide à rejoindre Sajara devant l’hacienda. Un profond désespoir pesant sur ses épaules.

Surprise ! Encore de nouveaux ennuis en perspective ? L’espion délégué par sa majesté est en conversation animée avec l’ami de la famille. Sa venue est sans doute liée au double crime dont il a été le témoin silencieux. Une grimace d’inquiétude et de perplexité naît sur le visage halé du marin. Que de questions. Il s’approche, ne sachant quelle attitude adopter, mais remarquant soudain une grande agitation dans la cour, ainsi que les préparatifs d’un départ imminent. Préoccupé, il n’avait rien vu, mais ça semble sérieux. Sajara a apporté ses armes. Et voilà Joaquim, son père, qui ne semble nullement handicapé par sa blessure. Cet homme a vraiment une constitution exceptionnelle. Et là, des palefreniers accourent, ils ont sellé des chevaux, qui piaffent déjà d’impatience. Leurs sabots tambourinent sur la terre battue. Tout le monde se presse ! Tout le monde s’agite ! Rodrigo accélère le pas.

Père, Sajara mon ami, que se passe t-il donc ? Pourquoi tout ce remue-ménage ?

--Dona_isabella


De nouveau, les pupilles des deux femmes se provoquent en duel. Regards de braise, poings serrés et sourcils froncés ne manquent pas au rendez-vous. L'une ne lâchera pas les yeux de l'autre, au risque de perdre à l'opposition.
Un énième affront parmi les multiples qui se sont produits à l'hacienda.
Bien sûr, les mains ont envie de prendre place dans la partie. Sauf que l'une ne peut car elle est ficelée de la tête aux pieds... et l'autre n'a pas le droit de céder à la tentation, bien trop luxueuse pour elle, tentation qui peut lui coûter cher -bien que l'argent ne soit pas réellement un problème, non, le problème c'est Malika-.

Le noir de la haute bourgeoisie contre le bleu de la bohème, le ying et le yang, la mer et le désert. Deux femmes différentes, totalement, que tout oppose, en passant par la classe sociale, les manières, le langage. Différentes ou presque, car une seule chose les unit : l'amour qu'elles éprouvent pour Rodrigo, et le désir de le rendre heureux.
Mais, dans le cercle très privé des femmes, c'est bien connu qu'un homme, ça ne se partage pas, et si la loi est enfreinte, la guerre est déclarée. Tous les coups sont permis, manipulation, trahison, alliances, tortures. Eh oui, qui a dit "solidarité féminine"?

Donc, bref. Nous en étions aux regards noirs échangés des donzelles. Heureusement, Omar le marchand s'intercale entre elles deux, les pressant quelque peu, clamant le départ.

Isabella se retourne vers doña Philippa :


Nous nous quittons ici, comme prévu. A mon retour à l'hacienda, nous allons fêter ça. Un bon repas, et du vin. Ça suffira à embrumer un peu le cerveau de Rodrigo et ainsi, l'oubli de la gitane se fera sans mal. Je m'occuperai de lui, ne vous inquiétez pas. Il doit être encore perturbé, mais il se rendra vite compte que ses espérances sont vaines...


Elle embrasse la vieille femme, non sans murmurer discrètement à son oreille : Et comme prévu, nous étions en promenade, à la découverte de nos terres. Je reviens vite.

Un dernier signe de la main, et elle grimpe sur son cheval, sous les yeux attentifs des complices du marchand. Malika, elle, est jetée sur le canasson comme un vulgaire sac à patates sous les yeux satisfaits d'Isabella.

Et c'est ainsi que démarre l'escorte vers le port et son bateau de la délivrance. Seul les sabots des chevaux sur la terre battue cassent le mur du silence qui s'est imposé depuis le début. Ils ne trottent que depuis quelques minutes mais...


Eh, le marchand, t'as pas à boire ? dit-elle en s'épongeant le front de la main, alors que le soleil au zénith renvoie des rayons de lumière de plus en plus chauds.
--Joaquim


Voyant arriver Rodrigo, Joao le prit par les épaules :
- Malika court un grand danger, ta mère et Isabella l’ont enlevée pour la vendre à un marchand d’esclaves… Ils ont rendez vous en ce moment même… Un espion de la troupe de ce misérable les surveille, mais nous devons intervenir au plus vite… Prépare toi en vitesse…

Rodrigo devint blême… puis rouge de rage…
Transfiguré par cette nouvelle, on dirait qu’il va abattre à lui seul toute une armée…

Son père tenta de le rassurer…
- Sajara et moi t’accompagnons, à nous trois nous allons mettre fin à ce vil commerçant.
Le regard de Joao devint noir, cette caractéristique apparait quand la bête surgit de ses entrailles les plus sombres.
Le sang allait une nouvelle fois couler, tel un vampire il savourait déjà cette texture si particulière.
L’adrénaline et le flux sanguin lui procuraient une sensation de bien être qui le rendait invincible.

Les trois hommes sont maintenant à cheval.
Arminho se tourne vers l’espion :
- Hé la fouine, je compte sur ton appui, gare à toi si tu me déçois…
Un sourire en coin ponctue sa réflexion.
Faisant signe de la main :
- En Avant, les enfants !

--Rodrigo




Des envies de meurtres dansent dans ses yeux clairs. Son front se plisse sous l’effet de la surprise, puis un rictus de haine déforme sa mâchoire volontaire. Ses mains deviennent des poings fermés. Oh oui, des têtes vont rouler à ses pieds, dans la poussière. Le sang va gicler comme l’eau d’un geyser jaillissant furieusement des entrailles de la terre. Personne ne pourra le retenir. Celui qui touchera à un seul cheveu de sa bien-aimée le paiera de sa vie.

Malika … Malika … Il répète son prénom d’une voix où l’angoisse et la colère se rejoignent. Ainsi elles ont osé comploter pour se débarrasser de sa princesse ! Quoi de plus ignoble de la part d’une mère ? Quoi de plus fourbe de la part d’une amie ? Et ce procédé écœurant ! Engager un esclavagiste pour la vendre comme une marchandise à un vieux porc qui abusera d’elle ! Les doigts de Rodrigo se crispent sur le pommeau de son épée. Il est prêt à en découdre avec la terre entière pour délivrer sa gitane, quitte à y laisser sa peau.

Les chevaux ont quitté l’hacienda au grand galop. Mais ce n’est pas suffisant pour le jeune officier. Plus vite, père … crie t-il en talonnant les flancs de sa monture d’un geste rageur.

De sombres pensées l’assaillent alors qu’il chevauche juste derrière Joaquim et Sajara, eux seuls connaissant précisément le lieu de ce rendez-vous secret où se joue le destin de Malika. Mon pauvre amour, tu dois être terrorisée, à la merci de cette bande de brutes immondes et de ces deux sorcières. Bon sang, j’aurais du me méfier davantage. Leur haine crevait les yeux. Et cette maudite Isabella qui a déjà cherché à t’ébouillanter en simulant une maladresse ! Comment ai-je pu être aussi naïf, aussi crédule? Il y a de quoi être dégoûté de la race humaine !

Un lourd sentiment de culpabilité l’oppresse à présent, en plus de cette inquiétude qui lui ronge le ventre.

Il se porte à la hauteur des deux anciens, alors que les sabots de leurs destriers, harnachés comme pour un départ en guerre, martèlent l’humus baigné d’ombre d’un sentier grimpant vers la colline.

Est-ce encore loin, père ? Plus vite, par pitié, nous allons arriver trop tard pour la secourir ! Savez-vous où ils veulent l’emmener ?

--Omar_ben_chaffar



La violente prise de bec entre les deux élégantes bourgeoises et la blonde intrigante se prolonge longtemps. Trop longtemps. Cet échange de menaces farouches, cette surenchère de promesses de représailles sanglantes, l’a fait sourire un instant, mais ça suffit ! Il est temps de reprendre la route vers le port, tandis que la reine-mère regagne ses foyers après d’ultimes manigances avec la brune aux nichons proéminents, qui paraît soudain également très pressée.

Une idée germe lentement dans l’esprit cruel et tortueux d’Omar. Bien-sûr la journée s’avère déjà particulièrement bénéfique, grâce aux sept cents écus encaissés et à la blonde croquignolette qui peut en rapporter cinq fois plus, au bas mot. Avec le temps, elle fera une épouse soumise, c’est évident. Mais pourquoi se contenter de cela ? La brune doit aussi valoir son pesant d’or. Qu’elle soit bourgeoise ne change rien, elle sera domptée comme toutes les autres. Il lui trouvera sans mal un acquéreur fortuné dans ce labyrinthe d’oueds desséchés et d’oasis rongées par le soleil et le sable blanc qu’il connaît comme sa poche. Sa capture sera un jeu d’enfants, il suffit d’attendre l’instant propice. Au cœur de ces chemins déserts, s’insinuant entre les bosquets, c’est une manœuvre aisément réalisable de s’emparer d’elle.

Les yeux d’Omar se posent sur ses rusés compères, accrochant leurs regards. D’un signe discret du menton, il leur indique la brunette. Les mots sont inutiles. Ils ont interprété le signal. Leurs montures encerclent subrepticement celle de la jeune femme.

Cette-dernière rompt soudain le silence, et réclame de quoi se désaltérer. Bien. Omar arrête son cheval et tend une gourde d’eau fraîche à la brune, qui allonge le bras pour s’en saisir. Et le piège se referme instantanément sur elle. Les trois malabars l’immobilisent sans peine tandis qu’Omar lui emprisonne les poignets entre ses grosses pattes velues. La fière donzelle a juste le temps de pousser un cri de stupeur, et la voilà ligotée sans ménagement, puis jetée en travers du canasson du gros Paco, devant sa monstrueuse bedaine qui s’échappe de son pantalon miteux. Le front dégoulinant de sueur, l’obèse plaque aussitôt ses doigts bouffis sur le dos de la brune, l’empêchant de se débattre davantage, et profitant lâchement de la situation pour tripoter ses courbes généreuses. Les quatre fripouilles éclatent de rire devant les efforts inutiles de la brunette. L’affaire est dans le sac.

L’occasion fait le larron, dit-on, et les brigands reprennent leur trot en direction du bateau. Ce n’est qu’une péripétie de plus dans leur business habituel. Un épisode qui n’a pris que quelques secondes.

Bien joué, les amis, lance Omar dont le visage s’est illuminé. Elle nous rapportera un bon paquet. Si elle gueule, Paco, donne-lui donc quelques gifles, je suis certain que tu adorerais ça. Allez, bientôt nous serons au port avec nos deux drôlesses.

--Dona_isabella


Mais ?!

Un hoquet de surprise, un petit cri d'incompréhensibilité, et voilà que la bourgeoise est vulgairement jetée sur le dos du cheval, ligotée de la tête aux pieds. Sur le coup, elle ne comprend pas vraiment, mais lorsqu'elle sent des doigts -dotés d'une délicatesse d'ours- se balader sur son dos, elle pousse un hurlement terrifiant, à en faire trembler le plus épouvantable des brigands, à en briser les tympans les plus solides.

Elle se débat, donnant des coups de pieds dans l'air, se balançant de gauche à droite, tapant de ses poings attachés sur le flanc du canasson, comme une furie. Mais les mains du dénommé Paco stoppent vite sa frénésie, pressant un peu plus sur son dos, écrasant presque ses omoplates.

L'avertissement est donné par le chef des marchands, "si elle gueule, donne-lui quelques gifles". Les yeux d'Isabella se brouillent légèrement. L'impression -bien vite concrétisée- d'une bedaine grasse et nue se frottant à elle à chaque enjambée du cheval donne un laisser-passer en terre ferme à son repas de midi, d'autant plus que son nez est enfoui dans la longue crinière puante du cheval. Ô quel supplice pour une femme entretenue, propre et maniaque. La soupe et les crachats de la gitane ne l'ont en rien aguerri dans ce domaine.

Vite, réfléchis, réfléchis, ne te laisse pas déstabiliser !
A l'intérieur de sa botte est caché le poignard qu'elle avait volé à Malika, mais impossible de l'atteindre, à moins de faire une tentative de diversion digne des plus grands malfrats, ou esquisser une pirouette acrobatique, un pied en avant qui atterrirait en pleine face d'Omar, l'autre faucherait ses trois complices, le tout dans une rapidité qui ne dépasse pas les deux secondes. Malheureusement, Isabella n'est qu'une simple bourgeoise, et pas une mercenaire-ninja-yamakasi.


Dégage tes pattes de là, sale pouilleux! crie t-elle à l'intention de Paco. Puis, un peu plus fort, pour que les autres marchands l'entendent : Attendez, y a un malentendu, c'est pas moi l'esclave, et puis, je ne vaux rien dans votre pays... une légère grimace se dessine sur son visage, n'en croyant pas ses oreilles de ce qu'elle venait de dire. Bien sûr qu'elle vaut quelque chose, et ce dans n'importe quel pays. Tous les sultans du monde se l'arracheraient !
Vous ne savez pas ce que vous faites... vous perdez votre client le plus prometteur !!
Et, se rappelant que ces malfrats ne marchent que par l'argent...
Je vous donne encore plus que le prix de départ ! Le double si vous voulez ! Et... et je vous fait même un acompte, je peux déjà vous donner une petite partie... que j'ai sur moi !
--Le_gros_paco




Le gros Paco. C’est tout un poème. Un cerveau de piaf sous un crâne éternellement luisant de sueur, en forme de demi-pastèque. Des pattes d’ours des cavernes, aussi épaisses, aussi velues, et aussi sales. Un cou de taureau. Un ventre monstrueux. Lorsqu’il pénètre dans un endroit public, on voit d’abord apparaître sa bedaine, puis après, longtemps après, le reste de son individu. Bref, un personnage hors du commun, une force de la nature, à la cervelle « mononeuronique », toutefois.

En résumé, ce débile profond, sans doute bercé trop près du mur lorsqu’il était bambin, est entièrement dévoué à Omar. Vivant presque dans son ombre. Mais il comprend tout avec un temps de retard, sinon deux.

Sauf …

Sauf lorsqu’on parle d’argent, ou d’or, ou d’écus, ou de récompense, ou d’acompte, ou de « double du prix ». En entendant un de ces mots, sa grosse masse flasque frétille comme un poisson tiré hors de l’eau et jeté dans la barque. Des piécettes scintillantes défilent aussitôt devant des yeux avides. Piécettes qu’il entasse à l’avance, avec délectation, sous son matelas maintes fois rembourré.

Et là, en cet instant précis, son neurone crie « hip, hip, hip, hourra ! »

Le gros Paco en oublie même le « sale pouilleux » que la captive lui a craché à la face, et qui, en des temps moins cléments, lui aurait valu une solide paire de claques sur son popotin rebondi, coincé entre les cuisses du pachyderme et la crinière du canasson. Hé oui, Paco jubile en cet instant, et ses grosses mains aux doigts boudinés s’infiltrent, se forcent un passage dans les poches de la brunette, sous le regard amusé de ses trois acolytes. Et vas-y qu’il trifouille à gauche, à droite, malmenant le tissu, ne ménageant ni ses efforts ni la peau de satin de la donzelle, qui ne peut remuer que le bout des orteils, ce qui s’avère peu utile en l’occurrence.

Un sourire resplendissant apparaît soudain sur la face rubiconde du gorille. Il brandit comme un trophée une aumônière de soie pourpre, brodée de fils d’or et d’argent, aux formes joliment grassouillettes. En hâte il délace les cordelettes de cuir qui défendent l’accès à ce trésor. Le joyeux cliquetis des écus lui arrache un rire gras. Et il compte tout haut … Non, plutôt tout bas, pour éviter les moqueries habituelles de ses compagnons, du fait que ses additions donnent toujours des résultats surprenants. Qu’importe ! Il renonce très vite et tend la bourse à Omar, très fier de sa trouvaille.

Voilà patron, à ajouter à la cagnotte …

Au-dessus de leurs têtes tournoient les premières mouettes.

--Malika


Mains douloureuses à force d’être encore liées, corps rompu d’être encore jeté en travers d’un cheval, Malika se laisse aller au désespoir .
Non, elle ne pleure pas, mais elle passe du plus profond abattement à une colère dévastatrice. L’altercation avec Isabella l’a vidée de ses dernières forces, que peut-elle faire contre sa ravisseuse ? Rien, elle est toujours en position de faiblesse et elle enrage. Arffff ! Si seulement elle était libérée de ses liens.

Ils reprennent la route, et la brune au chignon toujours parfait veut absolument les accompagner, sans doute pour savourer sa victoire ou être sure de son embarquement vers l’Afrique.
« Komisz szajha »( sale garce)

Elle entend Isabella réclamer à boire … « Elle peut pas tenir cette dinde ? »
Les hommes réduisent le pas des chevaux, s’arrêtent et se rapprochent du cheval de l’arrogante Isabella. « Non, c’est incroyable, ils vont lui donner à boire ? »

La gitane soulève la tête pour voir ce qui se passe ? Isabella allonge le bras pour se saisir de la gourde, juste au dessus d’elle, mais les trois hommes se précipitent, la projettent à terre, la ligotent et le Gros Paco, la mine réjouie, la met en travers de sa selle avec une rapidité surprenante pour un homme de sa corpulence.

Malika ne peux pas se retenir de sourire, puis d’éclater de rire, la voyant ainsi réduite à la même condition qu’elle. Un paquet de chair fraîche à vendre.

Elle rit de l’entendre se vanter d’avoir des écus sonnants et trébuchants sur elle.
Je vous donne encore plus que le prix de départ ! Le double si vous voulez ! Et... et je vous fait même un acompte, je peux déjà vous donner une petite partie... que j'ai sur moi !
« Quelle gourde ! En plus, elle va se faire dévaliser. Elle n’est vraiment pas futée ! »

Elle rit de la voir tripotée, sa robe déchirée, ses mèches en désordre, et puis elle est délestée de sa bourse par le gros Paco. Oui, elle rit, n’éprouvant aucune compassion pour la bourgeoise.

Mais soudain, son esprit s’envole vers l’hacienda, vers Rodrigo, les larmes coulent sur son visage. Jamais le jeune marin, son beau capitaine, ne saura ce qui s’est passé, jamais elle ne le reverra. Comment pourrait-il savoir où elle se trouve, personne n’a vu le manège des deux complices, sa mère et son ancienne promise, toutes les deux rouées et le cœur sec.

Le regard à nouveau narquois de la blonde rencontre celui noir et courroucé de la brune. Un pâle sourire aux lèvres, elle murmure au visage tordu de rage tourné vers elle : « Peut êtrrre dois-je croirrre qu’il y a là une justice, celle d’Arrristote ? Oui, c’est possible. Mais ça ne me suffit pas, tu ne m’échapperrras pas, où qu’on aille je me vengerrai, tu n’es plus une grrrrande dame prétentieuse, maintenant, tu n’es plus rrrrrrrien ! Il n’y aurra pas de merr entrre nous, Isabella ! Je te retrouverrai même si je dois te cherrrcher ma vie entièrrre ! »

Epuisée par l’effort, Malika repose la tête sur la crinière sombre de l’étalon. L’odeur musquée du cheval ne la gène pas, elle a été élevée au milieu d’eux, elle y trouve même un certain réconfort.
--Dona_isabella



Encore des cris d'horreurs, mêlés incontestablement à des petits hoquets -tirant légèrement vers des sanglots étouffés- qui s'échappent des lèvres pulpeuses d'Isabella.

Non, non, non fait sa tête en bouffant à moitié la crinière du cheval.

Tout va de travers, normalement son idée d'acompte devait les arrêter, la faire descendre du canasson, la délier et repartir vers le port dans les conditions prévues. Hors, le gros Paco, il a fouillé dans ses poches. Et pas que ça. Ses mains énormes et mouillées de sueur ne se sont pas gênées pour s'infiltrer dans les tissus de sa robe, pinçant et maltraitant sa chair de poupée de porcelaine.


Non, non, non !

Violée, pillée, profanée, qu'elle se sent la bourgeoise. Jamais, jamais personne n'a osé la persécuter ainsi. Elle a envie de mourir plutôt que de rester plus longtemps à côté du marchand qui transpire la graisse par tous les côtés, mourir plutôt que de se sentir sale, les cheveux dans un désordre pas possible, empester le cheval et voir sa si belle robe déchirée.

Enfin, ses envies suicidaires persistent jusqu'à ce qu'un rire cristallin parvienne à ses oreilles. Un rire de femme, un rire de gitane. Vulgaire et moqueur, un rire à gorge déployée. Malika, créature diabolique, maîtresse du Sans-Nom.
A vrai dire, elle l'avait presque oublié, celle-là ! Ben oui, ses soucis sont quand même bien plus importants qu'elle. Le harem en Afrique était maintenant loin dans sa tête, de la première place dans ses objectifs, il est passé dans les derniers.

Un regard haineux, un second haut le cœur, une forte envie de répliquer à ses attaques verbales. Mais le sentiment d'infériorité, maintenant qu'elles sont à égalité, se fait plus grand.
Où est donc l'Isabella hautaine, combattante et fière ?!


Ferme-là, gitane! Ce n'est pas parce que je suis réduite à la même misère que toi que la partie est terminée, ni même gagnée !

Ah bah, elle était là, cachée derrière un buisson !

Tu me retrouveras ? D'accord, je t'attends, mais une bonne volée de coups te trouvera aussi ! Elle crache par terre, la jolie bourgeoise. Bien étranges manières pour une fille si bien éduquée. Voilà que la tzigane déteint sur elle !
Et si tu étais restée chez toi, dans ton pays de malheur, nous ne serions sûrement pas ligotée ! Tout ça est de ta faute, de ta faute, de la TIENNE ! crie-t-elle, au bord de la crise de nerfs.

Et de nouveau, sa tête se colle au flanc du cheval et ses yeux mouillés de fatigue, de rage et d'impuissance se mettent à fixer le sol, de plus en plus blanc, de plus en plus soyeux, de plus en plus sablé...
--Joaquim



Non ! Non ! Non ! Et Non !
Pas maintenant, pas maintenant !

Les mots, les sentiments dominés par la haine se bousculent dans son esprit. Il avait tout organisé, tout planifié. Tout était sous contrôle. Il avait annoncé sa retraite... Eliminé son plus grand ennemi… Mis sur pieds sa succession. Son fils allait étendre son autorité sur un domaine si vaste et si étendu, qu’il serait tranquille jusqu’à la fin de ses jours. Cerise sur le gâteau, il avait trouvé une petite mignonne.
Tout lui souriait. Et qui le trahit, hein qui ?
Sa femme, chez lui, dans son dos…
Ah ça non, elle lui paierait cher cet affront…très cher…
Il lui avait épargné la mendicité, le couvent, lui offrant un lieu paisible pour finir sa vie. Et elle le trahit.
Attends que je te mette la main dessus, vieille morue…
Joaquim ne savait plus s’il pensait ou s’il parlait tout seul.

Qu’importe, il était sur que ses compagnons pensaient la même chose.
Une odeur de haine, d’inquiétude, et de vengeance régnaient dans le groupe de cavaliers.

Les chevaux étaient menés sans ménagement. S’il y avait eu une course ce jour-là, un record aurait été battu.

Le cheval de son fils était devant lui, et ce bougre menait si vivement sa monture qu’il commençait à distancer Joaquim et Sajara.
Crachant la poussière qui lui revenait des sabots du cheval de son fils, il maudissait sa vieillesse. Son fils le distançait. Etait-ce la fougue, ou l’amour du jeune qui le poussait à aller toujours plus vite.
L’amour donne des ailes.

Au loin, une silhouette se détachait. A l’allure à laquelle le trio avançait, ils distinguèrent assez vite qu’une cavalière se dirigeaient vers eux.

En la croisant, Rodrigo et Sajara n’eurent aucune réaction, mais Arminho reconnu sa femme, et lui adressa un geste non équivoque sur ce qu’elle allait subir.
Elle en fut des plus surprise et blêmit.
Elle avait signé son arrêt de mort.

Joaquim se dit qu’elle déguerpirait, et qu’il ne la verrait plus sur ses terres.
La peur est un bon carburant.

Les chevaux filaient toujours et encore. Ils allaient les faire crever, c’est sur…
Jamais ils n’arriveraient à rattraper les esclavagistes…
Le Lieu de rendez-vous, enfin…
Personne ! Evidemment !
- Plus vite ! cria Rodrigo.

Les bêtes se ruèrent de plus belle…
Le paysage défilait toujours plus vite.

Sur sa selle, Arminho commençait ressentir ses efforts…son dos se rappelait à son souvenir…
Bizarre, il ne sent plus sa blessure, mais son dos le fait horriblement souffrir.
Sans perdre l’allure folle, il essaie de se contorsionner sur sa selle. Il essaie de trouver la position la moins douloureuse…en vain…

Tenir ! tenir encore… jusqu’au foutu bateau de ce pourceau d’esclavagiste…
Pourvu qu’on le trouve à temps…
Pour l’instant ça va il n’y a qu’une route qui mène à la mer de ce côté…
- Fils ! A la mer! Ils ont prévu de s'enfuir en bateau...
Joaquim criait de toutes ses forces.
Tel sur un cheval ailé, le rejeton prenait son envol vers sa bien-aimée.
Sajara cravachait de plus belle pour ne pas être lâché par l'Héritier.
--Omar_ben_chaffar




Le temps d’empocher l’aumônière de la brune, et voilà que les premiers rouleaux d’écume apparaissent entre les arbres. La mer est là, à deux pas, en contrebas, ainsi que le port confortablement niché entre la plage et la forêt. L’animation habituelle règne entre les vastes entrepôts, les pontons d’embarquement, et les longs débarcadères qui s’étirent vers le large. Les brigands ont posé le pied à terre, laissant prudemment les montures et les captives à l’abri de la végétation, sous la surveillance zélée du gros Paco.

La procédure habituelle se met en place. Elle consiste surtout à embarquer la bourgeoise et l’intrigante sur le trois mâts du capitaine Ramirez dans la discrétion la plus absolue, sans qu’aucun témoin n’assiste à la scène, hormis l’équipage. Une carriole, tirée par deux chevaux, se détache des quais encombrés, à la suite d’un signal convenu entre Omar et les marins présents sur le pont, et la charrette, conduite par un matelot rougeaud et affreusement édenté, grimpe lentement vers l’équipe du marchand d’esclaves, par un sentier escarpé et sablonneux.

Le carrosse de ces dames est en route, plaisante Omar. J’espère que notre bon capitaine n’aura pas oublié les sacs de jute, pour y enfermer nos donzelles jusqu’à ce qu’elles soient à bord.

Il sourit … Je pense qu’il est préférable de ne pas les mettre dans le même sac. Même ligotées elles arriveraient à se mordre et à se griffer comme des chattes sauvages.

La charrette s’immobilise enfin près d’eux, en haut du chemin, à l’ombre des arbres. Le gros Paco amène aussitôt les prisonnières, une sous chaque bras, comme deux paquets de linge sale. Blonde et brune tentent un instant de se débattre, mais la poigne de fer de l’obèse les immobilise totalement. Hop ! Il les jette sans ménagement au fond de la carriole, et s’empare d’un sac de toile qu’il entrouvre largement.

Omar s’approche à son tour, prêt à plonger une des deux donzelles au fond du havresac miteux.

--Julio.


Julio faisait partie de la bande d’Omar depuis de nombreuses campagnes.
Il était assez fluet, pas très grand, mais terriblement malin.
C’était sa force !
Petit mais roublard, rusé et terriblement mesquin.

Il avait un abord plutôt sympathique, nonchalant et paraissait détaché de tout ce qui l’entourait.
Cette fausse décontraction l’avait servit plusieurs fois. On ne le soupçonnait jamais en cas de trahison.
Lui ? Le frêle ! Bah non pas possible, il ferait dans ses pantalons au moindre bruit, jamais il ne trahirait personne, il est trop couard.

Julio n’avait qu’un seul maître l’argent, et sous ses airs de benêt et de rigolard il le servait bien.
Il se serait damné pour un écu, il vendrait père et mère pour une piécette.

Il gagnait pas mal d’argent dans les trafics de son chef Omar, mais il n’en avait jamais assez. Il devenait toujours plus gourmand. Alors, quand la fouine lui proposait de gagner beaucoup d’argent, en faisant ce qu’il savait faire. Aucune hésitation. Il lui suffisait de répéter ce qu’il voyait. Un jeu d’enfant !
La loyauté n’était pas son fort. De plus, il n’était pas attaché à ses compagnons.

Cette affaire, selon Omar, est une vraie mine d’or ! Mais Celui qui va empocher le pactole c’est lui : Julio. La fouine lui avait promit une grosse somme.
Au début, Il n’avait pas compris.
Mais maintenant, sachant la valeur des marchandises transportées …
Il se souvient du sourire de la Fouine au fur et à mesure de ses révélations. Ce bougre d’espion avait compris. Evidemment, lui avait plusieurs sources, centralisait les informations. Il pouvait recouper, réfléchir et déduire. Tel un enquêteur, il pouvait recoller tous les morceaux et reconstituer le puzzle.

La fouine avait promis à Julio, une énorme somme d’argent, en échange de ses informations.
- Avec ça tu vas pouvoir prendre ta retraite, t’offrir la taverne de tes rêves. Lui avait il assuré.
-Ton chef fera son dernier trafic, ce sera sa dernière erreur s’il se compromet dans ce marchandage.

Cela le faisait saliver le Julio. Il ne comprenait pas pourquoi ce serait sa dernière affaire et sa dernière erreur. Des affaires comme celle-ci, il avait l’habitude de les mener à bien. Mais qu’importe !
Oui ! une taverne !
Oh mais pas pour prendre une retraite bien méritée, non, non …
Ce sera un lieu pour continuer ces trafics, blanchir ses écus.
Il s’y voyait déjà le Julio ! Quel beau tableau !
CHEZ JULIO ! Taverne et trafics en tous genres.

Ah tiens nous voilà déjà presque à bon port, pensa Julio en souriant à sa réflexion.
Les affaires sont bonnes et tout ce passe comme prévu, il va pouvoir jouer sur tous les tableaux.
En contrebas, on voit le bateau de Ramirez. Une belle ordure aussi celui-là. Mais, si compréhensif, un solide allié dans les affaires.
La charrette se présente conduite par un marin aussi rustaud que laid.
Voilà le tour est dans le sac, les donzelles vont bientôt disparaître et ce à jamais de cette terre portugaise.
Julio regarde alentour, il est de guet. Il s’éloigne du groupe pour mieux surveiller. C’est à lui de donner l’alerte, si un problème se présente.

Et ce problème on dirait qu’il arrive, qu’il chevauche trois chevaux lancés à toute allure.
Par les cornes de Belzébuth !
Qu’est ce que ?

Le sang de Julio se glace quand il aperçoit un jeune homme, un gigantesque maure, et Arminho …
Par l’enfer, maintenant tout s’éclaire.
Julio comprend en une fraction de seconde que le trio est lancé à leurs trousses.
Il comprend également que dans ce trio il y a ce fou furieux d’Arminho, le « Sans quartier » !
Ils vont nous exterminer ! pense Julio.
Il comprend dans l’instant quelle était cette dernière erreur d’Omar. Il revoit le visage de la Fouine et son grand sourire sadique.

Je crois que l’heure de décamper est venue.
Sans le moindre bruit et laissant son cheval sur place, Julio s’enfonce dans un champ. Dissimulé par les herbes le brigand, futur tavernier, ne demandant pas son reste, prend la poudre d’escampette.


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