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[RP] De la roulotte à l'hacienda

--Rodrigo




Et trois démons échevelés fondent en hurlant sur le ramassis nauséeux d’odieuses crapules, surprenant les malandrins alors qu’ils se gaussaient grossièrement des deux captives déjà plus qu'à-demi enfoncées dans un sac de jute.

Trois, ils ne sont que trois, mais ils ont en eux la rage et la férocité d’une horde de loups en quête de proies à déchiqueter.

Excitée par ce tintamarre, par les cris de haine et de défi, la monture de Rodrigo se cabre, éparpillant devant elle la meute des brigands. L’un d’entre eux s’écroule, touché au visage par les sabots du cheval, et geignant lamentablement tout en recrachant une poignée de molaires et d’incisives.

Les yeux inquiets de Rodrigo fouillent l’ombre des hautes frondaisons. Les battements précipités de son cœur ne sont pas dus à cet affrontement sauvage qui débute. Non. Où est Malika ? C’est son seul soucis, son unique priorité. S’il lui est arrivé malheur, il va déclencher un horrible massacre. Le sang de ses victimes va colorer de teintes écarlates le gris de la mer. Soudain son cœur fait un bond ! Malika est là, tâchant vainement, par mille reptations, de se glisser hors d’un havresac qui l’emprisonne presque totalement. A côté d’elle, dans la charrette, Isabella fait de même. Etrange, voilà que la brune, cruelle instigatrice du rapt de sa rivale, est également captive des truands …

Pas le temps d’approfondir la question ! Tel un fou furieux, Rodrigo jaillit de sa monture, se précipite d’un bond dans la carriole, et tranche d’une main ferme les liens qui immobilisent les deux jeunes femmes. Dieu qu’il aimerait prendre le temps de serrer sa gitane entre ses bras. Dieu qu’il a eu peur de la perdre définitivement. Mais, autour d’eux, Omar et ses troupes ont repris du poil de la bête. Les lames des épées scintillent sous les rayons du soleil. La surprise est passée, les truands s’organisent, et les premiers cliquetis des armes qui s’entrechoquent se répandent dans les sous-bois. Rodrigo a juste le temps de caresser la joue de sa gitane avant de se jeter dans la mêlée.

Il lui murmure dans un souffle … Amour, éloigne-toi du combat, cours vers les arbres et cache-toi !

Puis il lance un regard mauvais à Isabella. Ses doigts se crispent sur la poignée de son épée … Quant-à-toi, si tu as réellement cherché à nuire à Malika, tu ferais mieux de disparaître sur le champ ! Prends un cheval et va t-en d’ici avant que je ne change d’avis !

Tout-à-coup, la carriole tremble sur ses roues, contraignant le jeune officier à s’accrocher d’une main à la cloison de bois. Le marin édenté se hisse à l’intérieur, le visage ensanglanté, vomissant un chapelet d’injures et de menaces. Il n’ira pas plus loin. La jambe de Rodrigo se tend instantanément, et son pied droit percute la mâchoire du gredin, qui s’affaisse lentement dans le sable et les cailloux du sentier. Un de moins !

--Dona_isabella


Isabella la grande, Isabella la belle, Isabella la respectée. Isabella la fière, Isabella la flamboyante portugaise, Isabella la bourgeoise. Oui, cette Isabella, elle est tout plein de choses.
Sauf qu'à ce moment là, -alors que le gros Paco la jette dans une carriole- tous ces petits adjectifs flatteurs n'ont plus aucune valeur. Elle n'est plus dans son monde, là où elle est maîtresse des lieux, là où les règles ne lui sont que favorables et que chaque personne lui obéit au doigt et à l'œil. C'est une autre planète, où tout marche à l'envers, les gueux sont vénérés et les riches sont esclaves. C'est un Portugal qu'elle ne connait pas. Un Portugal où elle se sent dépaysée et dominée.

Dépassée encore une fois par les événements, l'hygiène douteuse de Paco et la blonde qui ne cesse de la narguer du regard, la brune se laisse aller dans le sac miteux. Ses pieds, ses cuisses, son ventre, sa poitrine, disparaissent à l'intérieur. Puis sa gorge, sa bouche, son nez...

Des hurlements furieux retentissent au port. Les yeux d'Isabella, eux, sont toujours là, à regarder le spectacle, éberlués. Le temps s'arrête lorsqu'elle voit les trois cavaliers se river vers la carriole. Tout va au ralenti, le cheval qui se dresse sur ses pattes arrières, un fidèle d'Omar à terre, l'épée de Rodrigo qui se lève, meurtrière, qui tranche ses liens et ceux de la gitane.
Fixant intensément les lèvres du marin, c'est à peine si elle comprend ce qu'il lui dit. Mais son regard enragé lui fend le cœur en deux, vraiment.

Est-ce fini ? La guerre est finie ? Et elle a perdu ? Est ce ça la fin de l'histoire ?

Ses poings se crispent, de nouveau le temps reprend son cours, les cris fusent, les coups de lame résonnent. Elle se lève, tout son corps redoublant d'excitation et de hargne, saute à terre, retombe sur des pieds endoloris et gélatineux et s'affale dans le sable chaud, la tête la première. Dommage, sa sortie était presque réussie.
Elle se relève, donc, esquive de justesse un brigand qui se bat avec Rodrigo, parvient jusqu'à un cheval -qui n'appartient visiblement à personne- puis se hisse dessus.

Une œillade furtive autour d'elle.

Non, ce n'est pas la fin.
Elle claque ses talons contre le flanc de la bête, tire sur les rennes et fait demi tour, à l'opposé du port.
La fin sera seulement quand elle, Isabella Gonzales d'Almirante, l'aura annoncé.
Fuir, prévenir doña Philippa, et trouver un plan d'urgence avant que la situation ne s'empire. Telles sont ses intentions pour le moment. A moins que...
--Le_gros_paco




Ah non ! S’il y a sur terre une chose qui irrite profondément Paco, qui déconcerte son esprit poussif éprouvant toujours le besoin impératif de se reposer sur des consignes précises, c’est qu’une bande de fieffés gredins surgisse de cette manière, le couteau entre les dents, et perturbe les plans les plus savamment élaborés.

L’obèse est plein de bonne volonté lorsqu'il faut croiser le fer ou distribuer des torgnoles, mais le voici contraint d’éviter les sabots d’un cheval dressé sur ses pattes postérieures, et de reculer de quelques pas, guettant déjà les réactions d’Omar, espérant y trouver une ligne de conduite ou mieux même obtenir quelques instructions. Mais le patron a d’autres chats à fouetter. L’épée au poing, le maure se lance en direction de leurs agresseurs, rameutant ses fidèles autour de lui d’une voix autoritaire et passablement énervée.

Bon ! Dès lors Paco se débrouillera seul. Puisque Omar lui a confié la responsabilité des deux prisonnières, il va se montrer à la hauteur de sa tâche. Bon sang ! On lui répète sans cesse qu’il n’est pas le plus éveillé de la troupe, mais cette fois-ci il va stupéfier ses comparses. Chacun reconnaîtra enfin qu’il est un des rouages essentiels de l’organisation, le mammouth ! Ouille ! Voici que l’histoire se complique. Un grand escogriffe vient de libérer la blondinette et la brune aux gros seins, qui s’échappent toutes deux de leur prison de jute. La bourgeoise a déjà sauté sur un cheval et s’éloigne au galop. Oh mais non, c’est pas permis, c’est son canasson à lui qu’elle a sous les fesses ! Maudite créature ! Mais c’est du vol, ça !

Tout-à-coup un corps s’affaisse à ses côtés, et glisse sous la carriole. C’est le vieux marin, dont le pif vient d’exploser sous le talon du joli-cœur. Pauvre gars … Paco l’a bien reconnu, c’est le joyeux drille qui raconte toujours des histoires drôles sur le bateau, et qui les répète même deux fois quand l’obèse ne les comprend pas tout de suite. Non, ça ne va pas se passer comme ça ! Une colère terrible le pousse à l’action, le gros Paco ! Son regard bovin se pose sur l’ardent défenseur de ces dames, toujours fièrement dressé dans la charrette, et couvant des yeux sa greluche. Tu vas voir, mon gaillard …

Le mastodonte se précipite. Ses doigts boudinés agrippent les flancs de l’antique chariot, et, au prix d’un effort colossal, il soulève le véhicule et le renverse dans le sentier, ahanant ensuite comme un lutteur de foire après un dur combat. Le freluquet roule dans les cailloux, jusqu’aux buissons les plus proches.

Et maintenant ? Ah oui … Le pachyderme ramasse son épée et court vers l’inconnu afin de le couper en rondelles. On va voir ce qu’on va voir ! On n’aurait pas du lui voler son cheval ! Non mais c'est quoi ces manières …

--Malika


Au milieu de la poussière soulevée par les sabots des chevaux et des cris de surprise et de rage poussés par les hommes d’Omar, Malika le voit, elle ne voit que lui. Il est là, son beau Capitaine. Il est venu la libérer.

Elle ne sent plus ni la fatigue, ni la peur, ni même l’odeur de poisson séché que dégage le sac de jute dans lequel ses ravisseurs allaient l’enfermer.

D’un coup d’épée Rodrigo tranche les liens qui l’entravent, et le cœur de Malika explose dans sa poitrine. Leurs yeux se croisent, se criant leur Amour. Rodrigo prend le temps de lui caresser la joue, lui conseille de s'éloigner, de se cacher parmi les arbres !
C'est la voix de la raison. Elle ne peut rien faire pour l’aider contre ces brutes. Elle ne fait pas le poids contre ces monstres.
Vite, elle court vers le bosquet de chênes, et, s’appuyant contre un tronc rugueux, elle reprend son souffle. Son regard balaye la scène.
Monté sur le charriot branlant, d’un coup de botte Rodrigo a déjà mis un homme à terre. Le marin édenté crache ses dernières dents. Les chevaux sans cavalier hennissent et ruent des quatre fers. C'est la pagaille autour de la carriole.

Soudain la gitane pousse un cri rauque.

Ver az vrat ! ( Par le sang du seigneur ! )

Isabella n'a pas perdu un instant. Elle a enfourché la carne sur laquelle le gros Paco l’a transportée, et déjà s’éloigne à toute allure en direction de la plage.

Malika hausse les épaules. Plus question pour elle de s'éloigner de son amant. Que cette mégère aille se faire pendre ailleurs. Elle secoue légèrement la tête, et marmonne Kö :üsse ! ( Que le diable l’emporte ! )

Mais la haine est plus forte que la raison. La fière gitane serre les poings en maugréant.

Haaaaaaa Non ! Mille fois non ! Elle ne va pas s’échapper comme ça, pas sans avoir payé le mal qu’elle m’a fait ! Elle m'a humiliée, réduite à l’état animal, frappée alors que je ne pouvais pas me défendre ! Il faut que je l'empêche de fuir ! Il me faut à tout pris une monture !

Livré à lui-même, Tempête, l’étalon de Rodrigo, s’est rapproché du bosquet. Doucement Malika l’appelle.
Le Magnifique étalon noir donne du col. Ce brave compagnon, ils l'ont acheté à Paris, et avec lui ils ont franchi les cols des Pyrénées, pour arriver ici, à l’Hacienda.

Quand ? Il y a déjà un siècle ... Confiant, il hume l’air en renâclant. Malika se saisit des brides, et après une caresse sur le cou de l’étalon, l’enfourche, ses cuisses nues enserrent les flancs de Tempête. En douceur elle tire légèrement sur les rênes, le mors lui donne la direction à suivre, elle le talonne, et la voilà femme centaure, la voilà amazone vengeresse.
Elle fait corps avec le majestueux pur-sang lancé au galop, et se penche à son oreille, l'encourageant de quelques mots.
Allez va ! Va mon beau !

Cette maudite Isabella a pris une avance considérable, mais, sur la plage de sable blanc, Tempête peut libérer toute sa puissance, et l’écart se réduit rapidement.
--Dona_isabella


Les sabots du cheval au galop laissent derrière eux une trainée de poudre sablée tandis qu'Isabella se perd dans le bercement des vagues alléchantes. Des grains de mélancolie viennent se coller à ses pupilles, alors que ses cheveux volent au vent, laissant sa nuque respirer à nouveau. Enfin, elle se retrouve, sereine et d'attaque pour trouver une solution à son problème.

Analysons la situation : leur plan a totalement échoué, Rodrigo les a retrouvées, Omar et sa clique vont se retrouver avec quelques membres en moins et le père Joaquim va sûrement y fourrer ses pattes. Oui, vraiment, tout va mal. Tout ça pour une gitane au nom horriblement inharmonieux. D'ailleurs, que va-t-elle faire maintenant ? Refaire sa belle auprès du marin, le reconquérir. Tss, tous ces efforts pour rien. Quel gâchis, quel gâchis !

Mais ? D'où viennent ces cris sauvages ? Et, pourquoi ces mêmes cris se rapprochent ?
La bourgeoise tente un regard en arrière.


Non ! Encore elle !

Elle pousse un cri de rage, libérant encore une fois -et sûrement la dernière- toute la fureur en elle. De ses lèvres s'échappent des jurons horribles, qu'une dame digne de son nom ne devrait prononcer. Non, là non, c'en est trop !

Tu veux jouer ? On va jouer !

Elle tire sur les rênes du cheval, se met en appui sur les étriers, et se penche en avant pour prendre encore plus de vitesse.
Le galop se fait plus rapide, des petites larmes se forment au coin de ses yeux, mais elle ne perd pas le nord, Isabella. Enfin, si, elle l'a perdu depuis longtemps, l'est paumée dans un coin du Portugal sans pouvoir rien faire. On dira plutôt, elle n'a pas perdu de vue son objectif !


Suis moi, si tu en es capable...

Là, elle tourne brusquement, quittant le sentier encore praticable pour le sable, le vrai, le pur et le profond. Les pattes du canasson s'y enfoncent, il hennit de désarroi ou peut être de surprise, la brune hurle "avance! avance", de peur d'être rattrapée par la gitane.

Le cheval manque plusieurs fois de tomber, se rattrape de justesse, reprend sa route, difficilement. La cavalière ne sait pas vraiment où elle va. A moins que le-plus-loin-possible-de-Rodrigo-et-sa-bande ça compte. La seule chose qui importe, c'est d'être isolée. Isolée pour pouvoir lui mettre une bonne raclée !

Et, c'est dans l'aveuglement le plus total, que la jeune portugaise se retrouve à grimper une dune du Portugal, suivie de près par Malika.
--Rodrigo




Les oiseaux volent.
Les papillons volent.
Et soudain, comment est-ce possible ? Voilà que Rodrigo vole aussi … Il est catapulté dans les airs, projeté vers l’azur comme un fétu de paille emporté par une bourrasque.

Plus dure sera la chute, dit-on.
Par bonheur il retombe dans une couche épaisse de sable mou, les bras en avant, réussissant quelque peu à amortir son plongeon inattendu. Et il roule jusqu’au pied des mimosas, qui arrêtent sa voltige vertigineuse, son roulé-boulé acrobatique mais peu académique. La carriole s’écrase aussi à ses côtés, dans un grincement déchirant de sa vieille carcasse toute disloquée. Rodrigo se secoue la tête, tentant de reprendre ses esprits. Son ancienne blessure à la hanche manifeste un vif mécontentement d’être ainsi réveillée et maltraitée. Mais bon, dans l’ensemble, plus de peur que de mal.

Tout-à-coup, une ombre d’une taille phénoménale étend sur lui sa grise pelisse, et le recouvre entièrement. Juste ciel ! Rodrigo lance un regard affolé dans cette direction. Un pachyderme au souffle court, bredouillant un chapelet d’infâmes jurons, destinés surtout à une voleuse de chevaux, a surgi dans son dos, l’épée à la main, tendue vers lui. C’est une montagne qui se déplace. Le jeune officier a juste le temps de se précipiter dans les buissons avant d’être embroché sans pitié.

Il se redresse ensuite, tant bien que mal, légèrement groggy, les yeux inspectant rapidement le champ de bataille et le sentier serpentant vers la mer. En vain. Son épée semble bel et bien avoir disparu … tout comme disparaissent vers la plage deux chevaux lancés au galop. Bon sang ! Le jeune homme identifie instantanément les cavalières. Malika n’a pu s’empêcher de poursuivre Isabella, sa rivale détestée. Les voici à nouveau séparés. Quelle imprudence ! Que va t-il se passer si sa gitane rejoint la brune ?

Rodrigo n’a pas le temps de s’inquiéter davantage pour sa belle ! Le gorille fond déjà sur lui, sa lame prête à le fendre en deux. Le jeune officier est à nouveau contraint d’esquiver, et de reculer, parvenant à placer entre eux un arbuste maladif, frêle barricade pouvant ralentir un instant le monstre velu.

--Malika


Dans l'excitation de la poursuite, Malika encourage Tempête de la voix, et l'écart diminue peu à peu. Le cheval qu’a emprunté Isabella est maigre et mal entretenu, l’étalon noir va n'en faire qu’une bouchée.

Cependant, Isabella s'est retournée, a vu sa poursuivante et s'est mise à pousser son cheval au maximum de ses possibilités.

La blonde gitane est encore loin, mais elle voit la brune qui décide soudain de quitter la grève plate et rectiligne, et qui engage sa monture dans l'escalade de dunes sauvages et désertiques, difficilement franchissables pour les chevaux.

Elle est folle ! pense Malika, son cheval va s’enfoncer dans le sable sec et mou.

Qu'importe le but de cette manoeuvre, Malika refuse d'abandonner la poursuite.

Tu peux essayer ce que tu veux, szuka (chienne), je ne te lâcherai pas.

Elle a trop souffert pour laisser s'échapper cette rivale si cruelle et à l’orgueil dévorant, qui n’a pas su perdre avec noblesse. Elle ne lui fera aucun cadeau comme Isabella ne lui en a pas fait dans la crypte.

Malika n'est cependant pas sûre du tout de pouvoir dominer la bourgeoise dans le corps à corps désormais inévitable, elle a été trop affaiblie par sa détention, mais elle se fie à sa bonne étoile, au sang de ses ancêtres nomades, à la rage et à la haine qu'elle éprouve, qui lui donneront la force nécessaire. Du moins elle l’espère …

Tempête rencontre également des difficultés à dompter le sable mou et la côte abrupte, mais c'est une bête puissante. Peu à peu, Malika gagne du terrain et arrive enfin à la hauteur d'Isabella. Les flancs recouverts d’écume de leurs montures se frôlent. Les regards des deux jeunes femmes se croisent, assombris par la colère.

En un éclair, Malika revoit les camps de son enfance. Les cosaques qui lui ont appris à monter seraient fiers d’elle. En un éclair elle se remémore les gestes de voltige durement appris. Pour raccourcir les rênes elle les prend entre ses dents, et elle abandonne les étriers. Gênée par la selle, elle recule sur la croupe large et solide de l’étalon où elle arrive à se mettre à genoux, prenant ainsi de la force pour se projeter. L’accord entre la cavalière et la monture est parfait.

Malika pousse un hurlement sauvage en se jetant sur Isabella, la brune est désarçonnée, et elles tombent au sol, roulant dans le sable, corps et membres emmêlés.

Deux panthères, l’une fauve, l’autre noire, décidées à combattre jusqu'à la mort …
--Le_gros_paco




Après son vol plané, gracieusement offert par le gros Paco, voilà que le freluquet se faufile en rampant entre les buissons, ondulant comme ces anguilles qui fuient les bottes du pêcheur parmi les plantes aquatiques. Le mammouth se précipite vers lui, avec une ardeur méritoire, mais une efficacité limitée. Sa lame fend l’air à maintes reprises, de gauche à droite, de haut en bas, mais elle n’écrase que les cailloux, ne décapite que les branchages.

Et le pachyderme s’énerve ! Cette course-poursuite lui rappelle ses limites. Non, agilité et souplesse n’entrent pas dans ses aptitudes physiques. Lui, il est le prototype parfait du colosse bête et méchant, celui qui explose une citrouille d’une simple pichenette. Il en est conscient, mais bon, que faire d’autre ? Et zou ! sa lame s’abat encore, mais ne heurte cette fois qu’un modeste galet égaré qu’elle pulvérise en mille miettes. Le chéri de ces dames s’est relevé, il est déjà à trois pas, se réfugiant derrière un arbuste minable.

L’adipeux s’approche du moustique. Il feinte. Il fait mine de partir à droite et démarre vers la gauche, mais ses déplacements sont trop laborieux pour surprendre son adversaire qui évite ses attaques avec une vivacité étonnante.

Paco s’essouffle. Sa respiration est sifflante comme celle d’un vieillard asthmatique cloué au lit. Rien à faire. Jamais il n’y arrivera tout seul. Regard implorant vers ses comparses. Non, aucune aide à attendre d’eux pour l’instant.

Le gorille pousse un long cri de rage et d’impuissance. Devra t-il abdiquer ? Ranger ses envies de meurtre ?

T’en as pas marre de déguerpir ? Viens te battre comme un homme … hurle t-il ! Mais cette idée ne semble pas enthousiasmer le galant homme, dont les yeux fouillent toujours le sol à la recherche d’une arme quelconque.

La colère et la frustration arrachent à Paco un rugissement bestial, qui s’échappe du plus profond de ses entrailles. Sans réfléchir, il tranche net le pied de l’arbuste qui le sépare du gringalet, et il éloigne tiges et tronc d’un bon coup de botte. Comment n’y a t-il pas pensé plus tôt ?

Le godelureau voit ainsi s’envoler son écran protecteur. Il recule encore et toujours, mais, derrière lui, à demi-camouflées par les branchages, se dressent les murailles épaisses d’un ancien bâtiment du port. Toute fuite semble désormais impossible. Un sourire éclaire la face rubiconde du gros Paco.

--Dona_isabella



... combattre jusqu'à la mort, et plus encore.

Les deux femmes roulent dans le sable brûlant tandis que les chevaux continuent leur course, redescendant de nouveau vers le littoral.
Cette fois elles sont seules. Enfin, le face à face tant attendu. Plus de limites, plus de règles, tout est permis, elles sont prêtes à tout pour l'amour d'un homme.

Et leurs chevelures s'enchevêtrent, formant un joli mélange de brun et d'or dominé par un beige tendre et brillant, reflétant chaque rayon du soleil. Et leurs bras et leurs pieds aussi s'emmêlent, se démêlent, s'agrippent, le tout en puisant quelques forces dans des cris sauvages à moitié étouffés à cause du sable qui vient se poser sur les palais asséchés des donzelles.
Elles dévalent ainsi la dune, dans un roulé-boulé bruyant et haut en couleurs.

Une fois sur la terre redevenue plate, Isabella s'empresse de reprendre le contrôle de la situation, grimpe sur Malika, à califourchon. Vite, elle prend une poignée de grains dorés qu'elle jette au visage de la gitane.

BOUFFE CA !

Encore une autre plus grosse, tiens, dans les dents ! Dans le nez !

Alors, blondasse, on fait moins la maligne ?!
Damoiselle la fille du déserrrrrt ! L'est bonne ta terre ?!


Puis elle pose les mains sur sa gorge, pressant avec force. Un sourire plein de sarcasme s'étire sur ses lèvres.

Tu ne me fais pas peur ! Quel soulagement, je peux enfin t'abimer ! On commence par quoi ?! Les yeux, la bouche ? Ou tu préfères mourir tout de suite ?

La pression de ses doigts se fait plus insistante, sa colère plus puissante, et lorsque leurs regards se croisent, encore une fois, les jurons fleurissent.

Sorcière ! Crève ! Gitane méprisable ! Catin ! CATIN ! Crève ! Tu n'as rien à faire ici ! RIEN !
--Malika


Enchevêtrées dans une douloureuse étreinte, elles ont dévalé la pente de la dune rose. Et c’est Isabella qui se montre la plus prompte et la plus habile à se ressaisir. Elle prend nettement le dessus sur la jeune gitane, lui jette des poignées de sable dans la bouche, dans les yeux, puis lui serre la gorge avec une fureur sans limite.
A moitié étouffée par les doigts crispés autour de son cou, Malika réalise avec effroi qu’Isabella possède une force qu’elle ne soupçonnait pas. Et elle est submergée par la hargne et l’ardeur de sa rivale. Un voile rouge passe devant ses yeux, l’air ne passe plus entre ses lèvres asséchées. Malika gémit, la douleur est atroce. Sous ses paupières mi-closes, ses yeux sont à vif. Elle a le sentiment que des millions d’aiguilles les transpercent.

Comme dans un cocon, un murmure lointain, elle entend les injures et les menaces proférées par la bourgeoise, qui n’a plus du tout l’air d’en être une. L’impitoyable brune les lui répète encore et encore, d’un ton méprisant, bien décidée à la détruire sans tarder.

Mais dans cette terreur qui l’envahit, et dans les injures proférées par Isabella, la gitane puise une force inespérée.
Haaaaaaaa ! Tu veux que je meure ?
Non ! Mourir ? Il n’en est pas question une seule seconde. Maintenant qu’elle est libre de ses gestes, elle ne va pas se laisser éliminer par cette maudite bourgeoise.
Ses doigts s'accrochent de toutes ses forces aux poignets d'Isabella. Il faut qu'elle réussisse à se dégager de cette étreinte au plus vite, sinon elle n’y parviendra plus.
Malika produit un effort gigantesque, qui lui arrache un long cri de douleur. Hélas, Isabella la maintient toujours au sol, le sourire dédaigneux, les pouces joints pressant sur sa gorge.

Les mains de la gitane glissent le long des bras de sa rivale. Sans réfléchir, elle agrippe deux doigts d’Isabella et les lui tord brutalement. Le hurlement poussé par son adversaire lui donne à penser qu’elle a du lui casser les doigts.
Cette fois la pression sur sa gorge prend fin, en sifflant l’air rentre dans les poumons de Malika, elle arrive à inverser la situation en roulant, et elle se retrouve à cheval sur le corps de la brune. Elle se met à la gifler avec rage.
Tiens en voilà une pour la soupe brrrûlante, une autre pour m’avoirrrrr humiliée, une autre pourr m’avoir enferrrmée dans la crypte, et frrappée sans que je puisse me défendrre…

Malika devient folle, la rage l’aveugle, elle frappe à tour de bras la belle brune dont les joues prennent un ton vermillon.

Ha ! tu veux que je crrrrèveeee ! Dis toi que j'ai quelque chose à fairrre ici, puisque c'est Rodrrrigo qui l'a voulu ! Lui me veut vivante ! Tu n'aurrras pas ma peau, je la vendrai chèrement.

--Dona_isabella


Les cris de douleur font un joli duo avec le bruit des claques, bien en rythme, dans le bon tempo, et tout. Une musique pour le moins étrange, intensifiée de temps en temps par une mélodie allègre aux mots roulés. Et puis, c'est une note brusque, un bémol, qui provoque une montée en puissance, un crescendo dans toute sa splendeur.

Isabella à l'impression de se trouver sur un bûcher. En même temps, les conditions sont les mêmes, ou presque. Le sable est brûlant, le soleil tape fort, tout comme les mains de Malika, et ses malheureux petits doigts souffrent le martyr, d'ailleurs ils commencent à virer au bleu.

Ses joues, maltraitées, sont écarlates. Elles s'embrasent, s'incendient. Et elle à mal, la bourgeoise. Jamais on ne lui a fait ça. Jamais personne n'a osé. En général, c'est elle qui met des claques. Claquée la claqueuse !
Si ça se trouve, ses pauvres joues saignent, et les marques des phalanges de la gitane vont se retrouver à jamais gravées dans sa peau...


NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNN !!!!!!!

Le cri sort du plus profond de ses entrailles, de sa chair violentée, de toute cette haine, cet amour, cette fatigue. Elle devient folle, Isabella. Elle lie sa folie à celle de Malika, ce qui enclenche une éruption de rage et de colère. Deux furies dans le désert, c'est pas un peu trop dangereux ça ?

Leurs pupilles noires se croisent, l'une en position dominante, l'autre à sa merci.


TU VAS ME LE PAYER !!!

S'apprêtant à recevoir une nouvelle paire de baffes, la brune, les larmes au bord des yeux, met ses coudes devant son visage écarlate, pour le protéger... bien que le pire soit déjà fait. Elle réussit à parer le coup. Alors, sans perdre de temps, elle attrape férocement le bras de la gitane, ce qui lui arrache un hurlement de surprise : dans ses doigts déjà endoloris se diffuse une douleur atroce, indescriptible, jamais ressentie. Et pourtant, avec vivacité, et sans vraiment réfléchir, elle le tord, son bras, un coup à droite, un coup à gauche.

Tu crois que je vais me laisser faire ?!

Elle se glisse derrière elle, son bras toujours maintenu.

Qu'est ce que t'en dis, s'il ne te reste plus qu'un bras ?! Rodrigo t'aimera toujours autant ?

Un éclat de rire jaillit de sa bouche, elle la pousse un grand coup, la faisant tomber dans le sable à plat ventre. Les bras dans le dos, la gitane ne peut plus rien faire. D'autant plus qu'Isabella s'assoit sur elle, triomphante.


Je te l'arrache ton bras ?!! OOOooh oui... un... deux...tr...
--Rodrigo




Le dinosaure qui le poursuit a des pieds de plomb. Et il est aussi raide qu’un piquet de clôture, derrière son énorme bedaine qui tressaille à chaque pas. Heureusement qu’il subit cet handicap sérieux, car son épée pulvérise tout ce qu’elle atteint.

Le vaillant arbuste derrière lequel Rodrigo s’est réfugié n’échappe pas à la règle. Il est tranché d’un coup sec comme un vulgaire pisse en lit. Un coup de botte qu’envieraient les joueurs de soule les plus réputés envoie valdinguer sa dépouille hors du passage du Minotaure.

Rodrigo recule, mortellement inquiet pour sa petite santé, mais bien plus encore pour sa gitane qu’il a vu disparaître aux trousses d’Isabella. Il connaît la brune par cœur. Sous des dehors charmants, elle peut se montrer d’une férocité implacable.

Bon sang ! A force d'être repoussé par la brute, le voilà soudain acculé, adossé à une muraille à-demi mangée par le lierre. Ce mur branlant doit dater d’une autre époque. A son pied dorment de lourds blocs de pierre. Le jeune officier n’est pas taillé en hercule, mais ces rochers constituent peut-être son salut. Il s’abaisse vivement, tandis que le mammouth s’approche en s’épongeant le front du revers de sa manche. Ses doigts se referment sur l’un des blocs. Non, celui-là est bien trop lourd ! Vite, un autre, de taille plus raisonnable. Voilà. Hop ! Deux pas d’élan, un coup de reins, et il le balance en direction de l’obèse, qui n’est plus qu’à quelques pas. Youppie ! Il est touché en plein bide. Le gorille est stoppé net dans sa progression, l’air très surpris de ce cadeau tombé du ciel. Rodrigo soulève un second rocher, le hisse au-dessus de sa tête, à bout de bras, puis l’expédie sur son adversaire. Le coup est heureux, mais, il faut bien l’avouer, la cible est immanquable, pareille à un éléphant dans un corridor étroit. Cette fois c’est la cuisse du colosse qui reçoit le projectile. Il pousse un grognement animal, et tombe à genoux.

Vite, vite, Rodrigo contourne sa masse adipeuse. La chance lui sourit. Son regard se pose enfin sur une épée, accrochée aux flancs d’un des nombreux étalons errant sur le champ de bataille. Il se précipite vers l’animal, et sa main se referme vivement sur la poignée de l’arme. Mouais. Ce n’est pas Excalibur, mais c’est mieux que rien. Un coup d’œil vers le pachyderme qui se relève en soufflant comme un bœuf, un autre vers son père et Sajara aux prises avec le reste de la bande. Il n’hésite qu’un instant. Finalement cette arme n'était pas indispensable pour ce qu'il envisage. Quitte à passer pour un lâche, c’est la vie de Malika qui importe pour lui. Rien d’autre. Sa décision est prise.

Rodrigo saute sur la selle du canasson …

--Malika


C’est une pluie de gifles qui s’abat sur le visage sanguinolent de la brune. Malika frappe sans viser, sans compter, sans réfléchir. Elle frappe, et c’est tout ! Et vlan, encore un échantillon ! Quelle sensation exquise après toutes ces humiliations ! Ses mains lui font mal et leur paume est aussi rouge que le visage d’Isabella.
Tout son corps crie vengeance, elle a trop subi de souffrances de la part de la brune et elle frappe encore et encore, elle atteint les limites de la folie, qui lui font perdre tout sens de la mesure. Mais elle est sûre que c’est pour sa survie qu’elle se bat.

Tu voulais m’étrrrangler, diablesse ! Fallait même pas y penser ! C’est mon tourr de rirre maintenant, et dans quelques instants tu serrras méconnaissable, même ta mèrrre te reconnaitrrra pas.

Quelques gifles manquent toutefois leur cible. Isabella parvient à protéger un peu mieux son visage tuméfié, derrière ses avant-bras. Qu’importe ! Le bras de Malika se tend à nouveau vers les joues rougies. Ses doigts, toutes griffes sorties, se rapprochent des yeux sombres.

Je vais te crrever les yeux !

Elle ne sait pas comment, mais Isabella s’est subitement ressaisie. Elle s’est emparée de son poignet avec rage, et en un clin d’œil la brune réussit à se glisser dans son dos et à lui tordre violemment le bras. Sous la douleur Malika gémit, un cri de désespoir s'échappe de sa bouche.

Oh nonnnnnnn ! Pas ça …

Malika n’ignore pas qu’un fauve blessé est infiniment plus dangereux mais elle est à nouveau décontenancée par la force de sa rivale. Par sa rudesse. Pour la deuxième fois Isabella la tient en son pouvoir. Sa pensée s’envole vers Rodrigo. Où est il ? Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé ? Pourquoi ne suis-je pas restée auprès de lui ?

Leurs visages se métamorphosent. La souffrance des yeux noirs est passée dans ceux limpides de la gitane, et les lèvres craquelées de sa rivale s’ornent d’un large sourire triomphant.

Isabella se déchaîne, les yeux fous, les cheveux dénoués et épars. Malika subit sa loi sans pouvoir réagir. Elle est projetée face contre terre, et la brune, installée sur son dos, lui tord cruellement le bras en riant aux éclats. Toujours cette même ironie, ce même orgueil …

La bourgeoise entame un sinistre décompte. Peut-elle réellement lui arracher le bras ? Non, mais le casser, ou lui déboîter l’épaule, c’est plus que sûr. Elle soulève de plus en plus vers elle le membre tordu, la position est intenable.

Malika pousse un hurlement de douleur ! Elle se tord pour déséquilibrer la brune, mais ne réussit qu’à amplifier la souffrance dans son bras et son épaule.

Nonnnnnnnnn ! Arrrrêteeee ! De grrrâce … Lâche moi ! Je parrrtirrai !!! Lâche moi … supplie la blonde, les yeux remplis de larmes, à la merci de sa rivale.
--Le_gros_paco




Cette fois le gros Paco a tout compris ! Qui osera encore prétendre qu’il n’est qu’un abruti ? Cette bande de voyous, qui a libéré les deux donzelles, celles qui semblaient pourtant se détester … hé bien ce sont des voleurs de chevaux. C’est évident ! Mais heureusement, Paco veille au grain. Ca ne va pas se passer comme ça ! Rien ne lui échappe !

Après la brune aux gros nichons qui lui a dérobé son cheval, auquel il tenait beaucoup, voilà donc le joli cœur qui essaie de prendre la poudre d’escampette avec la monture d’Omar ! La monture du patron ! Vous vous rendez compte ? Quel culot ! Il faut qu’il empêche ça ! Le chef lui en sera reconnaissant jusqu’à la fin de ses jours.

Le mammouth se hâte lentement, et, en dépit de sa démarche indolente, il parvient au milieu du sentier avant que son adversaire ne débouche sur la monture du boss. Le gorille s’y campe fermement, sur ses jambes épaisses comme des troncs d’arbres centenaires. Et le voilà, il arrive au grand galop, ce sale voleur.

Le cavalier fait un écart pour éviter cette montagne humaine qui se dresse soudain devant lui. Inutile. La main du géant s’est ouverte, aussi large que les roues de la charrette. D’une bourrade puissante, il projette le jeune homme dans les buissons qui bordent le sentier. Ce vil malandrin voleur d’étalons n’a que ce qu’il mérite ! Paco pose sa grosse botte de peau sur le torse de l’inconnu, ridiculement allongé entre deux massifs de mimosas.

Le pied du pachyderme pèse deux tonnes. Il ricane, le gros Paco, très fier de son exploit, écrabouillant le cloporte avec un plaisir évident.

T’aurais jamais du faire ça, mon gaillard ! Ni me bombarder avec tes cailloux. Tu m’as fait mal. On va s’expliquer maintenant !

Un coup d'oeil vers son épée, bêtement oubliée près de la muraille, entre les blocs de pierre jonchant le sol. Mouais, on ne peut pas penser à tout lorsqu'on s'appelle Paco. Mais s'il va la chercher, le voleur va s'enfuir, non ? Quel dilemme encore ...

--Dona_isabella


..tr...

Lâche moi !

Le sourcil gauche finement épilé d'Isabella se lève, ses yeux s'écarquillent. Alors comme ça, sa rivale abandonne aussi facilement le combat ? C'est décevant.
Elle bougonne un petit "trois", insatisfaite et boudeuse, alors que dans sa tête les cris de rage, la fureur et la folie fusaient en tous sens. Malika ne quittera pas si aisément les terres portugaises, c'est sûr. Depuis les quelques jours qu'elles se côtoient, la bourgeoise a su apprendre à la connaitre, malgré la situation, les manigances et leurs liens tissés à contresens. Pi, question mensonge, c'est plutôt une connaisseuse. Donc... autant continuer, non ?

Encore une fois, le bras de Malika est tordu, contorsionné, retourné. Mais, bizarrement, la brune ne ressent plus la même excitation, sachant parfaitement que la blonde, elle, en a marre de jouer à chien et chat et que, visiblement, le drapeau blanc est hissé.
Elle lâche un soupir las, en faisant de même pour les membres usés et exténués de la gitane. Si les menaces ne marchent plus, il faut changer de tactique. Monter d'un cran la pression : jouer avec le feu, jouer avec la vie, jouer pour l'amour. Et en finir, une bonne fois pour toutes.

Alors elle se penche en avant, allongeant sa poitrine contre le dos étroit de la blonde. Son index se pose sur sa joue, tandis que son pouce se cale en dessous de son menton, maintenant fermement son visage. Un ongle s'enfonce légèrement dans la peau dorée, et les lèvres d'Isabella se rapprochent vers une tempe salée, frôlant inévitablement l'épiderme de la fille de Bohème.
La respiration s'accélère et le murmure se fait rauque, prenant presque une tournure sensuelle.


Rodrigo est à moi, pour toujours. Quoi que tu fasses, quoi que tu dises.

La main de la brune descend le long de la gorge de Malika, main à la fois douce et rude.
Un souffle dans l'oreille.


Ta descente aux Enfers est juste... inévitable.

Et les doigts s'acharnent sur le cou de la gitane, assurés de la mort très proche de leur victime.
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