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[RP] De la roulotte à l'hacienda

--Le_gros_paco




Ah ben non, ça c’est pas juste ! Alors qu’il est sans conteste le plus brave des gueux de la terre entière, voilà que dame Nature lui glisse sournoisement entre les doigts un enchevêtrement de ronces et d’épines aussi coupantes que la lame d’un glaive ! Et le mammouth ne peut contenir un cri de surprise, si bien que ce joli-cœur qu’il espérait bien surprendre lui fait à nouveau face.

La bonne nouvelle, c’est que ce maudit voleur de chevaux n’a trouvé aucune monture pour prendre la poudre d’escampette, ni aucune arme pour se défendre. La mauvaise nouvelle, et elle est d’ailleurs particulièrement fâcheuse pour Paco, c’est que cette douleur lancinante qui lui irradie l’entrejambe l’empêche toujours de se déplacer normalement. La main qu’il presse sur son anatomie endommagée ne le soulage d’ailleurs absolument pas, et chacun de ses pas lui procure de cruels élancements dans le bas-ventre et dans sa précieuse paire de grelots, que certains mauvais plaisants ont baptisé les « joyeuses », mais qui aujourd’hui ne le sont vraiment pas du tout.

Oui, chaque mouvement est un supplice, et Paco assiste impuissant aux efforts de son adversaire pour arracher une branche à un arbre proche du sentier, se doutant bien que son adversaire ne compte pas l’utiliser comme canne à pêche. Eh non, il en a d’ailleurs une confirmation immédiate lorsque le blanc-bec se met à lui tambouriner sur le crâne avec sa massue improvisée. Heureusement, le gorille a la tête aussi solide que les armures des chevaliers de la table ronde. De plus, il n’y a pas grand chose à abîmer à l’intérieur de sa grosse caboche, lui répètent sans cesse ses compagnons.

Cependant, à force d’encaisser cette vigoureuse bastonnade sur le coin de la tronche, le pachyderme sent la moutarde lui monter au nez. Mais qu’est-ce qu’il croit, ce nabot ? Paco a les castagnettes en feu, d’accord, mais il ne va pas courber l’échine plus longtemps. D’un large revers du bras, il repousse le casse-tête du jeunot, comme s’il s’agissait d’un fétu de paille. Et zou, pas de jaloux, Paco lui envoie une grande claque sur le museau, et le gringalet valdingue dans les buissons.

Oh mais ce n’est pas terminé ! Clopin-clopant, le colosse déplace sa masse adipeuse et rebondie vers l’avorton, qui paraît à moitié groggy, puis il lève vers le ciel un poing aussi volumineux qu’un potiron …

--Dona_isabella


Un sourire carnassier flotte sur les lèvres charnues et assoiffées de vengeance d'une bourgeoise, bourgeoise possédée par la folie, ou le diable qui sait.
Isabella, la chaste, la belle et sophistiquée, la pulpeuse, n'existe plus. Elle est loin, ailleurs, dans un autre monde, une autre vie. Remplacée par une tout autre femme, enragée, avec des vêtements arrachés, des cheveux pleins de nœuds, un visage sale et poussiéreux. Cette même femme ne vit que pour la haine, la guerre et la fureur.
Elle donne des coups, sans même se rappeler le but de cette sauvagerie.
Ce n'est sûrement pas pour Rodrigo, s'il la voyait dans cet état jamais, Ô grand jamais, il ne voudrait d'elle.
Alors ça doit être juste pour le plaisir de maltraiter Malika, de lui arranger quelque peu le portrait, créer quelques bleus ci et là, casser un bras ou une côte. Elle est bien trop belle, bien trop parfaite. Donc, autant qu'elles soient laides et fracturées toutes les deux, tout le monde aura perdu la partie, Rodrigo ne voudra aucune d'elles, et la mort les emportera, vieilles, seules, les yeux emplis d'amertume et de colère.

Un sourire qui se transforme en une grimace d'incompréhension face à la masse de cheveux blonds allongée par terre, les yeux dangereusement plissés. Les coups de pieds meurtriers cessent. Ayé, c'est fini ?
Doucement, elle s'abaisse vers elle, son oreille se rapprochant de son visage, histoire de percevoir ne serait-ce qu'un minime souffle de vie. Le corps bronzé de la gitane ne bouge plus...
Brusquement, ses paupières se rouvrent, sa poitrine monte et descend dans un rythme saccadé, sa respiration est difficile.

Ah non !
Bien que, quelques instants plus tôt, Isabella était presque triste de la voir crever, autant là, c'est plutôt le contraire !

A l'assaut, vite! Elle s'assoit sur son ventre, emprisonnant son maigre buste entre ses cuisses.
Quelques secondes, elle reste ainsi à la contempler, faible, pâle, fiévreuse. C'est son dernier voyage, sa fin est proche, très proche.
Il ne reste plus que le dernier coup, le plus dur. Le coup final, qui va l'achever.

Aussitôt, Isabella plaque ses mains sur son cou, et se remet à l'étrangler, sans vraiment user de ses muscles. La tâche est simple, la victime ne résiste plus. Un jeu d'enfant.


Adieu ! Adieu, sorcière ! Adieu, catin misérable !
Tchau, bacalhau !! Adeus !*


Dernières insultes lâchées. Dernier combat. Dernier affront.
Mais aussi dernier sourire de notre presque-belle Isabella, triomphante et fière. Dans un état second, folle de haine, folle d'amour. Aveuglée par le sable brûlant, et surtout par le fait que Malika regagne de la conscience... et de la force.


*au revoir, morue ! adieu !
--Malika


Les goélands qui se disputent une charogne écartelée sur le sable doré, battent furieusement des ailes et poussent des cris stridents en regardant de leur œil rond les deux femmes échevelées, aux membres enchevêtrés, qui les dérangent dans leur quête de nourriture.
Spectateurs de cette danse frénétique, de deux corps à moitié brisés, aux robes déchirées laissant apparaître de longues cuisses brunes ou laiteuses, aux corsages arrachés laissant voir des seins palpitants. Ces cris rauques sortis de leur gorge, est-ce une parade d’Amour, ou une danse macabre ?

Isabella serre à nouveau entre ses cuisses le corps gracile de Malika, son souffle chaud contre son oreille, et toujours cette odeur écœurante d’œillet. Ses doigts crispés en serres d’aigle se posent sur le cou de la gitane et commencent à serrer, encore et encore. Malika s’accroche désespérément aux poignets de sa rivale pour les éloigner de sa gorge, mais ses forces l’ont abandonnées.
Le visage d’Isabella est près du sien, trop près. Malika tourne la tête, trouve la joue lisse de la bourgeoise à la portée de sa bouche, et elle plante férocement ses dents dans la chair tendre. Son ennemie hurle et se rejette en arrière, se tenant le visage à deux mains.

Le liquide tiède et rouge coule entre ses lèvres maculant ainsi le teint doré de la gitane.
Malika roule sur elle-même. A genoux, les mains dans le sable, au bord de la nausée, elle crache un bout de chair sanguinolente. Mais il faut qu’elle profite tout de suite de la situation.

Rapidement elle prend un galet rejeté par l’océan et, comme une furie, se jette sur la brune au beau visage à jamais marqué par ses crocs. Réunissant ses dernières forces, elle cogne sur son crâne. Plusieurs fois. Le corps d’Isabella mollit, s’affaisse lentement, inanimé. Le sable avale doucement le sang qui coule de ses blessures.

Le silence se fait lourd, oppressant, même les oiseaux de mer se sont tus. On n’entend que l’océan qui, indiffèrent, continue à rejeter sur la plage son écume blanchâtre, ainsi que la respiration saccadée et les sanglots étouffés de Malika. Elle ne ressent plus rien, si ce n’est un grand vide. Elle est a genoux près du corps martyrisé d’Isabella, avance une main, la pose sur le cœur de la jeune femme, se penche sur elle pour essayer de sentir un souffle.

C’est fini ? Oui c’est fini, la brune ne donne plus aucun signe de vie. La lutte a été longue, sans merci, et c’est fini, là. Comme ça, d’un coup.

Malika n’est même pas soulagée, une grande tristesse l’envahit, les larmes affluent dans ses yeux gris, coulent abondamment sur son visage meurtri et sale.

Farce de la vie, Isabella est allongée à deux doigts de la dague subtilisée à Malika et qu’elle avait perdue. Enfoncée dans le sable, la poignée d’argent incrustée de pierres de Lune, brille comme un astre, caressée par les rayons du soleil.

Péniblement, la gitane se relève, laisse tomber sur la grève les guenilles qui la couvrent, se dirige vers l’océan, avance dans l’eau fraîche, et se laisse glisser entre deux vagues. Elle se lave de toutes les souffrances qui lui ont été infligées, de tous les coups qu’elle a donnés et reçus, de la mort sans doute…
Le temps s’écoule sans qu’elle ne s’en rende compte. Le cheval de Rodrigo, brides pendantes, s’est rapproché des vagues mourantes.

Un faible sourire vient caresser les lèvres de Malika. Tempête !! Viens mon beau, apprrrroche !

Malika caresse avec douceur le superbe étalon, l’embrasse sur le chanfrein aux poils tendres et soyeux.
Un dernier regard chargé de tristesse sur Isabella, puis elle enfourche l’animal, glisse ses pieds dans les étriers d’argent, donne une légère pression sur ses flancs …

Allez ! Avance, retourrrne vers ton maîtrrrre ! Ramène-moi là bas.
--Rodrigo




Il fait très sombre tout-à-coup. Où donc le soleil s’est-il caché ? Il n’y avait pourtant aucun nuage dans l’azur infiniment limpide et bleu lorsqu’ils ont rattrapé ces faces de rats qui ont enlevé sa gitane et Isabella.

Un poing. Rien qu’un poing. Un poing monstrueux dressé vers le ciel par une silhouette bedonnante. Un poing qui obstrue l’horizon par sa taille impressionnante. Oui, il est mort le soleil. Il est mort.

Rodrigo a le corps tout engourdi par cette gigantesque torgnole qui lui a fracassé la joue et par sa culbute dans les broussailles. Anesthésie totale du corps, mais non de l’esprit. Lucidité intacte mais membres assoupis. Dos brisé en mille éclats épars. Goût infect de sang dans la bouche.

Une telle gifle suffirait à arracher la tête d’un gosse. Rodrigo tente de se redresser sur ses coudes, mais il est immobilisé par des ronces et des épines qui se referment sur lui comme d’immenses tentacules. Et il se sent d’une faiblesse infinie face au pachyderme qui l’a rejoint en titubant. Le gorille n’a qu’une main libre, l’autre étant toujours chargée de la protection de ses castagnettes. Une seule main libre, oui, mais c’est largement suffisant pour terminer le combat.

Soudain, le soleil réapparaît ! Un sourire illumine la face grotesque du mammouth, comme s’il préparait une bonne blague pour un de ses amis. Mais une lueur de triomphe est née dans ses yeux de bovin, engloutis par la graisse. Comme dans ses pires cauchemars, ceux où il meurt pour défendre sa belle, Rodrigo observe, impuissant, inerte, le poing énorme qui quitte les cieux et s’abat lourdement vers son menton, comme un épervier fondant sur une proie paralysée par la peur. Le jeune officier a juste le temps de se raidir et d’enfoncer son cou entre ses épaules pour amortir légèrement le choc.

Vlan ! Cible atteinte par la massue de chair et d’os. Un craquement sinistre dans la mâchoire de Rodrigo. Adieu la terre, adieu le monde. L’inconscience le rattrape et le couvre de son lourd manteau de brouillard et de ténèbres, tandis que le poing de Paco grimpe à nouveau vers le ciel.

Malika … murmure le jeune homme en fermant les paupières.

--Malika


Parfois elle s’assoupit, le sang coule encore de ses blessures, ses cheveux se mêlent à la crinière de Tempête quand sa tête trop lourde de fatigue tombe vers l’encolure.
Cette maudite Isabella l’a terriblement malmenée, elle ne s’en est sortie que par miracle.

Tempête a adopté un pas lent, mais c’est un étalon de grande taille, ses enjambées sont longues, et il avale avec régularité la succession de plages et de sentiers pour la ramener vers son maître.

Quand Malika reprend ses esprits, le paysage a déjà changé, elle reconnaît l’endroit où la « transaction » aurait du s’effectuer. Son regard embrasse la totalité de la scène qui s’y déroule.

Le marchand, Omar, la tête tranchée, se vide de son sang,
Joachim, le vieux lion, a le visage déformé par la douleur. Le haut de ses chausses déchirées laisse apparaître une zébrure profonde et sanguinolente. Elle reconnaît les traces de fouet du vendeur de chair fraîche. Sajara, l’immense maure, se dirige vers le patriarche.

Plus loin, un autre marin gît le ventre ouvert, égorgé.
Seigneur que la bataille a du être dure !

Mais où est Rodrigo ? Le sang de la gitane se fige dans ses veines, elle ne le voit pas.
Elle hurle une invocation. Qu’ Aristote l’entende !Seigneurrrrr qu’il ne lui soit rien arrrivé !
S’il vous plait, prrrotégez le !

Elle talonne Tempête, qui, surpris, se cabre, recule sur ses jambes postérieures, et pivote en hennissant.

Sa vision se pose un peu plus loin, elle plisse les yeux, puis pâlit en voyant Rodrigo en mauvaise posture, dans un bosquet de mimosas ombragés, le dos au sol, le visage en sang.
Elle le voit à terre, à la merci du Gros Paco.
C’est un Minotaure, un cyclope, un géant qui lève son bras, le poing fermé telle une massue de bronze, afin d’achever Rodrigo.

Elle ne réfléchit pas, sa dague retrouvée pend à sa ceinture, et elle la tire d’un geste sec, la prend par la lame et, de ses dernières forces concentrées dans son poignet, elle la lance sur le large dos graisseux du monstre.
Jamais elle n’a manqué une cible. La lame pénètre profondément sous l’omoplate droite du monstre, qui pousse un hurlement, bat l’air de son bras valide comme s’il chassait un insecte, et tombe un genou à terre.
Il essaie de se relever, se tourne vers elle avec son air bovin et étonné, de la mousse rougeâtre au bord des lèvres. L’obèse s’écroule finalement juste aux pieds de Rodrigo.

Malika se laisse glisser le long du flanc de Tempête et court vers son amant, ses blessures ne la font plus souffrir, son cœur bat à tout rompre, elle relève ses hardes pour courir plus vite, elle ne sent pas non plus le sable brûlant sous ses pieds nus. Elle court, elle court vers Rodrigo.

Az sverelem ! Az szin ! Az sverelem ! ( Mon Amour ! Mon Coeur! Mon amour )
--Rodrigo



Etrange. L’énorme poing ne s’abat pas sur lui. Non, à la vive surprise de Rodrigo, le visage boursouflé de son adversaire s’est soudain contracté, arborant un hideux rictus de subite douleur. Et c’est le mammouth en entier qui s’effondre à ses pieds, au ralenti, les bras en croix, comme un muezzin s’agenouillant lentement sur son tapis de prière, à l’ombre d’un minaret.

Là, dans le dos du géant, sous l’omoplate, s’est fichée la lime d’un poignard, avec une violence et une précision extrêmes, jusqu’à la garde. Et le gorille s’évanouit, dans un dernier râle, un gargouillis horrible, après un ultime tressautement de son corps immense devenu flasque et mou.

Un cri ! C’est elle ! C’est son soleil ! C’est à elle qu’il doit la vie ! Elle court vers lui dans ses guenilles déchirées. Mon dieu qu’elle est belle, mon dieu comme il l’aime …

Rodrigo parvient enfin à s’extirper de cette gangue d’épines qui l’enveloppe et l’enserre, y abandonnant un pan entier de sa chemise ensanglantée.

Malika … Malika … Malika … Amoureuse mélopée. Aucun autre mot ne daigne franchir sa bouche, alors qu’il lui ouvre des bras impatients et qu’elle s’y jette, s’y blottit, des larmes pleins les yeux.

Mon amour, tu es saine et sauve, c’est merveilleux. J’ai eu si peur de te perdre ! Comme je m’en veux de t’avoir attirée dans ce guêpier ! Dans ce cauchemar ! Comme je m’en veux d’avoir mésestimé la méchanceté et la duplicité des gens !

Tendrement, il se penche sur elle, et cherche ses lèvres, remarquant enfin les traces de coups sur le visage de sa princesse, et les empreintes de doigts qui ont bleui sa gorge fragile.

Bon sang ! C’est cette chienne d’Isabella qui t’a fait ça ? Où est-elle ? Je vais lui faire payer très cher cette trahison !

--Sajara


Son duel terminé, il se retourne vers Joao, lui aussi a fini d’occire son ennemi.

Décapité, sa tête roulant au sol, le corps d’Omar reste inerte, comme immobilisé par la surprise…
Puis son corps s’affaisse, et s’écroule de tout son long.

Joaquim se tient le haut de la jambe, quelques mimiques laissent paraitre une douleur du à son coup de fouet.
Sajara décide de rejoindre son seigneur, mais regardant dans l’autre direction il aperçoit Rodriguo en forte mauvaise posture. S’apprêtant à lui prêter main forte ; il entend siffler…
C’est Joao qui le siffle ; non pour lui signifier comme à un chien qu’il doit rejoindre les pieds de son maître, mais pour l’interpeler et lui ordonner de ne pas bouger.
Le maure comprend de suite les intentions du vieux guerrier. L’héritier doit pouvoir se tirer seul de ce combat. Pour assoir son autorité sur le domaine, pour prouver sa compétence, pour rassurer son père sur ses capacités à se tirer seul d’un mauvais pas…
Arminho doit se convaincre que l’heure venue il pourra mourir en paix.
Même si Rodriguo a l’étoffe d’un grand seigneur, cette aventure confortera sa force, son pouvoir, et sa détermination.
Nul ne viendra contester son autorité.
Alors le maure rejoint son ami et ronge son frein.
--Joaquim


Voilà… Le corps de l’esclavagiste gît à ses pieds, s’il s’écoutait, il lui couperait bien les deux oreilles…
Ou alors, il mettrait sa tête sur une pique qu’il exhiberait devant la porte du château.

On en parlerait dans tout le royaume, une chanson de geste serait déclamait à toutes les grandes fêtes… à la gloire de la famille Do Setubal do Minho.

La peur que susciterait la vengeance du clan, si attaque il y a, ferait réfléchir leurs ennemis à deux fois avant de les agresser.

Ou alors il coupe les oreilles et met la tête sur une pique…

Oui voilà la solution, une fois revenu au château son trophée sera exhibé !

Bon, fils où es-tu ?
Foutre de bouc, encore aux prises avec le mastodonte !

Essayant d’avancer, sa jambe et le coup de fouet se rappellent à lui, impossible d’avancer. Il lui faut trouver un cheval pour récupérer sa mobilité.
Le soleil chauffe, la blessure brûle, la soif le torture, sa gorge est sèche, son regard est trouble… maudite soit cette expédition !
Le combat de Rodriguo s’éternise, les filles ont disparu,…
La situation est loin d’être en main. Armihno déteste ça.
Il voit Sajara, enfin un point positif !
Mais le bougre se dirige vers le lieu de supplice de son fils.

Deux doigts dans la bouche, un sifflement assez fort pour rameuter un troupeau d’étalon en rut.
Le maure a comprit il rapplique vers le vieux Arminho.

Soudain en parlant d’étalon, voici Tempête… Il est monté par la belle Malika…
La petite semble bien mal en point.

Cependant elle démontre qu’elle n’a rien perdu de son adresse. Ce n’est certes pas le brigand adipeux qui contredira ce fait.
Lui aussi vient de rejoindre le reste de ses compères. Ils se retrouvent tous dans la même barque pour rejoindre les enfers.

Finalement cette aventure n’est pas aussi maudite. Par l’intervention de la gitane, le clan Do Setubal do Minho vient de reprendre les rennes.

Reste le cas de « mama Setubal »…
--Malika


Les quelques mètres qui la séparent de Rodrigo lui semble un chemin infiniment long, mais la voilà enfin blottie dans ses bras, elle y retrouve son odeur, sa douce chaleur.
Il répète inlassablement son prénom, Malika…et c’est un doux chant qui résonne dans sa tête.

Son bel Amour est là, chemise déchirée et ensanglantée, il la serre contre lui, l’empêchant même de respirer, caressant ses cheveux en désordre, passant les doigts sur son visage meurtri, sur sa gorge bleuie, stigmates des mains d’Isabella serrées autour de son cou.

Plus rien n’a d’importance, elle se fond en lui, ils se dévorent du regard, les yeux noyés dans la profondeur de leurs iris.
Elle l’embrasse, couvre son visage de mille baisers, glisse ses mains sous la chemise en lambeaux pour mieux caresser sa peau.

C’est d’une voix cassée, hachée par les sanglots, qu’elle commence à parler.

Amourrrrrr ! Je pensais que jamais je ne te reverrrrais !

Depuis qu’elles m’ont enferrmée dans la crrrrypte …et là …A söté (dans le noir) , hideg ( et le froid), je ne pouvais rrien fairre, j’étais attachée. Le pire c’est quand j’ai entendu hangunkat ( ta voix) ! Te savoirr si prrès, et ne pas pouvoir crrier à cause du bâillon, j’en devenais folle !

Ses mots s’entremêlent, elle parle vite, agitant ses mains aux longs doigts fins. Les sons rugueux de sa langue maternelle roulent comme des galets s’entrechoquant dans le cours d’une rivière sauvage, et sortent désordonnés de sa bouche. Elle veut tellement tout lui raconter.

Et puis, là bas, plus loin surrr la plage… Isabella ! C’est horrrible ! Un cauchemarrr ! Amourrr ! Je crrois bien que je l’ai tuée, elle ne bougeait plus.

A bout de résistance, la blonde gitane, comme une petite fille perdue, éclate en sanglots. Ses larmes laissent de gros sillons luisants sur son visage maculé de sang et de poussière.
--Dona_isabella


Le nez de Malika touche celui de sa rivale, qui s'obstine férocement à l'étrangler, dans un ultime combat. La bourgeoise est en position dominante, dans sa tête tout est prédéfini : elle gagne et repart dans les bras de Rodrigo.
Et elle y est à deux doigts près. Ou deux dents, plutôt. Car ce sont les dents de la gitane qui se plantent dans sa joue, pointues et sauvages, telles des dagues affûtées.

Tout d'abord, Isabella ne se rend pas vraiment compte de ce qui lui arrive.
Yeux grands ouverts, elle observe la scène. Le visage de la blondasse est maculée d'un rouge violent, rouge qui, bizarrement coule aussi sur ses lèvres à elle, de dame sophistiquée . Est-ce une nouvelle teinte pour les lèvres que nous avons là ? Avec prudence, sa langue vient effleurer la mixture. Goût étrangement épicé, saveur inconnue jusque là, qui ressemble légèrement à...

Hurlement de douleur, horrible, terrifiant. Et qui résonne, résonne, résonne. Mouvement de recul, mains qui tiennent la tête. Ongles qui se plantent dans la peau, s'agrippent aux cheveux, comme pour se débarrasser de la douleur. Tableau déroutant de la vengeance même, Isabella en est la principale victime.

Tout s'enchaine, la pierre, les coups, la douleur, le vide.

D'ailleurs, le vide est bien plus intéressant que les trois autres choses. Ça flotte, c'est tout doux, ça t'enveloppe et te berce. La lumière est douce, ni trop faible ni trop brusque. C'est joli tout ce rien... qui fait pourtant tout le décor dans ce monde parallèle. Mais parallèle de quoi ? d'où ?


De là.

La poitrine d'Isabella se soulève, ses poumons se remplissent d'un air nouveau et inattendu, ses yeux s'ouvrent brutalement, redécouvrant le soleil brûlant. Pupilles qui s'agitent de droite à gauche, la tête bien trop douloureuse pour bouger.


Où est Malika ? Où est cette chienne ? Où ? Où se cache cette sorcière ?! Elle a fui, la blondasse ?! Elle a eu peur ? Hein !! Elle est partie loin, se cacher ! Bien fait pour elle, la gitane !!

A tâtons, elle essaie de se remettre debout. Le simple fait de bouger son bras gauche lui arrache un cri, bientôt suivi par d'autres, le tout dans un magnifique crescendo digne des plus grands musiciens. Une fois debout, elle vacille, manque de retomber à nouveau, se rattrape à une corde invisible qui lui fait retrouver l'équilibre, qui la tient sûrement en vie.

Maintenant, elle regarde l'horizon, une main en visière, tel un aigle à la recherche de sa proie.

Rodrigo, mon doux Rodrigo, où es tu ? Maintenant qu'Elle est partie, nous avons enfin la voie libre, nous allons enfin pouvoir vivre notre amour tranquillement ! J'arrive, mon tendre, ne t'inquiète pas, j'arrive !

Quiconque l'aurait vu, là, en train de marcher, l'aurait pris pour une folle. Sa robe est déchirée, on peut facilement apercevoir le galbe d'un sein ou d'une cuisse, ses cheveux ressemblent à... tout sauf des cheveux, son visage est bouffi et maculé de sang séché, sa joue laisse apparaitre une chair martyrisée et parsemée de grains de sable.
Ses pas sont lourds, très lourds, et pourtant elle avance, obstinée à retrouver son marin.

La dune est franchie, elle longe la mer, sans réfléchir. Non, pour la première fois de sa vie elle ne songe pas à son apparence, seul son cœur dicte son chemin. Elle ne sent pas toutes ces articulations douloureuses, son crâne martelé et fracassé, sa joue arrachée. Tous ses os sont sur le point de se briser, ses muscles sur le point de lâcher son corps battu.

Au loin, elle croit enfin apercevoir des formes humaines. Ses jambes s'activent de plus belle, le flou se transforme en net. Le demi sourire tiré sur ses lèvres se fige. Quoi ?
Elle fait un pas de plus, espérant que sa vue lui fasse défaut. Quoi ?!
Puis elle se frotte les yeux, espérant cette fois qu'elle délire. QUOI ?!

A quelques mètres de là, Malika pelote Rodrigo, SON Rodrigo ! Mais, pourquoi il la tient dans ses bras ? Pourquoi ils s'embrassent ? Pourq...
La grimace sur le visage d'Isabella tire tellement sa peau que, de nouveau, sa joue ressaigne.


Trop, trop, trop... c'en est trop... trop...


Les voir si heureux, tous les deux, la détruit pour de bon. Les manigances ne suffisent plus, doña Philippa est bien trop loin, sa soif de vengeance est rassasiée, voir même un peu de trop. Elle ne ressent plus rien, si ce n'est de l'amertume, et peut être un peu de tristesse aussi. Son coeur est vide et dépourvu de colère. En quelques heures, elle a tout donné d'elle. Tellement donné qu'il ne reste plus qu'une coquille vide, qui contient de l'eau salée et du sang.

Elle fait demi tour, en courant, boitant, criant des "Adieu, adieu" à gorge déployée, usant ainsi ses dernières forces.
Elle pleure, elle saigne, son corps a mal, elle est seule. Elle est fatiguée de se battre. Elle est perdue, elle a perdu.


Isabella Gonzales d'Almirante a perdu. J'ai perdu.

Ces mots lui font mal.

Elle se dirige vers la mer, s'avance dans l'eau -qui passe du bleu pur au marron pourpre-, jusqu'à la taille.


Rodrigo aime Malika.

Puis jusqu'au cou.

Je suis trop bien pour vous, tous.

Et sa tête s'enfonce dans l'eau... pour ne plus jamais en sortir.
--Joaquim


Bon diou de bon diou… Foutue guibole…
Sajara qui s’était avancé, soutenait son vieil ami…

Un coup d’œil à son Rodrigo, dans les bras de sa bien aimée. Il semble oublier les moments de séparation, de détresse, d’incertitude, de questionnement qui l’ont tant fait souffrir quand sa dulcinée a disparu…
La disparition de l’être cher, la panique, l’incompréhension qui s’empare de tout son corps, la tête qui semble martelée, le cœur qui s’emballe… qui peut battre à faire exploser le thorax…

Et là, le bonheur des retrouvailles, si intense, si profond…
Plus rien de compte pour les deux amoureux, emplis de bonheur, d’amour…

La seule chose qui s’impose à présent est de les laisser seuls.

Arminho montre sa monture du doigt… Sajara s’avance vers l’animal qui n’oppose aucune résistance. Le prenant par les rênes, il le ramène à hauteur du vieux lion blessé.
Après un ultime effort et un rictus de souffrance, voilà Joao sur son cheval.

Attendant, Sajara, il positionne sa jambe, mais son dos se rappelle à son bon souvenir….

Bon diou de bon diou…. Foutre de bouc…. Foutue carcasse…. Plus pour moi toutes ces cavalcades !

Le soleil est à son zénith, une journée magnifique, les deux cavaliers font demi-tour, laissant les cadavres des brigands à disposition des charognards. Si l’odeur devient forte, la maréchaussée viendra enlever et enterrer tous ces vauriens dans une fosse commune.

Chemin faisant, Joao lâcha :
- C’était une belle journée pour mourir… l’épée à la main… comme les vikings pour rejoindre le Walhalla…
Sur ce Sajara lui répondit :
- La journée n’est pas finie !
Les deux compères éclatèrent de rire.

Le retour fut évidemment très tranquille. Les deux anciens écorcheurs, fourbus, rentrèrent paisiblement et péniblement. Le poids des ans commence à leur peser.
Le château offrait un lieu de retraite enviable.

Dans les écuries, le seigneur appela quelques uns de ses gens :
- Avez-vous vu Dona Philippa ?- Oui seigneur acquiesça un des laquais. Elle a déposé son cheval, et fait demander qu’on apporte toutes ses affaires dans la demeure à l’orée de la forêt… Elle a ajouté qu’elle ne voulait plus avoir à faire avec cette famille… Que devons nous faire maître ?
Se grattant le menton, le vieux châtelain, sourit :
- C’est bon faites ce qu’elle demande… Mais tenez-moi au courant de ses faits et gestes, si je suis absent, faites en rapport au seigneur Rodrigo !

Sajara et Arminho se dirigèrent vers la grande salle, un repas de fête fut ordonné…

- Dès que mes blessures iront mieux, je partirai !
Mais laissons tout cela et faisons bonne chère mon ami…
--Rodrigo




Doux instants de retrouvailles …

Malgré leurs corps douloureux, malgré ces ecchymoses qui constellent leurs corps d’ombres violacées, qu’il vaut mieux ne pas effleurer, les deux amants se serrent très fort l’un contre l’autre, conscients qu’ils ont failli se perdre pour toujours.

Les larmes de Malika le touchent profondément, lui laissant un goût amer au fond de la gorge, un sentiment de culpabilité qui l’empêche de se réjouir vraiment, et le terrorise rétrospectivement. Elle semblait si heureuse, si bien dans sa peau, sa petite gitane, avant qu’il ne l’emmène dans cette hacienda de malheur ! Et par sa faute, elle est passée à deux doigts d’un exil définitif aux confins de terres hostiles, puis d’une mort affreuse entre les griffes de la cruelle Isabella.

C’est beaucoup. C’est trop. Non, jamais plus ils ne se quitteront. Il ne lui fera plus courir aucun risque désormais. Rodrigo berce tendrement son bel amour, blottie dans ses bras, embrassant doucement ses joues mouillées de larmes. Derrière elle, Sajara a rejoint son père et l’aide à grimper sur sa monture. Le fouet d’Omar a gravé de vilains sillons rougeâtres sur la jambe de Joaquim, mais le patriarche a une constitution de fer, dans quelques jours cette blessure sera oubliée. Le temps n’a décidément aucune emprise sur les deux colosses, qui reprennent déjà la direction du domaine familial.

Rodrigo a soudain une pensée pour sa mère, complice des méfaits d’Isabella, son égale en matière de cruauté et de fourberie. Que le diable l’emporte ! Jamais il ne pourra lui pardonner son infamie. La retraite dorée que lui a imposée Joaquim sera sans doute une punition suffisante. Elle vivra en recluse loin de l’hacienda et de toutes ces mondanités qu’elle affectionne. Oui, cet exil est tout indiqué, ce sera du moins l’avis de Rodrigo si son vieil ours de père lui demande son opinion.

Malika lève tout-à-coup vers lui des prunelles étonnées. Perdu dans son introspection, Rodrigo n’avait pas entendu ces cris, jaillissant dans le lointain, comme tirés d’un cauchemar. Cette voix … mais c’est celle d’Isabella ! Elle est donc toujours vivante ! Une bouffée de rage envahit le cœur du jeune officier, faisant briller dangereusement ses yeux. Prenant par la taille sa tendre gitane, il la conduit jusqu’au bout du promontoire dominant le port et la mer. Et ils aperçoivent la brune, en effet, silhouette fragile titubant légèrement en pénétrant dans les flots, sans se retourner. Ils comprennent. Elle a choisi son destin. Sa route s’arrête là, elle en a décidé ainsi. Inutile de se précipiter vers elle pour l’empêcher de commettre l’irréparable ! D’ailleurs, il n’en a nulle envie. Les vagues auront son corps, Satan aura son âme. Ils distinguent encore sa chevelure sombre durant quelques instants, puis plus rien, la mer a englouti la diablesse. Faste journée pour la grande faucheuse qui a grappillé joyeusement son quota de cadavres en ce jour maudit.

Rodrigo se penche sur sa princesse. Viens, amour, nous rentrons à l’hacienda. Regarde, mon cheval nous attend là. Connaissant mon père, je suis certain qu’il se prépare à festoyer pour fêter ta libération et la fin de cette aventure. Allons faire ripaille avec lui, mon ange, nous l’avons bien mérité. Quand nous serons reposés, dans quelques semaines, je t’emmènerai en voyage pour oublier toute cette violence. Tu veux ?



FIN
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