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[RP] De la roulotte à l'hacienda

--Malika


Malika presse le pas, elles arrivent rapidement devant la porte du hammam, puis dans les jardins où une dizaine de femmes attendent Fatima. Un mariage se prépare et elle doit s’occuper de leur beauté.

Pendant ce temps Malika va aux écuries. Terra est reposé, à ses pieds est couché Igor, elle les caresse tous les deux, Rolio toujours perché sur son épaule. Elle les cajole longuement. Fatima aurait voulu qu’elle achète un équipage, un autre cheval et une voiture, mais non, la gitane n’en veut pas, elle se sentirait stupide. Elle embrasse Terra sur les naseaux « Mon Terra nous avons parcouru tellement de chemins ensemble, on ne se quittera jamais, c’est toi seul qui me portera ou mon cœur veut aller. »

Don Espano a tenu parole, ses paquets soigneusement pliés lui sont livrés tôt dans l’après midi. Tels que, elle les mets dans les fontes, sauf sa tenue de cuir, qu’elle enfile rapidement. Un regard dans le miroir, elle est superbe, le long manteau s’ouvre largement devant, les braies sont douces à porter et ses cuissardes rouges sont du plus bel effet. Elle attache ses cheveux bouclés et fous avec un lien de cuir. Malika n’a plus qu’une idée en tête, c’est partir, partir au galop vers l’hacienda, même si elle doit se mesurer à ces harpies.
Un moment déstabilisée par l’accueil des femmes de l’hacienda, elle a maintenant repris de l’assurance et ça se voit dans son maintien et son regard. La voilà prête.

Les adieux avec Fatima sont émouvants mais pas tristes. Son amie, sa protectrice, la serre fort dans ses bras « Sois bénie ma fille, que le très haut soit avec toi ! Inch allah !»

Malika enfourche Terra, elle se penche vers Fati les yeux pleins de larmes.
« Je ne t’oublierai jamais Fati, on se reverra je te le promets ».
Elle traverse la ville, retrouve aisément la route, le soleil est encore haut et chaud, le ciel sans nuage. Elle talonne Terra.
La chevauchée est longue, déjà quatre heures qu’ils ont quitté la ville, les champs de blés succèdent aux vignes, la route est sèche, elle laisse derrière elle des traces volatiles de poussière blanche .
Ils vont arriver à un croisement, Terra ralentit le pas, la fatigue se fait sentir pour tous. Une forêt de chênes offre une ombre bienveillante, ils vont s’y arrêter pour prendre un peu de repos. Ils ne doivent plus être bien loin maintenant, ils repartiront avant que la nuit n’arrive.
De loin elle aperçoit un homme seul, assis au pied d’un vieil arbre, la tête dans ses mains, elle ne voit pas son visage.
Mais……..ces cheveux ! cette carrure…. Rodrigo !

Rodriiiigggoooo !!!! RODRRRRRIGOOOOOOOOOO !
--Rodrigo



Un cri, un appel, cette voix qu’il chérit plus que tout, et le monde se métamorphose, en bleu tendre, en rose. Et Rodrigo est l’aveugle qui aperçoit la lumière. Il jaillit de sa prostration profonde comme un diable jaillit de sa boîte. Il hurle comme un muet qui découvre sa voix et ne se lasse pas de l’entendre.

Malika … Mon amour … Enfin !

Et l’émotion, la joie, ont en un instant englouti tous ses doutes, comme ces tempêtes soudaines qui surgissent du néant et engloutissent les bateaux jusqu’au plus sombre de l’océan.

Il court, il court, et à chaque pas il est plus heureux. Malika, ange gracieux, n’a pas le temps de poser un pied sur le sol qu’elle est emportée par deux bras solides qui la soulèvent et l’enveloppent. La belle rit, suffoque, sous les baisers de son ardent compagnon. Et les lèvres de Rodrigo redécouvrent sa bouche, au parfum de fruit mûr, ses joues de porcelaine fine et les fossettes qui s’y creusent à chaque éclat de rire, sa nuque fragile sous les lourdes boucles blondes qui s’échappent du délicat ruban de cuir souple.

Il dépose son précieux fardeau contre l’écorce lisse d’un chêne, et quatre mains impatientes s’abandonnent à un effeuillage impétueux, mais encore beaucoup trop lent en raison du désir qui les submerge. Braies, chemises, et bottes s’entassent au pied de l’arbre, dans un charmant désordre. Et les amoureux enfin réunis se serrent dans une étroite étreinte dont nul ne pourrait les soustraire. L’adorable gitane se cambre à s’en briser les reins, offrant ses seins nus aux baisers répétés de son amant, s’abandonnant toute entière à ses caresses de plus en plus précises. Leurs ventres et leurs cuisses s’épousent délicieusement, exacerbant leurs envies. Bon sang comme il a furieusement besoin d’elle, besoin de la pénétrer. Tout son être attendait désespérément cet instant.

Rodrigo la saisit délicatement sous les fesses, soulève son bassin, et s’insinue doucement en elle. Malika noue ses longues jambes minces autour de sa taille, ses doigts se crispent sur ses épaules, et leurs corps ondulent en cadence, lascivement, tendrement. Puis ils se laissent emporter par une même vague puissante, un même rythme frénétique, leurs yeux se troublent, leurs souffles se mêlent, leurs mots d’amour se répondent, leurs gémissements de plaisir se font écho, jusqu’à l’extase qui leur arrache une longue plainte incontrôlable.

Ils se laissent ensuite glisser sur le sol, toujours enlacés, continuant à s’aimer du bout des yeux. Rodrigo plonge dans le regard de son amour, et murmure ...

Je ne veux plus que tu me quittes. Jamais.

Un nouveau baiser, infiniment tendre, et le jeune officier tend à Malika ses jolis vêtements. Il l’observe pendant qu’elle s’habille. Elle est merveilleuse et diablement attirante avec ses cuissardes et ses braies moulantes. Ils sont prêts tous les deux, et regagnent leurs montures. Ils arriveront à l’hacienda pour le repas du soir, si la passion ne les pousse pas à nouveau sous les branches.

--Sajara




Malika semble prise d’un soudain désir, on dirait une furie qui vient d’avoir une illumination.
Sajara n’en croit pas ses yeux et ses jambes, la petite blonde se transforme en véritable tornade.
Quelle mouche la pique !
Il lui faut presser le pas tout en restant discret pour ne pas perdre sa proie et surtout ne pas l’apeurer en se faisant repérer. Pas à pas, il la suit comme son ombre, s’immisçant dans les moindres aspérités, interstices, reliefs, ou recoins que lui offrent les ruelles de la vieille cité.
Un seul but : devenir la deuxième peau de Malika.
Anticiper, ruser, coller, camoufler, suivre…

La voilà qui se dirige vers les écuries…
Mais, oui, bien sur c’est évident, la donzelle va rejoindre son prince charmant !
Son regard d’acier ne trompe pas le vieil homme.
Il pense, réfléchit aux différentes options ; une seule est valable : elle retourne au château…
La jeune femme semble s’être préparée pour une guerre. Sa détermination sent la vengeance.


Un règlement de compte entre femmes… Il vaut mieux ne pas être dans les parages. Les vengeances de femmes entre elles… ça sent la poudre !
En l’espace d’un instant Rodrigo remonte dans l’estime de Sajara. Le pauvre se dit-il, au milieu d’une telle confrontation, il ne tiendra pas bien longtemps.

Pendant que Malika fait ses adieux à Fatima, le géant en profite pour sortir sa monture, il file vers la sortie de la ville, où il prend position pour suivre de loin la blondinette.

Les routes et la végétation laissent le maure suivre Malika sans aucune difficulté.
Même un cul de jatte pourrait le faire en fermant les yeux.

Bien trop facile tout ça ! Sajara en vient même à regretter qu’aucun bandit ne bouscule cette promenade de santé.
Allez ! Juste un petit incident ! Juste un petit cul terreux en mal de sensations fortes, juste pour me dégourdir les bras et les jambes !
Hélas rien ne se passe, toujours cette chevauchée. La petite a l’air exténué.

Dans son art de la poursuite et de la protection, coupant à travers champs, usant de mille astuces, esquivant les aléas du terrain, prenant des raccourcis, doublant l’amazone sans la perdre de vue, le voici en vue d’un carrefour…

Une silhouette ! Enfin un divertissement !
Sajara plisse les yeux…
Nom de nom ! Voilà bien notre petit seigneur !
Alors, là ! Ce petit commence à me plaire.

Malgré la prostration de Rodrigo, Sajara lui reconnait une fière allure, il perçoit même dans la dégaine du jeune homme, la prestance de son père.
Décidément bon sang ne saurai mentir !

Ma mission se termine ici, pense le garde du corps.
S’éloignant dans la plus grande discrétion, il laisse les deux amants s’interpelaient.

Un dernier regard, les voici dans les bras l’un de l’autre.
Une mission de plus accomplie pour le compagnon de Joao.
Pas mécontent de la situation, Sajara reprend la direction du château, il en aura à raconter à Joaquim.

Il lui reste cependant une interrogation : que vont faire les deux amoureux, rentrer au château ???
--Malika




Instant unique, instant de folie, d’intense bonheur. Leurs corps sont emportés dans une
passion étourdissante que l’angoisse d’être séparés a décuplée. Ils sont seuls au monde sous ce soleil encore ardent, seuls dans l’herbe verte où ils se dévorent de leurs bouches ardentes, de leurs yeux joyeux. Sourires, baisers échangés, souffles mêlés … leurs corps s’appellent, leur désir efface ce qui les entoure, plus rien n’existe, ils ne font qu’un.

Apaisée, heureuse, elle se blottit dans les bras de Rodrigo. Il la couvre à nouveau de baisers, ils ont tant de choses a se dire.

Je ne veux plus que tu me quittes. Jamais.

« Non, plus jamais, mi amorré. Loin de toi, rrrien n’est beau, le soleil ne brille plus et je ne suis pas vivante. »

Amoureuse, mais coquette comme toutes les jolies femmes, elle déplie les toilettes achetées avec Fatima. Son amant regarde les ensembles avec des yeux admiratifs, même si c’est nue qu’il la préfère. Elle le sait, et Rodrigo le lui confirme en embrassant délicatement ses petits seins qui se dressent vers lui. Malika frémit de plaisir. Elle est bien, infiniment bien. Elle ferme les yeux, elle s’abandonne.

Lentement, entre deux baisers, elle répond à toutes les questions qu’il lui pose. Il était inquiet, son bel officier, tout autant qu’elle. Elle lui explique en détails son heureuse rencontre avec Fatima, qui l’a logée, nourrie, consolée, rassurée. Elles ont couru les boutiques comme deux amies impatientes de tout voir.

Tout en se racontant, elle replie soigneusement ses achats. Ses armes pour clouer le bec aux élégantes. A la demande de son aimé, elle remet sa tunique et ses cuissardes rouges, qui n’ont pas trop souffert du tendre effeuillage. Le regard passionné de Rodrigo s’illumine de fierté et d’émerveillement. Elle a fait le bon choix, sa jolie gitane.

Son doux amant lui explique ensuite sa soirée de la veille. Les questions, les insinuations malveillantes, les railleries. Malika veut tout savoir. Mais il s’est montré très ferme, très précis, surtout avec Isabella. Il n’a qu’un amour, et c’est elle, sa fleur de Bohème. Malika en tremble d’émotion. Ses yeux se remplissent de larmes. Elle a eu si peur. Mais là, contre son amant, un sentiment de confiance, voire d’invulnérabilité, s’éveille en elle. Elle va les affronter, ces bécasses, forte du soutien de son Rodrigo. La voici impatiente d’en découdre. Bien-sûr, elle s’attend à un accueil glacial, mais elle n’a plus peur. Elle n’aura plus jamais peur, désormais.

Ils reprennent la direction de l’hacienda. Au bout de quelques minutes, leurs montures les mènent dans la cour. Rodrigo saute de son étalon, accroche les deux chevaux à la barrière, et dépose Malika sur le sol. Précieusement. Te voilà chez toi, amour, lui murmure t’il.


--Ines



Une maille à l’endroit, une maille à l’envers. On la croirait concentrée sur son tricot, mais ses yeux n’ont pas besoin de suivre le ballet saccadé des aiguilles. Leur mouvement se répète mécaniquement des milliers de fois, comme à chaque fois que dona Isabella lui laisse disposer de son temps à sa guise. Non, Inès rêve. Dans sa chambre, au premier étage de l’hacienda de ses patrons, don Diogo et dona Silvia, ses armoires et ses tiroirs regorgent de brassières, de chaussons, de couvertures pour petit lit de bébé, tricotées avec amour. Elle est persuadée qu’ils serviront un jour, pour une nouvelle génération de bambins mignons comme leur mère.

Elle se voit, radieuse, cajolant les enfants futurs de dona Isabella, reprenant ainsi son rôle préféré de nounou. Mais pour cela, il faut un mari, dans la bonne société portugaise. Et qu’adviendra t’il à présent des fiançailles avec ce lourdaud de Rodrigo ? Nul ne peut le prédire depuis l’apparition de cette maudite gitane.

Une maille à l’envers, une maille à l’endroit. Soudain, un galop de chevaux résonne dans la cour ! Inès sursaute, lève les yeux. Depuis le matin, même en vaquant à ses occupations, elle guette le retour du jeune homme. Ici, elle est parfaitement installée, dans un fauteuil d’osier, face à la fenêtre. Bon sang ! c’est exactement ce qu’elle redoutait ! Don Rodrigo a retrouvé la trace de cette mijaurée. Tiens, qu’a t’elle donc de changé ? C’est ça … Elle est vêtue de neuf. Sans doute grâce à de l’argent volé, comme d’habitude.

Inès se lève, se penche pour ne rien rater de la scène, blottie derrière la glycine. Regardez le donc, ce jeune blanc-bec ! Il traite cette « moins que rien » comme une grande dame, à présent. Et vas-y que je te prends par la taille, vas-y que je te bécote, vas-y que je te chuchote un tas de niaiseries qui les font sourire. Inès est en rage. Elle leur plongerait volontiers ses aiguilles dans le cœur, en commençant par celui de cette blondasse.

Bon ! C’est l’état d’urgence. Il faut qu’elle prévienne dona Isabella, dont la chambre est à l’arrière du bâtiment, au calme. A petits pas pressés, Inès se précipite dans le couloir. Voilà. La porte du boudoir de dona Isabella. Elle toque.

--Dona_isabella



Je l'aime, il m'aime, nous nous aimons...
Nous nous entendons à merveille,
Il me dit que je suis l'air de ses poumons,
Et que j'ai la grâce d'une abeille,
Mais un jour une vieille mégère,
Vient mettre son nez dans nos affaires,
Alors moi j'ai sorti mon balai,
Pour lui mont...


On toque à la porte. La voix d'Isabella s'arrête net. La belle s'adresse un sourire fier en se regardant dans le miroir, pose sa brosse à cheveux sur la petite table au milieu des flacons de parfums et d'accessoires. Elle en a tellement dans la tête cette jeune fille... une imagination si débordante, une voix tellement fluette, une intelligence sans limite. Et même si un jour, elle se retrouve seule et sans argent, elle pourrait chanter dans les rues et devenir connue. C'est ça, quand on est une Gonzales d'Almirante. On sait tout faire, à n'importe quel moment, dans n'importe quel lieu.

Derrière la porte, c'est de nouveau sa gouvernante, les joues gonflées de rage lorsqu'elle raconte en bref ce qu'il se passe à l'extérieur. Cette fois ci, nous sommes en alerte rouge! L'ennemi est dans la cour, accompagnée de sa proie. Il faut passer à l'attaque, immédiatement, avant qu'elle ne puisse s'imaginer pouvoir tout faire dans ce domaine ! Y rentrer sans avoir l'autorisation c'est une chose, mais se bécoter à l'entr...
Isabella pose sa main sur la bouche d'Inès. Pas besoin de commentaires de ce genre avant d'avoir vu la chose de ses propres yeux. Déjà qu'elle avait prévu de rentrer au bout de deux jours, voir même jamais ! Elle est maintenant au seuil de l'hacienda, sûrement parée à recevoir des coups de tous les côtés.

Elle marche à pas lents et prudents dans les couloirs, tandis que la vieille nounou se dépêche d'aller chercher doña Philippa pour descendre toutes ensemble. La jeune fille réfléchit à toute vitesse à la stratégie proposée par cette dernière. Être gentille, serviable et accueillante avec cette garce pour ensuite l'enlever et la faire disparaitre à jamais dans un harem en Afrique. Quelle bonne idée belle-maman, on a l'impression que vous faites ça tous les jours!

Un regard compatissant et plein d'assurance à Philippa, un autre à Inès, et les voilà qui descendent à trois l'escalier se tenant par les bras, comme pour mieux se préparer à ce qu'elles allaient affronter. A voir leur tête, on pourrait croire qu'elles vont subir une guerre, une catastrophe naturelle. Mais non, c'est juste une petite gitane blonde amoureuse d'un marin de la classe aisée.

Dehors, Rodrigo et Malika sont près de leurs chevaux. Cette vision d'eux, à moitié en train de s'embrasser, enlacés et plus amoureux que jamais dégoûte Isabella qui ne peut s'empêcher de froncer les sourcils, à moitié cachée derrière les deux femmes qui les regardent également en silence.
Plusieurs secondes s'écroulent, apparemment personne n'a envie de faire le premier pas...


Bonjour Rodrigo. Bonjour Malika... je voudrai d'abord m'excuser pour tout ce que j'ai pu vous dire la dernière fois... je me suis légèrement emportée...
Tu parles, j'avais plutôt raison. Et encore, j'étais gentille. Cette peste méritait bien plus que ça! Elle a même de la chance que doña Philippa était là, sinon j'aurai pu sortir mes griffes.
Je pense que nous devons recommencer tout à zéro.
Ou continuer la guerre que nous avons commencé...
Et tutoyons nous, d'ailleurs, maintenant que nous sommes amies.
Ennemies.
Je heureuse de te revoir, ainsi que Rodrigo.
Seulement lui. Toi, tu aurais mieux fait de ne jamais revenir ici !
Je m'en suis rendue compte et je comprends, vous êtes amoureux...
Tu le manipules depuis le début petite gitane, et il tombe dans le panneau !! Ouvre les yeux Rodrigo, elle ne veut que ta fortune ! Elle se sert de toi!
...et moi je ne veux que son bonheur. Alors je voudrais me rattraper sur certaines choses...
Son bonheur, c'est avec moi qu'il l'aura ! Pas aux côtés d'une pauvrette misérable.
Déjà, pourquoi n'irait-on pas boire un thé ? Ou, comme des vraies copines, nous pourrions monter dans ma chambre. Je pourrais te montrer quelques unes de mes robes.

Elle baisse le nez pour observer la gitane de plus près. Depuis le début de la conversation, elle ne faisait que de regarder à côté d'elle, ou bien le pendentif qu'elle tenait entre ses mains.
La blonde s'était refaite une beauté. Ou du moins, elle a été faire un tour au marché pour essayer de ressembler à quelque chose d'autre qu'une "fille du vent". Avec quel argent ? Bonne question ! Sûrement a t-elle déjà trouvé des clients au Portugal.


Oh... ces cuissardes sont très élégantes. J'aime beaucoup. Le rouge te va à ravir.
Oh mon dieu, quelle horreur ! Comment ose t-elle sortir avec ça ? Jamais personne ne pourrait acheter cette chose infirme. Enfin, elle, ça se comprend... elle n'a pas du être éduquée dans un milieu très modèle.
Et ce manteau ? Est-ce du vrai cuir ? elle touche. Mais oui ! J'en ai jamais vu d'aussi beau. Tu l'as acheté ici, n'est-ce pas ? Tu devras me donner l'adresse de ce marchand !
Encore plus pire. Ne sait-elle donc pas que c'est totalement démodé ? Surtout pour une femme. En plus, ça la boudine et la rapetissit de plusieurs centimètres. Il est trois fois trop grand pour elle. Alors comme ça une gitane ne sait même pas trouver des affaires à sa taille ? Ca doit être trop demandé pour son petit cerveau.

Allez, allez, entrons... restons pas dehors, en plus le temps commence à se couvrir. Je ne voudrais pas que vous attrapiez froid !
--Sajara




En arrivant en vue du château, Sajara pris ses précautions, et se fit le plus discret possible afin que nul ne remarque son arrivée. Maître en la matière, il n’eu aucun mal à s’exécuter.
Son cheval aux écuries … Le voilà se dirigeant vers les quartiers de son maître… Il gravit rapidement l’escalier en colimaçon ; se poste devant l’ouverture de la porte…
…Entrebâillée, elle laisse échapper un râle et quelques grognements…
On dirait des ronflements !
Sajara se trouve fort surpris. Il entre subrepticement. Il trouve Joao la tête baissée. Par instant, celle-ci se soulève avec un bruit de succion, puis replonge doucement dans un soupir infini.

Le maure ne sais comment régir, décontenancé, il s’approche du vieux lion. Que faire ? annoncer son arrivée en toussotant… faire du bruit pour prévenir l’endormi… appelé Joao ?

Perdu dans ses interrogations et parvenu à sa hauteur, Sajara se retrouve plaqué contre le mur sous l’emprise de la puissante main du châtelain. Vexé de s’être laissé abusé, mais rassuré sur les capacités intactes de son ami, il demande pitié…
Il a l’impression que sa gorge va éclater. La force de Joaquim est encore puissante.

Sajara fixe son vieux maître dans les yeux, celui-ci, le regard encore embrumé, relâche sa prise.

Aussitôt, le géant s’incline.

- Je viens te faire mon rapport maître !

Rasséréné Joaquim relève son ami.
- Excuse mes manières de cuistre mon ami. Tu m’as surpris.
Avec un sourire, le seigneur détend l’atmosphère et efface la tension qui régnait dans la pièce.

Le maure relate ses dernières heures vécues... Se tenant prêt pour une nouvelle mission…
--Malika


A peine arrivée, elle voit descendre par le majestueux escalier les trois femmes, bras imbriqués les uns dans les autres. L’union fait la force, pense Malika. La troisième, elle ne l’a jamais vue, elle est sensiblement du même âge que dona Philippa, elle ne peut être que cette Inès, que Rodrigo lui a dépeint entre deux baisers.

Soit ! L’arrivée de l’héritier et de sa gitane a rapidement fait le tour de l’hacienda. Quelqu’un les guettait, c’est évident. L’affrontement semble désormais inévitable. Rodrigo lui serre un peu plus fort ses doigts entre les siens, pour la rassurer. Et pour se rassurer lui-même, sans doute. Dommage que don Joachim ne soit pas présent, son soutien leur aurait été infiniment précieux, puisqu’il se range, lui a-t-il dit, de leur côté. Ils en auraient bien besoin !

Quelques longues secondes s’égrènent, pesantes. Mère et fils s’observent fixement. Mais Rodrigo ne parlera pas le premier. L’atmosphère s’alourdit d’un coup, l’excellent éducation qu’il a reçue et son respect filial lui intimeront de se tenir légèrement en retrait à attendre que ce soit sa Mère qui commence à parler. Ce sont les règles du jeu dans ce milieu cossu, mais elle connait ça Malika, même chez elle, les enfants doivent le respect aux anciens. Elle attend, silencieuse, un peu en retrait. Est-ce qu’un orage verbal va éclater ? Avec une légère révérence, elle présente ses respects à Dona Philippa.

Isabella se tient face à elle, à côté d’Inès. Malika la dévisage. La petite gitane n’est nullement impressionnée. Son moral est au zénith, à présent. Elle aime et elle est aimée.
Isabella fait un pas dans sa direction. Malika se raidit, inconsciemment, et écrase la main de son amant entre ses doigts fins de poupée délicate. Mais le visage de sa rivale est étonnamment serein et amical.
Méfiante, mais souriante, Malika écoute la litanie d’Isabella, ses paroles lénifiantes ont l’air aussi sincères qu’un âne qui recule…

Bonjour Rodrigo. Bonjour Malika... je voudrai d'abord m'excuser pour tout ce que j'ai pu vous dire la dernière fois... je me suis légèrement emportée...
Je pense que nous devons recommencer tout à zéro.

Ce n’est rrien Isabella, c’est tout a fait norrmal, vous ne pouviez pas savoirrr que Rodrigo m’aimait à ce point, et qu’il vous aimait désorrmais comme une sœurr !
(Te voilà au courant maintenant, je te vois éclater dans ta robe ridicule !)

Et tutoyons nous, d'ailleurs, maintenant que nous sommes amies.
Mais bien sûrr ma chèrrre !
( c’est ça compte la dessus, je ne tutoie que mes amis !)

Je heureuse de te revoir, ainsi que Rodrigo. !
Mais bien sûrr , moi aussi je suis ravie, nous étions parrties surr un mauvais pied !
(Je vais te croire, tiens, tes petits yeux porcins en boutons de bottines disent tout le contraire..)

Je m'en suis rendue compte et je comprends, vous êtes amoureux...
Malika serre un peu plus fort encore la main de Rodrigo, son sourire est éclatant et ses yeux transparents.
Oui je crois que cela se voit.
...et moi je ne veux que son bonheur. Alors je voudrais me rattraper sur certaines choses...
Déjà, pourquoi n'irait-on pas boire un thé ? Ou, comme des vraies copines, nous pourrions monter dans ma chambre. Je pourrais te montrer quelques unes de mes robes.

C’est trrès aimable à vous Isabella , une autrrre fois peut êtrer. Quand je serrrai un peu reposée , nous sommes appelées a nous rrevoir souvent !

Oh... ces cuissardes sont très élégantes. J'aime beaucoup. Le rouge te va à ravir.
Et ce manteau ? Est-ce du vrai cuir ? elle touche. Mais oui ! J'en ai jamais vu d'aussi beau. Tu l'as acheté ici, n'est-ce pas ? Tu devras me donner l'adresse de ce marchand !
Allez, allez, entrons... restons pas dehors, en plus le temps commence à se couvrir. Je ne voudrais pas que vous attrapiez froid !

Chez Don Espano le meilleurr couturrier de la ville ! D’accorrd je viendai voir votre garde robe .
( Mais qu’elle est superficielle ? et bla bla… je ne suis pas comme toi, pas besoin de chiffons assemblés pour ressembler à quelque chose, je voudrais bien te voir sans fard et les cheveux défaits.. Enfin, elle arrête de caqueter, heureusement que le temps s’est légèrement couvert, et qu’elle prend soin de notre petite santé.Mais pourquoi Dona Philippa la laisse prendre autant d'initiatives?)
Malika ne lâche pas la main de Rodrigo lorsque ceux-ci se dirigent vers la grande porte qui mène à l’intérieur de l’Hacienda.En montant les marches, il pose un bras protecteur autour de sa taille, fière, elle se redresse et plonge ses yeux de jade droit dans les yeux noirs d'Isabella,un demi sourire aux lêvres.
--Dona_philippa



Cette diablesse surgie des confins du continent africain est donc de retour, triomphante, au bras de Rodrigo. Dona Philippa prend enfin le temps de la détailler, ce qu’elle n’avait pu faire complètement lors de son premier passage à l’hacienda. Il est toujours utile de jauger une rivale, afin d’éviter toute surprise. Afin de pouvoir s’en débarrasser sans aucun risque.

Car les dés sont jetés, à présent. Le retour de Rodrigo et Malika signifie la mise en oeuvre de leur plan, de leur stratagème, pour la renvoyer au plus tôt, ficelée comme un saucisson, d’où elle vient : l’Afrique profonde, et plus particulièrement, cette fois, un quelconque harem tapis au centre de ce désert immense et infranchissable sans une connaissance approfondie des mers de sable, des oasis, et des caravanes de chameaux menées par des tribus de touaregs.

Curieuse situation, que cette élégante et noble Portugaise et cette blonde gitane qui se font face, qui se détestent, mais dont les propos sont d’une gentillesse et d’un raffinement exquis. Silencieuse, dona Philippa écoute attentivement le chassé-croisé de leurs questions et réponses. Isabella est une excellente comédienne. Elle est rusée et intelligente. Elle applique à merveille le subterfuge qu’elles ont imaginé avec Inès. Complimenter, rassurer, convaincre qu’une nouvelle amitié est en train de voir le jour. Si l’enjeu n’était pas si important, dona Philippa applaudirait à tout rompre.

Et l’autre, l’aventurière aux cuissardes ridicules, derrière ses yeux clairs et son sourire radieux, est-elle en train de tomber dans le piège ? Ou bien ruse t’elle également ? Difficile de se forger une opinion, la connaissant si peu. Elle est bien jeune encore, peut-être n’a t’elle pas assez de vécu, assez d’expérience, pour flairer le coup qui se prépare en douce. Un détail retient l’attention de la propriétaire de l’hacienda. Une jolie manœuvre d’Isabella. A force de discuter de toilettes, elle a convaincu Malika de venir admirer sa garde-robes et de discuter chiffons. Aucun moment précis n’est fixé, sans doute le lendemain, mais ça leur donnera peut-être l’occasion d’agir. Pourquoi attendre ? Réglons donc ce problème au plus vite. Après l’enlèvement, il suffira d’affirmer en chœur que Malika n’a pas rejoint la chambre d’Isabella, et le tour sera joué.

Les deux jeunes filles se sont tues. Malika profite de chaque occasion pour se couler dans les bras de Rodrigo. Ca doit bouillonner dans la tête d’Isabella. Dona Philippa se décide à présenter également ses excuses. Elle a horreur de ça, mais c’est pour une bonne cause. Le bonheur de Rodrigo avec Isabella, et l’épanouissement de leurs deux domaines enfin réunis par leur mariage.

Je suis sincèrement désolée pour notre accueil peu amical, Malika. Tu permets que je t’appelle ainsi, n’est ce pas ? Je m’étais habituée à l’idée d’une union prochaine entre mon fils et Isabella, mais puisque Rodrigo t’a choisie, c’est que tu es quelqu’un de bien également. Vois tu, Malika, il passe peu d’étrangers ici, notre hacienda est à l’écart de la ville, et nous nous méfions des voyageurs. A tort, sans doute. L’inconnu est parfois inquiétant, tu l’admettras. J’espère que tu ne m’en tiendras pas rigueur. Et puisque Isabella se propose de te chaperonner, je te conseille d’en profiter, elle a toujours d’excellents conseils.

Dona Philippa jette un coup d’œil vers le ciel maussade.

Oui, rentrons, ce sera d’ailleurs bientôt l’heure du repas du soir. Je vais faire ajouter une assiette. Rodrigo, peux tu indiquer une chambre d’ami à ta … à Malika.

--Rodrigo



Non, il n’existe pour Rodrigo aucune mission plus délectable, plus séduisante, que celle d’escorter sa tendre gitane, surtout vers un endroit tranquille où ils ne seront qu’eux deux. Ce sera également une occasion pour eux d’échanger leurs points de vue sur l’accueil que les habitantes de l’hacienda leur ont réservé à leur retour. Ils abandonnent donc Philippa, Isabella et Inès à leurs conversations, confient Rolio et Igor à un jeune valet, et le bel officier emmène sa douce compagne vers une des nombreuses chambres d’ami du premier étage. Et non pas vers la sienne, hélas, malgré la tentation, puisqu’il faut bien respecter les convenances et les traditions bourgeoises.

Rodrigo porte son choix sur une petite pièce lumineuse et joliment aménagée, un ancien boudoir, qui présente l’avantage immense de jouxter à sa propre chambre. Dans le hall, il indique à sa fleur de Bohème les deux portes, également contiguës.

C’est provisoire, amour, bientôt nous occuperons le même chambre, plus vaste, plus aérée. Il faut laisser le temps à ma mère de s’habituer à cette idée. Mais ce soir, après le repas, on se retirera discrètement, prétextant la fatigue du voyage, et je te rejoindrai dans ton petit lit douillet dès que l’hacienda sera endormie. J’ai hâte d’y être, ma princesse. Et on ne se quittera plus jamais, désormais, amour.

La chambrette de Malika contient un minuscule cabinet de toilette, prévu pour une seule personne, mais ils parviennent à s’y caser tous les deux en riant, semant derrière eux leurs vêtements qui s’amoncellent sur le parquet ciré, couvert de-ci de-là de tapis anciens. Les tourtereaux prennent tout leur temps, se câlinant et s’embrassant tendrement, avant de se rafraîchir brièvement.

Rodrigo disparaît quelques instants dans la chambre voisine, d’où il revient élégamment vêtu d’une chemise claire, largement ouverte sur son torse bronzé, et d’un pantalon blanc. Il sourit en observant Malika qui hésite devant les superbes robes qu’elle a alignées côte à côte sur le lit. La belle semble détendue, heureuse. Elle se pend à son cou dès qu’elle l’aperçoit, petite fille espiègle et joyeuse, jeune femme amoureuse et désirable.

Habille-toi, ma chérie, je pense que nous sommes déjà sérieusement en retard. Dis-moi, que penses tu du comportement de ma mère et d’Isabella ? Elles ont été charmantes, non ? Bien-sûr, elles doivent être très contrariées, mais je les connais bien, elles n’oseront jamais s’opposer à notre amour, tu verras. Nous serons heureux ici, ma princesse. J’abandonnerai la marine portugaise pour me consacrer à toi, et rien qu’à toi.

Les mains de Malika courent d’une robe à l’autre, tandis que son amant, debout derrière elle, embrasse doucement ses épaules nues, effleurant ses petits seins du bout de ses doigts.

--Joaquim



Joaquim s’était installé dans une des tours de son château qu’il avait transformée en quartier général.
De cette position, il pouvait observer tous les mouvements extérieurs : les départs, les arrivées…

Un nid fortifié qu’il considérait comme son repère. Affalé sur un tabouret, la tête collée contre le mur, le vieil Arminho s était assoupi…

S’est presque en l’étranglant qu’il accueillit Sajara, surprit par cette visite impromptue.
Se reprenant, les idées devenant plus claires, il s’aperçoit qu’il étrangle son ami. Il le relâche…

Quelle brute ! Quel vieux fou ! Je vais finir par tuer un proche sans m’en apercevoir. Il est grand temps que je tire ma révérence. En attendant il faut que je m’en tire à bon compte. Il ne faut pas que Sajara s’aperçoive de mes errances.

Le maure s’inclinant s’apprête à lui faire son rapport.
Joaquim s’excuse auprès de son ami, lui arguant qu’il est dangereux de surprendre le seigneur des lieux.


A l’écoute du récit, il se dit satisfait :
Tout à l’air de bien se goupiller, c’est parfait…

Prenant une inspiration, il ajoute :
Il faut que tu continues à assurer la protection de ces deux tourtereaux.
La châtelaine ne va pas laisser son rejeton épousailler une bohémienne. Elle veut du sang noble pour sa descendance. Du sang bleu !
Pfffffff…
Et moi qui suis bâtard de roi. Quelle ironie non !
Ce serait à moi de demander du sang pur…
Pourtant je n’ai que faire de cette « pureté », c’est bon pour les cochons et les animaux domestiques. Nous, on est des bêtes sauvages épris de liberté. Pas de vulgaires bestiaux qu’on mène à l’abatage ou qu’on présente comme un trophée orné de ses plus beaux atours.


Le sourire aux lèvres, le vieux, se revoit sur les routes de sa jeunesse. Il lui suffit de fermer les yeux pour revoir la bohème de ses jeunes années, la brigande, les troupes qui suit leur chef, les rapines, les embuscades, les beuveries, les catins des bordels français, les massacres, le sang qui dégouline du visage après une bataille riche en boucherie, les poursuites, la perte de frères d’arme…

Sajara figure évidement dans ces souvenirs pléthoriques. Le géant indestructible, fidèle des fidèles, les voici rajeunis de dizaines d’années, qu’ils ont fière allure. Alliant la puissance et la grâce, ils écument les batailles avec autant de facilité qu’ils troussent les soubrettes le soir après une dure bataille.

Bon sang que la jeunesse est belle !

Quelle décrépitude que la vieillesse pour des hommes comme nous !
Nous méritons comme les valeureux vikings de mourir l’épée à la main pour rejoindre les plus grands héros au Walhalla. Nous méritons d’être tués en trucidant nos ennemis pour défiler sur les « champs Elysées » comme ces petits romains de l’antiquité.


Joaquim fait les cent pas dans sa tanière. Il commence à s’énerver, la colère gronde en lui, elle monte… les veines du vieillard bouillonnent… Sa tête commence à brûler d’un désir de violence, la brute est prête à s’échapper du carcan des convenances… Les barrières de la bienséance et de la société s’estompent, leurs rôles de garde-fous ne font plus effet…

Il faut toute la compréhension de Sajara, pour que Joao lise dans son regard l’intérêt de garder son calme et sa mesure… Petit à petit, le lion recouvre ses esprits et sa plénitude.

Bon dieu de bon dieu, voit ce qu’on récolte à ce jour une bande de vieilles « ababinas », vieilles sorcières aveuglées par les convenances qui plaisent à de petits seigneurs incapables. Le modèle hypocrite d’une bande de sodomites, de petits sacs à foutre, dont le vit n’est capable d’engrosser que des baronnes… Frigides en société, elles sont les pires catins dans les alcôves.


Respirant comme un taureau en rut, Joao est répugné de se battre contre des mégères, il préférerait sortir son épée et pourfendre mille ennemis…
Jouer les hypocrites, les diplomates n’est point son fort…
Mais pour son fils, il est prêt à tout ; il en a fait le serment.

Allons Sajara ! s’exclame t-il.
Je vais descendre l’heure de la soupe est venue. Souhaite moi bonne chance, je vais soutenir mon fils et sa jolie donzelle. Il aura besoin de moi devant ces « ababinas ».
Et comme dit le peuple de sa douce dulcinée : Bahtalo drom ! Bonne chance sur les routes !


D’un rire qui se répercute sur les murs, il prend les escaliers…
--Ines



Dona Philippa et dona Isabella s’impatientent dans la salle à manger, attendant le retour de Rodrigo et de sa gitane, et s’interrogeant au sujet de don Joaquim. Daignera t’il les honorer de sa présence, et, dans l’affirmative, sera t’il d’une humeur de chien ? L’heure traditionnelle du repas du soir est largement dépassée, ce qui indispose particulièrement la maîtresse de maison, respectueuse des us et coutumes. Nerveusement, elle se sert un nouveau verre de vin, renvoyant d’un geste brusque la cuisinière qui vient aux nouvelles. Quelle idiote, celle-là, incapable de constater par elle-même que la plupart des chaises sont encore inoccupées.

Pendant ce temps, Inès, qui n’est pas conviée au repas des riches propriétaires de l’hacienda, a grignoté quelques abricots dans sa chambre. L’inaction lui pèse, et elle entreprend de déambuler dans les couloirs, à l’affût de l’une ou l’autre indiscrétion ou d’une découverte intéressante. Elle entend soudain des rires, des propos joyeux, et se tapit vivement derrière une imposante armure montant la garde au premier étage, depuis des décennies.

Inès n’en croit pas ses yeux ! Mais où va le monde aujourd’hui ! De sa cachette elle aperçoit don Rodrigo attirant tendrement cette Malika dans sa chambre, et la gitane est entièrement nue ! En deux pas, ils disparaissent dans la tanière du jeune homme, négligeant dans leur empressement de fermer complètement la porte de la chambrette de la Bohémienne. Une vive curiosité s’insinue aussitôt dans l’esprit d’Inès, et la pousse à s’approcher silencieusement et à jeter un œil indiscret par la porte entrouverte. De somptueuses toilettes sont alignées sur le lit de l’aventurière, ainsi que les vêtements légèrement défraîchis qu’elle portait à son arrivée. Cette maudite compte sans doute rivaliser d’élégance avec dona Isabella lorsqu’ils se décideront enfin à rejoindre la salle à manger. Elle a décidé de ne plus ressembler à l’épouvantail à moineaux qu’elle est habituellement.

Comment résister à la tentation ? La dame de compagnie n’hésite pas longtemps. Ca devrait contrarier la jeune intrigante si tous ses vêtements luxueux disparaissaient tout-à-coup. Et peut-être même la dégoûter à tout jamais de séjourner dans l’hacienda. Inès tend l’oreille, et perçoit des soupirs et des chuchotements lascifs dans la garçonnière de don Rodrigo. Mon dieu, quelle éducation ! Mais en attendant, la voie est libre. Il ne lui faudra que trente secondes à peine. Pas de temps à perdre !

Hop ! Inès plonge vers le lit, ramasse précipitamment toutes les toilettes, délaissant uniquement ces affreuses cuissardes rouges beaucoup trop encombrantes à emporter. Elle jette le tout sous son bras, et court vers sa petite chambre. Voilà. Sans attendre, elle glisse les robes de la gitane dans une large gibecière de toile qu’elle dissimule au fond d’une armoire, sous ses effets personnels. Jamais on ne soupçonnera la très digne et irréprochable dame de compagnie de dona Isabella. L’hacienda est remplie de jeunes serviteurs qui seront les premiers suspects de cet emprunt.

Une idée lui vient à l’esprit à ce moment précis. Cette Malika sera sans doute contrainte de faire appel à dona Isabella pour dénicher une ou deux tenues décentes, ce qui leur donnera peut-être une possibilité d’agir et de l'éliminer …




Post du PNJ --Hubert_le_gris supprimé sur demande de l'auteur, MP envoyé à ce dernier.

M.
--Malika
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]Dans les bras de Rodrigo la blonde gitane sourit, quelques baisers échangés, quelques caresses subtiles, un câlin débridé, mais il faut songer à se préparer, ils ne peuvent pas se permettre d’arriver en retard à la table familiale !
Amorr ! souffle t’elle à l’oreille de son amant, je vais me fairrre belle, un rire, pour séduirre mon beau papa ! Je mets la rrobe bleu ? Ou l’Orrrange ? Dis moi ?

En franchissant la porte de sa chambres, elle porte le regard sur son lit et …..
Et là plus rien ! Ses robes, ses voiles, ses chaussures, tout à disparu ! Il ne reste que ses bottes jetées dans un coin de la pièce et de vieilles braies. Si un domestique avait pris le soin de ranger ses vêtements, il aurait aussi rangé ses bottes, non ?

Aussi nue que sa mère l’a faite, elle cherche dans les coffres et même dans la grande armoire. Rien ! Il faut se rendre à l’évidence, une personne malveillante a fait disparaître ses précieux atours.
Les larmes lui brûlent les yeux, mais sa colère est telle qu’elles se tarissent immédiatement. Elle se précipite dans la chambre de Rodrigo.

Paranscnok !! Mes robes ? Elles ont disparrru ? Que se passe t’il dans cette maison ? Döghalàl ( peste noire), dans les palais il n’y a que des bandita ! Des sôtet alak ! (bandits, personnes louches.)

Rodrigo la serre fort dans ses bras, et bien sûr il n’y est pour rien son marin. Du coin de l’œil, elle avise, posée sur le dossier d’une cathèdre, une chemise de Rodrigo. Blanche, un col élégant, échancrée sur le devant. Sur la table, un ceinturon en cuir de Cordou orné de pierres et de cuivre repoussé. Elle rafle le tout, retourne dans sa chambre. Elles vont voir ces sorcières !

Devant le miroir, elle torsade ses cheveux qu’elle remonte en couronne d’or sur la tête, elle ombre son regard de khôl, rosit ses joues et ses lèvres, se parfume d’un peu d’essence de gardénia. La chemise échancrée met sa poitrine en valeur, le ceinturon souligne sa taille souple et fine, elle enfile ses cuissardes sur ses longues cuisses brunes qui contrastent avec la blancheur immaculée de la chemise.
Un regard à son reflet qui lui confirme qu’elle n’a rien a envier à personne, le dénuement de ses vêtements met sa beauté en valeur.
Elle se sourit dans le miroir. Curieux accoutrement, mais pas laid du tout ! Elle a belle allure.

Amorrr !!!! Tu viens ? Je suis prrrète !

Les yeux de son amant la rassurent encore plus. Elle se sent jolie et désirable. Main dans la main, ils pénètrent dans la salle à manger.






--Dona_isabella

La brune aux yeux verts et à la langue de vipère regarde s'éloigner Malika et Rodrigo, enlacés et plus amoureux que jamais, l'une le regard fier et la tête haute et l'autre, heureux de voir sa compagne en harmonie parfaite avec sa famille. Entre elles venait de se passer un affrontement, la première bataille, la première manche. Match nul. La gitane s'est montrée parfaitement docile et gentille. Beaucoup trop, au goût d'Isabella. Il y a anguille sous roche, là-dedans, pense t-elle, avant de rentrer à son tour dans l'hacienda, les deux autres femmes derrière elle.

Je vais aller me préparer pour le diner. Inès, je vais avoir besoin de ton aide. Elle adresse un grand sourire bienveillant à doña Philippa et monte dans son boudoir accompagnée de sa domestique.
Une fois la porte de la chambre claquée, elle explose.


Bon sang! Mais t'as vu comment elles fripée? Et de quelle audace ose t-elle...elle... m'affronter ?! Et ses yeux ? Tu as vu ? Elle se prend pour la reine de France ou quoi ? Comment a t-elle réussi à gagner autant d'assurance en une journée ?!

Ses yeux brillent, des petites larmes de colères coulent sur ses joues tandis qu'elle essaie tant bien que mal d'enlever sa robe, l'arrachant presque de ses propres mains. Heureusement, Inès vient à son secours pour l'aider et la calmer, avec des paroles qui réussissent à rassurer la jeune fille. En même temps, la vieille nounou, elle a l'habitude des crises. Elle a les mots justes, doux mais à la fois durs, qui permettent à Isabella de se ressaisir.


Je vais lui montrer de quoi je suis capable... qui est Isabella Gonzales d'Almirante. Elle a pas fini d'en baver cette blondasse de gitane! et ainsi, elle continuait à jurer, à baver des méchancetés sur Malika, critiquer et comploter des sales coups à lui faire, les phrases et les pics qu'elle pourrait lui lancer pendant le diner alors qu'Inès l'habillait, la coiffait et la maquillait tout en acquiesçant, sourire aux lèvres, contente que la jeune fille ait aussitôt repris son sang froid et ses vieilles habitudes.

Une fois fini, elle congédie sa dame de compagnie, préférant rester quelques instants seule avant de descendre en bas.
Elle ouvre un tiroir de sa coiffeuse, en sort une petite boîte à bijoux pourpre avec écrit dessus "Isabella" en lettre dorées. Dedans, une fine chaine en or avec un pendentif en forme de coeur que l'on peut ouvrir, contenant un "R" joliment gravé à l'intérieur. Elle l'attache autour de son cou, laissant le coeur tomber dans le décolleté plongeant de sa robe couleur rouge, comme la colère, assortie à la rose dans son chignon qu'elle n'a pas enlevé.

Belle comme le feu, brûlante comme la braise, et surtout impatiente d'assister au repas en compagnie de la gitane, elle descend en bas dans la salle à manger, où doña Philippa l'attend déjà. Isabella s'assoit à ses côtés.


Don Joaquim va venir, vous pensez ? Je me demande bien comment il va réagir en voyant Malika. Bien, vous pensez ? J'espère toute fois qu'il n'y aura pas de scandale à table, comme la dernière fois.
Elle se penche un peu plus vers sa future-belle-maman. Et puis, vous savez, je pense que votre plan marche à merveille... cette gitane est de moins en moins méfiante, il faut continuer ainsi. Bientôt viendra l'heure à laquelle on la kidnappera... j'espère que votre marchand est prêt à intervenir.

Du bruit ! Isabella se redresse, affiche un léger sourire presque naturel qui augmente à la vue de Rodrigo et Malika... elle a une énorme envie d'éclater de rire en la voyant, mais se retient. L'une des premières choses qu'on apprend dans une famille noble : savoir contenir ses émotions.
Pendant quelques secondes, elle analyse l'accoutrement de la gitane. Il suffit qu'elle se penche en avant pour qu'on voie son derrière, elle est prête à le parier, Isa. Et bon dieu, encore ses cuissardes rouges. C'est d'un vulgaire ! Comment ose t-elle rentrer dans la salle à manger, à moitié nue ? Dans la demeure du noble don Joaquim ! Elle se croit dans un bordel ?!


Asseyez-vous mes amis. Malika... tu es splendide ! Est-ce une nouvelle tendance, cette chemise et... ce ceinturon ? Est-ce un habit traditionnel là où tu habites ? D'ailleurs, d'où viens-tu ? Nous ne savons rien de toi !

Elle fait une petite moue en passant délicatement sa main dans ses cheveux pour en enlever la rose qui s'y trouve. Elle la tient près de ses narines pour pouvoir respirer la délicieuse odeur qui s'en dégage et oublier un instant celle de la gitane qui se tient en face d'elle. Un léger battement de cils à Rodrigo, qui, elle l’espère, louche sur son décolleté et reconnait le joli collier qu’il lui a offert pour ses 14 printemps. Elle espère aussi qu’il a toujours le sien, où un « I » est gravé.
--Rodrigo



Bien-sûr, la tenue de Malika n’a rien de conventionnel dans ce monde d’élégance raffinée et de sophistication extrême. La surprise sera de taille lorsqu’ils rejoindront la tablée, mais Rodrigo, lui, la trouve ravissante. Les petits seins de sa gitane se dressent avec arrogance sous sa chemise largement décolletée, et le haut de ses cuisses, joliment hâlées, jaillissent hors de ses cuissardes écarlates. La sylphide a des allures d’amazone, ainsi vêtue. Ils descendent l’escalier, et, sans la moindre hésitation, Malika l’attire à sa suite vers la luxueuse salle à manger. Rodrigo lui murmure dans le creux de l’oreille qu’elle est superbe, et que tout va bien se passer, mais la belle est visiblement résolue à affronter fièrement les regards de sa rivale, quoiqu’il arrive. Ses doigts frêles serrent cependant la main de son amant avec plus d’insistance lorsque Isabella prend la parole.

En effet, pour la seconde fois, c’est son ancienne promise qui joue avec talent les maîtresses de maison, montrant de cette façon qu’elle est ici chez elle, en terrain conquis, qu’elle a le soutien illimité de dona Philippa, et qu’elle n’envisage nullement de renoncer au jeune officier. Son accueil est cordial, mais l’ironie pointe derrière chaque mot. Ses yeux moqueurs ont un instant considéré de haut en bas les formes minces et gracieuses de la gitane, avant de retrouver une lueur plus réservée, plus mesurée. Rodrigo connaît par cœur son amie d’enfance, il est persuadé qu’elle va chercher à se maîtriser devant la propriétaire des lieux.

Isabella est également à son avantage, dans une somptueuse robe rouge. Avec une nonchalance charmante, mais feinte, elle manie délicatement une rose pourpre retirée de son lourd chignon. Son cou est orné d’un discret collier d’or fin, garni d’un pendentif en forme de cœur que Rodrigo identifie aussitôt, puisqu’il s’agit là d’un cadeau qu’il lui a offert pour ses quatorze ans. L’opération « séduction » est lancée, par l’utilisation judicieuse de ce souvenir commun de leur tendre enfance, de leur insouciance, de leur complicité d’autrefois. Bien joué, Isabella, Rodrigo est troublé un instant par cette réminiscence d’un passé pas si lointain, mais il se ressaisit. Tout ça, il veut l’oublier. Il a fait son choix. Son présent, son avenir, c’est Malika, et personne d’autre.

Le jeune marin déplace une chaise à l’intention de sa gitane, puis s’assied à la table, à côté d’elle. Face aux deux nobles portugaises. A sa droite, le siège réservé à son père, Joachim, lequel se révèle peu soucieux d’arriver à l’heure précise du repas, comme d’habitude. La main de Rodrigo caresse doucement le genou de Malika, sous la table. Mettant fin à un silence devenant pesant, il se tourne vers sa mère, occupée à détailler la jolie fille de Bohème avec des yeux ronds et un sourire légèrement narquois.

Maman, je t’arrête tout de suite. Je n’en reviens pas ! Quelqu’un a osé dérober les nouvelles toilettes de Malika pendant que je lui montrais … enfin soit ! C’est vraiment inconcevable qu’il puisse se dérouler de tels actes dans notre hacienda. J’ignore ce que père en pensera. Mais voilà, c’est ce qui explique que Malika a du enfiler en hâte une de mes chemises. Ses robes sont sans nul doute déjà loin, maintenant, avec les allées et venues du personnel, mais demain je visiterai quand même la bâtisse de fond en combles, ainsi que les annexes et les écuries.

Il empoigne le pichet de vin joliment ciselé trônant au centre de la table.

Non, Isabella, ce n’est pas une nouvelle mode ni une tradition issue de la contrée où Malika a grandi. C’était la seule possibilité qui s’offrait à nous. Bon, un petit verre, senoritas, avant d’appeler le maître d’hôtel ?

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