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[RP] De la roulotte à l'hacienda

--Rodrigo




Deux pas en avant, trois pas en arrière, deux autres sur le côté. Doutes, hésitations, tâtonnements, bonjour ! Oui, c’est vraiment sans conviction que Rodrigo continue à explorer l’intérieur de la chapelle. Il a beau regarder, il n’y a ici aucune âme pieuse. Non, personne n’est agenouillé sur une chaise ou un banc afin de s’adresser à dieu ou à ses saints. Non, et malheureusement aucune superbe blonde en train de méditer et de prier, qui se ruerait dans ses bras dès qu’elle l’entendrait s’approcher. D’ailleurs, il ignore tout des convictions religieuses de sa gitane. Ils n’en ont jamais discuté sérieusement, préoccupés dès le lendemain de leur rencontre par ce long voyage à travers les Pyrénées, puis confrontés à toutes ces complications familiales à leur arrivée à l’hacienda. Il doit se l’avouer, il aurait été très surpris de la découvrir là, dès l’aube, en grande conversation avec une divinité quelconque.

Igor a beau fureter partout avec énormément de zèle, et notamment près d’un vieux tapis fripé et décoloré posé là dans un coin, Malika n’est pas ici, c’est clair. Peut-être est-elle entrée la veille, en se promenant, poussée par une curiosité toute féminine. Ce serait dès lors pour cette simple raison qu’Igor les a amenés ici ce matin, détectant subitement l’odeur de sa jeune maîtresse. Oui, sans doute est-ce la bonne explication. Isabella ajoute d’ailleurs un élément de taille à toutes ces suppositions. Ce tapis près duquel rôde le chien de berger provient en ligne droite des cuisines, ce qui justifie l’intérêt et l’insistance du brave animal, éternellement affamé comme tous ses congénères. Non, décidément, ils n’ont aucune raison de s’éterniser davantage. Mais alors, où chercher ?

Rodrigo redresse machinalement un banc renversé, dont personne n’a pris le temps de s’occuper auparavant. Ce vieux mobilier tombe en ruines, il faudra bientôt renouveler tout ça.

L’esprit en pleine déroute, le jeune officier lève les yeux vers un ancien crucifix, au front meurtri par une épaisse couronne d’épines. Seigneur, puisses-tu entendre ma prière muette et guider mes pas. Puisses-tu m’expliquer l’inexplicable. Puisses-tu retrouver l’introuvable. Et soudain Rodrigo sursaute. Isabella a posé la main sur son épaule. Elle continue à lui parler, amicalement. Elle évoque toutes les possibilités, avec une logique implacable. Elle argumente, elle émet des hypothèses quant à la disparition de la bohémienne, et Rodrigo se tasse un peu plus à chaque phrase. Chaque mot l’atteint en plein cœur. Chaque mot ranime le mystère. Et il ne sait pas. Et il ne sait plus. Sa belle énergie part en quenouilles. Il se rebelle seulement lorsque la brune lui reproche de donner son amour sans discernement !

Non, Isabella, Malika n’est pas « n’importe qui » ! N’emploie pas ces mots, je te prie ! Mais je t’avoue que je suis totalement perdu. Je ne comprends rien à ce qui se passe. Je suis vraiment découragé. Que faire, à présent ?

La tête basse, le jeune officier rappelle Igor et franchit la porte menant vers les jardins, le cœur vacillant entre chagrin, incompréhension et abattement profond.

--Fuinha




Le soleil s’était maintenant largement montré, ses rayons illuminaient le domaine des Almirante.
Fuinha posté dans « son bois » avait vu repasser la petite expédition qu’il devinait vengeresse.
Il allait quitter son observatoire quand il entendit et vit un remue-ménage qui enflammait tout le château.
Des cavaliers passaient devant lui à bride abattue, des cantinières criaient dans la cour, des soldats s’agitaient dans les coursives…
De cette pagaille et cacophonie, il résultait une chose : le seigneur et sa femme avaient été assassinés…

La Fouine s’avait dès à présent que son devoir était d’informer son maître le roi.
Son « bâtard » lui avait retiré une fameuse épine du pied.

La politique reprend toujours ses droits. Le bâtard allait ressortir grandit et renforcé de ce coup de force. Il devenait le plus puissant seigneur du royaume… enfin, son fils… Puisque Arminho avait décidé de se retirer, laissant son rejeton aux affaires…
Comme dit l’adage « bon sang ne saurait mentir »…. Même s’il est issu d’une branche bâtarde, Rodrigo est un petit-fils de roi. Il a rendu, peut être sans le savoir, un grand service à son « grand-père » qui le récompensera en douce.
La Fouine était prêt à parier sa solde qu’il n’y aurait jamais de procès.
--Malika

Noir, noir glacé, noir silencieux. Malika a perdu la notion du temps, le corps nu sur la pierre froide, les membres liés, le corps engourdi, bâillonnée. Seul le mince filet d’air qui se faufile par ses narines lui permet de rester en vie. Maintenant il y a trop longtemps qu’elle est dans cette crypte, elle ne reverra jamais le jour. C’est bientôt la fin. Le visage flou de Rodrigo flotte au dessus d’elle, son regard gris, si doux, si …

Les images s’interrompent soudain. Le grincement d’une porte qui s’ouvre la tire de ses rêves. Rêves ou pensées, la frontière est ténue entre les deux …

Seraient-ce ses tortionnaires qui reviennent ? Les deux femmes de l’hacienda ? Elle frissonne, inquiète. Dans le silence écrasant, le moindre bruit est amplifié et résonne longtemps. Et du bruit, elle en entend !

Elle tend l’oreille, perçoit des pas, au dessus d’elle, les pas de deux personnes, et le bruit de griffes sur le sol.

IGOR ! IGOR ! RODRIGOOOOO !

Elle essaie de hurler, mais le bâillon s’enfonce dans sa gorge, empêchant ses cris de jaillir. Elle va mourir étouffée, il n’y a pas d’autres issues. Malika se tord sous ses liens qui lui scient la peau, avec l’énergie du désespoir. Puis elle éclate en sanglots devant l’inutilité de ses efforts.

Calme, calme toi, Malika, il est là ! Il va venir te délivrer, la trappe va s’ouvrir, tu vas le voir, sentir son odeur, ses mains sur toi en train de te délivrer, de te serrer dans ses bras, d’essuyer tes larmes.

Elle écoute, les bruits de pas, de voix. Il n’est pas seul Rodrigo , non, elle perçoit le ton nasillard de sa rivale portugaise. Isabella ! ördög (ce démon)

NONNNN ! Non, pas elle. Cette fille est le mal incarné. Elle est intelligente et rouée, elle va arriver à éloigner Rodrigo. La gitane entend cette fois des bribes de mots, prononcés plus distinctement.

Nous avions récupéré ce tapis des cuisines ... il faut croire que le parfum ne disparaît pas si facilement. Mais de quoi parle t-elle ?
Continuons nos recherches, nous perdons notre temps ici.
RODRIGOOOO ! Je suis là !
Hélas le cri de Malika ne passe pas la barrière du foulard qui clôt sa bouche.
Peut être qu'elle a décidé de partir définitivement.
Mais elle est folle, Rodrigo va comprendre, jamais je ne serais partie sans lui ! Sans Terra, Igor et Rolio ! Hazug kutulya ( sale menteuse)

Ses sanglots redoublent. Rodrigooo ! Je suis là, tout près de toi…

Ton cœur est bon, Rodrigo. Mais il faut savoir en prendre soin et ne pas le donner à n'importe qui……
Les paroles d’Isabella résonnent plus fort dans le silence de la crypte . Malika à compris les manœuvres de sa rivale. Szenny (saleté !)


Non ! Mon amour, ne l’écoute pas. Toi le marin, tu connais le chant des sirènes, c’est un piège, ne l’écoute pas, reste, je suis là ! Viens , viens !

Elle entend à présent la voix de son amour. Il est abattu, découragé. Il n’est pas de taille à lutter contre la perfidie de cette hypocrite. Il est noble et pur, il n’est pas fourbe comme cette brune machiavélique . Et te dög ( cette charogne)

Les pas s’éloignent maintenant. Chuintement de la porte de l’église qui s’ouvre et se referme, puis plus rien, sauf l’angoisse et la résignation. Ur eltâvozik (Seigneur il s’éloigne ) Ses larmes roulent jusqu'à ses cheveux ou elles s’abritent en formant des perles brillantes.

--Rodrigo



Heures d’angoisse, de perplexité, mais il lui faut combattre à tout prix ce découragement qui s’insinue en lui, comme un poison à la fois lent et violent. Surtout ne pas se résigner. Surtout ne pas s’asseoir, même un instant. Mais l’espoir ténu de retrouver Malika se recroqueville au fil des minutes.

Sombres recoins, annexes presque oubliées, chambres de bonnes, greniers encombrés de reliques du passé et de souvenirs lointains, il a pourtant tout fouillé, tirant à sa suite le brave Igor dont le flair n’accomplit hélas aucun miracle, bénéficiant aussi de l’aide un peu théâtrale d’Isabella, avant que la brune ne renonce définitivement.

C’est déjà le soir. La lueur des torches a remplacé la lumière du jour. Rodrigo traverse l’hacienda pour la centième fois, ombre parmi d’autres ombres anonymes qui s’allongent et courent autour de lui. Leurs pas pressés résonnent entre les murs de la bâtisse. Le jeune homme a envoyé un bataillon de domestiques et de soubrettes inspecter les alentours, les champs, les vignes, les buissons bordant la forêt, promettant une énorme récompense à qui ramènerait un indice, une piste. Leurs torches dansent dans l’obscurité, comme autant de feux follets. Et les voilà qui reviennent, la tête basse, soufflant et suant. Bredouilles, hélas. Et la lumière des flambeaux n’éclaire que des visages déçus et fatigués.

Et la nuit noire étend son lourd manteau de ténèbres sur le domaine, comme un linceul recouvrant les âmes défuntes. Jamais elle n’a paru aussi sinistre aux yeux de Rodrigo. Jamais elle n’a donné naissance à autant d’interrogations. Le cœur lourd, il est bien obligé d’interrompre les recherches. Et une immense fatigue l’envahit tout-à-coup lorsqu’il grimpe l’escalier menant à sa chambre. Son sommeil est agité, peuplé de cauchemars atroces et morbides. Malika, aux prises avec une meute de loups affamés descendus de la montagne pour trouver de la nourriture aux abords des villages … Malika, dont le corps déchiqueté gît au fond d’un gouffre, les membres écartelés … Malika, clouée à une croix sous l’œil ironique de la fourbe Isabella … Malika qui pleure, qui souffre mille morts, qui s’égosille à l’appeler à l’aide mais qu’il est incapable de secourir …

Il s’éveille en sursaut, poussant un hurlement animal. C’est l’aube, déjà. Une sueur glacée perle sur son front. Au loin, soudain, un clocher d’église égrène les six coups sourds et réguliers annonçant les matines. Leur tintement se répercute à travers la campagne qui sort du sommeil.

C’est dimanche.

--Dona_isabella


C'est dimanche. Depuis plusieurs heures déjà. L'église de la ville sonne midi. Boucan qui résonne jusqu'à la fenêtre entrouverte de la chambre d'une bourgeoise.

Isabella est assise en face de sa coiffeuse, impatiente. Sur ses cheveux relevés en un chignon strict, sa capuche. Le long de sa robe sobre, retombe une cape aussi noire que le pelage d'un corbeau. Le seul bijou qu'elle porte est la broche offerte par sa belle-mère, accrochée non loin de son coeur. Ses gants de cuir remontent le long de ses avant-bras nus, gracieux et bronzés.

C'est dimanche. Le jour de la rencontre. Le jour attendu. LE jour de la rencontre avec Omar.
Celle-ci n'est prévue que dans quelques heures, et pourtant Isabella n'en peut plus, ne tient plus. Et puis, de toute façon, tout est prévu dans sa tête. Et ses plans commencent à partir de... maintenant.

Elle se lève, ouvre son armoire débordante -qui ne comporte que des vêtements pour quelques jours...-. Durant quelques minutes, elle reste ainsi, figée, ses yeux se baladant intensément sur chacune de ses robes.
Non, vraiment, elles sont bien trop belles pour la gitane. Non, elle ne mérite pas de porter l'une d'elles. Pourtant, le choix est obligatoire. Partir nue, pas que ce soit inapproprié, mais il faut qu'elle soit à son avantage pour être présentée au marchand.

Encore quelques minutes devant ses chiffons, et enfin elle se décide. La prisonnière portera une robe d'un vert un peu étrange -entre la peau du crapaud pustuleux et le caca d'oie-, trouée sur la taille et tâchée de blanc par endroits. Certes, elle est vieille et ne ressemble pas à grand chose, mais elle est toujours bien trop belle pour Malika. Alors Isabella n'hésite pas à déchirer le tissu, un peu au hasard.
A la fin, un sourire satisfait se dessine sur ses lèvres. Parfait.

Elle sort de sa chambre, et traverse les couloirs, à pas de loup, sa tête bien enfoncée dans sa capuche. Les sens en éveil, elle fait bien attention à ne croiser personne, frôlant les murs, se cachant derrière des rideaux, ou encore derrière un pot de fleur.

Là, dans le canapé du salon, doña Philippa. Un petit pssst discret et les voilà qui sortent, se retrouvant derrière la chapelle.


Tenez, allez habiller Malika. Moi je vais m'occuper des chevaux. Nous partons bientôt.


Le ton se fait plus autoritaire que d'habitude, plus sûr de lui. Isabella se sent parfaitement bien dans son personnage, une espionne rusée, prête à comploter avec le diable pour se débarrasser de son ennemie et retrouver son amour de toujours.

La voilà qui se précipite vers les écuries. Les domestiques ne sont pas là, et heureusement. Dimanche, permission de sortir pour tous. Soupir de soulagement.
Isabella se frotte les mains. La suite de son plan, les préparer et attendre sa complice accompagnée de la captive.
--Dona_philippa




Dimanche … Enfin. Un coq à l’humeur guillerette lance vers le ciel son cocorico strident, répondant ainsi à l’habituel carillon aux sonorités métalliques. Un soleil pâle s’infiltre dans sa chambre, et des ombres diffuses s’entremêlent et dansent pour elle un fandango sensuel sur les murs blancs.

Une bien belle journée s’annonce. Une journée décisive. La concrétisation de la première étape de son projet. Dona Philippa flâne dans ses appartements. Rien ne presse. Elle prend le temps de choisir parmi ses tenues d’équitation celle qui lui semble la plus seyante, la plus confortable. Le rendez-vous avec Omar est fixé à cet après-midi, au bois des mimosas. C’est là qu’elle lui livrera la prisonnière, puisqu’il serait imprudent de permettre au marchand d’esclaves et à ses hommes de main de pénétrer dans l’enceinte de l’hacienda. Avec l’aide d’Isabella, ce sera un jeu d’enfants d’extirper la gitane de la crypte, de quitter le domaine par les sentiers les plus discrets, et de s’en débarrasser définitivement au profit d’Omar. Oui, un jeu d’enfants et une satisfaction immense.

Elle est prête. C’est bientôt l’heure. Un signe de croix, puis elle quitte la chambre et se rend au salon. Isabella l’y rejoint rapidement, et la motivation de la jeune femme l’enchante. C’est un gage de réussite, et aussi un réel plaisir de collaborer avec elle. A chacun son rôle, a décidé la brunette en lui remettant une robe destinée à Malika. Une robe ? Plutôt des haillons décousus, voire déchirés. Mais qu’importe ! Inutile de lui offrir une robe de bal comme cadeau d’adieu !

D’un pas décidé, Isabella se dirige vers les écuries pour préparer les chevaux. De son côté, dona Philippa pénètre dans la chapelle après avoir prudemment vérifié que personne ne l’observe. Il y a peu de risques, en fait. Le dimanche, jour du seigneur, les gens de maison et les ouvriers ont toute liberté d’aller saluer leur famille dans les villages environnants, et aucun ne s’en prive. C’est la tradition. De Joaquim, aucun signe de vie. Le vieil ours doit comploter dans un coin avec ses sbires. Et Rodrigo ? Il doit remuer ciel et terre pour retrouver sa belle. Il est parti de bon matin pour battre la campagne … Son fils est vraiment pathétique …

Dona Philippa referme à clef derrière elle, et descend dans la crypte. Sans ménagement, elle secoue la gitane, assoupie sur sa pierre tombale. D’un geste décidé, elle lui délie les mains pour lui enfiler la robe de princesse. Voilà. Quelle élégance, ma chère. Elle s’empresse de lui nouer à nouveau les poignets dans le dos, en serrant très fort. Malika gémit, mais n’oppose aucune résistance. Elle paraît bien faible après ce charmant séjour dans sa prison souterraine. Dona Philippa lui arrache son bâillon et verse un peu d’eau sur ses lèvres asséchées.

Pas un cri, maudite aventurière, sinon je te roue de coups jusqu’à ce que mort s’ensuive. Tu vas faire un joli voyage, petite. Qu’en penses-tu ?

La riche bourgeoise recule d’un pas, le regard moqueur.

Tu me remercieras une autre fois. Dieu du ciel, je me demande ce que mon fils a pu te trouver pour s’amouracher ainsi de toi.

Hop ! Dona Philippa jette le corps de sa prisonnière sur son épaule. La jeune intrigante ne pèse pas plus lourd qu’un sac de plumes. En route. A chaque foulée, la poupée de chiffons rebondit contre sa joue. Vite, vite, la maîtresse de l’hacienda longe les murs, puis franchit les portes de l’écurie où l’attend sa complice. Elles échangent un sourire de satisfaction. Tout se déroule parfaitement. Pas la moindre anicroche. Dona Philippa flanque le corps de sa captive en travers de sa monture, et la coince entre sa taille généreuse et l’encolure de son fidèle étalon.

C’est parti ! Au galop ! Le plus rapidement possible. Des dames aussi respectables, d’une éducation aussi raffinée, ne vont pas faire attendre Omar …

--Rodolfo


Rodolfo avait surveillé le retour des trois compagnons.
Mais pris dans ses songes, il ne fit pas attention au passage du trio.
La journée était passée, les nouvelles lui parvinrent par un laquais qui venait régulièrement approvisionner le « presque ermite ».
Apprenant que le Maître avait apparemment une étrange maladie et qu’il s’était cloitré dans son antre, Rodolfo se précipita, prit ses instruments, quelques potions et onguents pour retrouver son ami.

Arrivé dans la tanière du loup, il frappa plusieurs coups déterminés à la porte de Joaquim.
Sajara lui ouvrit et laissa place au médecin.

Rodolfo scruta et trouva Joaquim le regard hébété.
Son visage recouvert de gouttelette ne laissait aucun doute.
Assis, le visage livide, Arminho paraissait plongé dans un demi-sommeil. Il bredouillait quelques mots qui n’avaient aucun sens.

Etait-ce une formule de politesse adressée à son compère, un reproche ou une complainte ?

La chemise maculée de sang à ses pieds ne présageait rien de bon.

Rodolfo s’avança, toucha le front du vieux guerrier, découvrit la couverture, et aperçut la blessure.

- Ah voila donc cette étrange maladie…Il sortit quelques instruments et herbes de sa sacoche.

- Tu comptais me faire venir quand, vieil tête de mule… lors de ton trépas ?

La blessure n’est pas bien grave…
Je recouds…je te mets un cataplasme… avec un peu de repos tu seras comme neuf… une nouvelle fois…


Se mettant à l’ouvrage, et plantant son aiguille pour faire quelques points afin de refermer la plaie, il continuait à parler à son patient pour détourner son attention.
- Le problème c’est que cette plaie est infectée…
Mais Arminho n’esquissait pas le moindre trait de douleur ou de plainte… Détourner son attention ne servait à rien, le bougre paraissait insensible à sa blessure et à l’aiguille qui allait et venait dans ses chairs.

- Sacrée tête de mule…

Sa besogne terminait, le médecin s’assît à ses côtés…
Il tendit une décoction à son ami.

- Bon tu pourrais me raconter maintenant…
--Omar_ben_chaffar




A caminho, os amigos ! (en route, les amis)

La lanière du fouet se tend et claque comme un coup de mousquet pour ponctuer cet ordre, soulevant la poussière de la cour, déchirant la tiédeur tranquille de cette fin de matinée. Les quatre cavaliers quittent le village au petit trot. En deux heures maximum, sans se presser, ils parviendront au lieu de rendez-vous, sous les mimosas.

Omar dicte le rythme de la chevauchée à travers les vignes. Le suivent trois de ses fidèles acolytes, Esteban, un ancien marin, une fine lame, le gros Paco, un géant peu rusé mais très fidèle, et Julio, un forgeron bâti comme une montagne. Trois lascars habiles et sûrs, qui l’ont accompagné dans la plupart de ses expéditions au-delà des mers.

Le marchand d’esclaves reste silencieux, contrairement à ses hommes de main qui plaisantent en chemin. Pour l’instant, la curiosité l’emporte sur son plaisir de rejoindre le port pour y embarquer vers les lointains horizons, vers les paysages inondés de soleil des côtes africaines. Oui, et sa curiosité est bien légitime. Qui fait appel à ses services, cette fois ? Une famille bourgeoise désirant se débarrasser d’une catin encombrante qui sème la zizanie dans les ménages fortunés, voilà tout ce qu’il sait. Mais pas de quoi se faire du mouron, ils ont reconnu les lieux la veille, et ils seront largement à l’avance pour parer à tout imprévu.

Voilà le croisement avec la route qui serpente longuement vers le port. A présent leur vigilance se décuple. Ils parviennent au point stratégique, leurs yeux fouillent méticuleusement en quête d’un frémissement quelconque, mais pas un signe de vie entre les buissons de mimosas. Parfait. Ils sont arrivés les premiers, comme prévu.

Les ordres sont inutiles. L’équipe est parfaitement rôdée. Chacun de ses membres connaît son rôle sur le bout des doigts. Esteban se niche dans un arbre comme s’il grimpait au mât d’un bateau, et il devient invisible. Omar et ses autres comparses se blottissent à l’abri de l’écran touffu que leur offre la végétation, après avoir dissimulé leur montures.

L’attente est de courte durée. Psstt, voilà des cavaliers … L’avertissement d’Esteban est discret mais parfaitement clair.

Deux chevaux, dont un qui semble lourdement chargé. Et ce sont des femmes, une jeune et une vieille. Et j’en vois une troisième, une blonde, ligotée comme un saucisson.

Les quatre aventuriers sortent de leurs cachettes et s’avancent lentement à la rencontre des inconnues...

--Dona_philippa




Ils sont quatre à émerger soudain entre les massifs de mimosas, et un colosse barbu, sensiblement plus âgé que les autres, est le premier à s’avancer vers les cavalières. Sans nul doute est-ce lui, Omar, le chef de la bande, à la notoriété sulfureuse ? Celui qui mènera la discussion. D’ailleurs ses compagnons restent légèrement en retrait, extrêmement attentifs, les yeux se posant alternativement sur les femmes et sur la campagne qui les entoure.

Le cheval de Philippa s’immobilise à quelques pas du malabar. Elle en descend avec beaucoup de distinction, en dame du monde, abandonnant la gitane si mal fagotée, dont le corps étroitement ficelé pendouille de chaque côté des flancs de la monture, contre son encolure à la crinière grise. Les guenilles choisies par Isabella ne dissimulent guère les cuisses bronzées de la captive.

Dona Philippa s’approche du marchand d’esclaves, un peu impressionnée par l’apparence physique, massive et musculeuse, des quatre larrons, mais bien décidée à ne pas le laisser paraître sur son visage volontairement dur. Elle serre entre les doigts, au fond de sa poche, la bourse destinée à convaincre Omar d’emporter cette maudite aventurière. Le visage hautain, elle aborde le solide barbu à la peau cuivrée, après avoir jeté un regard décidé à l’adresse d’Isabella.

C’est bien vous, Omar, je pense ? En ce qui me concerne, je garderai l’anonymat, bien entendu. Votre réputation est parvenue jusqu’à moi. Vous êtes le meilleur dans le métier, semble t-il, alors ce sera très simple pour vous. Débarrassez-moi de cette aventurière ligotée sur mon cheval, et vous serez royalement récompensé. Je peux me montrer très généreuse envers ceux qui me rendent de loyaux services. Vous en faites tout ce que vous désirez, vous l’emportez au bout du monde, de préférence, mais je ne veux plus jamais la revoir sur ma route. C’est entendu ?

Ses yeux se tournent vers Malika.

Méfiez-vous d’elle, elle est rusée. C’est une séductrice. Les hommes de ma famille lui trouvent un charme certain. Mais je vous laisse examiner la marchandise. Ne vous gênez pas, allez-y, elle est à vous …

--Sajara


Sajara avait laissé les deux vieux amis ensemble.
Joao n’était pas gravement atteint. D’ici demain il serait à chevaucher sur ses terres, s’il ne le fait pas avant. Dans sa jeunesse, après une égratignure comme celle-ci, il aurait vidé une ou deux jarres de vinasse et serait aller trousser deux donzelles dans une taverne improbable.

Le sourire aux lèvres, Sajara se dirigeait vers la cour du château.
Il avait dévalé les escaliers qui y menaient. Ce dimanche était une journée fraiche mais radieuse. Il décida d’aller faire quelques pas, peut être irait-il chasser ensuite.
Malgré les récents évènements, le colosse se sentait des picotements dans les membres, un peu d’action lui était nécessaire.


Tiens comme c’est calme ce matin !
Bien sûr les laquais étaient de sortie, mais on sentait dans le froid matinal, un calme particulier : celui que l’on ressent avant la tempête.
Un frisson lui parcouru l’échine, son instinct le trompe rarement…


De l’action, il pourrait bien y en avoir.
Lorsqu’un palefrenier se porta à sa hauteur… Le maure l’arrêta sans aucun ménagement.

- Dis-moi ! est-ce qu’il y a eu une visite inattendue ces dernières heures, un messager… quelque chose de différent… d’inhabituel ?
- Non, non, seigneur ! Juste des cavaliers qui ont parcouru les champs… des allées et venues… mais personne ne s’est arrêté ou a posé des questions.

Sajara respirait de grandes bouffées d’air frais.
- Pourtant…
Il se tournait pour palper l’air ambiant.
- Pourtant…
--Omar_ben_chaffar




Elle cause. Elle cause énormément, la bourgeoise. Sans rien dire d’intéressant. Rien que des lieux communs, des banalités mille fois entendues et aussi vite oubliées. Il connaît son métier, que diable ! Omar se contient. Il s’est souvent mis en colère pour moins que ça ! Il n’apprécie pas les « donneurs de bons conseils ». Mais aussi longtemps que l’or n’a pas changé de mains, il va se montrer courtois. D’ailleurs, il se régale de côtoyer ainsi du beau monde, et il est préférable de paraître aimable, conciliant, cela ne peut qu’entretenir sa bonne image de marque et développer sa clientèle à l’avenir. Les princes du désert adorent apporter de la variété dans leur cheptel féminin. La fortune d’Omar est assurée si la bourgeoisie, et pourquoi pas la noblesse, font appel à lui pour éloigner les indésirables. Il sera le trait d'union le plus recherché entre les deux mondes. Bien sûr il lui faudra prendre quelques risques supplémentaires, se méfier davantage, mais le jeu en vaut la chandelle.

Un large sourire éclaire donc son visage ridé. Il passe devant son interlocutrice et s’approche de la captive dont il ne distingue pas les traits, en raison de sa position précaire sur la monture, les fesses tournées vers le haut, les bras et les jambes ficelés.

Voyons un peu ce que nous avons là … J’espère que c’est de la marchandise de qualité … Elle me semble un peu trop maigre cette donzelle.

En riant de bon cœur, il assène une claque retentissante sur les cuisses de Malika, puis il la saisit sous les bras, la soulève comme s’il s’agissait d’un simple fétu de paille, et la pose sur le sol, l’adossant au buisson le plus proche afin qu’elle ne s’effondre pas. Il lui prend rudement le menton entre les doigts et la force à lever le visage vers lui. Il la dévisage un instant.

Pas mal … Pas mal du tout. Une belle petite gueule, en effet. Je pense que nous trouverons un acquéreur pour cette souillon lorsqu’elle sera un peu mieux vêtue et maquillée. Elle est jeune et blonde, c’est un avantage. Par contre …

Au travers de la robe chiffonnée il saisit un sein de la captive dans sa grosse patte noueuse, le tâte et le soupèse, adoptant bientôt une mine contrariée.

Par contre … elle a encore des nichons de gamine. Les émirs aiment les formes opulentes. Mais soit, on fera avec. On lui donnera des fringues convenables sur le bateau, et on vérifiera que c’est une vraie blonde. Avec toutes ces nouvelles teintures, on est parfois surpris.

Omar se tourne vers les deux dames de la haute société. Elles sont richement vêtues, portent des bagues et des bracelets étincelants. L’argent et l’or transpirent par tous leurs pores. Dès lors, pourquoi ne pas en profiter pour décider d’une augmentation de ses tarifs ?

Ce sera cinq cents écus pour vous débarrassez de la catin, senoritas. Il faut bien que je paie mes hommes et l’équipage du bateau …

--Malika



Réveillée sans ménagement par la mère de Rodrigo, secouée, délivrée, elle grelotte, le sang se remet a circuler lentement dans ses membres. Malika a mal, très mal, des millions de fourmis se mettent en marche dans son corps engourdi. Elle masse ses poignets et ses chevilles, gonflés et violacés.
Mais la vieille mégère ne lui laisse que peu de temps, elle lui tend une robe déchirée et sale. Les mains de la gitane sont tellement douloureuses que la harpie l’aide à s’habiller.
Le bâillon défait, Malika a du mal a reprendre une respiration normale, sa gorge est asséchée, sa langue est raide comme du carton.

Dôna Philippa lui ordonne de ne pas crier. Comment ferait-elle pour crier ? Aucun son ne sortirait de sa gorge parcheminée. L’eau parcimonieusement versée sur ses lèvres n’étanche pas sa soif, le liquide nauséabond humecte à peine les craquelures de ses lèvres.

La vieille la ligote à nouveau sans qu'elle puisse s'y opposer, elle la pousse, la tire en lui faisant monter l’escalier, puis la porte tel un sac sur son épaule, rasant les murs. La ravisseuse se dirige vers les écuries où elle rejoint la brune Isabella, qui contemple leur captive vêtue de haillons d’un air triomphant. Un léger sourire aux lèvres, parée comme si elle allait à un bal.

La blonde et frêle gitane est hissée en travers de la monture de Philippa. La selle lui fait mal aux côtes. La sorcière la maintient d’une main ferme. Après ce séjour dans le noir complet, la lumière du soleil levant brûle les yeux de Malika, elle les ferme, se demandant si elle ne risque pas de les fermer pour toujours. Va t-elle se retrouver jetée au fond d’un ravin ou noyée dans le Douro ? Mais non, la vieille lui a dit qu’elle allait faire un long voyage.

Où allons nous ? Où m’amène t’elle ? Seigneur aide moi !

La chevauchée fut-elle longue ? Malika ne s’en est pas rendue compte. La douleur, la fatigue, sont venues à bout de sa résistance, et elle a perdu conscience.

Une claque retentissante sur le haut des cuisses la fait revenir à elle. Devant ses yeux, un immense barbu, qui la soulève et la pose à terre. Terrifiée, tremblante, elle se recroqueville contre un arbuste aux longues épines. D’autres hommes à moitié cachés par le bosquet de mimosas ricanent en la détaillant.

L’homme la force à relever son visage vers lui. D’un geste brusque de la tête elle rabat sa crinière blonde en arrière et bravement elle plonge son regard émeraude dans les yeux enfoncés du vieux maure. Elle sent ses mains calleuses se poser sur elle, lui caresser un sein. Le regard perçant il évalue déjà ce qu’elle pourrait lui rapporter.

Reconnaissant un homme du désert, elle emploie la langue de son père.

Mawloud anta hzaaja mich ! ( ne te gènes pas !) … lui crache t-elle au visage !

Malika a enfin compris ! Les deux femmes vont la vendre à un marchand de chair fraîche. Avec colère elle entend les tractations!

Cinq cents écus d’or ?
Un sourire amer vient effleurer son visage. Il n’y a pas de petits profits pour ces femmes là ! … pense t’elle.

Elle s’adresse au vieux Maure. C’est une misèrre ce que tu demandes ! Ces femmes sont très riches ! Elles ferrraient n’importe quoi pour se débarrasser de moi ! Tu peux exiger beaucoup plus ! Et ne pense pas élarrrrgir ta clientèle grâce à elles, elles ne vivent que pour elles seules.

Un dernier sursaut de rage, Malika se retourne vers Dona Philippa ! Votrrre fils ne vous pardonnerrra jamais ! Et vous savez qu’il va remuer ciel et terrre pour me retrouver ! Vous avez déjà perdu votrrre mari, votrrre hacienda, mais votrrre honneurr ne risque rien ! Vous n’en avez jamais eu !

Et toi Isabella, Rrrodrigo ne t’aime pas ! Ca ne sert a rien tout ce que tu as fait, je sais qu’il me libèrrera et je te jurre que je te retrouverai, où que tu sois, et tu préfèreras être morrte plutôt que de crrroiser ton visage devant un mirrroir quand je me serai occupée de toi ! Kalba ! (chienne) N’oublie jamais ça, je suis fille des steppes et du déserrt, et la vengeance fait partie du sang qui coule en moi !
--Rodrigo




Poussant sa monture bien au-delà du raisonnable, il a arpenté sans cesse tous les alentours de l’hacienda, galopant ensuite jusqu’aux villages plus éloignés, interrogeant les paysans dans les champs, questionnant les clients des tavernes, leur décrivant sa gitane avec le plus de précisions possibles. Incapable cependant de répondre à la plupart des questions des braves gens qui s’attendrissent devant ce désarroi profond qu’il ne peut dissimuler. Comment est-elle vêtue ? Est-elle à cheval, en carriole ? Est-elle accompagnée ? Hélas, il n’a pas les réponses. Mystère que tout cela. Non, il ne dispose d’aucun indice. Et retrouver Malika en se fiant au hasard lui paraît soudain totalement illusoire. Mais que faire d’autre ?

Cependant, les heures succèdent aux heures, et l’espoir s’amenuise comme une bougie qui se consume et s’éteindra bientôt.

Bredouille, désespéré, Rodrigo reprend la direction de l’hacienda. La disparition de sa bien-aimée l’a tenu éloigné de son père durant toute la journée. Il n’a même pas songé à prendre de ses nouvelles avant d’explorer la campagne. Il se sent coupable. Un fils indigne. D’ailleurs il ne lui a même pas parlé de l’absence inquiétante et inexplicable de sa belle, mais sans doute Joaquim aura t-il remarqué l’effervescence de la veille, lorsque Rodrigo a réquisitionné tout le personnel du domaine pour l’aider dans ses recherches.

Les contours de l’hacienda se dessinent enfin au bout du sentier. Sur sa lancée, la monture du jeune officier saute la clôture. Près de l’écurie, deux hommes discutent. Il reconnaît Sajara et un vieux palefrenier. Rodrigo jaillit de son étalon et s’approche de l’ami fidèle, l’attirant légèrement à l’écart.

Sajara, c’est urgent, j’ai besoin d’aide, de conseils. Malika est disparue depuis notre expédition punitive, j’ignore si tu es au courant. Je suis follement inquiet. Mais dis-moi, comment se porte mon père ? Souffre t-il de sa blessure ?

--Dona_philippa




Un ricanement de satisfaction et de dédain profond s’échappe de ses lèvres lorsque le maure palpe les seins de la prisonnière avec ses grosses pattes velues. Oh non, elle ne cherche pas à dissimuler son rire moqueur, bien au contraire. Elle jubile. Elle est aux anges. C’est une bonne leçon pour cette orgueilleuse blondasse. Et surtout qu’il ne se gène pas pour la tripoter à son aise !

C’est trop drôle. La remarque d’Omar, qui succède à cet examen rapide de la poitrine menue de Malika, lui amène un rire convulsif, proche de l’hystérie. De mieux en mieux. Des seins de gamine ! Et son fils qui se contente de si peu alors qu’il disposait en Isabella d’une femme magnifique ! Ha ha ! Décidément cet Omar lui semble soudain très sympathique. Voilà bien longtemps qu’elle ne s’est plus amusée autant, dona Philippa, en vivant entre un mari coléreux et un fils pas très éveillé. Et puisque cette moquerie est lancée aux dépens de cette maudite intrigante, c’est encore mieux ! Du coup, la somme réclamée ne lui restera pas au travers de la gorge. Ha ha ! Sacré Omar !

Mais soudain son rire s’arrête net. C’est un rictus de haine qui lui succède. Voilà que la péronnelle se rebiffe, malgré les liens qui la paralysent. Quelle arrogance ! Oublie t-elle à qui elle parle ? Oublie t-elle qu’elle est en leur pouvoir ? Quelle idiote !

Le regard étincelant d’une épouvantable colère, elle se plante face à la gitane, qu’elle domine d’une demi-tête, se retenant de la gifler ou même de la réduire en miettes.

Tu oses me parler d’honneur, petite catin écervelée ! Sache que mes ancêtres ont écrit les plus belles pages de l’histoire du Portugal ! Notre nom est célèbre dans l’Europe entière. Nous sommes craints et respectés. Sache aussi que nous avons réuni les terres les plus fertiles du nord du pays pour créer un domaine remarquable ! Et toi ? Qui es-tu ? Moins que rien ! Juste une jeune intrigante qui use de ses yeux de braise pour essayer de s’enrichir à mes dépens, et de voler mon fils à Isabella ! Et tu oses utiliser le mot « honneur » ! Tu ne manques pas d’audace !

Un sourire triomphant naît à présent sur ses lèvres.

Ne te fais aucune illusion. Rodrigo ne te retrouvera jamais. Il ne devinera jamais ce qui s’est passé. Et dans quelques semaines il t’aura oubliée et il mangera dans la main de la douce Isabella.

Son visage s’adoucit lorsqu’elle se tourne vers le Maure et sa bande. Elle sort de la poche de son ample tenue de cavalière une escarcelle dodue contenant sept cents écus, en précisant tout haut le montant.

Voilà, Omar. Je pense que vous êtes largement payé pour nous débarrasser de cette racaille qui a eu les yeux plus gros que le ventre. Je me doute que vous ne désirez pas trop l’abîmer, et c’est bien dommage ! N’hésitez cependant pas à utiliser le fouet si elle vous crée des soucis !


Elle recule de quelques pas, se rapprochant de sa monture.

En ce qui me concerne, cette affaire est réglée. Je vais regagner l’hacienda dès que vous prendrez la direction du port. Je pense qu’Isabella vous accompagnera sur quelques lieues. Ce sera un immense plaisir pour elle de voir votre bateau s’éloigner en fendant les flots et en emmenant cette chère Malika …

--Dona_isabella


La jeune portugaise se tient debout près de son cheval, en bonne spectatrice fascinée par la scène qui se produit. Tout d'abord, il y a cet Omar, L'homme de la situation, l'exorciste du mauvais démon, le héros de l'histoire. Puis, il y a cette Malika, affamée, fatiguée et maltraitée.
Et il y a Isabella, les yeux pétillants de bonheur, un sourire perfide aux lèvres, suspendue à chaque parole du marchand, hochant la tête pour les confirmer. Enfin un homme qui sait estimer les gens à leur juste valeur, enfin quelqu'un qui lui parle correctement et qui la traite comme tout le monde devrait la traiter (y compris Rodrigo).

Lorsque celui-ci pèse la camelote, Isabella ne peut s'empêcher de pousser un petit cri d'hystérie, atteignant le sommet de sa jouissance intérieure, se retenant même de frapper dans ses mains et crier : bravo, bravo, en entamant une danse autour de lui.
Quel homme cet Omar, quel homme ! A cet instant, c'est bel et bien de l'admiration qu'éprouve la brune, et aussi un peu de jalousie -ce serait bien trop beau sinon- envers lui, elle aurait même envie d'être amie avec.

M'enfin, toutes ces idées sordides et totalement insensées disparaissent soudainement car voilà que Malika se met à crier comme une chienne enragée, se rebellant une nouvelle fois, pourtant elle aboie des phrases qui n'atteignent pas le coeur d'Isabella. Ou bien, se cognent à ses parois et font demi-tour. Quelques menaces et vengeances proférées, des regards haineux et des rrrr roulés, ça devient une habitude. Et on pourrait presque croire à un attachement entre les deux femmes, ne dit-on pas que l'amour commence par une guerre ?
Oui, mais ce dicton n'est pas bien adapté à l'histoire. Dommage.

Doña Philippa a parfaitement bien répondu, cependant, Isabella ne tient pas à rester ainsi, se laissant insulter sans (presque) aucune raison.


Je me rappellerai de tes compliments une fois que tu seras à l'autre bout de la terre, et tu sais quoi ? Je rigolerai bien. Tu crois que tu me fais peur ? Tu l'as bien entendu, t'as des nichons de gamine, ne vas pas me dire que tes muscles sont plus développés qu'eux.

Sur ses lèvres se tire un sourire jubilant, ses bras se croisent sur sa poitrine opulente qu'elle gonfle un peu plus, la mettant en valeur à travers son décolleté. Non, il n'y a rien à dire, la bourgeoise a vraiment tout pour elle comparé à cette gitane.


Tu es fille des steppes et taratata, moi je suis fille des Gonzales d'Almirante, j'ai un nom, des terres, de l'argent. Et je suis bien moins barbare que toi, je ne me salis pas les mains pour les gens de votre espèce. Il me suffit d'un mot, un seul, et c'en est fini pour toi. Ta vengeance ne m'effraie pas, sorcière, car avant même que tu n'aies le temps de l'accomplir tu pataugeras dans ton propre sang. Quel honneur pour moi, je t'aurais fait prendre ton premier bain...


D'un geste de la main, signalant qu'elle en avait assez, elle recule, puis :

Allons-y, je veux qu'elle soit hors de nos frontières avant la tombée de la nuit.
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