Elyaelle
Ely ne parvint pas à répondre au sourire dArtheos, son visage était vide de tout expression, son regard aussi. Que dire ? Que faire ? Elle ne savait pas la gamine, elle ne savait plus
Elle mourrait denvie de hurler, faire sortir toute les larmes de son corps, mais rien ne sortait. Elle sétait promis dêtre forte, et grande, de se comporter en adulte et de ne pas pleurer. Dailleurs, son père ne pleurait pas lui. Même la cousine de sa mère navait pas pleuré. Alors elle nen avait pas le droit.
Pourtant intérieurement, cétait un volcan en effervescence, prêt a exploser. Une véritable tempête qui faisait chavirer son frêle esquif, elle avait juste limpression quon lui arrachait le cur.
Sans un mot elle serra la main du Valet, prête à revenir vers le lieu où se déroulait le drame. Son père voulait les revoir tout les deux. Sans doute pour dire une dernière fois au revoir à sa mère. Terrible épreuve pour une enfant que de dire adieu à la tendresse maternelle.
Elle qui avait du grandir loin du cocon familiale, loin de lamour dune mère, enfant rejeté, détesté, elle avait finalement trouvé auprès dAna tout ce qui lui manquait, tout ce dont elle rêvait Pourquoi Aristote lui reprenait-il tout cela maintenant ?
Serrant la main dArtheos, avançant dans les rues à la vue de tous, Ely releva la tête pour regarder autour delle. Le soleil était déjà haut et elle ne sen était même pas aperçut. Quelle heure pouvait-il être ? Si tard déjà ? Surement à voir tout le monde sactiver autour delle.
Cétait étrange de voir que la vie continuait Alors que le temps sétait arrêté pour elle
Artheos lui glissa quelque mots peu avant darriver devant lauberge, mais Ely nentendit rien Elle nentendait plus rien à vrai dire, juste les battements de son cur qui sintensifiait grondant comme un tambour.
Quallait-elle retrouver dans cette maison ? Dans cette chambre ? Sa mère morte sans doute ? Son petit frère hurlant de faim ? Et Jehanne ? Il faudrait lui dire pour sa « nana »
La jeune fille sentit à peine la main du Valet se détacher de la sienne et pénétra à son tour dans la demeure.
Par Aristote ! Quel contraste avec lextérieur.
Ely sentit son cur se serrer, sa poitrine se comprimer Elle avait soudain limpression de manquer dair, détouffer. Elle eut envie de faire demi tour, de senfuir en courant, de séloigner le plus vite possible de cette maison, de fuir ce monde qui nétait pas le sien.
Elle voulait se réveiller, se réveiller de cet horrible cauchemars. Elle voulait retrouver son monde de princesse, de fée et de nescargouille, celui ou les grenouille devienne prince, celui ou tout est beau et sans nuage.
Mais elle devait bien se rendre à lévidence, la réalité était tout autre chose. Le monde des adultes était dur, froid, triste et malheureusement bien réel
Toujours silencieuse, la gamine avait suivit Artheos dans la chambre de sa mère. Elle écouta un instant son père les rassurer, mais refusa de sapprocher davantage.
Se refugiant dans un coin de la pièce, Ely se laissa glisser le long du mur, et ramena doucement ses jambes contre sa poitrine
Se reposer quelque instant
Ne songer à rien
Ou du moins essayer
Sigebert devait mourir de faim, et elle était là sans pouvoir rien faire. Bathilde savait peut être comment faire ? Mais après tout son père devait le savoir aussi puisquil était parti le voir
Et Jehanne ? Est-ce que quelquun lavait prévenue ? Et Flavien ? Pourquoi nétait-il pas encore la ?
Et et
Ely releva la tête vers Artheos, cherchant son regard, cherchant quelque part à se rassurer, mais gagné par l'émotion, bien malgré elle, la gamine se mit à trembler dans son coin.
-Maman....
-Où es-tu maman ?
-Maman...
murmura-t-elle faiblement, imperceptiblement en resserrant d'avantage ses genoux contre sa poitrine pour calmer les tremblements qui secouaient son corps.
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