Anna_perenna
Au monastère, de son grabat, La sentinelle apercevait à travers les vitraux les ondes dansantes des gouttes de pluie s'abattant comme des hallebardes sur le verre.
La journée était grisaille, une journée semblable à l'indifférence souveraine faisant plus cruellement sentir le fardeau de la vie où la tristesse des cieux s'accorde avec l'angoisse des coeurs.
Le regard de la sentinelle à travers ses pansements semblait plein de détresse et d'abandon. Il se réveillait d'un long sommeil semblable à la mort. Certes la faucheuse avait été bien prête d'emporter l'officier pour un dernier voyage.
Il respire bruyamment, semble sangloter, promène autour de lui des yeux hagards. Sa vision s'arrête sur Larry, esquisse un signe de tête voulant être un salut.
" Calmez-vous Messire, chuuuuuuutttt;.. ne bougez pas, je vais refaire vos pansements."
La sentinelle admire les efforts de la jeune femme, il s'agite mais ne peut que s'en remettre aux mains de Larry. Il ne peut que prier et attendre.
Larry s'asseoit près de l'homme et entame la désinfection des plaies avec des herbes médicinales. Son visage n'est qu'une plaie sanguinolente. Elle n'a même pas d'appréhension en examinant l'horreur qu'elle a sous les yeux et que les brigands lui ont infligé...Elle souffre seulement pour lui.
Le regard de la sentinelle s'attache au sien avec anxiété. La jeune femme comprend son inquiétude.
" Dans quelques jours, vous retrouverez forme humaine et votre teint terne actuel laissera place dans quelques jours à un visage resplendissant. Laissez-moi oeuvrer, je vous soignerai et vous remettrai sur pieds."
Les soins sont douloureux, Larry s'applique à les exécuter avec douceur mais avec efficacité. Sa joue droite est à vif, suintante et sanglante. Elle applique quelques racines cicatrisantes et entoure ce visage qui la fait tant palpiter.
Qu'importait qu'il reste défiguré, elle l'aimerait toujours...
Des soldats de la prévôté font irruption dans le dortoir. Leurs bottes claquent sur le plancher. Ils regardent Larry sans un mot, méprisants, puis s'avancent vers leur collègue. Des plaisanteries lourdes fusent. Puis l'un d'eux épingle une médaille sur la chemise du bléssé. Quelques paroles ridicules plus tard, les gardes se retirent, indifférents à la jeune femme...mais elle n'en a cure.
Elle enveloppe la médaille dans un tissu afin d'éviter que les mouches ne la souillent et la glisse dans un tiroir. Puis elle recommence sa veille. Elle le regarde sous toutes les coutures. Sa jambe droite est bien malade. Deux plaies béantes n'ont pas été soignées.
Son examen attentif la fait passer d'une souffrance à l'autre...un cruel chapelet de souffrances...
Larry demande l'aide d'un moine pour le transporter sur le grabat voisin, afin de changer la paille de sa literie. Tout-à-coup la sentinelle se met à pleurer. A pleurer...à gros sanglots.
La jeune femme serre l'officier tout contre elle, sa poitrine se soulève de haine, de rage, de vengeance et d'amour.
" Pourquoi ? Pourquoi pleurez-vous ?" chuchote-t-elle en pleurant également sans bruit.
" Je pleure de joie et de reconnaissance pour vous Dame, je n'en demandais pas tant. Mais pourquoi faites-vous cela ?"
" Tout simplement parce-que je vous aime Messire."
" Dame, alors laissez-moi, je vous estime mais ne vous aime pas..."
" Qu'importe...qu'importe. Vous avez donné un sens à ma vie."
Larry sourit avec un désappointement tangible, puis reprend :
" Je prends la liberté d'oser être moi-même. Niez Sire, niez, j'aime pour deux."
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La journée était grisaille, une journée semblable à l'indifférence souveraine faisant plus cruellement sentir le fardeau de la vie où la tristesse des cieux s'accorde avec l'angoisse des coeurs.
Le regard de la sentinelle à travers ses pansements semblait plein de détresse et d'abandon. Il se réveillait d'un long sommeil semblable à la mort. Certes la faucheuse avait été bien prête d'emporter l'officier pour un dernier voyage.
Il respire bruyamment, semble sangloter, promène autour de lui des yeux hagards. Sa vision s'arrête sur Larry, esquisse un signe de tête voulant être un salut.
" Calmez-vous Messire, chuuuuuuutttt;.. ne bougez pas, je vais refaire vos pansements."
La sentinelle admire les efforts de la jeune femme, il s'agite mais ne peut que s'en remettre aux mains de Larry. Il ne peut que prier et attendre.
Larry s'asseoit près de l'homme et entame la désinfection des plaies avec des herbes médicinales. Son visage n'est qu'une plaie sanguinolente. Elle n'a même pas d'appréhension en examinant l'horreur qu'elle a sous les yeux et que les brigands lui ont infligé...Elle souffre seulement pour lui.
Le regard de la sentinelle s'attache au sien avec anxiété. La jeune femme comprend son inquiétude.
" Dans quelques jours, vous retrouverez forme humaine et votre teint terne actuel laissera place dans quelques jours à un visage resplendissant. Laissez-moi oeuvrer, je vous soignerai et vous remettrai sur pieds."
Les soins sont douloureux, Larry s'applique à les exécuter avec douceur mais avec efficacité. Sa joue droite est à vif, suintante et sanglante. Elle applique quelques racines cicatrisantes et entoure ce visage qui la fait tant palpiter.
Qu'importait qu'il reste défiguré, elle l'aimerait toujours...
Des soldats de la prévôté font irruption dans le dortoir. Leurs bottes claquent sur le plancher. Ils regardent Larry sans un mot, méprisants, puis s'avancent vers leur collègue. Des plaisanteries lourdes fusent. Puis l'un d'eux épingle une médaille sur la chemise du bléssé. Quelques paroles ridicules plus tard, les gardes se retirent, indifférents à la jeune femme...mais elle n'en a cure.
Elle enveloppe la médaille dans un tissu afin d'éviter que les mouches ne la souillent et la glisse dans un tiroir. Puis elle recommence sa veille. Elle le regarde sous toutes les coutures. Sa jambe droite est bien malade. Deux plaies béantes n'ont pas été soignées.
Son examen attentif la fait passer d'une souffrance à l'autre...un cruel chapelet de souffrances...
Larry demande l'aide d'un moine pour le transporter sur le grabat voisin, afin de changer la paille de sa literie. Tout-à-coup la sentinelle se met à pleurer. A pleurer...à gros sanglots.
La jeune femme serre l'officier tout contre elle, sa poitrine se soulève de haine, de rage, de vengeance et d'amour.
" Pourquoi ? Pourquoi pleurez-vous ?" chuchote-t-elle en pleurant également sans bruit.
" Je pleure de joie et de reconnaissance pour vous Dame, je n'en demandais pas tant. Mais pourquoi faites-vous cela ?"
" Tout simplement parce-que je vous aime Messire."
" Dame, alors laissez-moi, je vous estime mais ne vous aime pas..."
" Qu'importe...qu'importe. Vous avez donné un sens à ma vie."
Larry sourit avec un désappointement tangible, puis reprend :
" Je prends la liberté d'oser être moi-même. Niez Sire, niez, j'aime pour deux."
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