Lineluna
Le crieur faisait à présent le tour de la ville haute d'un pas lent et sûr. Perché sur les remparts, on pouvait suivre le halo de lumière de la lanterne qu'il tenait dans la main. A cette heure de la nuit il ne restait plus guère de lumières dans les chaumières, à part à la taverne d'Hades et dans quelques maisonnées par-ci par-là.
Oyez oyez braves gens
Il est minuit
Tout va bien
Dormez en paix...
Quelques minutes après le passage du crieur sur la place du marché, les dernières bougies de l'Empire des Dieux furent soufflées et deux silhouettes s'engouffrèrent dans la nuit noire.
Il faisait bon ce soir, malgré la petite bise fraiche qui s'était à présent levée. La chaleur de la journée semblait s'être déposée entre les murs de pierre de notre belle cité, ou alors était-ce tout simplement parce que ses sens étaient en ébullition. Non pas parce qu'elle avait bu, enfin, elle avait bu, oui -pourquoi le nier ? On ne la croirait pas- mais pas assez pour voir passer à tire d'aile une vache à la robe rose suivi de ses veaux multicolores. Il fallait le voir, c'était assez impressionnant ! Mais la question n'était pas là, bien qu'elle ait néanmoins vu passer un ange.
Ses joues la brûlaient et son coeur battait fort, bien trop fort. Les derniers mots prononcés lui revenaient en mémoire, les derniers gestes, son souffle chaud sur son visage. Frissonnant légèrement, elle resserra doucement l'étreinte de ses doigts sur cette main chaude et douce qui l'entrainait silencieusement dans la nuit.
Le plus difficile était à venir, sans nul doute. Ce n'était pas le tout de donner sa main, non, c'était même très facile d'ailleurs. Mais vient toujours le moment où l'on doit la reprendre...
Tout se bousculait dans sa tête et sa conscience la noyait en reproches. Non mais ça va pas bien toi, tu réfléchis un peu à ce que tu fais là ? Après faudra pas venir pleurer, tu te heurteras à un mur ma belle, un mur j'te dis. J't'avais prévenue, tu connais ça non ? Faut pas se laisser aller comme ça, on se reprend, aller, et plus vite que ça ! Tu ne crois quand même pas refaire les mêmes erreurs à tout bout de champs, si ?
Non.. Elle l'aimait bien trop pour ça.
Tu sais ce qu'on dit, non ? Me fait pas rire, t'es bien placée pour le savoir. L'amour est éphémère mais l'amitié, elle, est éternelle. Planche un peu là-dessus avant de faire des bêtises.
Ses yeux se posent sur lui. Lui qui la guide, lui qui l'entraine, lui qui la trouble.
Non.
Non, non et non !
La rue des Maraudeurs approchait dangereusement quand un rat traversa les pavés juste devant ses pieds.
- Hoplà ! Faut regarder où tu vas toi ! lança-t-elle au rongeur.
Profitant de la diversion elle lâcha sa main sans trop réfléchir, bénissant l'obscurité de la nuit qui camouflait ses joues à présent rouge pivoine.
- A y est, te v'là arrivé. Merci de m'avoir raccompagnée ! 'nuit toi, à demain !
Et sans se retourner elle regagna la porte de sa demeure, enleva le verrou et se glissa à l'intérieur de chez elle. A peine entrée elle s'adossa à sa porte et se laissa glisser tout du long jusqu'à s'assoir sur le sol dans une longue expiration.
Plus jamais elle avait dit.
Décidément, il n'était vraiment pas possible..
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Pâques ! - >> Atelier Akidora, bannières
Oyez oyez braves gens
Il est minuit
Tout va bien
Dormez en paix...
Quelques minutes après le passage du crieur sur la place du marché, les dernières bougies de l'Empire des Dieux furent soufflées et deux silhouettes s'engouffrèrent dans la nuit noire.
Il faisait bon ce soir, malgré la petite bise fraiche qui s'était à présent levée. La chaleur de la journée semblait s'être déposée entre les murs de pierre de notre belle cité, ou alors était-ce tout simplement parce que ses sens étaient en ébullition. Non pas parce qu'elle avait bu, enfin, elle avait bu, oui -pourquoi le nier ? On ne la croirait pas- mais pas assez pour voir passer à tire d'aile une vache à la robe rose suivi de ses veaux multicolores. Il fallait le voir, c'était assez impressionnant ! Mais la question n'était pas là, bien qu'elle ait néanmoins vu passer un ange.
Ses joues la brûlaient et son coeur battait fort, bien trop fort. Les derniers mots prononcés lui revenaient en mémoire, les derniers gestes, son souffle chaud sur son visage. Frissonnant légèrement, elle resserra doucement l'étreinte de ses doigts sur cette main chaude et douce qui l'entrainait silencieusement dans la nuit.
Le plus difficile était à venir, sans nul doute. Ce n'était pas le tout de donner sa main, non, c'était même très facile d'ailleurs. Mais vient toujours le moment où l'on doit la reprendre...
Tout se bousculait dans sa tête et sa conscience la noyait en reproches. Non mais ça va pas bien toi, tu réfléchis un peu à ce que tu fais là ? Après faudra pas venir pleurer, tu te heurteras à un mur ma belle, un mur j'te dis. J't'avais prévenue, tu connais ça non ? Faut pas se laisser aller comme ça, on se reprend, aller, et plus vite que ça ! Tu ne crois quand même pas refaire les mêmes erreurs à tout bout de champs, si ?
Non.. Elle l'aimait bien trop pour ça.
Tu sais ce qu'on dit, non ? Me fait pas rire, t'es bien placée pour le savoir. L'amour est éphémère mais l'amitié, elle, est éternelle. Planche un peu là-dessus avant de faire des bêtises.
Ses yeux se posent sur lui. Lui qui la guide, lui qui l'entraine, lui qui la trouble.
Non.
Non, non et non !
La rue des Maraudeurs approchait dangereusement quand un rat traversa les pavés juste devant ses pieds.
- Hoplà ! Faut regarder où tu vas toi ! lança-t-elle au rongeur.
Profitant de la diversion elle lâcha sa main sans trop réfléchir, bénissant l'obscurité de la nuit qui camouflait ses joues à présent rouge pivoine.
- A y est, te v'là arrivé. Merci de m'avoir raccompagnée ! 'nuit toi, à demain !
Et sans se retourner elle regagna la porte de sa demeure, enleva le verrou et se glissa à l'intérieur de chez elle. A peine entrée elle s'adossa à sa porte et se laissa glisser tout du long jusqu'à s'assoir sur le sol dans une longue expiration.
Plus jamais elle avait dit.
Décidément, il n'était vraiment pas possible..
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