Eulaly_de_baylaucq
Eulaly essore le linge chaud au-dessus du baquet et l'imbibe à nouveau d'eau froide avant de le replacer sur le front de sa marraine alitée.
Puis, avec des gestes lents d'une douceur infinie, elle lui relève la tête afin de lui faire boire une gorgée d'infusion d'écorce de saule blanc.
Voilà quelques jours qu'un mal étrange clouait Zéliejeanne au lit. Une chape de plomb était tombée sur la petite chaumière des Staline.
La petite et son oncle se regardaient de ces regards inquiets si expressifs qu'il n'avait pas besoin d'y ajouter de mots.
Chacun d'eux prenait soin de la malade à tour de rôle et priait ensemble pour qu'Aristote préserve sa vie.
Elle voyait Jo s'en aller tristement au moulin chaque matin. Il fallait bien continuer à travailler pour rentrer l'argent nécessaire à la vie quotidienne et au médicastre.
Elle se retrouvait alors seule pendant des heures et faisait de son mieux pour remplacer sa marraine aux tâches domestiques. Elle préparait les repas, faisait le ménage, récoltait les légumes du potager et, quand Jo rentrait et prenait le relais près de Zélie, en profitait pour aller au lavoir.
Sa belle insouciance s'en était allée, balayée subitement par ce nouveau coup du destin. Il fallait maintenant s'épauler dans l'épreuve et assurer comme l'adulte qu'elle ne serait que dans quelques années.
Son travail fini, elle s'assoit près du lit et fait un peu de lecture à voix haute. Le livre choisi était celui qui racontait l'histoire d'une princesse borgne et du capitaine d'un petit chalutier tombé amoureux d'un seul profil de la belle... celui sans oeil.
Mais elle n'a pas encore fini l'histoire que son regard, grave, se pose sur un ouvrage commencé par Zélie.
"Elle va prendre du retard dans ses commandes..."
En serait-elle capable ? Blacky lui avait appris pas mal de choses en couture et stylisme ces derniers jours lorsqu'elle oeuvrait à confectionner la houppelande-surprise pour sa marraine.
Il fallait qu'elle essaie...
Eulaly pose son livre et reprend l'ouvrage. C'est un gilet pour homme. Cà aurait pu être pire, plus difficile... Elle rassemble le matériel, bien décidée à y arriver.
Le fil est coupé, mouillé de salive et passé dans le chas de l'aiguille. Elle entame consciencieusement son travail s'arrêtant parfois pour changer à nouveau le linge sur le front de la malade et la faire boire.
Pour la houppelande qui lui tenait tant à coeur de lui offrir, elle prendrait sur sa première heure de sommeil chaque soir dans le secret de sa chambre.
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Puis, avec des gestes lents d'une douceur infinie, elle lui relève la tête afin de lui faire boire une gorgée d'infusion d'écorce de saule blanc.
Voilà quelques jours qu'un mal étrange clouait Zéliejeanne au lit. Une chape de plomb était tombée sur la petite chaumière des Staline.
La petite et son oncle se regardaient de ces regards inquiets si expressifs qu'il n'avait pas besoin d'y ajouter de mots.
Chacun d'eux prenait soin de la malade à tour de rôle et priait ensemble pour qu'Aristote préserve sa vie.
Elle voyait Jo s'en aller tristement au moulin chaque matin. Il fallait bien continuer à travailler pour rentrer l'argent nécessaire à la vie quotidienne et au médicastre.
Elle se retrouvait alors seule pendant des heures et faisait de son mieux pour remplacer sa marraine aux tâches domestiques. Elle préparait les repas, faisait le ménage, récoltait les légumes du potager et, quand Jo rentrait et prenait le relais près de Zélie, en profitait pour aller au lavoir.
Sa belle insouciance s'en était allée, balayée subitement par ce nouveau coup du destin. Il fallait maintenant s'épauler dans l'épreuve et assurer comme l'adulte qu'elle ne serait que dans quelques années.
Son travail fini, elle s'assoit près du lit et fait un peu de lecture à voix haute. Le livre choisi était celui qui racontait l'histoire d'une princesse borgne et du capitaine d'un petit chalutier tombé amoureux d'un seul profil de la belle... celui sans oeil.
Mais elle n'a pas encore fini l'histoire que son regard, grave, se pose sur un ouvrage commencé par Zélie.
"Elle va prendre du retard dans ses commandes..."
En serait-elle capable ? Blacky lui avait appris pas mal de choses en couture et stylisme ces derniers jours lorsqu'elle oeuvrait à confectionner la houppelande-surprise pour sa marraine.
Il fallait qu'elle essaie...
Eulaly pose son livre et reprend l'ouvrage. C'est un gilet pour homme. Cà aurait pu être pire, plus difficile... Elle rassemble le matériel, bien décidée à y arriver.
Le fil est coupé, mouillé de salive et passé dans le chas de l'aiguille. Elle entame consciencieusement son travail s'arrêtant parfois pour changer à nouveau le linge sur le front de la malade et la faire boire.
Pour la houppelande qui lui tenait tant à coeur de lui offrir, elle prendrait sur sa première heure de sommeil chaque soir dans le secret de sa chambre.
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