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[RP] Grands épisodes de la vie quotidienne ou pas...

Eilhin
[Quand l'espoir renaît. ]

Tournai, au 43 rue des Mésanges


La rouquine, dict la jeunette ou encore ChoupinEilhin, a enfin pris possession de sa première maison. Enfin pour tout avouer, il s'agit surtout d'une modeste masure, constituée d'une pièce unique, mais la nouvelle tournaisienne en nourrit pourtant une très grande fierté.
La voilà enfin propriétaire, et capable de subvenir elle seule à ses besoins. Certes, elle est criblée de dettes, mais elle en remboursera le moindre écus à son créancier, question d'honneur.

Chaque jour qui passe fait un peu plus grandir et mûrir celle qui de simple alcoolique étrangère devient peu à peu une citoyenne flamande à part entière désireuse de s'investir le plus possible pour son comté d'adoption. Elle apprend à encaisser les colibets et les insultes, elle essaie de s'habituer au fait que quoiqu'elle dise ou fasse, certains ne verront dans son envie d'aider que vanité et vils calculs pour prendre une place qui n'est pas la sienne. Lentement, mais sûrement elle perd son innocence et son insouciance au profit d'une assurance et d'une détermination qu'elle espère rester sans faille aucune.

La jeunette a des projets à revendre, tant sur le plan personnel avec sa pastorale et son baptême à venir, que pour sa ville et le comté, où elle se concentre pour le moment sur la seule chose qu'elle maîtrise un tant soit peu : la mine. De la volonté elle n'en manque pas plus que de courage, et elle est bien décidée à avancer quoiqu'il advienne, et laisser son passé définitivement derrière elle.
Ce matin, alors qu'elle sort de chez elle pour aller cultiver son champ de maïs (la seule infidélité hebdomadaire qu'elle fasse à la mine de fer parce qu'elle n'a pas les moyens de recruter un ouvrier agricole), tout lui semble si différent.

En effet, ce matin est un matin pas comme les autres.
C'est un de ces matins où la rouquine ne peut s'empêcher de chantonner comme une enfant.
Un de ces matins où quiconque la croiserait lui trouverait un air différent, verrait peut être même une lueur nouvelle dans son regard de jade.
Un de ces matins où aucune insulte n'aurait de prise sur elle, ni sur sa bonne humeur.
Un de des matins où Eilhin se prend même à rêver de jours meilleurs, à penser à l'avenir avec la joie au coeur, et à croire que peut être, finalement, elle aussi a le droit à sa part de bonheur.

Où comment une soirée et quelques mots ont su faire renaître l'espoir en elle.

La vie parfois c'est aussi simple qu'un anneau d'or orné d'un saphir.

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"Membre du Mouvement "Libertés flamandes"
Kat_gri
[Fin d'après-midi]

'Quitte la mine de fer de Tournai, les mains noires, la gorge qui pique un peu, les bras qui tirent, seuls, sans qu'on leur ait jamais rien demandé.
Kat n'a pas parlé à beaucoup de monde aujourd'hui. Pas que les mines soient le dernier salon de thé en vogue, mais enfin, puisqu'il faut piocher..autant le faire en conversant...non ?
Mais non, elle n'a pas parlé à beaucoup de monde. On pourrait même dire que si elle a quelques fois prononcé une ou deux phrases, c'était uniquement dans l'intention de ne pas manquer aux respectables codes de la société. Elle n'est là que pour quelques jours. Le temps d'acheter un morceau de viande. Le temps d'avoir l'impression qu'elle et sa pioche, elle ont contribué à aider le Comté. Le temps, pas beaucoup, hier...demain ?

N'a donc pas parlé, et ne se rendra surement pas en taverne. Pourtant, la jeune femme n'est ni de mauvaise humeur, ni souffrante, ni chagrinée, ni quoi que ce puisse être d'autre. Au contraire, en ce jour-ci, elle est même résolument heureuse.
Il l'a écrit. Bien sûr, il l'a écrit en flamand, pour se ficher d'elle qui est encore bien loin de tout comprendre à cette langue -et pourtant, là...- et puis, il l'a écrit, mais pas vraiment écrit en fait...un peu, mais pas beaucoup, pas vraiment.
Mais ça l'a faite rire. Oui, ça l'a rendu joyeuse la brune, presque euphorique.
Même si, bien évidemment.....mais c'est pas grave, ce n'est pas important.
En plus, elle a retrouvé sa paire de gants en peau de yack blanc.

Enfin bref. Aujourd'hui, y'a d'la joie, pour une phrase, pour quelques mots, pour son imagination débordante, pour un rayon de soleil : un vent glacé, une paire de gants, et des rues pavées ; y'a d'la joie.
A lui en ôter jusqu'au besoin d'échanger avec ses semblables.
Isab95
C’est aux premières lueurs du jour qu’elle était arrivée à Tournai. Elle y revenait au pas lent de son cheval, se demandant si elle avait fait le bon choix. Elle avait longuement hésité entre Bruges et Tournai, mais qui se trouvait encore à Bruges qu’elle connaissait ? Ses amis étaient partis ou rentrés sur Anvers et ici elle avait une petite chose à faire, certes pas vitale, mais elle s’était engagée, alors elle était là.

Elle mit pied à terre devant la taverne et y pénétra pour se restaurer, immédiatement surprise par la présence d’une vieille connaissance. L’entrevue s’était mal passée…L’homme avait montré une étrange animosité à son égard, elle n’avait pas insisté. Elle non plus n’était pas d’humeur à se laisser molester, même verbalement, par qui que ce soit qui venait s’installer à l’abri pour en découdre. Elle était fatiguée de cela…

Elle avait ouvert la porte à coups de botte pour la claquer à toute volée. Qu’il reste donc !

Assise sur un banc non loin, elle écoutait les gargouillis de son ventre, elle mangerait demain, qu’importe.

Dans le froid qui l’enveloppait, elle laissait ses pensées s’envoler. Que faire ? Rentrer bien sûr…Là bas on l’attendait…Etait-ce le départ d’Amrohd qui la dépouillait de toute motivation, elle ne le croyait pas, hélas…Cela aurait été bien plus simple.

Son regard fût attiré par une silhouette familière qui remontait la ruelle là bas. Kat_gri…Son amie….Trop tard, elle s’éloignait déjà.

Elle se résolut à bouger un peu, il le fallait, elle gelait sur place. La taverne ? Non…L’autre y était encore, elle n’avait pas envie de le voir ni de subir sa hargne. Il fallait se lever, elle n’avait aucun désir de se retrouver nez à nez avec lui.
Elle prit les rênes de son cheval et d’un pas incertain, se dirigea vers l’attraction du moment, elle avait deux jours à passer ici, il fallait les occuper…

Elle aperçut de loin quelques vagues connaissances. Non…pas envie de discutailler, pour dire quoi ? Les échos de la halle parvenaient jusqu’à elle et elle en discernait l’essentiel. Un parfum d’écoeurement l’envahissait, peut être une séquelle du poison que lui avait administré Malycia.
Mais non, cela aussi aurait été trop simple…L’explication était vaseuse.
Il fallait bouger ! Oui voilà ! BOUGER….Et faire se dissoudre cette mélancolie funeste…

Elle rejeta ses cheveux en arrière, releva le menton et accéléra le pas, elle n'était pas femme à se laisser abattre...

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Akheane
[Introspection, Évidence.. Où quand le destin se charge de nous surprendre.]





La bâtarde n'avait eu de cesse de s'inquiéter.. Tournai, la ville censée être merveilleusement délicieuse, accueillante et divertissante. Paroles de Tournaisiens.. quel crédit y apporter.. Il est parfois dur de se rendre compte des évidences quand on est soi-même attaché à quelque chose. L'esprit étriqué et borné de certains, voilait leur perception des choses. Premiers pas dans la ville.. Premières rencontres... décevantes, ennuyeuses, comme quelques jours auparavant en Artois. Quelques banalités échangées, après tout il ne fallait jamais se fier aux premières impressions. L'Arteso-Bourguigonne fait donc des efforts.. En vain.

Retrouvée seule dans cette ville qu'elle ne connait pas, elle se balade, observe toujours, constate et se fait ses propres opinions. Mais la vie ne réserve-t-elle pas toujours son lot de surprise? Après tout, c'est ce qu'elle recherche, qu'on la surprenne, qu'on la repousse dans ses limites plus loin encore. Accéder à cet état de conscience supérieure qui la ferait vivre comme une déesse parmi les hommes.. ou peut être aux yeux d'un homme?

La patience, qualité de celui ou celle qui sait attendre calmement, qui supporte les choses avec sang-froid, elle savait en faire preuve quand il s'agissait d'un projet à caractère ambitieux. Après tout, n'est pas comtesse qui veut.. Il lui en avait fallu de la patience, pour accéder à son niveau. Il lui en avait fallu aussi pour supporter tous ces petits parasites qui tournoyaient constamment autour d'elle. Mais Lasteyrie était du genre radicale, ce genre de personnes qui prennent un tournant dans leur vie suite à un événement survenu. La patience, ne faisait plus partie de ses qualités. Exiger, tout de suite, ce qu'elle voulait. Cependant, en ce qui concernait les enfants du très haut.. l'entreprise se voulait plus difficile.. On avait beau être égoïste et ne penser qu'à soi.. on ne pouvait pas composer seule. C'est donc ainsi qu'elle avait pris le temps d'écouter pour mieux apprendre pour mieux obtenir.

Deux rencontres, un divertissement et une révélation. Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. La bâtarde s'amuse, elle s'intéresse, se laisse emporter par les sensations. Comment comprendre ce qui n'a jamais été vécu? A défaut d'être une ville accueillante, Tournai pouvait se vanter d'accueillir en son sein de l'exception. Lasteyrie était intriguée, il lui fallait savoir plus, connaître, apprendre, vivre. Voilà des mois qu'elle avait pris la route, et aucune ville ne l'avait retenue aussi longtemps. Mais parfois, à vouloir savoir plus, on était déçu, elle le savait mais s'entêtait. La déception ne vint pas, seule la confirmation d'avoir fait LA rencontre qui la rendrait plus exigeante encore. Cette liberté qu'on lui confirmait, qu'on lui accordait?

Une possession des sens, un jeu interdit, l'histoire prenait un tournant inattendu. Posséder, être possédée. Sans mot aucun, l'évidence.. l'évidence d'avoir trouvé. L'évidence, qui vous cloue, qui vous trouble.

Tournai, la ville censée être merveilleusement délicieuse, accueillante et divertissante. Non.. Tournai, la ville intrigante, la ville où la mécanique des fluides avait été confirmée, la ville de l'inattendu et de la surprise.

Lasteyrie se voulait nomade, Lasteyrie était nomade, mais.. Lasteyrie reviendrait. Son intérêt piqué et stimulé, on en redemandait.. il l'aurait. La patience reprenait le pas.. pour ce projet ambitieux, car oui, il l'était. Comme un goût d'inachevé, ce soir elle prendrait la route, et pour la première fois depuis longtemps, ce n'était pas un adieu. C'était un: A bientôt..
Eulaly_de_baylaucq
Eulaly s'ennuyait rarement.
Si l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul lui prenait quelques heures dans la journée, elle passait le reste de son temps soit à bavasser avec Sly et Zélie, soit à concrétiser, à petite échelle, ses rêves par des jeux.

Il avait plu des journées entières sur les Flandres et, enfin, ce matin là, le soleil daignait offrir aux flamands quelques rayons qui se reflétaient dans chacune des nombreuses flaques du plat paysage.

La gamine avait sauté de son lit, enfilé sa robe-tablier confectionnée par sa marraine et s'était dirigé en courant vers le jardin, son bateau de bois et ses galets dans les bras.
Toute heureuse de profiter du beau temps si rare dans cette contrée, Eulaly s'accroupit près d'une flaque du jardin et dépose consciencieusement ses galets tout autour. Elle pose ensuite son bateau sur l'eau mimant une terrible tempête qu'elle, capitaine expérimentée, n'avait aucun mal à dompter.

Derrière un buisson, un jeune garçon d'une dizaine d'années, sale et les cheveux en bataille, observe la scène.
C'est un galopin des rues, orphelin de mère, fils d'un père alcoolique et brutal, un bon-à-rien.
Il s'amuse beaucoup à voir cette petite blonde toute concentrée dans son jeu.
Comment faire connaissance ?
Gauthier, c'est son nom, a une idée. Il se munit d'une caillou suffisant gros pour donner l'effet escompté, vise et....


CRACK ! SPLASCH !

Le garçon grimace... Il n'avait pas visé le bateau...

Surprise par l'attaque, Eulaly a tout juste eu le temps de fermer les yeux. Elle les rouvre sur son tablier sale d'éclaboussures de boue et se rend soudain compte avec horreur de la destruction de son beau bateau.
Elle prend le mât cassé entre ses mains et, sentant une rage terrible l'envahir, enlève un de ses galets du bord de l'eau, se lève et cherche dans les buissons l'origine de l'agression, la main levée, prête à se venger.

Gauthier se lève et éclate de rire en la montrant du doigt.


Oh la souillon ! Oh la souillon !

Eulaly, les sourcils froncés, le regard flamboyant d'une colère qu'elle n'avait encore jamais si fortement ressentie, traverse le buisson sans se soucier des écorchures et se jette furieusement sur le garçon.
Le galet s'abat avec force mais sans précision et Gauthier esquive les coups avec facilité.
Il a l'habitude des bagarres lui.

Par contre, elle est tenace et pour s'en débarrasser, il la pousse par-terre une bonne fois pour toute.
Eulaly, les fesses sur le sol, couverte de boue, le fusille du regard. Lui, amusée, lui sourit.


J'm'appelle Gauthier. On fait la paix ?

Il lui tend la main pour l'aider à se relever. Elle refuse, des larmes de rage coulant sur ses joues.

Eulaly se relève. Ses dents grincent, ses yeux sont exorbités. Elle se jette à nouveau sur lui mais Gauthier esquive en riant.


Laisse tomber gamine ! T'es qu'une fille. Et toute petite en plus !

Il écarte son pouce et son index pour accompagner son affirmation.

Allez viens ! J'te répare ton bateau et on fait la paix. Cà t'va ?

Coup de pied dans la boue, Eulaly éclabousse le garçon à son tour.

Moi j'm'appelle Eulaly de Baylaucq. Et Jo y va me réparer mon bateau. Et mon parrain, y va aller voir ton père ! Et tu auras une raclée ! Et moi je rigolerai bien !

Totalement indifférent à la boue qui macule ses guenilles, il éclate de rire à nouveau.

Ah ouais ? Jo ? Ton parrain ?
J'cours plus vite que n'importe qui. Et surtout qu'mon père. Alors, j'm'en fiche ben d'ton Jo et d'ton parrain.
Allez ! J'te laisse !


Et, la toisant d'un air moqueur en partant :

Pis va t'laver hein ! T'es vraiment pas belle en brun !

Il n'avait pas prévu que la rencontre se passe si mal mais sa fierté l'empêchait de s'excuser et, s'il était intérieurement désolé pour la fillette, mieux valait encore s'en faire une ennemie que de baisser les braies devant elle. C'était un homme non mais oh !

Quand à la gosse... hors d'elle, elle s'acharne à sauter dans une flaque pour passer ses nerfs.
Zélie n'ira pas au lavoir pour rien...



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--Galeran
Une nuit, devant l'eglise.

Le jeune Galéran restait posté là, les yeux quelque peu craintifs s’attardant de temps à autre sur la silhouette encapuchonnée de celle qui venait de le prendre tout récemment à son service.

Sa propre mère avait depuis toujours œuvré en le Castel de Bruges et avait ainsi pu rencontrer la Deswaard à maintes reprises, ayant eu même « l’honneur » de la suivre de temps à autre, alors qu’elle parcourait les couloirs en pestant à tout va. Dès lors, après quelques plis échangés avec Sa Terreur, comme aimaient à l’appeler certains, celle-ci s’était enfin décidée à répondre par l’affirmative aux suppliques de la vieille femme qui ne souhaitait qu’assurer l’avenir de son fils, et ce, en faisant de lui un page comme tant d’autres.

C’est ainsi qu’il se retrouvait sur le parvis de l’église tournaisienne, le berceau de la Foy du village, et tout ceci, à une heure incongrue de la nuit, luttant vainement pour réprimer ses propres bâillements et éviter de trépigner d’impatience, n’aspirant plus qu’à regagner sa couche si chaleureuse.
Le jeune homme redoutait cependant d’adopter une attitude qui aurait pu déplaire à celles dont les rumeurs ne tarissaient pas d’éloges sur son illustre collection de pouces aux origines controversées. Dès lors s’essayait-il à se comporter de manière correcte, à ne point attirer l’attention de la Dame plus que de raison, à l’accompagner silencieusement dans ses déplacements lorsqu’elle le lui permettait.

Sortant un instant de ses rêveries, les yeux pesants de sommeil, Galéran se remit à observer le manège de sa nouvelle et non moins étrange maîtresse qui trônait là, droite, inébranlable sur les marches menant aux lourdes portes de l’église, semblant fixer la façade dudit bâtiment.

Lui-même se situait à une douzaine de mètres, non loin du puits, exactement là où elle l’avait sommé de s’arrêter d’un bref signe de la main il y a quelque temps déjà. Ainsi lui parvenait-il parfois un grognement des plus fugaces, un sifflement pernicieux, mais la silhouette dont il ne voyait que le dos restait toujours immobile. Immuable. Jusqu’au moment où il pu constater qu’une main venait se porter à la rencontre de son pâle visage, peut être pour y remettre une indomptable boucle en place, à moins qu’elle ne s’attardait à se frotter les yeux pour y enlever la fatigue qui devait s’y accumuler, ou encore s’époussetait-elle une joue sujette à une quelconque démangeaison.


Vérole !

Tressaillement de la part du Galéran, suivi de près par une crispation de tous les muscles de son corps juvénile. La voix de la Teigneuse, courroucée, avait subitement cinglé la nuit noire, déroutante, inattendue. Puis plus rien.

Le page, décontenancé, se refusait à se poser des questions sur l’état de la Deswaard, par crainte peut être, ou par aversion pour ce que son imagination pouvait lui susurrer.

Finalement, au bout d’un temps indéfinissable, elle s’était remise en marche en ne manquant pas de pester, détachant son regard de la bâtisse où demeurait le Très-Haut, et lui la suivit rapidement, revenant à son niveau, ratatiné sur lui-même, reprenant sa place : trois pas en retrait, sur la droite, derrière la sombre flamande.
Direction ses pénates, sans doute.
_kael
Enfin il poussait la porte de son chez lui, des semaines qu'il était parti!!

Un soupire de soulagement puis un léger sourire.

Rien n'avait bouger, juste de la poussière qui avait eu l'audace de s'accumuler légèrement sur les rares meubles de la pièce.

La première chose qu'il fit fut de se décharger, le barda qu'il portait sur son dos eu vite fait de se retrouver au sol. Il s'en occuperait plus tard.
_kael avait faim, vraiment faim, il s'assit donc pour casser la croute, seul.
Le silence de sa bicoque était reposant et réconfortant, et sans ranger le morceux de pain qu'il avait sorti et le couteau avec lequel il l'avait tranché il s'écroula de fatigue sur son modeste lit qui ressemblait plus à une paillase.


[Le lendemain]

Il s'éveilla une fois de plus avec quelques douleurs dans les jambes et le dos, des courbures.
Faudrait un ptit temps avant qu'elles le laisse tranquille.
Sans perdre de temps il se leva et fini ce qui restait du pain de la veille, la journée allait être longue et le travail l'attendait déjà. Il pensa que si il n'était pas trop fatigué le soir il irait bien faire le tour des tavernes afin de voir du monde. La solitude le pesait mais Mael n'allait pas tarder à le rejoindre...
Eilhin
De retour ... Enfin.

Enfin ? Pas si sûr ...

Ce voyage autour des Flandres elle l'avait ardemment souhaité, et il lui avait été salutaire. Pour la toute première fois depuis des mois, elle n'avait eu à se concentrer que sur elle même, ne penser qu'à lui, qu'à eux. Elle était devenue nombriliste, égoïste. Elle en avait oublié sa ville, ses amis, son comté et ... force est de constater qu'au final elle ne s'en portait pas plus mal.

Ainsi donc, elle peut être heureuse en n'essayant pas sans arrêt de faire le bien autour d'elle ?
Ainsi donc il est possible de ne songer qu'à son propre bonheur pour l'obtenir ?
Ainsi donc tout serait il finalement si tristement simple ?

Ses convictions s'en trouvent toutes ébranlées, et c'est une Eilhin la tête pleine de questions et le coeur un peu gros qui arpente à nouveau les rues de Tournai ce matin là.

Les ruelles sont encore calmes, l'air matinal est frais et une douce brise fait voleter ses longues boucles rousses. Le vert émeraude de ses yeux se pose sur chaque maison, redécouvre chaque échoppe, et, pendant qu'elle avance, elle reprend la mesure de son village qu'elle a tant servi, tant aimé. Son chez elle ...

Elle sourit légèrement lorsque ses pas la mènent devant le parvis de l'Eglise. Dans quelques jours à peine, ce n'est pas ici mais bien en la Cathédrale de Bruges qu'elle lui dira enfin OUI, devant le Très Haut et tous leurs amis. Un véritable nouveau départ, une page qui se tournera définitivement.

Peur, impatience, joie, inquiétude ... Confusions de sentiments qu'elle ne sait pas démêler, mais dont elle a déjà tiré une certitude depuis longtemps. Ce jour marquera à jamais sa jeune vie, et plus rien ensuite ne sera plus pareil. Elle deviendra épouse, peut être mère un jour si Dieu le veut ...

Et le vent fait peu à peu s'envoler les questions et les doutes pour ne plus laisser place qu'à une unique certitude. Tout ira pour le mieux désormais.

8 Jours ...

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"Membre du Mouvement "Libertés flamandes"
Eulaly_de_baylaucq
Prends çà ! Ah ! Tu fais moins le malin hein !

Tenant son épée à deux mains, elle la faisait fendre l'air de tous côtés avant de l'abattre contre les pauvres arbustes devenus les ennemis d'une heure ou deux.
Un obstacle mou derrière, elle manque de tomber.


Dégage Patmouille ! Tu m'gênes !

Un coup de bottes dans l'arrière-train du chien qui s'en va en couinant se coucher un peu plus loin et la voilà qui continue d'occire fleurs et branchages.


C'est qu'elle avait bien grandi la petite fille taciturne qui était arrivée en Flandres voilà déjà huit ans.
Aimée, choyée, il ne lui avait pas fallu beaucoup de temps pour s'y plaire et s'y trouver chez elle. Aujourd'hui, elle se considérait comme totalement flamande.
Du Languedoc, elle ne gardait que quelques vagues souvenirs : le visage d'un petit garçon blond, son frère, dont elle ignorait le sort qui lui avait été réservé, le visage fermé de sa mère, ses états alcoolisés dans les bras de divers hommes, ses pleurs insupportables le soir à travers le mur, les vagues regards de Divinius, Nath et Shaena, les animaux de la ferme familiale, Béatrice, Savina... C'était à peu près tout.

Ici, elle était heureuse.
Si ses parents lui manquaient parfois, s'ils ne les remplaçaient pas tout à fait, Zéliejeanne, Jo et son parrain avaient su merveilleusement combler son coeur de petite fille et de jeune fille à présent.

Un coup sur une branche plus grosse. L'épée rebondit. Elle la lâche en pestant, la ramasse et souffle quelques minutes en s'épongeant le front.

Elle pense à Twuart parti à la guerre, aux histoires de dame Beeky, à sa marraine et Jo qui vivaient simplement dans l'amour, à Blacky qui avait tant travaillé pour Tournai, à tous ceux qui se dévouaient pour le comté, la ville, qui combattaient pour des causes, qui vouaient leur vie à l'église...

Chacun semblait suivre tranquillement un chemin tout tracé.
Quel serait le sien ?

Pas l'église. Cà elle en était à peu près certaine. Elle avait déjà beaucoup de mal à attendre la fin de la messe le dimanche.

Se marier, rester à la maison, élever des enfants... Elle se secoue la tête. Oh çà non ! Cà ne lui plairait pas pour sûr.

Devenir une bonne tisserande ou une enlumineuse de renom ?
Elle était plutôt douée oui. Mais de là à y consacrer sa vie...

La politique ? Pourquoi pas... Mais elle serait alors obligée de rester dans le comté. Et si elle aimait les Flandres, elle rêvait pourtant de voir du pays.

L'armée... L'idée lui plaisait. Elle se voyait bien sur le champ de bataille trucidant les ennemis les uns après les autres.

Le commerce, l'aventure...
Comme çà devait être excitant d'arpenter les routes du Royaume, de rencontrer des gens différents et de rentrer chez soi les bras chargés de cadeaux pour les gens qu'on aime !
Peut-être même s'acheter un bateau un jour comme dans ses rêves d'enfant. Il lui faudrait cependant pour çà beaucoup d'argent et faire de longues études aussi.
Elle soupire.

C'est pourtant vraiment cette dernière hypothèse qui lui plaisait le mieux. Au pire, elle pourrait commencer par les routes.
Et les routes, c'était plein de brigands.

Depuis son enlèvement, elle ne voulait plus jamais être sans défense. C'est pour çà qu'elle avait acheté l'épée. Pour çà aussi qu'elle élagait les bords de l'Escaut dès qu'elle pouvait s'échapper.
Il faut avouer que seule, elle n'apprenait pas grand-chose des bottes qui faisaient des duellistes de terribles combattants.
Mais en attendant, c'était toujours mieux que de ne pas essayer de progresser.

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