--Daisuke
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Lheure de la traque.
Quelquun a parlé de légalité ? Après tout, ce nest pas lui qui va sen soucier. De toute façon, il ne sait pas lire ; la seule chose quil sait faire, cest tenir un sabre et boire à outrance. Pas un katana, hein. Lhomme nest pas samouraï, ça au moins il respecte. En même temps, les samouraïs ne savent pas rigoler ; un mot de travers et ils vous arrachent la tête en quelques secondes. Ca, en revanche, cest légal Mais ça rentre très vite dans les esprits.
Mais où en était-il, déjà ? Oh. La traque. La traque !
Les bois dOtomo ont toujours regorgé de toutes sortes de créatures diverses et variées, des bêtes écureuils aux yokai les plus terrifiants. Mais il na pas peur, lui, il vit même de ça ! Il est le plus grand, le plus terrible des chasseurs, craint de toute la faune de ces bois et respecté par ses pairs Cest à dire quil vit seul dans son malheur depuis quil a tué par accident le chien de son voisin. Dun noble, à vrai dire. Dans son malheur et puis un peu dans le saké, aussi.
Mais quest-ce que ce chien pouvait bien faire là, à cet instant précis, juste sous son sabre alors quil nétait encore quun novice ? « Non mais vous êtes témoin, il sest jeté dessus ! Il sest empalé tout seul ! » étrangement, personne ne lavait cru.
Cet hiver, pas de chasse, pas de bête qui soit de sortie ; il avait connu les ââffres de la privââtion de la sôôlitude. Et dans le secret de son âme noircie, aigrie par la colère et la rancur et le saké, il avait juré dobtenir sa vengeance. En réalité, un plat très réputé dans la région, cétait le tanuki-jiru. Tanuki, on comprends. Jiru ? Héhé. Soupe. On connaît la réputation de lanimal ; la bonne fortune, la prospérité, la réussite, la grosse paire de On connaît. Vous suivez ?
Doù la traque, et le regain despoir. Maintenant que lhiver sétait effacé au profit de la douce chaleur du printemps, les arbres regorgeaient à nouveau de cris divers et variés. Gourde de saké au coté, lame brute en main, rictus mauvais aux lèvres, petits yeux attentifs, odeur grossière et malodorante, vêtements couverts de poussières et de trous, barbu, mal rasé, mal coiffé, malpropre, malfamé, malpoli, mal dans sa peau, malvenu, malparti, mal Enfin vous voyez le bonhomme, quoi. Il savance dun pas furtif entre les arbres, rapide, silencieux comme la mort, laissant son ombre menaçante et lugubre recouvrir toute lumière aventure. Ce quil touche, il le salit ; le soleil lui-même semble se cacher pour ne pas avoir à illuminer sa course. Un ricanement. Il sent une odeur ; une odeur danimal Depuis le temps quil sentraîne. Rien ne lui fait peur ; il est maître dans son domaine, majestueux et grand, puissant et fort. Et puis soudain
-Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
Si laraignée avait pu rire, nul doute que toute la forêt aurait résonné de sa voix face à ce cri suraigu. Larachnide avait tissé une toile entre deux arbres, et lhomme, en la voyant, avait voulu sarrêter juste avant de sy prendre Peine perdue. Il ne parvint quà trébucher, entraînant les minces fils transparent et collant dans sa chute ; complètement hystérique, affolé, il se mit à se débattre dans tous les sens ; tant pour ôter la toile de son visage que pour tenter décraser laraignée dont il avait une sainte horreur. Et il se cognait, après sêtre relevé darbre en arbre, progressant ainsi en zigzag un certain temps avant de retomber une bonne fois.
Enfin, lépisode clos, il put cracher la bouchée de terre quil avait avalé en tombant tête la première, épousseta ses vêtements comme si de rien nétait avec la plus grande nonchalance du monde, et récupéra sa lame. Lincident avait au moins eu un avantage. Sitôt quil reprit conscience de ce qui lentourait, une odeur plus forte se fit sentir, quil connaissait bien. Et en se retournant
Oui ! Enfin ! Devant ses yeux, là, juste là, une mère et toute une portée de petits quelle avait probablement eu depuis peu, étant donné la saison Oh, cétait presque trop beau. Lhomme partit dun rire démentiel, comme possédé, agité de convulsions. Si bien quil lui fallu deux bonnes minutes pour retrouver la petite famille qui tentait de senfuir face à un taré pareil (mais les petits ralentissaient la fuite.)
-Eh ben ? On veut senfuir les mignons ? Mais nooon, viens voir papaaa
Une sorte de folie furieuse éclairait son regard alors quil glissait son pouce le long de la lame. Il navait pas peur des petits, mais en revanche la mère Elle pouvait devenir agressive, voire méchante. Enfin chais pas, enfin ptêtre. Elle tâchait daboyer, la pauvre, et il riait toujours dun air malsain. Il tendit la main pour lattraper. Il faillit perdre un doigt. Sale bête ! Qui voulait sopposer à son bonheur et à sa prospérité ! Lâche, sale, égoïste, rien compris à la vie !
Dans une nouvelle tentative, il lattrapa par la peau du cou, dardant son regard furieux dans le sien. Nez froncé, lame levée. Et
La scène suivant nest pas descriptible pour toutes les audiences, dautant que la LJD na pas envie de se prendre un avertissement pour rédaction de passage trop gore, vous comprendrez. Ça fera du travail en moins à la censure.
Lorsquil eut terminé son massacre, la lame, les mains, les vêtements tâchés de sang, il laissa retomber le corps inerte sur le sol. De toute évidence, il sétait un peu trop défoulé sur la mère pour pouvoir espérer en faire une soupe Même la peau était inutilisable. Cest trop bête. Mais en même temps, il nallait pas laisser ces pauvres bébé tanuki orphelins, si ? Il allait les ramener chez lui, et sen occuper à sa sauce Soja, la sauce, de préférence. Passant sa langue sur ses lèvres sèches avec un rictus, il tendit la main pour semparer du plus proche