Celdric
La veille en taverne, mis en forme par une petite demi-douzaine de chopes de bière...ou plus... le diacre avait promis à quelques amis de célébrer une messe en l'église d'Arras.
Le vieil et majestueux édifice n'avait pas entendu résonner le nom du Seigneur depuis bien longtemps, aussi se fut avec beaucoup d'entrain que Celdric se suspendit au cordon du clocher pour faire retentir le carillon.
Ding...DingDong...Ding..DingDong
Puis il prit place devant l'autel et attendit un moment l'arrivée des fidèles étonnés.
- Bienvenue à vous, mes chers frères, mes chères soeurs, Arrageois, Artésiens, et voyageurs de passage, mes amis.
Bienvenue en la maison du Très Haut. Qu'Aristote nous inonde de la lumière de la sa Sagesse et que Christos nous baigne dans les douces éfluves de sa bonté.
Mes enfants, le dix-neuvième jour du moi de Mars, conformément au calendrier des Saints aristotéliciens, nous honorons l'Archange Sylphaël, archange du plaisir. Même si n'y sommes point encore, je prendrais la liberté de vous parler aujourd'hui de cette vertu hélas trop méconnue de l'aristotélisme qu'est le goût du plaisir.
Voici en quels termes l'hagiographe de l'Archange nous parle du jeune homme qu'était Sylphaël d'Hédon avant de devenir l'un des septs vertueux, transcendés en Archanges, qui s'opposèrent aux meneurs des pécheurs et des égarés :
Le diacre ouvrit son recueil d'Hagiographies et lut :
Citation:
En ces temps troublés pour la Cité vivait un jeune homme nommé Sylphaël dHédon. Il savait briller en société, était doué de talents en tous les arts mais ce qui faisait ladmiration de son entourage était son extraordinaire capacité à savourer chaque instant de la vie.
Nous le croisions fréquemment en compagnie de deux complices de taverne, Colomba la Radieuse et Lucifer le Cyclothyme mais tandis que ce dernier senivrait à lexcès jusquà devenir violent peu avant le coma éthylique (donnant lieu au célèbre quolibet « quand Lucifer boit, Colomba raque ») Sylphaël, roi des nuits dOanylone, goûtait tous les vins puis partait légèrement titubant donner son concert de lyre au profit de lassociation « sagesse amassée dOane ».On voyait alors toutes les torches de ses adulateurs chavirés lenvoyer droit au firmament.
Souvent, le lendemain à laurore et après quil eût trouvé de nouvelles sources de délices en étudiant avec Colomba, il nétait pas rare de voir Sylphaël préparer une tisane au chevet dun Lucifer aux traits ruinés, nauséeux, blafard.
« tu confonds jouissance et bonheur, mon pauvre Luc ! » le sermonnait Sylph tandis que son ami sapprêtait pour une journée de mortifications et dautopunitions en tous genres car telle une girouette folle, Lucifer le versatile ne cessait de passer dun état de soif de plaisir extrême à un abattement coupable et dépressif «et ainsi éprouves-tu très durement ton corps par dincessantes privations, déternels excès »
En ces temps troublés pour la Cité vivait un jeune homme nommé Sylphaël dHédon. Il savait briller en société, était doué de talents en tous les arts mais ce qui faisait ladmiration de son entourage était son extraordinaire capacité à savourer chaque instant de la vie.
Nous le croisions fréquemment en compagnie de deux complices de taverne, Colomba la Radieuse et Lucifer le Cyclothyme mais tandis que ce dernier senivrait à lexcès jusquà devenir violent peu avant le coma éthylique (donnant lieu au célèbre quolibet « quand Lucifer boit, Colomba raque ») Sylphaël, roi des nuits dOanylone, goûtait tous les vins puis partait légèrement titubant donner son concert de lyre au profit de lassociation « sagesse amassée dOane ».On voyait alors toutes les torches de ses adulateurs chavirés lenvoyer droit au firmament.
Souvent, le lendemain à laurore et après quil eût trouvé de nouvelles sources de délices en étudiant avec Colomba, il nétait pas rare de voir Sylphaël préparer une tisane au chevet dun Lucifer aux traits ruinés, nauséeux, blafard.
« tu confonds jouissance et bonheur, mon pauvre Luc ! » le sermonnait Sylph tandis que son ami sapprêtait pour une journée de mortifications et dautopunitions en tous genres car telle une girouette folle, Lucifer le versatile ne cessait de passer dun état de soif de plaisir extrême à un abattement coupable et dépressif «et ainsi éprouves-tu très durement ton corps par dincessantes privations, déternels excès »
Hélas, mes chers enfants, le bonheur de Sylphaël sera de courte durée et sa Colomba trouvera la mort dans les émeutes et les carnages fomentés par la Bête Sans Nom durant les derniers jours de la cité d'Oanylone. Après un rêve angoissant, oppressé par la perte de l'être aimé, Sylphaël cependant décidera de rejoindre les vertueux dans leur combat pour Dieu, et d'incarner la vertu.
Mais redonnons la parole à l'hagiographe :
Citation:
"pardonne-moi mon ami" lui dis-je "mais comment espères-tu incarner une vertu toi dont l'existence fût toute entière consacrée aux plaisirs ?"
il répondit "mais parce que cette vertu est le plaisir même ! Dieu nous donna les sens pour le goûter et parce que l'amour de la vie reste l'Amour"
sans s'attarder il partit prier pour sauver le monde en compagnie des Vertueux rassemblés à la septième Porte.
"pardonne-moi mon ami" lui dis-je "mais comment espères-tu incarner une vertu toi dont l'existence fût toute entière consacrée aux plaisirs ?"
il répondit "mais parce que cette vertu est le plaisir même ! Dieu nous donna les sens pour le goûter et parce que l'amour de la vie reste l'Amour"
sans s'attarder il partit prier pour sauver le monde en compagnie des Vertueux rassemblés à la septième Porte.
Le diacre referma le lourd ouvrage, et laissa couler une bonne minute de silence pour que l'assemblée s'imprègne de la profondeur des mots... et aussi pour réprimer une furieuse envie d'éternuer qui risquait de ruiner ses efforts pour produire un prêche du plus bel effet.
- Oui, mes chers frères et soeurs. Le gout du plaisir et le plaisir de la vie sont, et seront toujours des vertus aristotélicienne. A ceux qui prônent la religion austère, et à ceux qui prétendent que la foi d'Aristote nie la beauté de la vie, à ceux là j'offre l'un des logions du prophète de la douceur, de Christos :
Citation:
" Si pour vous la vie na pas de sens, alors aimez la vie plus que le sens de la vie. Nattendez pas de mourir pour comprendre que vous passez votre vie à côté de la vie. Rappelez vous : Nous ne sommes pas nés seulement pour mourir, nous sommes nés pour vivre. "
Mes enfants, il y en a parmi vous qui ont été plus sévèrement éprouvés par la vie. Je pense en particuliers aux Amiennois, rescapés de la violence aveugle des barbares, touchés par la destruction au sein même des terres civilisées de l'aristotélisme, et que les artésiens ont accueillit à bras ouverts dans différents villages, mais en particuliers à Arras. A ceux là, comme aux autres, je dis : Vivez! Allez dans les tavernes honorer la Sainte Boulasse, et comme elle "buvez avec modération et priez avec ferveur". Amusez-vous dans les Halles de vos villes d'adoptions, impliquez-vous dans la vie de la cité, comme nous l'ordonne le sage Aristote. Soyez joyeux et goutez des plaisirs de la vie.
Mais n'oubliez pas, car l'erreur de Lucifer vous guette, qu'il ne faut confondre bonheur et jouissance.
Le Très Haut nous a offert ses bienfaits, le bonheur et la joie, mais il nous a également donné ses épreuves afin que nous apprenions à apprécier les beaux cotés de la vie. Ayez foi en Lui, en Son omnipotence bienveillante, et secouez la poussière de la tristesse et de l'abattement qui se pose sur vos vêtements. Tous ensemble, main dans la main, dans le respect et surtout dans l'amitié aristotélicienne, faites en sorte d'améliorer votre propre vie en rendant plus plaisante celle des autres.
Relevez celui qui est à terre, pour grandir à ses cotés !
Donnez au pauvre, pour vous enrichir avec lui !
Priez pour l'égaré, pour vous rapprocher du Très Haut grâce à lui !
L'oeil en feu et la narine frémissante, la barbe hérissée et le souffle court, le diacre lança ainsi ses derniers commandements aux fidèles réunis. Encore un long silence... qui s'acheva par l'éternuement longtemps redouté...
AAaaaaaTCHoum!!!
Celdric se redressa, calmé pour de bon, et il promenna un regard bienveillant sur l'assemblée.
- Et maintenant, mes enfants, récitons tous en coeur le saint credo aristotéliciens, affirmation de notre foi :
Citation:
Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.
Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.
Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyre pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut.
Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Église Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Éternelle.
AMEN
Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.
Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.
Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyre pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut.
Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Église Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Éternelle.
AMEN