Sebelia
L'aucube avait été dressée pour les prochains mois un peu en retrait de la vieille ville sur une parcelle de terre en jachère appartenant à son propre frère, yvon, sergent de l'OST dont Sebelia se trouvait ce jourd'huy sans nouvelles aucunes. Le jeune homme, comme tout soldat discipliné, avait rejoint son armée positionnée au Nord Ouest de la Bourgogne depuis le branle bas de combat qui faisait suite à l'annonce du duc Eusaias de la soudaine fermeture des frontières du duché. D'explications il n'y avait point eues de la part de sa grasce et la bella se trouvait en grand questionnement quant à la mobilisation de tant d'hommes si proches des frontières berrichonnes. Les services de renseignements bourguignons subodoraient à tort ou à raison que le nouveau mandat de George le poilu pouvait laisser supputer quelques troubles vers ses proches voisins. Oui-dà... mais...
Nonobstant l'inquiétude qui transperçait dans les opalines noisettes de Sebelia, la jeune femme vaquait à ses occupations gérant d'une main de maistresse femme la tenue de la maisonnée familiale, la gestion de ses champs, les cours à l'université, le service et l'animation en taverne à l'Avenir et surtout une présence journalière près du bel au bois dormant qui sous l'emprise d'un charmement gardait les paupières inexorablement scellées. La veille au soir, alors que la brunette tombait dans les bras de Morphée d'un sommeil sans resve, une voix l'avait tirée par les pieds. Les paupières mi closes, elle avait trouvé son amant penché vers ses lèvres insufflant la vie entre les siennes entrouvertes, caressant de son souffle chaud sa peau fine et pasle tout en lui égrenant à l'oreille des mots doulx et l'annonce tant attendue d'un sort brisé les jours prochains.
Le corps bruslant de désir, la bella s'était levée plongeant ses mains fines au plus profond d'un seau d'eau fraiche et salvatrice qu'elle avait laissé couler sur sa nuque gracile. Ce soir à la brune, elle escorterait le jeune maxou qui souhaitait s'installer dans une ville appelée nulle part ou ailleurs un pays utopique certes mais sur des terre où l'herbe poussait, semble t'il, plus verte. Un aller sans espoir de retour ? Qui pouvait le savoir ? Pas moy dit le... Affublée d'une houppelande au fin tissu coloré d'un vif profond et chaussée de petites ballerines aux tons assortis, Sebelia avait coiffé la masse de son casque de lapis niger en une lourde tresse qui se balançait aux rythmes de ses pas éthérés qui la menaient tranquillement, l'orée du village derrière son dos, vers une piste de danse improvisée.
Si fait, la damoiselle qui depuis moult soirs consultait et dévorait vélins et parchemins sur les grands maistres italiens de la danse tels que Domenicho da Ferrara et son manuel sur l'art de danser et de mener les danses ou encore Antonio Cornazzano et son non moins célèbre il libro del arte de danzare. Les yeux pétillants et le sourire aux coins des lèvres, Sebelia avait fait part de son projet d'ouvrir sa propre école de danse à son ami Karty qui l'avait vivement encouragée. Forte de l'appui du brunet, avec ténacité icelle s'était alors mise en queste des meilleurs musiciens de Bourgogne, haranguant les foules pour se faire connaistre et installant ses quartiers d'été sur la propriété terrienne de son frangin qui n'y verrait que du feu. Du moins l'espérait-elle !
La danse avait son utilité la bella en était persuadée. Le rapprochement entre deux personnes de sexes opposés. N'avait-elle point ouie dire que le masle et la femelle se recherchaient et il ny avait chose qui incitait plus lhomme à estre courtois, honneste et faire acte généreux que lamour et si vous vouliez vous marier, vous deviez croire quune maitresse se gagnait par la disposition et la grasce qui se voit en une danse, car quant à lescrime et au jeu de paume, les femmes ny veuloient assister de crainte dune épée rompue ou dun coup destoeuf.* Quelques notes de musique, une pensée et un peu de mélancolie. Le visage d'un orléannais qu'elle se devait de chasser de ses pensées. Mais pour l'heure, les élèves étaient attendus.
Place... Place à la musique...
Saltarello
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Et maintenant que vais je faire de tout ce temps que sera ma vie, de tous ces gens qui m'indiffèrent...
Nonobstant l'inquiétude qui transperçait dans les opalines noisettes de Sebelia, la jeune femme vaquait à ses occupations gérant d'une main de maistresse femme la tenue de la maisonnée familiale, la gestion de ses champs, les cours à l'université, le service et l'animation en taverne à l'Avenir et surtout une présence journalière près du bel au bois dormant qui sous l'emprise d'un charmement gardait les paupières inexorablement scellées. La veille au soir, alors que la brunette tombait dans les bras de Morphée d'un sommeil sans resve, une voix l'avait tirée par les pieds. Les paupières mi closes, elle avait trouvé son amant penché vers ses lèvres insufflant la vie entre les siennes entrouvertes, caressant de son souffle chaud sa peau fine et pasle tout en lui égrenant à l'oreille des mots doulx et l'annonce tant attendue d'un sort brisé les jours prochains.
Le corps bruslant de désir, la bella s'était levée plongeant ses mains fines au plus profond d'un seau d'eau fraiche et salvatrice qu'elle avait laissé couler sur sa nuque gracile. Ce soir à la brune, elle escorterait le jeune maxou qui souhaitait s'installer dans une ville appelée nulle part ou ailleurs un pays utopique certes mais sur des terre où l'herbe poussait, semble t'il, plus verte. Un aller sans espoir de retour ? Qui pouvait le savoir ? Pas moy dit le... Affublée d'une houppelande au fin tissu coloré d'un vif profond et chaussée de petites ballerines aux tons assortis, Sebelia avait coiffé la masse de son casque de lapis niger en une lourde tresse qui se balançait aux rythmes de ses pas éthérés qui la menaient tranquillement, l'orée du village derrière son dos, vers une piste de danse improvisée.
Si fait, la damoiselle qui depuis moult soirs consultait et dévorait vélins et parchemins sur les grands maistres italiens de la danse tels que Domenicho da Ferrara et son manuel sur l'art de danser et de mener les danses ou encore Antonio Cornazzano et son non moins célèbre il libro del arte de danzare. Les yeux pétillants et le sourire aux coins des lèvres, Sebelia avait fait part de son projet d'ouvrir sa propre école de danse à son ami Karty qui l'avait vivement encouragée. Forte de l'appui du brunet, avec ténacité icelle s'était alors mise en queste des meilleurs musiciens de Bourgogne, haranguant les foules pour se faire connaistre et installant ses quartiers d'été sur la propriété terrienne de son frangin qui n'y verrait que du feu. Du moins l'espérait-elle !
La danse avait son utilité la bella en était persuadée. Le rapprochement entre deux personnes de sexes opposés. N'avait-elle point ouie dire que le masle et la femelle se recherchaient et il ny avait chose qui incitait plus lhomme à estre courtois, honneste et faire acte généreux que lamour et si vous vouliez vous marier, vous deviez croire quune maitresse se gagnait par la disposition et la grasce qui se voit en une danse, car quant à lescrime et au jeu de paume, les femmes ny veuloient assister de crainte dune épée rompue ou dun coup destoeuf.* Quelques notes de musique, une pensée et un peu de mélancolie. Le visage d'un orléannais qu'elle se devait de chasser de ses pensées. Mais pour l'heure, les élèves étaient attendus.
Place... Place à la musique...
Saltarello
*Thoinot arbeau (un siècle plus tard)
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Et maintenant que vais je faire de tout ce temps que sera ma vie, de tous ces gens qui m'indiffèrent...