Terwagne_mericourt
(HRP : N'ayant pas eu la bonne idée de débuter ce RP de voyage de suite ici, mais désirant l' y poursuivre, je me permets de commencer par un petit come-back)
[Fin avril 1459, Lyonnais-Dauphiné]
[Fin avril 1459, Lyonnais-Dauphiné]
Citation:
Depuis combien de jours, semaines, mois, avait-elle réellement quitté "La Vie"?
Elle ne parvenait pas à s'en souvenir avec exactitude. Pour tout dire, elle ne parvenait même pas à dire avec précision ni à quelle date, ni dans quelles circonstances elle l'avait quittée. Peut-être était-ce parce que ce départ s'était fait petit à petit...
Oui, à bien y réfléchir ce départ n'avait pas été comme une porte claquée avec violence, dans un moment de colère, au fond, et la raison de ce flou dans sa mémoire devait être à chercher là.
Cela avait plutôt été comme une perte de luminosité lorsque le soir tombe. On est attablé, penché sur un écrit, plongé dans ses pensées, et tout à coup, lorsque l'on relève les yeux, on s'aperçoit que la nuit est là et le soleil parti, sans même qu'on en aie eu conscience, sans pouvoir dire avec précision à quelle heure le jour s'est achevé et la nuit née... Oui, voila, c'était exactement cela : son appétit de vivre s'en était allé petit à petit, comme une fleur mourant feuille par feuille, comme une plage de sable fin se faisant engloutir vague après vague, et non par un raz de marée.
Les premières vagues qui avaient emporté son appétit, elle s'en souvenait encore parfaitement, c'était la politique qui les avait amenées, lors de son mandat de Gouverneur... Une tempête qui avait emporté pas mal de grains de sable, mais pas tous pourtant, et qui avait fini par se calmer, sans réussir à emporter tout, loin de là même.
Les vagues suivantes, plus fortes, plus poignantes, portaient en leur sein les visages de ce qu'elle nommait "sa famille", et étaient faites non d'eau salée mais bien de déception. Une déception qui avait pris tellement de place dans son coeur qu'elle avait réussi à lui couper toute envie d'encore sortir, parler, échanger, chercher à avancer.
C'était à cette époque, lui semblait-il, qu'elle avait réellement quitté "La Vie", celle qui est faite de rencontres, de sorties, d'investissement, pour épouser la solitude, celle qu'elle n'avait finit par briser que pour rejoindre Kernos en son domaine, certaine qu'à ses côtés la faim renaitrait en elle.
Et tout le long du chemin qui devait la mener vers lui, au coeur de ces montagnes qu'elle avait traversées pour rejoindre son domaine, au sein de cette neige qui lui avait mordu la peau, elle l'avait sentie la faim, en effet! Elle l'avait sentie renaitre en son ventre, grandir à chaque pas, devenir tiraillante, brûlante, faisant accélérer les battements de son coeur, battre ses tempes, trembler ses jambes... Une faim d'aimer, une faim de lui, une faim d'eux, mais surtout une faim de vivre et ressentir comme jamais encore elle n'en avait connu jusque là.
C'était avant que ses pas ne croisent ceux de ce nourrisson perdu au coeur de l'hiver, cette créature à peine née et qu'elle avait vu comme un don du ciel fait à la femme désespérée d'enfanter un jour qu'elle était alors, avant qu'elle le recueille, avant surtout que le ciel ne lui reprenne ( voir "Quand on coule, il y a deux possibilités")
A cet instant de ses souvenirs, une larme naquit au bord de sa paupière et elle ferma les yeux pour l'empêcher de rouler sur sa joue. La larme ne coula pas, en effet, mais les images affluèrent, les images de cette vie s'en allant contre son sein alors qu'elle même quittait "La vie". Oui, c'était à cet instant précis, qu'elle avait définitivement perdu l'envie, l'appétit, le souffle. A cet instant précis que le fil qui la retenait au monde s'était rompu!
Cela faisait plusieurs mois à présent. De nombreuses semaines faites d'isolement, de fuite, de soins prodigués à son âme dans le silence d'un couvent dont elle n'était sortie que ponctuellement pour rester en contact avec la Cour d'Appel et envoyer quelques missives à Kernos.
Kernos... Lui qui avait été tellement impuissant à cicatriser ses plaies qu'il n'avait trouvé d'autre solution que de la confier aux soins d'un couvent. Lui qu'elle s'était surprise à détester lors de ses crises de larmes, injustement, lui en voulant d'avoir la chance de connaitre les joies de la paternité quand elle-même n'aurait jamais la joie de donner la vie.
Elle l'avait détesté, oui, pour ensuite se détester elle-même de ressentir de tels sentiments à son égard, d'être aussi injuste dans sa peine, aussi monstrueuse dans sa douleur, aussi égoïste dans son naufrage.
Kernos... Qui n'avait répondu à aucune lettre depuis, qui lui manquait, qu'elle aimait de toute son âme, même si celle-ci n'était pas encore totalement guérie.
Kernos... Dont l'absence de nouvelles venait de la pousser à sortir de sa retraite pour de bon, à revenir à "La Vie". Cette "Vie" où il devait encore être, et où elle finirait bien par le retrouver, dusse-t-elle pour cela retourner tout le duché.
Elle ne parvenait pas à s'en souvenir avec exactitude. Pour tout dire, elle ne parvenait même pas à dire avec précision ni à quelle date, ni dans quelles circonstances elle l'avait quittée. Peut-être était-ce parce que ce départ s'était fait petit à petit...
Oui, à bien y réfléchir ce départ n'avait pas été comme une porte claquée avec violence, dans un moment de colère, au fond, et la raison de ce flou dans sa mémoire devait être à chercher là.
Cela avait plutôt été comme une perte de luminosité lorsque le soir tombe. On est attablé, penché sur un écrit, plongé dans ses pensées, et tout à coup, lorsque l'on relève les yeux, on s'aperçoit que la nuit est là et le soleil parti, sans même qu'on en aie eu conscience, sans pouvoir dire avec précision à quelle heure le jour s'est achevé et la nuit née... Oui, voila, c'était exactement cela : son appétit de vivre s'en était allé petit à petit, comme une fleur mourant feuille par feuille, comme une plage de sable fin se faisant engloutir vague après vague, et non par un raz de marée.
Les premières vagues qui avaient emporté son appétit, elle s'en souvenait encore parfaitement, c'était la politique qui les avait amenées, lors de son mandat de Gouverneur... Une tempête qui avait emporté pas mal de grains de sable, mais pas tous pourtant, et qui avait fini par se calmer, sans réussir à emporter tout, loin de là même.
Les vagues suivantes, plus fortes, plus poignantes, portaient en leur sein les visages de ce qu'elle nommait "sa famille", et étaient faites non d'eau salée mais bien de déception. Une déception qui avait pris tellement de place dans son coeur qu'elle avait réussi à lui couper toute envie d'encore sortir, parler, échanger, chercher à avancer.
C'était à cette époque, lui semblait-il, qu'elle avait réellement quitté "La Vie", celle qui est faite de rencontres, de sorties, d'investissement, pour épouser la solitude, celle qu'elle n'avait finit par briser que pour rejoindre Kernos en son domaine, certaine qu'à ses côtés la faim renaitrait en elle.
Et tout le long du chemin qui devait la mener vers lui, au coeur de ces montagnes qu'elle avait traversées pour rejoindre son domaine, au sein de cette neige qui lui avait mordu la peau, elle l'avait sentie la faim, en effet! Elle l'avait sentie renaitre en son ventre, grandir à chaque pas, devenir tiraillante, brûlante, faisant accélérer les battements de son coeur, battre ses tempes, trembler ses jambes... Une faim d'aimer, une faim de lui, une faim d'eux, mais surtout une faim de vivre et ressentir comme jamais encore elle n'en avait connu jusque là.
C'était avant que ses pas ne croisent ceux de ce nourrisson perdu au coeur de l'hiver, cette créature à peine née et qu'elle avait vu comme un don du ciel fait à la femme désespérée d'enfanter un jour qu'elle était alors, avant qu'elle le recueille, avant surtout que le ciel ne lui reprenne ( voir "Quand on coule, il y a deux possibilités")
A cet instant de ses souvenirs, une larme naquit au bord de sa paupière et elle ferma les yeux pour l'empêcher de rouler sur sa joue. La larme ne coula pas, en effet, mais les images affluèrent, les images de cette vie s'en allant contre son sein alors qu'elle même quittait "La vie". Oui, c'était à cet instant précis, qu'elle avait définitivement perdu l'envie, l'appétit, le souffle. A cet instant précis que le fil qui la retenait au monde s'était rompu!
Cela faisait plusieurs mois à présent. De nombreuses semaines faites d'isolement, de fuite, de soins prodigués à son âme dans le silence d'un couvent dont elle n'était sortie que ponctuellement pour rester en contact avec la Cour d'Appel et envoyer quelques missives à Kernos.
Kernos... Lui qui avait été tellement impuissant à cicatriser ses plaies qu'il n'avait trouvé d'autre solution que de la confier aux soins d'un couvent. Lui qu'elle s'était surprise à détester lors de ses crises de larmes, injustement, lui en voulant d'avoir la chance de connaitre les joies de la paternité quand elle-même n'aurait jamais la joie de donner la vie.
Elle l'avait détesté, oui, pour ensuite se détester elle-même de ressentir de tels sentiments à son égard, d'être aussi injuste dans sa peine, aussi monstrueuse dans sa douleur, aussi égoïste dans son naufrage.
Kernos... Qui n'avait répondu à aucune lettre depuis, qui lui manquait, qu'elle aimait de toute son âme, même si celle-ci n'était pas encore totalement guérie.
Kernos... Dont l'absence de nouvelles venait de la pousser à sortir de sa retraite pour de bon, à revenir à "La Vie". Cette "Vie" où il devait encore être, et où elle finirait bien par le retrouver, dusse-t-elle pour cela retourner tout le duché.
Citation:
Retrouver Kernos... Voila ce qui avait motivé chacun de ses pas dès son propre retour à "La Vie".
Chacun de ses pas, mais aussi chacune de ses inspirations, chacune de ses expirations, chacun de ses écrits, chacune des portes de tavernes poussées en espérant - à défaut de le trouver derrière - dénicher celui ou celle qui pourrait lui donner de ses nouvelles, la rassurer, lui indiquer l'endroit où il se trouvait... Oui, chacun des mots qu'elle avait prononcés depuis n'avait été qu'interrogation dans le but de le retrouver, lui sans qui son existence ne pouvait ressembler à rien d'autre qu'une symphonie en la mineur, le souffle au ras du sol.
Mais au fil des jours et des rencontres, son espérance ne fit rien d'autre que devenir de plus en plus désespérée... Certains lui parlaient d'un long séjour chez les moines, qu'il aurait entrepris quelques jours à peine après son départ à elle, d'autres - au nombre desquels on trouvait la jolie Musartine et Ghell - lui disaient ne plus jamais avoir entendu parler de lui depuis l'époque où elle-même avait disparu, sans compter ceux qui tombaient des nues, le pensant mort depuis des lustres.
Elle s'était alors rendue au lieu de réunion des Gones, mais là non plus, aucun indice n'était venu éclairer ses pas. On le savait parti chez les moines, mais rien de plus.
En désespoir de cause, elle s'était décidée à l'attendre en priant le ciel de le motiver à revenir à "La Vie" lui aussi et en occupant ses journées à tenter de s'informer sur tout ce qui s'était passé d'important en Lyonnais-Dauphiné durant sa longue absence...
C'est d'ailleurs dans ce but bien précis qu'elle s'était rendue en place publique afin d'y lire les dernières annonces affichées aux yeux de tous, ces annonces où elle avait appris que le Conseil ducal précédent, celui qui avait pourtant eu comme chef d'équipage son amie Pénélope, avait démis Kernos de ses fonctions d'Intendant aux collections ducales, au simple motif de son absence depuis plusieurs semaines.
Elle avait mis longtemps à digérer la nouvelle, était allée relire la Charte des Collections ducales, usant ses yeux sur le passage précis où l'on expliquait que seul le Gouverneur pouvait demander la démission de l'Intendant, et uniquement à condition que les deux tiers des Conseillers ducaux soient également pour, et en était arrivée à la conclusion que Pénélope avait donc du ouvrir ce vote, demander à ce qu'on démette de son poste celui qui par le passé l'avait pourtant tant soutenue, tant aidée, tant servie dans l'ombre... Pourquoi? Cela lui échappait totalement! Et à quoi bon aller chercher la réponse quand elle savait d'avance que cette dernière contiendrait des explications du genre "pression trop forte", "pas le choix",... ? Ce genre d'excuses qui la faisait hausser les épaules à l'avance.
Le lendemain, elle apprenait qu'il avait également été démis de ses fonctions de Conseiller militaire, là aussi en raison de son absence...
Perplexe, elle passa plusieurs jours à se demander si le Lyonnais-Dauphiné avait donc tellement changé en quelques semaines? Qu'avait-il bien pu se passer pour que dans ce duché où l'on avait gardé un Chancelier de l'Ordre de Saint George à son poste malgré des mois d'absence, où l'on avait gardé bien au chaud leurs fonctions à certains Conseillers militaires tels ce bon vieux Dede ou encore Samarel durant des semaines et des semaines de repos de leur part, on se débarrasse aujourd'hui d'un homme parce qu'il était malade et parti chez les moines? Ce n'était pas qu'elle aie jamais pensé qu'il faille démettre le sieur Demons ou encore ses anciens amis APDiens, mais la différence de traitement en face de Kernos la frappait au plus haut point.
Qu'avait-il fait pour mériter cela? Elle avait beau chercher, elle ne comprenait pas...
Il lui fallut tomber sur le nom de son fils, Léandre Rouvray, sur une affiche pour que tout s'éclaire en elle, brutalement.
Léandre... Son unique fils! Son sang!
Son nom apparaissait sur les dernières listes électorales, sous la bannière des... LSD!!!!! Affichant ainsi, en quelque sorte, son désaccord avec celui qui à défaut de lui avoir donné lui-même la vie avait permis à une femme de le faire. Sans doute n'était-ce pas cela qui avait motivé le jeune Rouvray à rejoindre ce parti, mais dans l'état d'esprit et d'angoisse où elle se trouvait Terwagne ne chercha pas plus loin et l'analysa ainsi.
Chacun le sait, une femme amoureuse et angoissée en arrive très vite à des conclusions farfelues et bien trop rapides. Terwagne n'était sur ce point-là pas très différente des autres femmes... Elle était sans doute même pire! Pour elle, l'explication à tout cela était très simple : le Lyonnais-Dauphiné dans son entièreté en voulait à Kernos pour l'unique raison qu'il l'avait aimée et soutenue, elle qu'ils avaient surnommée "L'Opportuniste"!
Si aujourd'hui Kernos Rouvray était devenu l'homme qu'on renie, jusque dans sa propre famille, l'homme qu'on éjecte, jusque dans son propre parti, c'était uniquement à cause de leur relation, et donc à cause d'elle! Elle avait ruiné sa vie à lui, sa carrière, et même ses liens avec son fils!
Alors, comme une pierre tombant à l'eau atteint rapidement le fond de l'étang où elle a chut, la Dame Méricourt ne tarda pas à en arriver à la conclusion aussi simpliste que cruelle que disparaitre de l'existence de Kernos était la meilleure chose à faire. Pas pour elle, non! Elle ne savait que trop bien que sans lui sa vie ressemblerait à une partition sans clé! Mais pour lui... Si elle l'aimait vraiment, si elle voulait son bonheur, elle devait le libérer de cette entrave à son avenir en Lyonnais-Dauphiné qu'était devenue leur relation!
C'est persuadée de cela qu'elle s'enferma durant plusieurs jours dans une chambre d'auberge, avec pour seule compagnie les objets nécessaires à la rédaction de ce qui serait sans doute la lettre la plus compliquée qu'elle aie jamais eu à écrire, celle qu'elle lui laisserait comme adieu.
Elle y était depuis quatre jours, un vélin toujours vierge posé devant ses yeux, lorsqu'une missive glissa sous sa porte. Une missive signée Léane...
Pourquoi la jeune femme lui écrivait-elle à elle? Là aussi, la conclusion à son interrogation fut bien hâtive... Il ne pouvait s'agir que d'une mauvaise nouvelle! Il était arrivé quelque chose de grave à Kernos!
Les mains tremblantes, elle serra la missive cachetée contre son coeur, incapable de trouver le courage de l'ouvrir...
Chacun de ses pas, mais aussi chacune de ses inspirations, chacune de ses expirations, chacun de ses écrits, chacune des portes de tavernes poussées en espérant - à défaut de le trouver derrière - dénicher celui ou celle qui pourrait lui donner de ses nouvelles, la rassurer, lui indiquer l'endroit où il se trouvait... Oui, chacun des mots qu'elle avait prononcés depuis n'avait été qu'interrogation dans le but de le retrouver, lui sans qui son existence ne pouvait ressembler à rien d'autre qu'une symphonie en la mineur, le souffle au ras du sol.
Mais au fil des jours et des rencontres, son espérance ne fit rien d'autre que devenir de plus en plus désespérée... Certains lui parlaient d'un long séjour chez les moines, qu'il aurait entrepris quelques jours à peine après son départ à elle, d'autres - au nombre desquels on trouvait la jolie Musartine et Ghell - lui disaient ne plus jamais avoir entendu parler de lui depuis l'époque où elle-même avait disparu, sans compter ceux qui tombaient des nues, le pensant mort depuis des lustres.
Elle s'était alors rendue au lieu de réunion des Gones, mais là non plus, aucun indice n'était venu éclairer ses pas. On le savait parti chez les moines, mais rien de plus.
En désespoir de cause, elle s'était décidée à l'attendre en priant le ciel de le motiver à revenir à "La Vie" lui aussi et en occupant ses journées à tenter de s'informer sur tout ce qui s'était passé d'important en Lyonnais-Dauphiné durant sa longue absence...
C'est d'ailleurs dans ce but bien précis qu'elle s'était rendue en place publique afin d'y lire les dernières annonces affichées aux yeux de tous, ces annonces où elle avait appris que le Conseil ducal précédent, celui qui avait pourtant eu comme chef d'équipage son amie Pénélope, avait démis Kernos de ses fonctions d'Intendant aux collections ducales, au simple motif de son absence depuis plusieurs semaines.
Elle avait mis longtemps à digérer la nouvelle, était allée relire la Charte des Collections ducales, usant ses yeux sur le passage précis où l'on expliquait que seul le Gouverneur pouvait demander la démission de l'Intendant, et uniquement à condition que les deux tiers des Conseillers ducaux soient également pour, et en était arrivée à la conclusion que Pénélope avait donc du ouvrir ce vote, demander à ce qu'on démette de son poste celui qui par le passé l'avait pourtant tant soutenue, tant aidée, tant servie dans l'ombre... Pourquoi? Cela lui échappait totalement! Et à quoi bon aller chercher la réponse quand elle savait d'avance que cette dernière contiendrait des explications du genre "pression trop forte", "pas le choix",... ? Ce genre d'excuses qui la faisait hausser les épaules à l'avance.
Le lendemain, elle apprenait qu'il avait également été démis de ses fonctions de Conseiller militaire, là aussi en raison de son absence...
Perplexe, elle passa plusieurs jours à se demander si le Lyonnais-Dauphiné avait donc tellement changé en quelques semaines? Qu'avait-il bien pu se passer pour que dans ce duché où l'on avait gardé un Chancelier de l'Ordre de Saint George à son poste malgré des mois d'absence, où l'on avait gardé bien au chaud leurs fonctions à certains Conseillers militaires tels ce bon vieux Dede ou encore Samarel durant des semaines et des semaines de repos de leur part, on se débarrasse aujourd'hui d'un homme parce qu'il était malade et parti chez les moines? Ce n'était pas qu'elle aie jamais pensé qu'il faille démettre le sieur Demons ou encore ses anciens amis APDiens, mais la différence de traitement en face de Kernos la frappait au plus haut point.
Qu'avait-il fait pour mériter cela? Elle avait beau chercher, elle ne comprenait pas...
Il lui fallut tomber sur le nom de son fils, Léandre Rouvray, sur une affiche pour que tout s'éclaire en elle, brutalement.
Léandre... Son unique fils! Son sang!
Son nom apparaissait sur les dernières listes électorales, sous la bannière des... LSD!!!!! Affichant ainsi, en quelque sorte, son désaccord avec celui qui à défaut de lui avoir donné lui-même la vie avait permis à une femme de le faire. Sans doute n'était-ce pas cela qui avait motivé le jeune Rouvray à rejoindre ce parti, mais dans l'état d'esprit et d'angoisse où elle se trouvait Terwagne ne chercha pas plus loin et l'analysa ainsi.
Chacun le sait, une femme amoureuse et angoissée en arrive très vite à des conclusions farfelues et bien trop rapides. Terwagne n'était sur ce point-là pas très différente des autres femmes... Elle était sans doute même pire! Pour elle, l'explication à tout cela était très simple : le Lyonnais-Dauphiné dans son entièreté en voulait à Kernos pour l'unique raison qu'il l'avait aimée et soutenue, elle qu'ils avaient surnommée "L'Opportuniste"!
Si aujourd'hui Kernos Rouvray était devenu l'homme qu'on renie, jusque dans sa propre famille, l'homme qu'on éjecte, jusque dans son propre parti, c'était uniquement à cause de leur relation, et donc à cause d'elle! Elle avait ruiné sa vie à lui, sa carrière, et même ses liens avec son fils!
Alors, comme une pierre tombant à l'eau atteint rapidement le fond de l'étang où elle a chut, la Dame Méricourt ne tarda pas à en arriver à la conclusion aussi simpliste que cruelle que disparaitre de l'existence de Kernos était la meilleure chose à faire. Pas pour elle, non! Elle ne savait que trop bien que sans lui sa vie ressemblerait à une partition sans clé! Mais pour lui... Si elle l'aimait vraiment, si elle voulait son bonheur, elle devait le libérer de cette entrave à son avenir en Lyonnais-Dauphiné qu'était devenue leur relation!
C'est persuadée de cela qu'elle s'enferma durant plusieurs jours dans une chambre d'auberge, avec pour seule compagnie les objets nécessaires à la rédaction de ce qui serait sans doute la lettre la plus compliquée qu'elle aie jamais eu à écrire, celle qu'elle lui laisserait comme adieu.
Elle y était depuis quatre jours, un vélin toujours vierge posé devant ses yeux, lorsqu'une missive glissa sous sa porte. Une missive signée Léane...
Pourquoi la jeune femme lui écrivait-elle à elle? Là aussi, la conclusion à son interrogation fut bien hâtive... Il ne pouvait s'agir que d'une mauvaise nouvelle! Il était arrivé quelque chose de grave à Kernos!
Les mains tremblantes, elle serra la missive cachetée contre son coeur, incapable de trouver le courage de l'ouvrir...
Citation:
Deux jours plus tard, rien n'avait bougé... Pas plus la feuille vierge qui attendait encore et toujours ses mots d'adieu que le pli scellé qui attendait de se dévoiler. Seules les joues de celle que ces deux lettres attendaient semblaient avoir subi quelques modifications, se creusant d'avantage, perdant encore un peu de leur couleur pour devenir aussi ternes que pâles.
Il fallut qu'une seconde nuit s'achève pour qu'enfin celle qui n'était finalement revenue à "La Vie" que pour mieux la fuir se décide à ouvrir le courrier reçu (HRP : autorisation donnée par la joueuse de la publier)
Si quelques traces de vie avaient encore pu se voir sur les traits de son visage, nul doute que ceux-ci auraient respiré le soulagement que ces mots venaient de faire naître en Terwagne. En effet, à défaut de laisser encore voir la moindre expression de ceux-ci au monde, la Dame continuait néanmoins à avoir des sentiments...
Sentiments aussi exacerbés que ce que son coeur était déchiré et son corps devenu asexué par la maigreur qui était sienne depuis la mort de celui qu'elle avait cru pouvoir adopter et élever, puisque dès les premières heures qui avaient suivi le décès, elle s'était mise à se punir elle-même en privant de nourriture ce corps qui - non content de ne pas lui avoir permis de porter un enfant - avait été jusqu'à se montrer incapable de réchauffer celui de l'enfant d'une autre, laissant ainsi la faucheuse et le froid l'emporter.
Quand certains affirmaient vivre d'amour et d'eau fraiche, elle n'avait fait que survivre de larmes et de bouillies infectes qu'on l'avait obligée à avaler et qu'elle n'avait pas toujours réussi à faire quitter son cors en s'enfonçant les doigts dans le fond de sa gorge... Cette gorge où les sanglots et les cris étaient devenus muets à force de résonner contre les murs de sa cellule de repos. De ces soirs où la nourriture avait refusé de quitter son être par l'orifice où elle était entrée, il lui restait quelques marques sur les avant-bras, de longues lignes rouges tracées par ses propres ongles et qu'elle cachait à présent sous de longues manches, prétextant continuer à avoir froid malgré la saison.
Cette lettre, donc, la soulagea, et doublement...
D'abord parce qu'elle était la preuve que ceux qui affirmaient que Kernos était mort se trompaient, il était juste parti chercher du réconfort dans la foi au moment où tous l'avaient abandonné, où elle-même n'avait pas été forte assez pour trouver la guérison dans les regards qu'il lui offrait, dans les bras qu'il lui tendait, dans les mots avec lesquels il la pansait.
Ensuite parce qu'elle voulait dire que malgré tout quelqu'un dans ce duché ne l'avait pas encore oublié ni renié : Sa fille! Son sang! Auprès d'elle "La Vie" de Kernos pourrait reprendre, elle en était certaine! Auprès de sa fille il oublierait les affronts, il oublierait l'abandon, il oublierait même qu'elle-même lui avait tant nui sans le vouloir, et irait jusqu'à oublier un jour qu'il l'avait aimée, elle qui n'était qu'une ébauche de femme, une erreur de la Nature.
Et si cette jeune femme était celle qui sauverait Kernos, celle qui réussirait mieux qu'elle-même à lui faire retrouver "La Vie", alors Terwagne ne pouvait pas la laisser dans l'angoisse où elle était sans au moins tenter de la rassurer, sans répondre à sa lettre où la peur et le chagrin transpiraient derrière chaque mot.
Le vélin qui attendait depuis des jours et des jours sur le panneau de bois terni par les ans et les voyageurs finit donc par se voir enfin caresser par le bout de sa plume, même si ce n'était pas pour se couvrir des mots destinés à Kernos, mais bien à sa fille.
Il fallut qu'une seconde nuit s'achève pour qu'enfin celle qui n'était finalement revenue à "La Vie" que pour mieux la fuir se décide à ouvrir le courrier reçu (HRP : autorisation donnée par la joueuse de la publier)
Citation:
Dame,
Je vous salue humblement. Je vous écris pour vous faire de ma profonde inquiétude concernant mon père.
Je lui ai adressé beaucoup de missives ces derniers mois. Toutes sont restées sans réponse. Des rumeurs me sont parvenues pour m'annoncer qu'il effectuait une retraite spirituelle depuis le 25 février. J'ai donc pris ma plume et lui ai écrit. Mais rien n'y a fait. Elles m'ont été retournées.
Vous qui êtes proches de lui, pouvez-vous me donner des nouvelles, je vous en supplie.
Cordialement,
Une petite princesse morte d'inquiétude,
Leane Rouvray
Je vous salue humblement. Je vous écris pour vous faire de ma profonde inquiétude concernant mon père.
Je lui ai adressé beaucoup de missives ces derniers mois. Toutes sont restées sans réponse. Des rumeurs me sont parvenues pour m'annoncer qu'il effectuait une retraite spirituelle depuis le 25 février. J'ai donc pris ma plume et lui ai écrit. Mais rien n'y a fait. Elles m'ont été retournées.
Vous qui êtes proches de lui, pouvez-vous me donner des nouvelles, je vous en supplie.
Cordialement,
Une petite princesse morte d'inquiétude,
Leane Rouvray
Si quelques traces de vie avaient encore pu se voir sur les traits de son visage, nul doute que ceux-ci auraient respiré le soulagement que ces mots venaient de faire naître en Terwagne. En effet, à défaut de laisser encore voir la moindre expression de ceux-ci au monde, la Dame continuait néanmoins à avoir des sentiments...
Sentiments aussi exacerbés que ce que son coeur était déchiré et son corps devenu asexué par la maigreur qui était sienne depuis la mort de celui qu'elle avait cru pouvoir adopter et élever, puisque dès les premières heures qui avaient suivi le décès, elle s'était mise à se punir elle-même en privant de nourriture ce corps qui - non content de ne pas lui avoir permis de porter un enfant - avait été jusqu'à se montrer incapable de réchauffer celui de l'enfant d'une autre, laissant ainsi la faucheuse et le froid l'emporter.
Quand certains affirmaient vivre d'amour et d'eau fraiche, elle n'avait fait que survivre de larmes et de bouillies infectes qu'on l'avait obligée à avaler et qu'elle n'avait pas toujours réussi à faire quitter son cors en s'enfonçant les doigts dans le fond de sa gorge... Cette gorge où les sanglots et les cris étaient devenus muets à force de résonner contre les murs de sa cellule de repos. De ces soirs où la nourriture avait refusé de quitter son être par l'orifice où elle était entrée, il lui restait quelques marques sur les avant-bras, de longues lignes rouges tracées par ses propres ongles et qu'elle cachait à présent sous de longues manches, prétextant continuer à avoir froid malgré la saison.
Cette lettre, donc, la soulagea, et doublement...
D'abord parce qu'elle était la preuve que ceux qui affirmaient que Kernos était mort se trompaient, il était juste parti chercher du réconfort dans la foi au moment où tous l'avaient abandonné, où elle-même n'avait pas été forte assez pour trouver la guérison dans les regards qu'il lui offrait, dans les bras qu'il lui tendait, dans les mots avec lesquels il la pansait.
Ensuite parce qu'elle voulait dire que malgré tout quelqu'un dans ce duché ne l'avait pas encore oublié ni renié : Sa fille! Son sang! Auprès d'elle "La Vie" de Kernos pourrait reprendre, elle en était certaine! Auprès de sa fille il oublierait les affronts, il oublierait l'abandon, il oublierait même qu'elle-même lui avait tant nui sans le vouloir, et irait jusqu'à oublier un jour qu'il l'avait aimée, elle qui n'était qu'une ébauche de femme, une erreur de la Nature.
Et si cette jeune femme était celle qui sauverait Kernos, celle qui réussirait mieux qu'elle-même à lui faire retrouver "La Vie", alors Terwagne ne pouvait pas la laisser dans l'angoisse où elle était sans au moins tenter de la rassurer, sans répondre à sa lettre où la peur et le chagrin transpiraient derrière chaque mot.
Le vélin qui attendait depuis des jours et des jours sur le panneau de bois terni par les ans et les voyageurs finit donc par se voir enfin caresser par le bout de sa plume, même si ce n'était pas pour se couvrir des mots destinés à Kernos, mais bien à sa fille.
Citation:
A une petite princesse que je voudrais pouvoir rassurer plus encore
A celle qui je l'espère sera le salut et le soutient de son père
A celle qu'au final j'aurais sans doute aimer pouvoir mieux connaitre
Avant toute chose, j'aimerais vous demander pardon pour le temps mis à vous répondre, et qui n'a d'autre excuse que celui que j'ai mis à oser décacheter votre missive. En effet, étant moi-même sans réelle nouvelle de votre père depuis ma sortie du monastère, j'ai craint que votre lettre ne soit l'annonce d'une mauvaise nouvelle le concernant.
Vous l'aurez compris, je n'ai malheureusement pas de réelles nouvelles à son sujet à vous apporter, et Aristote me soit pourtant témoin que j'aurais voulu pouvoir vous rassurer avec du concret.
Malgré cela, je tenais à vous dire qu'ayant moi-même eu les mêmes échos que vous au sujet d'une retraite spirituelle qu'il aurait entrepris quelques jours à peine après m'avoir confiée aux soins d'autres que lui, donc vers le 25ème jour du mois de février en effet, il est fort à parier que ces échos soient fondés et corrects.
A part cela, je n'ai moi non plus reçu aucune réponse à aucune des missives que je lui ai adressées, mais sans doute ces dernières ne lui auront pas été remises en main propre, comme le veut l'usage dans certains monastères.
Quoi qu'il en soit, je crains fort de ne plus être là lorsqu'enfin il reviendra à la vie sociale, pour des raisons qui sans doute vous échapperont, j'en suis bien consciente, mais que j'éprouve le besoin de vous expliquer un minimum.
Pourquoi ce besoin? Peut-être par égoïsme au fond, en me disant qu'au cas où jamais je ne trouve jamais le courage de lui écrire cette lettre d'adieu sur laquelle je suis plongée depuis des jours, et bien il trouvera ainsi certaines réponses auprès de vous.
J'aime votre père, comme jamais je n'ai aimé me semble-t-il, je voudrais que vous le sachiez. Je l'aime au point de le quitter pour mettre fin à tout ce mal que lui a fait dans ce Duché notre relation. Je l'aime au point de le libérer de ce lien qui nous unit et est responsable de sa décadence sociale, amicale, politique, et même familiale.
En effet, en apprenant certaines choses de l'actualité du Lyonnais-Dauphiné, je me suis rendue compte que si tout le monde lui tournait aujourd'hui le dos, le reniait, c'était uniquement en raison de ma présence à ses côtés, uniquement parce qu'il m'avait soutenue et aimée.
Alors oui, j'ai décidé de m'en aller, de l'abandonner, pour qu'enfin il retrouve la place qui était sienne dans le coeur et l'estime de ceux qui peuplent ce Duché, de ceux qui étaient sa famille et ses proches avant notre rencontre.
La mort dans l'âme en attendant qu'elle ne se glisse dans mes veines, je m'en vais, l'aimer de loin, l'aimer en silence, l'aimer au-delà des mots et au-delà de la vie elle-même.
Mais avant cela, je voudrais vous demander une faveur... Promettez-moi de ne jamais le renier, de ne jamais l'abandonner, lui dont je sais à quel point il craint l'abandon, lui aussi qui a la chance d'avoir une fille qui s'inquiète pour lui.
Avec toute mon affection, dont j'imagine fort bien que vous ne devez pas la vouloir.
Terwagne.
A celle qui je l'espère sera le salut et le soutient de son père
A celle qu'au final j'aurais sans doute aimer pouvoir mieux connaitre
Avant toute chose, j'aimerais vous demander pardon pour le temps mis à vous répondre, et qui n'a d'autre excuse que celui que j'ai mis à oser décacheter votre missive. En effet, étant moi-même sans réelle nouvelle de votre père depuis ma sortie du monastère, j'ai craint que votre lettre ne soit l'annonce d'une mauvaise nouvelle le concernant.
Vous l'aurez compris, je n'ai malheureusement pas de réelles nouvelles à son sujet à vous apporter, et Aristote me soit pourtant témoin que j'aurais voulu pouvoir vous rassurer avec du concret.
Malgré cela, je tenais à vous dire qu'ayant moi-même eu les mêmes échos que vous au sujet d'une retraite spirituelle qu'il aurait entrepris quelques jours à peine après m'avoir confiée aux soins d'autres que lui, donc vers le 25ème jour du mois de février en effet, il est fort à parier que ces échos soient fondés et corrects.
A part cela, je n'ai moi non plus reçu aucune réponse à aucune des missives que je lui ai adressées, mais sans doute ces dernières ne lui auront pas été remises en main propre, comme le veut l'usage dans certains monastères.
Quoi qu'il en soit, je crains fort de ne plus être là lorsqu'enfin il reviendra à la vie sociale, pour des raisons qui sans doute vous échapperont, j'en suis bien consciente, mais que j'éprouve le besoin de vous expliquer un minimum.
Pourquoi ce besoin? Peut-être par égoïsme au fond, en me disant qu'au cas où jamais je ne trouve jamais le courage de lui écrire cette lettre d'adieu sur laquelle je suis plongée depuis des jours, et bien il trouvera ainsi certaines réponses auprès de vous.
J'aime votre père, comme jamais je n'ai aimé me semble-t-il, je voudrais que vous le sachiez. Je l'aime au point de le quitter pour mettre fin à tout ce mal que lui a fait dans ce Duché notre relation. Je l'aime au point de le libérer de ce lien qui nous unit et est responsable de sa décadence sociale, amicale, politique, et même familiale.
En effet, en apprenant certaines choses de l'actualité du Lyonnais-Dauphiné, je me suis rendue compte que si tout le monde lui tournait aujourd'hui le dos, le reniait, c'était uniquement en raison de ma présence à ses côtés, uniquement parce qu'il m'avait soutenue et aimée.
Alors oui, j'ai décidé de m'en aller, de l'abandonner, pour qu'enfin il retrouve la place qui était sienne dans le coeur et l'estime de ceux qui peuplent ce Duché, de ceux qui étaient sa famille et ses proches avant notre rencontre.
La mort dans l'âme en attendant qu'elle ne se glisse dans mes veines, je m'en vais, l'aimer de loin, l'aimer en silence, l'aimer au-delà des mots et au-delà de la vie elle-même.
Mais avant cela, je voudrais vous demander une faveur... Promettez-moi de ne jamais le renier, de ne jamais l'abandonner, lui dont je sais à quel point il craint l'abandon, lui aussi qui a la chance d'avoir une fille qui s'inquiète pour lui.
Avec toute mon affection, dont j'imagine fort bien que vous ne devez pas la vouloir.
Terwagne.
Citation:
"Adieu à ce qui fut nous deux, à la passion du verbe aimer" :
Décider de s'en aller, c'est une chose, mettre en oeuvre sa décision, c'en est une autre... Et là, au moment de boucler ses malles, celle qui n'avait plus rien d'une "Tempête" se demanda soudain pourquoi elle avait pris cette décision, pourquoi elle en était arrivée à un tel extrême, et surtout si elle ne ferait pas mieux de revenir dessus... C'est à cet instant précis que surgit en elle - de façon abrupte, violente, déconcertante - un souvenir bien lointain, un souvenir surgit d'une vie presqu'oubliée, un souvenir sous forme de phrase.
La voix était celle d'un Sancerrois, et pas n'importe lequel : Bragon! Ce cher Bragon, qui depuis le premier regard l'avait si bien comprise, et pourtant si souvent mise sur les nerfs, avec sa façon de se rendre attachant en vous énervant, de vous soigner le coeur en poussant d'abord le doigt là où ça fait mal, de lire en vous à livre ouvert même quand vous voudriez rabattre sur vous la couverture.
"Le plus difficile, ce n'est pas de faire un choix, c'est de s'y tenir et d'y rester fidèle", lui avait-il dit un jour, pas très longtemps après avoir réussi à lui donner l'envie de s'installer à Sancerre, cette ville où elle avait perdu son fiancé troubadour, cette ville où elle avait voulu le rejoindre par delà la mort....
"Le plus difficile, ce n'est pas de faire un choix, c'est de s'y tenir..." lui avait-il dit quand au terme de jours et de nuits de déchirure où elle avait senti son coeur balancer entre ces deux hommes qui se déchiraient alors son amour : Hugoruth et Maleus, elle avait finit par en faire un, de choix.
Hugoruth... C'était lui qu'elle avait finit par choisir, au grand damne de ce cher vieux Bragon, qui n'avait jamais apprécié ce dernier et lui avait d'ailleurs conseillé de s'en méfier comme de la peste. Elle aurait mieux fait de l'écouter, au fond.... Mieux fait de...
Qu'importait tout cela aujourd'hui? Rien! C'était du passé! Juste du passé! Exactement comme le seraient un jour ses souvenirs du Lyonnais-Dauphiné, comme le serait un jour cette lettre qu'elle ne parvenait toujours pas à écrire et à envoyer à Kernos. Comme tant de choses au fond.
"Le plus difficile, ce n'est pas de faire un choix, c'est de..."
S'y tenir!
Je sais!
Et je vais m'y tenir, oui!
Les mots sortirent de sa gorge, avec colère, alors qu'elle pestait sur elle-même de se sentir soudain si hésitante, si proche du demi-tour, si proche des larmes surtout! Ils sortirent de ses lèvres, juste avant que d'autres ne sortent enfin de sa plume, dans un souffle désespéré, haletant, douloureux.
Quelques instants plus tard, la lettre était confiée à un messager ayant pour mission de la conduire à Mévouillon où Kernos la trouverait à sa sortie du monastère.
Il ne restait plus à Terwagne qu'à écrire une certaine lettre d'allégeance, faire charger ses malles et prendre la route.... Pour où? Qu'importait, puisque cette route serait de toute façon déserte.
Décider de s'en aller, c'est une chose, mettre en oeuvre sa décision, c'en est une autre... Et là, au moment de boucler ses malles, celle qui n'avait plus rien d'une "Tempête" se demanda soudain pourquoi elle avait pris cette décision, pourquoi elle en était arrivée à un tel extrême, et surtout si elle ne ferait pas mieux de revenir dessus... C'est à cet instant précis que surgit en elle - de façon abrupte, violente, déconcertante - un souvenir bien lointain, un souvenir surgit d'une vie presqu'oubliée, un souvenir sous forme de phrase.
La voix était celle d'un Sancerrois, et pas n'importe lequel : Bragon! Ce cher Bragon, qui depuis le premier regard l'avait si bien comprise, et pourtant si souvent mise sur les nerfs, avec sa façon de se rendre attachant en vous énervant, de vous soigner le coeur en poussant d'abord le doigt là où ça fait mal, de lire en vous à livre ouvert même quand vous voudriez rabattre sur vous la couverture.
"Le plus difficile, ce n'est pas de faire un choix, c'est de s'y tenir et d'y rester fidèle", lui avait-il dit un jour, pas très longtemps après avoir réussi à lui donner l'envie de s'installer à Sancerre, cette ville où elle avait perdu son fiancé troubadour, cette ville où elle avait voulu le rejoindre par delà la mort....
"Le plus difficile, ce n'est pas de faire un choix, c'est de s'y tenir..." lui avait-il dit quand au terme de jours et de nuits de déchirure où elle avait senti son coeur balancer entre ces deux hommes qui se déchiraient alors son amour : Hugoruth et Maleus, elle avait finit par en faire un, de choix.
Hugoruth... C'était lui qu'elle avait finit par choisir, au grand damne de ce cher vieux Bragon, qui n'avait jamais apprécié ce dernier et lui avait d'ailleurs conseillé de s'en méfier comme de la peste. Elle aurait mieux fait de l'écouter, au fond.... Mieux fait de...
Qu'importait tout cela aujourd'hui? Rien! C'était du passé! Juste du passé! Exactement comme le seraient un jour ses souvenirs du Lyonnais-Dauphiné, comme le serait un jour cette lettre qu'elle ne parvenait toujours pas à écrire et à envoyer à Kernos. Comme tant de choses au fond.
"Le plus difficile, ce n'est pas de faire un choix, c'est de..."
S'y tenir!
Je sais!
Et je vais m'y tenir, oui!
Les mots sortirent de sa gorge, avec colère, alors qu'elle pestait sur elle-même de se sentir soudain si hésitante, si proche du demi-tour, si proche des larmes surtout! Ils sortirent de ses lèvres, juste avant que d'autres ne sortent enfin de sa plume, dans un souffle désespéré, haletant, douloureux.
Citation:
Mon "Tu",
Mon "Ut",
Déteste-moi, je le mérite!
Déteste-moi pour les mots que tu t'apprêtes à lire.
Déteste-moi pour ce qu'ils signifient.
Déteste-moi de les avoir écrit sans avoir le courage de les dire.
Déteste-moi de leur avoir donné vie...
Déteste-moi pour tout le mal qu'ils te feront.
Déteste-moi pour tout le mal que je t'ai fait bien malgré moi en t'aimant.
Déteste-moi pour tout le mal que je te ferrai encore sans doute longtemps en hantant tes souvenirs.
Déteste-moi d'être moi, celle qui t'aimait, celle qui t'aime, celle qui t'aimera encore, mais qui s'en va.
Déteste-moi de choisir aujourd'hui de faire de ma vie un requiem.
Déteste-moi de choisir de laisser s'évanouir la mélodie qui était" Nous".
Déteste-moi de te sauver de moi...
Ta Lune.
Mon "Ut",
Déteste-moi, je le mérite!
Déteste-moi pour les mots que tu t'apprêtes à lire.
Déteste-moi pour ce qu'ils signifient.
Déteste-moi de les avoir écrit sans avoir le courage de les dire.
Déteste-moi de leur avoir donné vie...
Déteste-moi pour tout le mal qu'ils te feront.
Déteste-moi pour tout le mal que je t'ai fait bien malgré moi en t'aimant.
Déteste-moi pour tout le mal que je te ferrai encore sans doute longtemps en hantant tes souvenirs.
Déteste-moi d'être moi, celle qui t'aimait, celle qui t'aime, celle qui t'aimera encore, mais qui s'en va.
Déteste-moi de choisir aujourd'hui de faire de ma vie un requiem.
Déteste-moi de choisir de laisser s'évanouir la mélodie qui était" Nous".
Déteste-moi de te sauver de moi...
Ta Lune.
Quelques instants plus tard, la lettre était confiée à un messager ayant pour mission de la conduire à Mévouillon où Kernos la trouverait à sa sortie du monastère.
Il ne restait plus à Terwagne qu'à écrire une certaine lettre d'allégeance, faire charger ses malles et prendre la route.... Pour où? Qu'importait, puisque cette route serait de toute façon déserte.