Rhuyzar
Le soleil se levait à peine quand la petite troupe arriva en vue du village de Poligny. Les dix cavaliers avançaient en silence, bien moins fringuant qu'à leur départ de Millau malgré leur halte de quelques jours en Bourgogne. Ils n'avaient pas beaucoup discuté en chemin, Thenestohs visiblement pressé de repartir vers le sud leur avait fait presser le pas jusqu'à Mâcon.
Le Vicomte avançait en tête, à côté d'Ali. Il avait tenu à ce que ce dernier l'accompagne dans son périple vers l'Est. Le vieil homme avait accepté de bonne grâce, il avait si souvent entendu parler de ce pays qu'il espérait le contempler de ses propres yeux avant la fin. Rien à voir avec sa contrée natale malheureusement. L'automne avançant, apportant les premières froideurs de l'air, avait obligé le vieux berbère et ses hommes à sortir leurs capes les plus épaisses et s'y emmitoufler pour se protéger de ce climat inamical.
Rhuyzar observait la campagne environnante. Les travaux des champs n'avaient pas encore commencé et ne se trouvant pas à Dole, ils n'assisteraient pas au spectacle de la capitale s'éveillant, s'emplissant peu à peu du bruit des affairistes et des commerçants préparant leur échoppe.
Un peu derrière, Daresha et Adrian suivaient. Le jeune garçon les avait rejoints à Châlon et c'était entre autres pour ses affaires qu'ils avaient pris la direction de Poligny. En queue de groupe, disciplinés comme à leur habitude, les six cavaliers berbères coiffés de leur cheich et leur cape enroulée autour d'eux avançaient en scrutant le moindre centimètre carré d'espace. L'un deux portait la bannière du Vicomte. Les armoiries de Delle avec en leur centre celles de la famille de la Louveterie, brisées, en raison de sa bâtardise.
Malgré lui, le Licorneux ne put empêcher les souvenirs de remonter à la surface. Ces années passées dans cette contrée. Son travail accompli au service de ce peuple. Ces conflits, ces trahisons, ses amis morts à cause de bureaucrates insensibles à l'honneur et la noblesse. A force de patience ces derniers avaient gagné. Ils s'étaient accaparés une région autrefois noble et puissante. Dont l'armée faisait trembler chaque voisin. Dont les gestes étaient épiés comme on observer un fauve, en priant intérieurement pour sa survie. Et ils en avaient fait un pays médiocre, faible, concentré sur son trésor national moisissant au fond de coffres. Et au fond de lui, même si sa lame servait depuis longtemps le Roy de France, il ne parvenait pas à chasser cette impression de gâchis, ce goût amer dans sa bouche et ces "et si..." entêtant.
Sirius devait normalement les retrouver bientôt. Surement l'un des rares qu'il avait envie de revoir. Non pas qu'ils aient toujours été d'accord sur tout, mais le désaccord n'empêchait pas le respect. Seuls le mensonge et la trahison brisaient un lien de confiance.
Les sabots claquaient sur le pavé tandis qu'ils entraient dans le village encore en partie endormi. Ils avancèrent jusqu'à une proche auberge où Rhuyzar donna le signal d'arrêt avant de descendre de sa monture. Son premier geste fut de remettre l'épée posée sur sa selle à sa ceinture, proche de sa main. Un réflexe, une sécurité, tout comme vérifier que ses gantelets imposants étaient bien fixés. Ces formalités faites il inspira une grande bouffée d'air frais, jetant un oeil alentour afin de déceler une quelconque présence humaine, ou connue.
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Le Vicomte avançait en tête, à côté d'Ali. Il avait tenu à ce que ce dernier l'accompagne dans son périple vers l'Est. Le vieil homme avait accepté de bonne grâce, il avait si souvent entendu parler de ce pays qu'il espérait le contempler de ses propres yeux avant la fin. Rien à voir avec sa contrée natale malheureusement. L'automne avançant, apportant les premières froideurs de l'air, avait obligé le vieux berbère et ses hommes à sortir leurs capes les plus épaisses et s'y emmitoufler pour se protéger de ce climat inamical.
Rhuyzar observait la campagne environnante. Les travaux des champs n'avaient pas encore commencé et ne se trouvant pas à Dole, ils n'assisteraient pas au spectacle de la capitale s'éveillant, s'emplissant peu à peu du bruit des affairistes et des commerçants préparant leur échoppe.
Un peu derrière, Daresha et Adrian suivaient. Le jeune garçon les avait rejoints à Châlon et c'était entre autres pour ses affaires qu'ils avaient pris la direction de Poligny. En queue de groupe, disciplinés comme à leur habitude, les six cavaliers berbères coiffés de leur cheich et leur cape enroulée autour d'eux avançaient en scrutant le moindre centimètre carré d'espace. L'un deux portait la bannière du Vicomte. Les armoiries de Delle avec en leur centre celles de la famille de la Louveterie, brisées, en raison de sa bâtardise.
Malgré lui, le Licorneux ne put empêcher les souvenirs de remonter à la surface. Ces années passées dans cette contrée. Son travail accompli au service de ce peuple. Ces conflits, ces trahisons, ses amis morts à cause de bureaucrates insensibles à l'honneur et la noblesse. A force de patience ces derniers avaient gagné. Ils s'étaient accaparés une région autrefois noble et puissante. Dont l'armée faisait trembler chaque voisin. Dont les gestes étaient épiés comme on observer un fauve, en priant intérieurement pour sa survie. Et ils en avaient fait un pays médiocre, faible, concentré sur son trésor national moisissant au fond de coffres. Et au fond de lui, même si sa lame servait depuis longtemps le Roy de France, il ne parvenait pas à chasser cette impression de gâchis, ce goût amer dans sa bouche et ces "et si..." entêtant.
Sirius devait normalement les retrouver bientôt. Surement l'un des rares qu'il avait envie de revoir. Non pas qu'ils aient toujours été d'accord sur tout, mais le désaccord n'empêchait pas le respect. Seuls le mensonge et la trahison brisaient un lien de confiance.
Les sabots claquaient sur le pavé tandis qu'ils entraient dans le village encore en partie endormi. Ils avancèrent jusqu'à une proche auberge où Rhuyzar donna le signal d'arrêt avant de descendre de sa monture. Son premier geste fut de remettre l'épée posée sur sa selle à sa ceinture, proche de sa main. Un réflexe, une sécurité, tout comme vérifier que ses gantelets imposants étaient bien fixés. Ces formalités faites il inspira une grande bouffée d'air frais, jetant un oeil alentour afin de déceler une quelconque présence humaine, ou connue.
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