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[RP] Rencontre entre teignes.

Enguerranddevaisneau
L'Ittre déambule, l'Ittre funambule marche sur le fil invisible de sa vie.
Il est mieux, pas moins bien, pas mieux qu'avant, non il est mieux, simplement.
Il était jeune, insouciant, croyait aux miracles de la vie jadis, allant même jusqu'à apporter crédit à l'amour. Allant même jusqu'à croire qu'il savait ce qu'il était.
C'était une hérésie.

Non, il n'avait rien connu de telle, du moins, pas avant sa rencontre avec la bâtarde Blanc-Combaz où enfin, il vivait comme se devait de vivre un garçon de seize ans, lui qui en si peu de temps avait déjà connu tout les affres de la vie, ou presque.

Il marchait alors, bien moins maigre que suite à sa séquestration, bien moins livide, et beaucoup plus beau qu'il ne l'était à l'époque.
Il sortait de cette épreuve encore plus sombre, plus amer, ce qui lui conférait sans nul doute une beauté encore plus diabolique, un charme des plus néfastes.
Il apprenait l'art de la manipulations, aiguisait ses sens, son corps dans un seul but, celui de séduire, celui de tuer, et d'enserrer avec une joie malsaine le cou de la Saint Just entre ses deux mains osseuses et blafardes.

La cour des miracles, où il avance avec aisance parmi la plèbe, bousculant sur son chemin vieillards endimanchés, puterelles à la sauvette, petites frappes inoffensives.
Il est riche, il est noble, il est jeune.
Il n'a rien à faire ici. Mais pourtant...

Pourtant il est là, suivit de près par son acolyte Bretons et muet, fidèle chien de garde qui donnerait sa vie pour celle du baronnet.
Et il n'a pas peur, il est là pour affaires.
Il est là pour trouver de la poudre.
Pas n'importe laquelle, celle qui fait exploser les murs, ou à défaut, les têtes.
Il avait rendez-vous avec un certain Joseph, contrebandier de son état, vieil oisif qui avait cessé depuis belle lurette de se rendre sur le terrain, se contentant de refourguer ce qu'on lui donnait à des prix exorbitants.

C'était sans compter sur la jeune femme qui se trouvait déjà sur place.
C'était sans compter sur le fait que cette jeune femme soit vicomtesse, certainement collectionneuse de doigts, et aussi agressive qu'un pit-bull.
C'était sans compter sur le fait que l'Enguerrand était d'une humeur massacrante.

Un regard pour le vieux contrebandier, un autre pour la jeune femme, et une moue mauvaise enlaidie le visage du jeune garçon, qui parle alors d'une voix emplie de venin.


Fichtre, il n'est même plus possible de faire ses achats en paix. Que fait une femme dans l'Antre du Joseph? Les robes et autres fariboles, c'est plus loin.
_________________
Quiou
[Mauvaise humeur, quand tu nous tiens depuis notre plus tendre enfance]

Paris, ses monuments ancestraux, sa demeure royale, ses églises dantesques. Paris la Grande ouvre ses portes des plus mirifiques à une flamande à peine sortie de ses platitudes septentrionales.
A ceci près qu’il ne s’agit guère de n’importe quelle habitante de ces froides contrées. Tout aussi glaciale, si ce n’est plus, la Teigneuse ne s’est point attardée face à la prodigieuse Notre Dame. Du moins est-elle restée tout aussi impassible que devant une toute autre demeure empreinte d’aristotélisme. Un simple arrêt. Par respect.

La Deswaard avait dès lors laissé ses pas la conduire prestement jusqu’en les quartiers malfamés ayant toujours exercé sur elle une sommaire attraction.
Comme s’il lui fallait assouvir un besoin primitif.
Comme si elle pouvait espérer que la chaleur malsaine d’un pandémonium vienne s’abattre sur elle.

Adoncques son instinct la mène-t-il jusqu’en ce que d’aucuns appellent la Cour des Miracles, où sombres venelles et fangeuses ruelles recueillent le summum de la décadence alliée à la perdition dans toute sa splendeur et à la dépravation en bonne et due forme. Galéran, son page, pas forcément des plus costauds mais suffisamment agile pour avoir retenu l’attention de la Terreur, suit cette dernière dans une de ses énièmes virées, la bouche toujours aussi doctement close, les gestes ostensiblement contrôlés, les sens singulièrement mis en alerte.

L’Acariâtre, bien que vêtue de tissus de qualités, reste invariablement enveloppée de noir, et c’est ainsi qu’après avoir inspecté de ses prunelles investigatrices quelques bâtisses toutes plus insalubres et décrépies les unes que les autres, ignorant par ailleurs les bauges à donzelle, elle se lance à l’assaut d’une habitation abritant sans l’ombre d’un doute un quelconque contrebandier.

Un homme courtaud trône, las, derrière une sorte de comptoir, se tournant allégrement les pouces. Ni une ni deux, la proie est jaugée par le prédateur. Le page juste derrière elle, la Quiou s’avance, un sourire en coin figé sur les lèvres à la vue des appendices gigotant. Non, elle n’est guère là pour ça.

Le Joseph s’apprête à balbutier quelques obséquieuses salutations, pour finir par se faire interrompre par une visite plus ou moins impromptue.
Les visages se tournent alors à l’entrée d’une juvénile cascade blonde. Pas plus vieux que Galéran, mais assurément plus sophistiqué et issu d’une toute autre classe. L’air imbu de lui-même, il semble assez sot pour oser tenter le Sans-Nom à gambader ouvertement en des bas-quartiers ou la vermine rode dans chacun des recoins d'ombre, et ce, entouré d’une escorte composée d’une seule et unique personne.

Deux Nobles inconscients ou irrémédiablement fous pour effectuer une telle ineptie.

Voici ce qui peut bien traverser l’esprit alambiqué de la Flamande. Ce qui la pousse finalement à ne guère tarder à hausser un sourcil explicite à l’adresse du nouveau venu. Geste réalisé en même temps que le rictus dudit nouveau.


Fichtre, il n'est même plus possible de faire ses achats en paix. Que fait une femme dans l'Antre du Joseph? Les robes et autres fariboles, c'est plus loin.

Un poing s’abat férocement sur le comptoir, l’autre s’en va enserrer le pommeau d’une épée précédemment dissimulée sous une longue cape désormais rejetée en arrière.
Une sourde colère s’éveille en la femme en question, Coupeuse de Pouces de son état. Une pernicieuse rage qui ne déforme pourtant guère les traits cruellement impassibles de son blafard visage.


Vérole !

Cela sonne telle une marque de fabrique, étonnamment cinglante.

Que le Très-Haut pardonne aux insolents avant qu’il ne me soit possible de m’en charger de mes propres mains.

Assurément ses propres méthodes ne devaient-elles guère être des plus appréciables et des plus innocentes. Mais là n’est point le sujet, la Vicomtesse fait quelque peu abstraction de son entourage, ne focalisant son attention que sur l’irrévérencieux jeunot et son cabot mal léché.

Dès lors, s’il vous est possible de souhaiter profiter des séduisantes douceurs de la paix, je vous invite à rebrousser chemin et retourner vous faire pouponner en les jupons maternels. Quant à l’étonnement que vous pouvez émettre à la vue d’une femme se trouvant en un tel endroit, demandez-vous ce qu’il peut en être pour tous qui ne voient en vous qu’un bambin fanfaronnant en un putride bouge.

Elle sourit, en coin, bien évidemment. Si le Sarcasme se pouvait d’être un Royaume à lui seul, peut être en serait-elle la Reyne.

Oh…J’allais oublier de vous prévenir qu’il vous faudra mander à votre précepteur de vous apprendre à décoder les subtilités de l’apparence avant que d'oser prendre la parole à l'encontre d'un quelconque individu. Vous saurez ainsi vous rendre compte que je ne suis guère de ces donzelles aux apanages pompeux et aux lubies obsessionnelles ayant trait à toutes sortes d’atours.

En somme n’était-elle point là pour du taffetas.
Enguerranddevaisneau
Une sacrée entrée en matière à dire vrais.
Imposante, mesquine, le tout relevé d'un piquant sans défauts, le Vaisneau souriait donc de toutes ses dents.
Ses lèvres d'un rose presque rouge étaient alors rehaussées en une moue amusée, une moue agaçante qui aurait pour don de rendre son interlocuteur aussi revêche qu'il est possible de l'être.
Oui, il venait de remettre à sa place une pauvre femelle, comme il se le devait.
Mais s'était sans compter sur la réaction de la dites femelle. Le sexe faible ne primait pas toujours, mais en ce jour, il semblait tout aussi dangereux que le dit fort. Pis, il était doté d'une répartie qui laisserait pantois le crieur aviné d'un duché en guerre.
Quand elle pose la main au fourreau, l'Igor se déplace, venant se poster devant le jeune homme, toisant, méchanceté apparente, l'importune de sa silhouette massive et élevée.
Mais le Vaisneau n'avait pas peur, aucunement, c'est pourquoi sa langue claque avec agacement contre son palet, et qu'il s'exclame d'une voix froide et dénuée de sentiments.


Suffit Igor, laissez donc cette gourgandine cracher sa verve, peu m'importe à dire vrais.

Et au Bretons de reprendre place au côté de son maitre, le gauche, sa pogne fièrement posée sur le manche de sa hache, par précaution.
L'Ittre lui, n'a cure de la menace, et avance jusque la femme, un sourire enjôleur fiché sur le faciès, il détaille l'importune.
Elle était de taille moyenne, un physique plutôt atypique et des traits sévère qui dénotait sans nul doute une méchanceté insoupçonnée. Toutefois, outre la dangerosité apparente, elle ne pouvait non plus être qualifiée de moche, et sa poitrine attira bien vite les azures du baron. Sa lippe alors qui reprend sa forme initiale, ses lèvres aussi droites que l'horizon, il déclare, plantant au demeurant l'acier bleuté de son regard dans les prunelles de son interlocutrice.


Dieu pardonne toujours, sinon sachez que je serrais mort et enterré depuis belle lurette.

Et s'était vrais, l'insolence étant depuis sa prime jeunesse le Crédo de l'Enguerrand, qui se complaisait dans sa fonction de noble à rabaisser la plèbe.
Le Joseph lui, fixait le couple improbable de deux bille effrayées, ce qui n'échappa pas à la teigne au demeurant.


Vieillard, ma commande, et vite!!! Ou tu te retrouvera bien vite affublé d'un manque permanent d'attributs!

Au vieillard de s'éclipser, laissant ainsi seul la femme et le jeune homme.
Jeune homme qui commença à marcher de long en large, en proies à de grandes réflexions. Tout en marchant, il s'exclama d'une voix un peu plus forte que d'accoutumé, menace sous-jacente:


Souffrez mon jeune âge dés lors, vieille rombières, les jupons maternels, je les ai quittés il y a de cela bien longtemps voyez vous. Quant à rebrousser chemin, souffrez d'autant plus ma présence en ces lieux, qui se doit certainement d'être plus constructive que la votre.

Il était évident que tous ce que faisait Enguerrand était plus constructif qu'autre fariboles.
S'arrêtant, il fixe avec indolence la femelle qui lui fait face, la détaillant de haut en bas, comme un acheteur face à son futur investissement, tentant d'en dégager la valeur.


Gagez que vous avez beaucoup de chance, et que moi même je ne vous ferrais pas payer vos propos obséquieux et alambiqués. Il est clair que vous n'êtes pas là pour atours et autres fanfreluches qu'aime à porter la gente féminine.

Et de s'approcher encore d'elle, son visage maintenant à quelques centimètres de celui de l'impudente, son souffle sinueux se mêlant agréablement au siens.
Il sourit, et ceci de fort belle manière, façade renforcée d'amabilité où prônait largement un belle part de menace. A lui donc de déclamer, dans un presque chuchotement, prononçant chaque syllabe avec teneur, dans le but de les faire entrer dans la caboche de teigneuse.


Mais plus ja-mais, vous m'entendez, jamais,Vous ne vous adresserez à moi ainsi, où votre langue nourrira les poissons qui nagent dans la Seine aussi vite qu'il ne le faut pour le dire. Souvenez vous en.

Et de reculer avec grâce, félin, il reprend sa trogne de noble décadent et suffisant, alors qu'il termine:

Sinon, ne faisons guère fi des convenances. Enguerrand de Vaisneau, baron d'Ittre en sus. Plus souvent nommé la teigne où l'Ignoble. A votre guise.

Et d'esquisser même, insolent, une révérence sublime.
_________________
Quiou
[Trois, deux, un...Action !]

Le Mastodonte a bougé avant que d’être prestement rappelé sous la coupe de son juvénile maître, tel un fidèle canidé à poil ras, insensible à ses propres besoins, à moins, peut être que la sécurité du flavescent Nobliau ne lui importe plus que toute autre chose, ce qui semble être fortement plausible.

En tout cas, la Deswaard ne se lasse point de dévisager l’insolent interlocuteur sans même s’attarder sur le garde du corps, préférant s’abandonner peu à peu à la contemplation d’images sorties tout droit de son foisonnant esprit.
Sanguinolentes. Assurément le sont-elles.

Dès lors, toutes les éventuelles alternatives que lui apporte sa lugubre imagination s’accordent à signer l’arrêt de mort de l’hautain blondin. D’une fulgurance à toute épreuve, d’une douleur incommensurable, d’un réconfort incandescent.
Le panel de choix s’offre à elle, si tentant.
La roue tourne et la Terreur se remémore ainsi cette même réaction qui avait pu s’emparer d’elle lors de sa confrontation avec une Ethérée…Etranges souvenirs, dangereuses réminiscences.

A l’instar du fil de sa pensée habituellement si incisif et désormais plus que l’ombre de lui-même, les glaciales pupilles flamandes se perdent dans l’introspection des austères limbes du passé, un voile parcheminé donnant l’impression de venir les étioler.

L’écho de la voix de l’Ittre interrompt la réflexion qui se fait là. Le Galéran, de son côté, frémit. Oh Seigneur, quelle grave erreur a commis cet homme à l’instant ! Lui-même le sait, il connait sa Dame et a déjà eu le malheur de la déranger en un moment semblable à celui-ci. Pour la peine s’en était-il sorti avec une rossée préventive doublée d’une menace non négligeable quant à l’avenir d’un de ses pouces : une profonde estafilade savamment appliquée autour de l’appendice en guise d’anticipation, dont il lui restait désormais une rebutante cicatrice.

La Vicomtesse ne faisant guère dans la dentelle et ayant déjà eu l’occasion de le rappeler auparavant, elle foudroie littéralement le blanc-bec du regard tandis qu’il ose s’avancer de quelques mètres supplémentaires.


Mais peut être que, dans sa grande mansuétude et afin de respecter la destinée qu’il avait pour vous, le Très-Haut vous octroie-t-il l’opportunité de vous enfoncer un peu plus afin de mieux vous faire punir vos actes délictueux par la suite.

Ambitionnait-elle à être le bras armé de Dieu chargé d’éliminer d’un preux coup de glaive les sans-espoirs ? N’était-elle pourtant pas à ranger dans cette catégorie, parmi les égarés et autres damnés ?

Il déblatère, il bavasse…Il ennuie. Tel un coquelet gloussant au sein d’un poulailler mal garni. Mais il amuse tout de même quelque peu la Misanthrope en sortant du commun habituel des êtres qu’elle se fait le plaisir d’haïr. Est-ce cependant réellement un bon point pour lui ? Ne prône-t-elle pas la non recherche du divertissement ? Une vie glauque, austère permettant de mettre à bien les objectifs recherchés ? Tant de questions qui ne sauront guère être résolues ce jour.


Je souffre votre présence tout autant que votre si regrettable jeunesse, très certainement. D’autant qu’il m’est possible de me questionner sur ce que vous construisez réellement puisque nous nous trouvons principalement entourés d’une armurerie assurément bien agrémentée dont le seul but est fort malheureusement celui de défaire.

Il poursuit, il s’avance encore. Comme la proie négligente qui vient s’enferrer en les griffes d’un fauve. L’Arrogant est près d’elle, beaucoup trop près. Il est pourtant connu en les platitudes flamandes que l’on n’approche point l’Acariâtre. A croire qu’il valait mieux ne guère empiéter sur ses plates-bandes, lui laisser son propre espace vital, en somme.

Elle grogne.
Prémices d’une irritabilité sous-jacente.


Il me faudra sans l’ombre d’un doute vous retourner cet agréable compliment, jeune homme. Car, s’il vous sera possible de faire de moi une estropiée dépourvue de langue acérée, ne doutez point que je ne puisse recevoir sans donner. Cela serait faire montre d’une grande impolitesse de ma part. Adoncques, en guise d’échange de bons procédés, aurez-vous le plaisir de subir une ablation soignée des extrémités jouant un rôle essentiel dans la préhension de l’homme.

On ne la menace pas. Jamais. Mais c’est toujours avec un faciès froidement indifférent qu’elle jauge l’interlocuteur, avec une voix sévère et dure qu’elle s’exprime.

Quiou Deswaard, Vicomtesse prochainement en possession des terres de Maldeghem, si Dieu le veut véritablement. L’on daigne ainsi me surnommer la Teigneuse, la Terreur et encore d’autres innombrables joyeusetés que je ne peux qu’épargner à de si jeunes esgourdes.

La Teigne et la Teigneuse. Pouvait-il réellement se targuer d’être semblable à Quiou ? Ce Royaume n’en avait-il pas déjà assez d’une calamité pour se décider à faire naitre un ersatz de la première ?
En tout cas, cette réflexion ne la laisse pas insensible. Non car…le sourcil droit s’arque dangereusement.

L’Enguerrand s’incline. Les pensées de la Deswaard sont balayées d’un coup de vent, il n’est en effet plus temps de s’éterniser à cela.
L’action.

Elle se déploie, aussi diligente qu’un prédateur. Alors qu’elle s’approche prestement et que le Baron reste encore tout à son affaire, une main vient, non pas s’emparer de la garde de son épée, mais bien de celle d’un poignard effilé trônant non loin, tandis que l’autre se saisit, telle une poigne de fer se refermant sur un quelconque objet, du marmoréen pouce appartenant au Vaisneau.
Quelques secondes. Tout au plus.
Il semble n’avoir qu’à peine le temps de réaliser ce qui vient de se passer que la menaçante lame d’acier s’appose cruellement sur sa chaire novice, au niveau de la première phalange de son doigt, sans qu’aucune section ne soit à dénombrer pour le moment.

La Terreur plonge alors son regard glacial en les ardentes prunelles de son adversaire, un large sourire éclatant venant déformer ses traits, leur donnant, inconsciemment, une fatale nuance malsaine.

Coupera ? Ne coupera pas ?
Enguerranddevaisneau
Nous assistons alors à la création d'un nouveau sport tout en finesse et en réciprocité, soit le Ping-pong où l'art de s'envoyer la balle pour marquer des points face à l'adversaire. Et l'on pouvait constater que les deux protagonistes de cette petite histoire excellaient dans cette discipline.
Égalité, balle au centre.
Ou presque.

En effet, l'Enguerrand, tout à l'écoute des arguments de ca nouvelle amie ne se souciait guère des détails d'ordre physique, d'autant plus qu'il était tout bonnement impossible pour lui que quelqu'un ose s'en prendre à son intégrité physique. La présence du colosse Bretons à ses côtés était suffisamment dissuasive pour qu'il ne s'inquiète pas de ce genre de broutilles.
Toutefois, en un instant, une Vicomtesse en devenir venait de mettre à terre toutes ses convictions.
Pouce emprisonné dans la main de la femelle, poignard apposé en sus sur sa peau, il déglutit avec difficulté.
Un grognement sourd de son valet le fait toutefois agir à temps et un sifflement des plus primaire franchit ses lèvres, mettant fin au déferlement de violence qui allait s'abattre sur la teigneuse sur qui le Bretons s'apprêtait à enfoncer sa hache.

La scène semblait figée, et le baron souriait.

Même le Joseph semblait revenu, et fixait dés lors les deux nobles d'un regard torve, bouche ouverte de façon indécente.
Coupera, coupera pas? Telle était la question.
Et aucune réponse ne semblait se dessiner. Aucune.

Le souffle court due à l'excitation du moment, le baron s'exclame alors, d'une voix qui se veut assurée:


Et Bien, qu'attendez vous vicomtesse. Réprouvez vous votre geste? Le temps vous est compté pourtant.

Et s'était vrais. La preuve étant, la main libre du jeune homme, aussi vive que le serpent qui s'abat sur le cou de Quiou, enserrant au demeurant la jugulaire de cette dernière. Avec force, il serre légèrement, prenant prise sur la vie de la terreur, alors que le laiteux de sa main se souille d'un rouge vif sous sa peau, conséquence de la pression qu'exerçait alors sa pogne.
Et un rire, unique, sadique, qui franchit les deux pétales carmines pour venir s'échouer aux oreilles de la Deswaard. Il ne la craint pas. Aucunement, il la répugne même, et rit de la situation avec une vigueur qui lui était jusqu'alors inconnue.

Il était ainsi maintenant.
Peu à peu, les reste de sa séquestration s'installaient en lui, ne laissant qu'une bile amère faite de frustration et de folie.
Peu à peu, il devenait l'Ignoble, jouant avec la vie des malandrin comme un chien joue avec un os.
Peu à peu, toute intégrité psychique le quittait, ne laissant place qu'à une homme vide de sentiments et de compassion, vide de diligence pour son prochain.
C'était par période, la nuit principalement, mais il était de ces moment où alors la folie prenait entière possession de sa carcasse.
Des canines blanches apparaissent, et sa voix imprégnée du froidure à glacer le sang surgit de nouveau. Même le Bretons, pourtant accoutumé à cette dernière sent naitre une fine chair de poule.


Nous voila donc dans les ennuis....Mon pouce contre votre vie....Le choix est équitable...Vicomtesse.

Et une langue d'un rosé rougeoyant vient humidifier avec indécence deux lèvres gourmandes.
Il ne ressent plus rien, même pas le froid de la lame contre sa peau, ni même la sueur qui s'écoule dans son dos. Rien, outre son objectif, qu'il fixe d'un regard bleue acier, assombri par la haine et la démence. Il ne la lâchera pas, et dans son aliénation, il approche avec une lenteur calculé son visage des esgourdes de la femme pour lui rappeler, obscène:


Et ne vous amusez pas à planter votre lame en moi, vous savez autant que moi que je ne lâcherai pas prise, et qu'une fois mort, tout cadavre à tendance à se raidir, lentement mais surement. Ma main comme carcan permanent n'est pas du meilleur goût, vous en conviendrez...

Une ultime pression pour affirmer ses dires, il se reprend à rire de nouveau, malsain.
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Quiou
D’aucuns suppliaient, d’autres, encore, en appelaient à mère Vengeance pour leur venir en aide, promettant alors à la Terreur de la retrouver pour lui faire payer son lourd tribut. Mais rares étaient les valeureux qui luttaient réellement contre l’inéluctabilité des événements à venir.

Un test, cela pouvait en être un, sans l’ombre d’un doute.

Car oui, la Deswaard jauge, examine, déclasse, supprime. Constamment, elle ressent le besoin, à l’aide de critères strictes et irrévocables, de répertorier la populace en différentes catégories toutes plus ignobles les unes que les autres, ne lui laissant aucun espoir quant à trouver individualité et singularité en ce bas monde. Peut être sa misanthropie aiguë plongeait-elle ses racines en de telles réflexions et réactions, d’ailleurs.

Qu’importe, la Flamande reste de marbre, dans l’expectative, prête à analyser le moindre geste du Noble bambin.
Il sourit, il est fier, il s’astreint à l’assurance.
Elle, de son côté, se sait la gorge déployée, offerte en sacrifice suprême à une main vengeresse et se connait la capacité à dévier la trajectoire de sa fatale lame pour la planter, en cas d’éveil, dans ladite main, ou, au pire, dans le bras investigateur de l’ennemi actuellement encore inactif.

Pourtant…Pourtant quand l’Ittre enserre férocement et avec une certaine avidité le cou de l’Austère, cette dernière hausse fugacement le menton, lui facilitant quelque peu la chose, lui concédant ce point. Elle le veut sur le même piédestal, elle souhaite savoir jusqu’où il est capable de se rendre pour…Pour quoi d’ailleurs ?

Nulle raison à cela, la sombre flamande agit, poussée par on ne sait qu’elle lubie passagère, force destructrice ou besoin inconditionnel.

D’aucuns la prendront pour une démente, finalement, il est possible que ce soit véritablement le cas.

La Vicomtesse sourit. Elle sourit à la mort qui aura éventuellement la possibilité de la faucher ce soir parce qu’elle lui en aura laissé l’option, à sa destinée imposée par le Très-Haut qui se devra de suivre son cours, inaltérable. Mais ladite destinée la commande tout de même de malmener le Baronnet. Question de principe.

Elle le fait donc acteur de sa propre amputation, plongeant un peu plus son poignard, instrument d’ignobles nuits, dans sa chaire fraiche et juvénile à chaque fois qu’il s’obstine à raffermir et celer son emprise sur sa blafarde peau, son intouchable gorge.

Le sang perle de la plaie ainsi mise à jour et de plus en plus profonde, d’un rouge carmin cruellement parfait, d’un rouge virulent incontestablement édénique.
Le sang afflue également jusqu’aux tempes de Quiou, les faisant battre au rythme effréné d’un cœur qu’elle n’a pas.
Enfin, quand l’insolent daigne diminuer quelque peu la pression de ses doigts furibonds, elle se racle la gorge, se lançant ainsi dans un rythme saccadé et d’une voix rauque, amoindrie, dans l’exposé de la situation actuelle :


Vous avez le choix…

Oui, appâte la proie, fais lui croire que le pouvoir se trouve entre ses innocentes menottes.

Vous avez le choix mais ne…sortirez jamais indemne…de la décision qui découlera de la préférence que vous aurez eu. D’autant qu’il faut être sot pour…prétendre que la douleur occasionnée par une amputation ne saurait guère vous astreindre à…enlever cette pogne de ma peau.

Elle lui laisse le temps d’avaler l’information, vicieuse créature qu’elle est.

Mais bien sur pouvons-nous tenter l’expérience…Dès lors, pouce en main, j’aurai toute latitude pour fouailler…vos entrailles avant que de me faire enfin achever par…votre benêt de cabot à la détente des plus longues. A moins que vous…n’espériez me faire passer de vie à trépas de par la seule force de ladite…pogne enserrée, auquel cas il me suffirait soit de trancher votre doigt et nous en arriverions au schéma…précédemment présenté, soit de m’attaquer à votre autre bras se confondant…parfaitement dans le rôle de cible de choix. La fin, inéluctable, serait…similaire à ce qui a été énoncé plus tôt.

Parce qu’elle le voulait bien, elle lui servait la victoire en un plateau d’argent macabrement souillé, si l’on pouvait appeler victoire un succès abominablement cerclé de pertes assombrissant le tableau initial, ceci doublé d’un manque flagrant d’honneur gagné étant donné que seul le valet, dans l’histoire, pouvait réellement se targuer d’avoir défait la Deswaard.

Le Galéran, quant à lui, n’est même pas évoqué. Il a en effet connaissance du fait que sa maitresse préfère mourir en une telle occasion que de devoir dépendre d’un quelconque page tel que lui, à qui, s’en aucun doute, elle n’hésiterait point à dérober jusqu’à la plus petite parcelle de vie en guise de punition pour une intervention insignifiante.

Adoncques la Teigneuse lit-elle la folie dans les yeux de la Teigne et la réciproque est vraie. Les deux patibulaires Nobles sont semblables en certains points, ce qui pousse la première à vouloir à tout prix constater si le second saura dépasser le maitre.
Elle veut assister à son évolution, à lui, le jeune.
A lui, l’Ignoble qui a encore une frivole route à tracer, des objectifs scabreux à remplir.

Alors, après s’être fendue d’un nouveau sourire carnassier, la Terreur effectue elle-même le choix qui lui convient le plus.

Une troisième solution jamais dévoilée.

Le pouce est relâché, sanguinolent, signe d’une saumâtre renonciation. Le plat de la lame s’en va repousser le bras de l’Enguerrand.
Sa gorge enfin libérée, Quiou rebrousse prestement chemin, n’offrant plus qu’un dos continuellement droit, qu’un port des plus altiers aux ardentes prunelles du Vaisneau. Reprenant, dès lors, pleine possession de sa voix, l’esprit ailleurs d’avoir ainsi pu ne pas céder à la tentation d’un appendice supplémentaire prenant place en sa faramineuse collection, elle déclame tout en se tournant à nouveau face à la plausible Relève, théâtrale :


Que ce jour soit à jamais marqué dans les mémoires comme celui où la Teigneuse aura fait preuve de magnanimité et d’absolution.

Et c’est dans l’attente des prochaines incartades de l’Ittre et de son garde du corps qu’elle déclame à l’adresse du contrebandier, telle l’Indifférence incarnée.

Vos épées, Marchand ! Au plus vite.
Enguerranddevaisneau
Que ce jour soit marqué comme celui où la Deswaard aura enfin trouvée Ignoble à la hauteur de ses méfaits!

Et il la toise, inlassablement il la brule d'une regard pourtant fait d'azur et de glace.
Il n'a pas peur, nullement, il ne ressent plus que cette douleur latente provoquée par la lame de la teigneuse en sa chair. Il est de nouveau blême, comme à une époque révolue où il se targuait d'être un paon indolent à qui rien ne résistait. Et il se trompait.
Sans nuls doutes n'avait il jamais commis d'autre erreurs que celle de se croire au dessus de toutes les fatalités qu'une vie dissolue pouvait lui fournir. Douleurs, dépendance à la chair et à l'alcool, solitude.
Maux incroyablement luxurieux dans lesquels il apprenait dés lors à vivre, se fourvoyant fortement sur des idéaux qui appartenaient maintenant à son passif.

Son doigt est donc enroulé dans un tissu blanc tendu précédemment par l'Igor, tissu qui absorbe irrémédiablement le liquoreux sanguinaire, s'entachant d'une macabre couleur vive. Le picotement provoqué par l'entaille lui est désagréable, la plaie profonde, mais il l'affronte sans broncher, serrant les dents.
Elle était forte cette vicomtesse, elle le surpassait encore même si il aurait était simple de lui planter sa dague dans le dos, et de tourner avec lenteur pour voir sa trogne s'enlaidir de douleur.
Il aurait était jouissif pour le baron de faire souffrir cette misanthrope titrée, et de la regarder mourir à petits feux, s'affaissant devant lui sous les coups répétitifs d'une arme mortelle.
Mais l'honneur primait.

Vous avez de la chance...Beaucoup...De chance...

Sa voix était blanche, empreinte d'une douleur non feinte, alors que sa main meurtrie venait se caler contre son ventre, position défensive pour amoindrir les affres sanguinolents.
Il la laisse donc passer commande, fixant le Joseph incrédule d'un oeil morne, alors qu'il s'exclame à son tour.


Sert la donc au plus vite vieillard, j'ai à faire! Et ensuite sort moi donc la poudre dont tu me parlais.

Et d'ajouter pour la teigneuse.

Certainement pas celle qui convient à vous poudrer le nez, vicomtesse.

Et qui aurait assisté à la scène aurait vu le sourire narquois qui s'était fiché sur les pétales du jeune nobliau.
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Quiou
Le poignard maculé d’un rouge carmin est négligemment essuyé en la manche de la Terreur, le liquide ensanglanté provenant tout droit de l’Ittre s’alliant alors à la sombre vêture de la femme, absorbé hâtivement, happé sans vergogne.

Un lien entre les deux protagonistes s’établissait-il de par cet acte désuet ayant pour but de purifier une lame à l’abjecte destinée, la rendre immaculée avant que de la parer d’une nouvelle souillure ?

Le feu de l’excitation couplé à l’adrénaline de l’action destructrice retombe, inévitablement. Et c’est une Deswaard éteinte, plus glaciale que jamais, qui met fin aux hostilités armées en rangeant son cruel instrument en sa place attitrée.

Le Vaisneau aurait perdu sans l’ombre d’un doute s’il s’était agi d’un duel au premier sang versé. Et peut être aurait-il été défait s’il n’y avait eu un mastodonte à ses côtés.
Mais…quoi qu’il en soit, il pouvait se targuer d’une chose unique que bien peu possédaient en ce bas monde. Une chose qui lui était désormais acquise en peu de temps et qu’il serait difficile à la Teigneuse de récupérer.

Le Jeunot ne le savait ainsi peut être pas encore et peut être n’en serait-il jamais informé, mais il détenait le respect d’une Misanthrope.

De même qu’un Chef patibulaire, qu’une Illuminée et qu’une détentrice d’une Chevelure digne du Sans-Nom.
De rares singuliers aux caractères bien trempés ou à la respectable droiture, à la répartie intéressante ou à la présence de quelques points en commun avec la Coupeuse de pouces.

Adoncques c’est à peine si elle entend véritablement sa remarque emplie d’ironie malsaine. Elle inspecte, elle fulmine, elle grommelle.
Elle réfléchit.

Ses pensées se font encore trop insistantes à son goût, elle qui a quittée de manière précipitée les contrées qui l’avaient vue grandir, évoluer et fait d’elle ce qu’elle était ce jour, et ce, avec comme but premier de ne plus guère s’attarder à s’enliser en les sévices de la réflexion.

Mais quand il parle de chance...L’Acariâtre revient, fulgurante.


Détrompez-vous. Il ne s’agit là que de la volonté du Très-Haut qui en aura décidé ainsi.

Et ça bascule la tête en arrière, légèrement. Les lèvres s’entrouvrent et…Ô miracle ! Un rire vaporeux s’élève, juste quelques secondes, éphémère. Une Quiou qui rit, paradoxe dérangeant, sans que l’on puisse savoir si point positif ou négatif il y a à dénombrer.

Oh quel malheur ! Vous saignez...

Ça sourit en coin, toujours aussi mesquin.

Enfin, tandis que le Baron semble s’autoriser un impalpable mouvement de faiblesse vis-à-vis de son tout nouvel appendice blessé, la revêche s’attarde également à passer une main réparatrice en la peau blafarde de sa gorge afin d’apaiser quelque peu les signes de sa précédente strangulation.

Alors, c’est sans le moindre regard à l’intention du contrebandier, les pupilles toisant toujours l’Enguerrand, qu’elle déclare, explicite :


Il n’est plus temps pour vous d’accéder à ma demande, Joseph. J’en ai assez vu ce jour et ai trouvé ce qu’il m’était possible de rechercher.

Simple rictus venant se ficher en la bobine vicomtale, ses pas la dirigeant lentement jusqu’à la sortie, au cas ou…
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