--Aimbaud

Citation:
- A vous, Blanche de Walsh Serrant,
De moi, Aimbaud de Josselinière,
Pardon.
Pour vous avoir tiré des larmes et pour avoir rivalisé de bêtise avec le plus sot des hommes y-ci bas. Pardon pour mon silence trop long. Pour mes faiblesses, pour ma couardise envers vous. J'ai été lâche de me voiler la face. Pardon.
Je dépends de la volonté du Très-Haut et de la santé qu’il m’octroie. Je dépends de l’air que je respire. A cela, je me soumets. Aussi… Je ne sais pourquoi j'ai tant craint de dépendre de vous. Sachez que j’ai soif d’air comme j’ai soif de vous. Et si le poitrail me brûle et que mon sang se meurt quand je cesse mes respirations, la douleur est d’autant plus cuisante aux instants ou vous me faites défaut. Vous m’êtes nécessaire. Je n’en ai rien voulu, mais c’est advenu. Je sais que j’en souffrirai, peut-être pas demain, peut-être pas avant longtemps, mais cela viendra. En vérité peu me chaut d’en pâtir. Je vous aime.
Je vous aime…
Je vous aime et je voudrais ne cesser de l’écrire et de le dire, qu’à la mort de tout ce qui fait vous et moi. Je vous aime. Je vous aime…
Je vous aime.
Faites-moi grâce, maintenant, de descendre en la cour de votre château. J'ai chevauché quatorze jours pour vous redire ces mots de voix vive, et j'ai quelque impatience de vous serrer dans mes bras.
A.J.
Et dans la cour de Donges justement, un cavalier poudreux de terre, coiffé d'épis, avait mis pied à terre et gardait les yeux levés vers une fenêtre du domaine, derrière laquelle un page venait de remettre sa lettre entre les mains blanches... de la maîtresse des lieux.
Frappe, frappe.
Mon coeur.
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