Aimbaud, incarné par Blanche_
Clémence, on sen moquait bien.
On revenait des promenades aux champs, le velours et les cheveux parsemés de brindilles. On saimait à tous vents, criant dans les plaines étendues jusquà lhorizon, suspendus aux branches des cerisiers, à lombre des chevaux, dans lair chaud bourdonnant dabeilles. La paille craquante de lété Une chanson revenait souvent. Les collations en plein-air, quand on était roulé à terre sur des tapis de laine pourpre, mordant dans les fruits, froissant les pages dun manuscrit, somnolant au chant des insectes et à celui des vagues, étouffées plus loin par des murailles de galets Le silence Entrecoupé de rires. De regards sérieux. De souffles et de mots damour, les plus doux qui soient sur cette terre, murmurés au rebord de loreille où paressent des baisers du bout du nez.
On était souvent surpris par la pluie qui arrivait dans lombre sans crier gare. Elle fonçait les cheveux blonds et collait les chemises. Quand latmosphère devenait électrique bien souvent, on se heurtait dans des querelles. Il suffisait dun rien pour raviver les sangs et faire monter les tons. Lun était accusateur, lautre niait. Lun voulait, lautre refusait. Et le pire, cétait quand larmistice était refusé ! Quand le nez fourré dans le corsage était viré sans sommation, suivit dune semonce telle que :
- Non mais eh ! Ca va là un peu ! Je voulais parler d'un truc important !
Les trucs importants Aimbaud ne saisissait pas pourquoi ils prenaient toujours le pas sur les autres trucs. Il y en avait de toutes sortes, des trucs importants : « Votre famiiiiille ! » ou « Le mariage doit être drui-dique ! » ou « Vous me trouvez grosse ? » ou « Clémence a dit » ou « On ne fera plus jamais lamour ! » ou Hein ?
- On ne fera plus jamais lamour !
Trahison. Injustice. Crime. Horreur. Damnation. Fin du monde.
Hein ! Pourquoi ?!
Elle avait bien tenté de lui parler de choses terribles, sales et mensuelles, qui pouvaient provoquer des ennuis graves suivant quelles arrivaient ou quelles narrivaient pas. Aimbaud navait pas bien saisit, cela devait faire référence à une maladie contagieuse
- Je ne peux pas marcher le risque d'être enceinte !
On dit « prendre » le risque. Mais on sen contre-fiche puisque vous allez être ma femme.
- Aimbaud. Vous comprenez que ce serait de votre faute hein ?
Oui oui, tout est de ma faute
La pluie tombe en cordes sur les carreaux. Ils se réconcilient lun contre lautre sur des couvertures en pagaille. Lune bercée de soulagement, lautre bonne pâte qui saccuserait de tous les torts, jusquau mauvais temps quil fait, pour mieux accommoder sa dame.
Cest toujours de ma faute..
- Fort bien. Cest entendu.
Aux marches du palais, aux marches du palais Ya une tant belle fille, lon, la. Y'a une tant belle fille...
Elle a tant damoureux Elle a tant d'amoureux... Quelle ne sait lequel prendre, lon, la.
Cest un ptit Bourguignon Qua z'eu sa préférence, lon, la.
La belle si tu voulais, nous dormirions ensemble, lon, la.
Dans un grand lit carré Couvert de teille blanche, lon, la.
Couvert de teille blanche
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