Elfyn
Naoned, le soleil était encore là, comme un avant gout de l'été. Mais la fraîcheur reprenait déjà ses droits, et il n'y avait pas eu besoin de faire passer consignes pour que les foyers voient bois et flammes les investir.
Elfyn revenait de Machecoul, il était parti un matin la semaine dernière, "sortir son cheval", et il n'était finalement revenu qu'aujourd'hui. Les valets et intendants de la place forte ne s'en étonnait maintenant plus, cela faisait quelques temps qu'il fuyait un peu la chape de plomb qui lui tombait sur les épaules pour revivre un peu l'intimité de Retz.
Pas rasé, couvert de poussière par la faute des derniers jours relativement sec, qu'un orage n'avait point suffit à redonner aux terres normalement marécageuse leur humidité reconnue, le Roy semblait rayonnant.
Entrant dans les murs de la capitale, il se laissa inviter par l'envie de traverser le marché, la place Bouffay, les ruelles et autres poterne ouvrant le passage jusqu'au Chateau. L'activité de la ville se calmait et laissait place à un calme ordinaire, qui tranchait avec le jour encore bien présent du printemps.
Tandis qu'un écuyer étaient partis avec les chevaux, un des chevaliers étaient restés à distance moyenne, ne voulant pas attiré trop l'attention et encore couverts de la poussière des vieilles routes, il passerait inaperçu, du moins, c'est ce qu'il pensait...
S'approchant des douves, la vue s'offrait à lui. Voyant les différentes batisses renové à son arrivée pour accueillir les projets qu'il avait, un gout amer d'échec lui revenait à la bouche, celui là même qu'il fuyait depuis quelques semaines, et auquel il se refusait de pouvoir l'accepter.
Entrant dans les murs du chateau, il libéra le Chevalier afin de rejoindre les tours, grimpant les marches deux par deux, il se guidait pour accéder au dernier étage d'une des tours. Arrivés en haut, au plein air, sur les toits, il s'appuyait à une échauguette. Inconsciemment, il ne savait trop pourquoi il était venu ici. Respirer l'air frais, observer Nantes, profiter du coucher de soleil...défaisant son baudrier, laissant son épée s'écraser au sol dans un bruit de métal, il sentit une poussée d'adrénaline le prendre.
Et si la solution était là? Et s'il suffisait de sauter pour que cela s'arrête, la Bretagne serait libéré, il n'y aurait plus cette anarchie sans fin, et si cela pouvait arrêter le tourment tenace qui prenait son âme. Celui pour qui la réussite était un enjeu de toujours, et pour qui la Bretagne qui lui avait offert tant attendait maintenant des comptes qu'il avait l'impression de ne pas pouvoir rendre. Le flegme avait laissé place à la lassitude, le téméraire au débonnaire et l'envie avait été remplacé par le dégout et l'amertume.
S'appuyant sur l'échauguette, parlant pour lui même et hochant la tête de dépit, scrutant le fonds des douves.
"Broc'h sot, tu pensais vraiment réussir là ou tout le monde échouait?"
Prenant la fine couronne qui lui cernait le front et la regardant sans vraiment la voir tant ses yeux étaient envahi par la brume que la colère contre lui même laissait présager.
"Mon orgueil m'aura mené trop loin, il y'a des limites qu'il faut savoir connaître"
La couronne dans sa main, il hésitait cependant encore, la main serrée sur celle ci, ne laissait pas percevoir le doute dans sa tête. Ni celui dans son coeur.
["Il y a dans tout homme une énorme capacité de résignation, l'homme est naturellement résigné. C'est d'ailleurs pourquoi il dure."
G.Bernanos]
_________________
"Un jugement négatif vous satisfait plus encore qu'une louange, pourvu qu'il respire la jalousie."
Elfyn revenait de Machecoul, il était parti un matin la semaine dernière, "sortir son cheval", et il n'était finalement revenu qu'aujourd'hui. Les valets et intendants de la place forte ne s'en étonnait maintenant plus, cela faisait quelques temps qu'il fuyait un peu la chape de plomb qui lui tombait sur les épaules pour revivre un peu l'intimité de Retz.
Pas rasé, couvert de poussière par la faute des derniers jours relativement sec, qu'un orage n'avait point suffit à redonner aux terres normalement marécageuse leur humidité reconnue, le Roy semblait rayonnant.
Entrant dans les murs de la capitale, il se laissa inviter par l'envie de traverser le marché, la place Bouffay, les ruelles et autres poterne ouvrant le passage jusqu'au Chateau. L'activité de la ville se calmait et laissait place à un calme ordinaire, qui tranchait avec le jour encore bien présent du printemps.
Tandis qu'un écuyer étaient partis avec les chevaux, un des chevaliers étaient restés à distance moyenne, ne voulant pas attiré trop l'attention et encore couverts de la poussière des vieilles routes, il passerait inaperçu, du moins, c'est ce qu'il pensait...
S'approchant des douves, la vue s'offrait à lui. Voyant les différentes batisses renové à son arrivée pour accueillir les projets qu'il avait, un gout amer d'échec lui revenait à la bouche, celui là même qu'il fuyait depuis quelques semaines, et auquel il se refusait de pouvoir l'accepter.
Entrant dans les murs du chateau, il libéra le Chevalier afin de rejoindre les tours, grimpant les marches deux par deux, il se guidait pour accéder au dernier étage d'une des tours. Arrivés en haut, au plein air, sur les toits, il s'appuyait à une échauguette. Inconsciemment, il ne savait trop pourquoi il était venu ici. Respirer l'air frais, observer Nantes, profiter du coucher de soleil...défaisant son baudrier, laissant son épée s'écraser au sol dans un bruit de métal, il sentit une poussée d'adrénaline le prendre.
Et si la solution était là? Et s'il suffisait de sauter pour que cela s'arrête, la Bretagne serait libéré, il n'y aurait plus cette anarchie sans fin, et si cela pouvait arrêter le tourment tenace qui prenait son âme. Celui pour qui la réussite était un enjeu de toujours, et pour qui la Bretagne qui lui avait offert tant attendait maintenant des comptes qu'il avait l'impression de ne pas pouvoir rendre. Le flegme avait laissé place à la lassitude, le téméraire au débonnaire et l'envie avait été remplacé par le dégout et l'amertume.
S'appuyant sur l'échauguette, parlant pour lui même et hochant la tête de dépit, scrutant le fonds des douves.
"Broc'h sot, tu pensais vraiment réussir là ou tout le monde échouait?"
Prenant la fine couronne qui lui cernait le front et la regardant sans vraiment la voir tant ses yeux étaient envahi par la brume que la colère contre lui même laissait présager.
"Mon orgueil m'aura mené trop loin, il y'a des limites qu'il faut savoir connaître"
La couronne dans sa main, il hésitait cependant encore, la main serrée sur celle ci, ne laissait pas percevoir le doute dans sa tête. Ni celui dans son coeur.
["Il y a dans tout homme une énorme capacité de résignation, l'homme est naturellement résigné. C'est d'ailleurs pourquoi il dure."
G.Bernanos]
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"Un jugement négatif vous satisfait plus encore qu'une louange, pourvu qu'il respire la jalousie."