[RP] Kermorial Family, Next round !

Une famille c'est en théorie, un père, une mère et des enfants.

Chez les Kermorial, c'est un peu plus compliqué. Il y a bien une mère, feue Aline Anne de Kermorial - dicte Alinéa - un père aussi... enfin non quatre! CaptainPoulet de Dénére, le biologique. Sharlnak de la Belle Ile, le supposé biologique. Oui les test ADN n'existe pas encore je vous signale ! Pour ceux qui connaissent les deux hommes, je vous explique même pas le nombre de demi-frères et sœurs que les deux blondes doivent se coltiner dans le monde sans le savoir. Mais poursuivons sur les papas, voulez vous? Il y a aussi Arkazhot de Kastel Pleubian, le papou de cœur de Marie ainsi que le père Archibaldus, le tuteur d'Elisabeth. J'avais prévenu que c'était compliqué! Rajouter à la mère, décédée depuis belle lurette, une fratrie assez floue et vous obtenez des potentiels cousins et cousines un peu partout... Autant vous dire que les deux blondes de Kermorial avait bien décidée de se simplifier la vie en ne comptant que sur elles-mêmes.

Sauf que voilà, un pigeons avait décidé que c'était trop simple toute cette histoire. Et Marie, qui matait rêveuse le cul d'un mousse sur le pont de l'Esperanz, se prit l'emplumé en pleine tronche. Sous le regard moqueur du matelot, la blondasse décacheta la missive suivante.

Gast !
C'est à peu près tout se que lui inspira la lettre. Marie relu la lettre trois fois. Les vents contraire empêchant le bateau de rentrer dans le port de Brest, la blonde n'avait que ça à faire. Une fois remit en mémoire les rares récits familiaux que sa mère avait pu lui conté étant gamine, la donzelle se mit à l'écriture pour répondre au sire et surtout avertir sa jumelle de cette nouvelle épopée.

Quelques grains de blé, un fil à la patte qui retient la missive et voilà le premier pigeon qui s'envolent vers les terres. Il serait si bien de pouvoirs voyager à dos de pigeons se dit la blonde alors qu'elle regard l'emplumé s'éloigner vers le plancher des vaches. Enfin sensible comme elle est Marie aurait très certainement le mal de l'air, ne rêvons pas! Une fois la première lettre disparu de son champ de vision, la blondinette (blondasse pour les intimes) se remet à l'écriture.

Oui, elle avait osé demander un rendez vous à un parfait inconnu. C'était ptet un psychopathe ou un déséquilibré, il voulait peut être la tuer qui sait ! Heureusement sa Lise serait là. Elle n'aurait rien à craindre. Au pire, si la crainte grandissait elle demanderait à l'un de ses papas de venir aussi. Ou ptet même deux. On est jamais trop prudente.

La blonde s'accouda aux bastingages et nerveuse se mit à triturer l'alliance qui ornait "malgré tout" son annulaire.
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- Marie… Merci Seigneur…

Sous l’œil dubitatif du pigeon long courrier, l’autre Kermorial pressa la lettre de Marie contre son cœur. Ayez des petites sœurs… elles accumulent les bêtises, vous rendent folles d’inquiétude, et quand on croit qu’elles n’en peuvent plus faire de pires, elles embarquent sans crier gare à destination de l’Irlande. Ben voyons.
Les nouvelles reçues de loin en loin n’apaisaient pas l’inquiétude de la Lise, avec les répercussions que l’on imagine sur son humeur explosive. Ou que l’on n’imagine pas. Demandez à un certain Valantir de Quatrebarbe.
Passons.

Le regard bleu orage de la jeune fille glissa sur les volutes manuscrites, avide des quelques gouttes de nouvelles distillées par la plume de Marie ; brilla d’une lueur d’amusement, ou d’autre chose, à la mention d’Elen – et se troubla à peine au moment de rencontrer la révélation inattendue. « Etonnant » ne fait pas partie du vocabulaire Kermorial, notamment lorsqu’il est question d’histoires de famille. Foi de narrateur, elle va finir aigre et cynique, si ça continue. Et le premier qui prétend qu’elle l’est déjà… sont plusieurs.
Elle parcourut la seconde missive. Takanomi, habitant de Péronne en Artois…

- Qui m’a foutu une famille pareille, je vous le demande, grogna-t-elle sourdement, à la grande surprise du pigeon qui crut que la question lui était adressée et eut un mouvement de recul, comme pour protester de son innocence. Ou bien il avait juste pris peur. Allez savoir, avec ces bêtes-là. Ma mère, où que vous soyez, vous ne nous facilitez pas le boulot je vous assure.

Elle poussa un long soupir et se laissa tomber sur un rocher au bord de la route.
Ah oui, parce que… j’ai oublié de vous dire… La Lise est présentement perdue en forêt. Pas vrai qu'elle est douée ? Oh, ne vous en faites pas, elle va retrouver son chemin. Il tombe bien, ce pigeon, tout de même.

- Tu tombes bien, toi, souffla-t-elle (voyez ce que je vous disais !), tu vas me guider jusqu’à Saint Brieuc.

Une histoire de GPS.
La requête n'était pas commune, il fallait voler bas, lentement, et sans paquetage... la bestiole en fut désorientée. Cependant désireuse de plaire à blondine – c’est quand même sympa, un pigeon – elle prit son envol vers le sud. Oui, il tombait vraiment bien, ce bestiau.

- Arf. Je savais bien que je m'étais gourée de direction…

Et marchant, la blonde tourne dans sa tête et additionne les informations. Froidement, sans la moindre inquiétude quant à l'identité dudit Takanomi – peut-être n'est-elle pas suffisamment prudente, mais une Kermorial ne se laisse pas impressionner. Henrika – Takanomi –trente-sept moins douze, elle avait vingt-cinq ans – choses qui arrivent – rencontrer – vents favorables… peu à peu, la substance de la lettre qu’elle écrira se tisse :

Maman ? Le mot sonne étrangement dans sa tête. Elle essaie de le prononcer, timidement, pour voir : rien ne se passe, pas d’éclair déchirant les frondaisons, pas de vision infernale jaillissant de la poussière du chemin pour rompre les bruissements forestiers, juste les syllabes étrangères. Inconfortables. Le goût entre ses lèvres est fade.
Et le pigeon la regarde d’un drôle d’air. On le comprend.

Pas encore du moins…

Ouais. Il faudra écrire tout ça. Un bref regard informe l’emplumé qu’il n’est pas près de se reposer.
Ca soupire, un pigeon ?

Malgré le teint clair du ciel, les encorbellements des maisons rendaient certaines rues de Fougères bien sombres pour une fin de saison comme celle-ci où les journées s'allongaient de plus en plus. Ainsi, une atmosphère morne régnait sur certains endroits où le froid restait malgré tout glacial. Il y a des heures de l'après-midi qui restent particulièrement calmes, celles qui suivent le déjeuner, précisément. A ce moment, les rues sont pratiquement désertes empruntées par quelques miséreux, seulement, attendant les heures d'affluence pour faire la manche et ainsi reprendre leur lassante journée. Il y en a d'autres, en revanche qui se prolongent dans la soirée, après le crépuscule pendant lesquelles les rues sont innondées de charrettes, de chevaux, de notables pressés de rejoindre des bureaux d'administration ou de membres du Guet qui, les traits tirés essayaient de trouver le moyen de se rendre utiles en tentant en vain de mettre de l'ordre dans ce brouhaha général. Des heures comme à cet instant où les tavernes sont pratiquement vides d'âme et qui obligent Takanomi à déambuler dans "Felger" comme disaient les bonnes gens de la région dans leur langue mystérieuse mais agréable et dépaysante. Dépaysants aussi tous ces mouvements et détails qu'il observait d'un oeil attentif et qui se différenciaient de ce qu'il avait l'habitude de constater à Péronne. Cette ville lui plaisait, indéniablement. Sans doute parce qu'il n'avait jamais eu l'occasion de visiter la Bretagne auparavant.
Lorsqu'il atteint le carrefour situé à une cinquantaine de pieds de l'auberge où il séjournait, un jeune garçon vêtu d'une chemise usée, de braies trop grandes et de chausses criblées se fraya un chemin jusqu'à lui.

Messire Takaneumi! Une lettre pour vous! ,dit-il avec un accent fort prononcé.

Takanomi prit le parchemin qu'il lui tendait en le remerciant et le regarda s'éloigner. Le maître de l'auberge avait dû l'envoyer quérir un "grand blond au visage mélancolique" ,assurément.
Sur ce, il ouvrit le parchemin et lut:

Sans aucune expression ni de joie -bien qu'il avait toutes les raisons d'être content- ni de mauvaise humeur, il rangea la lettre dans sa poche et se dirigea vers l'auberge faire une sieste.
Il en avait bien besoin puisqu'il venait de prendre la décision de quitter Fougères ce soir pour une marche nocturne vers Rennes, en direction de Brest...
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Takanomi, habitant de Péronne en Artois...

Et, Ô hasard de la vie, Marie avait été durant plusieurs mois, "son Excellence l'ambassadrice de Bretagne en Artois et en Champagne" Oui je frime, j'ai le droit parce qu'elle le vaut bien! Marie avait appris par radio potin que sa copine Izeliah "Intendante de l'Alliance du Ponant" venait d'accoucher. Oui je peux même frimer avec ses relations pardi, on ne m'arrête plus.. La blondine avait donc prévu de lui écrire une lettre, autant en profiter pour se renseigner sur le potentiel futur de Kermorial. La plume glissa donc quelques instants sur le vélin, quémandant des nouvelles de l'enfant et de la mère aussi... Connaissant Izeliah elle devait être dans tous ces états. Marie se dit qu'elle devrait aller en Artois pour la voir un de ses jours. Par la terre hein, le voyage en Irlande l'ayant vacciné pour un moment de toute chose flottante s'apparentant à un navire. La main de la blonde glissa malgré elle sur son ventre plat. Ize et elle avait le même age et le même parcours. Enfin jusqu'à récemment.

Pour la troisième fois elle regarda un pigeon s'envoler et se décida a ne plus rien faire jusqu'a se qu'une réponse lui parvienne.
Na ! Elle boude ! Sans raison... mais elle boude.
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Takanomi chevauchait depuis maintenant presque trois heures, ayant repris la route après une courte pause qui lui permit de se restaurer et de dormir. Il possédait à présent un cheval, une jument plus précisément, lui qui avait voyagé depuis l'Artois à pied. L'aubergiste avait dû lui en prêter un en échange de quelques écus ou alors, il avait dérobé cette monture dans quelqu'écurie à Fougères.
Les landes hérissées de dolmens s'étendaient devant lui en-deçà de la fente dorée dans nuages sombres provoquée par le soleil de l'aube montante.
Après quelques instants, les premiers toits, murailles et clochers de Rennes apparurent...
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[Plus tard dans l'espace temps.]

Le rendez vous avait été prit dans l'un de taverne brestoise.

Marie et Elisabeth s'était retrouvée un peu plutôt dans l'apres midi sur le port, à l'arrivée de L'Esperanz.
La cadette, qui venait subir une semaine de voyage en mer, n'était au mieux de sa forme
mais les nausées dû au mal de mer avaient aux moins le mérite de cacher d'autres nausées bien plus gênantes...
C'est avec bonheur que la petite blonde retrouva sa double sur le quai.
Quand vous tomber au fond du gouffre, il y a toujours quelques choses qui vous laisse espérer que vous allez rebondir.
Pour Marie, c'était Lison. Son trampoline, sa bouée de sauvetage. Celle qui plie mais ne rompt pas.

Je suis si heureuse de te revoir. Tu m'as manqué.
Et la petite se glisse dans les bras de sa sœur en quête de réconfort.
Sous les sifflements des marins présent qui fantasme sur deux blondes identiques enlacées.
Les homme sont des primates ! Les roux sont pires !

Toi aussi Marie. Toi aussi.
Un sourire s'esquisse.
Elen n'est pas venu avec toi ?
C'est qu'un peu de muscle pour veiller sur elle ne serait pas du luxe tout de même.
La petite banquière pose un regard inquisiteur sur son ainée mais ne descella rien.
Elle la trouve juste belle, rayonnante. Peut être que finalement, Elen rend sa sœur heureuse.
A cette idée un haut le cœur saisit la jeune femme, qui court pour se vider de son dégout dans le port.
En se relevant, une floppé d'injures s'envole discrètement à l'intention du rouquin à qui elle doit son état.

Désolée je me sens pas très bien. Le voyage en mer sans doute...
Non, elle ne mens pas à sa sœur. De toute façon c'est pas possible, Else devine toujours tout, tout le temps, concernant Marie.
Ça fait partie des supers pouvoirs que les grandes sœurs obtiennent à la naissance pour veiller sur leur terrible petite cadette.
Une sorte de don divin ou un truc de l'genre voyez vous? Bref, Elle ne lui ment pas donc,
elle remet à plus tard le moment fatidique ou il faudra lui confirmer les soupçons qu'elle aura déjà.

J'ai donner rendez vous à l'inconnu dans une des tavernes de Papa n°2...
Je crois pas qu'il est en ville aujourd'hui mais au moins on pourra boire à l'œil.
Et on sera toujours mieux que sur le port pour discuter.
La main de la plus jeune trouve celle de son ainée et l'entraine dans les ruelles animées de la ville du bout du monde.
Elle l'aura enfin visiter la fameuse ville de Brest. Pied de nez à Joa qui l'avait toujours empêcher d'y venir.

5 minutes de marche et voilà les deux blondes dans la taverne ou elle devait rencontré leur nouveau rebondissement familiale.
D'instinct le tavernier était venu apporter de la tisane aux deux blondes sans un mot...
Leur cher papounet aurait il fait passer le mot comme quoi l'alcool était prescrit aux deux blondinettes photocopiés ? Vilain papounet va !
Enfin je dis ça moi pauvre narratrice que je suis. Mais au vue des nausées que subit Marie je doute qu'elle ai envie d'alcool à cet instant.
Et puis, la cadette comptait bien rester sobre aujourd'hui pour analyser l'inconnu qui allait se présenter à elle.
On ne sait jamais si ce n'est pas un cousin, pourquoi pas un prétendant..?

Lisa... Tu crois qu'il va être comment Takanomi ?
Ptet qu'il louche, qu'il boite, qu'il est borgne? Ou pire !! Qu'il est roux !!!
Marie angoisserait elle ?


La narratrice décline toutes responsabilités contre un potentiel harcèlement de la rouquinitude.
Pour toutes réclamations contacter Mumia.
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- Blond.

Après rapide examen de toutes les réponses qui pouvaient lui venir à l'esprit, celle-ci avait semblé seule convenable. Allez savoir pourquoi. Lise, très certainement, n'a pas songé au rouquin. Et pourtant, c'est ce mot qu'elle a choisi, de l'avis d'un instinct qu'elle écoute souvent.
Le même instinct, d'ailleurs, qui lui a suggéré de planter un regard glacial dans les yeux des grands gaillards siffleurs aux relents de poisson, un peu plus tôt sur le port et sans égards pour ses évidents désavantages physiques. Comme quoi, il n'est pas toujours de bon conseil. L'orgueil finira par jouer des tours à l'Attila en jupons, c'est moi qui vous le dit.
A vous... parce qu'elle, ne m'écoute jamais.

Bref.

Elle serre la main de sa soeur, sourit doucement, comme pour l'apaiser. Tellement heureuse de la retrouver. Et pourtant... Quelque chose l'inquiète, sans qu'elle puisse y coller un nom. Le radar fonctionne. A moitié. C'est rageant.
Mais Lisbeth ne demandera pas ce qu'elle brûle de savoir. Ainsi a-t-elle toujours fait - culte du silence inculqué dès l'enfance. Dans la paisible fraîcheur du presbytère, on respectait le secret du confessionnal, les secrets de famille, et les secrets de l'âme. "Ecoute ce qu'on te dis, et ne demande jamais" C'est la maxime que le curaillon lui imprima dans la tête, sans jamais la prononcer évidemment.

- Il ne va pas tarder. En attendant... tu me racontes ? C'est comment, l'Irlande ?

Et s'écoute raconter la mer indélicate et rustre, les forêts sous la pluie et le reste. Du jeune homme elle se soucie comme d'une guigne ; qui pourrait se mesurer à sa jumelle ? Tout est oublié, jusqu'à la possibilité qu'il existe, quelque part, un autre être de son sang.
Mais ne vous en faites pas, ça ne va pas durer.

C'est en arrivant près du port de Brest que parvint un court à Takanomi lui donnant rendez-vous dans une certaine taverne. Par mégarde, le billet s'envola, emporté par une brise et se perdit dans l'eau. Epuisé par les nuits de longue chevauchée, il en avait déjà oublié le contenu. Il ne savait pas le signalement de la jeune femme, simplement son nom. Il le demanda d'ailleurs à quelques marins qui lui répondirent tous par la négative.
Il attacha son cheval à une bitte d'amarrage et s'installa sur une pyramide de troncs d'arbres prêts à être exportés, afin de profiter de la brise légère et de prendre son maigre et premier repas de la journée. La veille, il avait reçu une lettre de la mairie de Péronne le sommant de payer dans les 48h ses impôts déjà salés au départ mais qui avaient été majorés de plusieurs écus. Il répondit à la missive sur le ton le plus détestable qui puisse être possible d'exprimer car il s'attendait à la lettre sympathique de quelque ami qui souhaitait prendre de ses nouvelles mais se rendit compte qu'il s'agissait d'une sommation à laquelle il lui était impossible de donner suite.
La vie paisible à Péronne et la politique l'éloignèrent pendant longtemps des routes si bien qu'il n'y était plus bien habitué.

Des rires gras et rauques ainsi que des sifflements l'arrachèrent à ses profondes pensées et il se retourna. Il aperçut un groupe de marins à la mine hideuse vêtus de leurs chemises crasseuses et coiffés si salement qu'ils suscitaient le dégoût, en train de héler deux jeunes femmes qui passèrent à proximité de lui. Un instant il pensa à leur demander le renseignement qu'il cherchait à avoir mais le temps qu'il rassembla ses esprits avant d'aborder deux jeunes inconnues de la façon la plus élégante qui soit, celles-ci s'étaient déjà éloignées, visiblement pressées. Il s'allongea presque et s'endormit quelques instants avant qu'on ne vienne lui demander de se retirer afin qu'on puisse charger les troncs sur lesquels il s'était mis à l'aise. Il remonta sur son cheval et se mit en route sans trop savoir vers où. Rongé par le sommeil, il laissa sa monture se frayer un chemin parmi la foule matinale. L'équidé se montrait particulièrement docile et calme depuis qu'il avait commencé à le monter. Il affectionnait ce genre de monture qui était la garantie d'un déplacement en sûreté.

Il déboucha dans une rue animée où les marchands de fruits faisaient de la voix et où les vieilles avardes négociaient quelque denrée au denier près. Un groupe d'enfants jouait bruyamment aux billes des un renfoncement. Une bille s'échappa certainement vers les pavés de la rue et un des enfants se rua devant le chaval de Takanomi qui se cambra violemment dans un hénissement strident qui résonna dans le rue entière. Takanomi accomplit un effort surhumain pour rester en selle et s'épargner l'humiliation d'une chute. Mais il se pencha sur son côté gauche, du côté où un bras lui manquait et perdit l'équilibre, se mettant ainsi à la merci de l'agitation de sa monture. La bride lui meurtrissait la main et les doigts. L'équidé se cambra une nouvelle fois et projeta son cavalier violemment contre le sol, à ses pattes. L'un des sabots s'appuya sur le molet de Takanomi ce qui lui arracha un cri de douleur. Son flanc et sa jambe le faisaient atrocement souffrir. Harrassé, qui plus est par la fatigue, il perdit connaissance, laissant ainsi sa monture agitée menacer la foule tétanisée...


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- Poussez pas...
- J'veux voir ! J'veux voir !
- C'qui ?
- Gast ! Qu'est-ce qu'il prend !
- Belle bête... C'dommage... Va falloir y abattre.
- Virez, j'vois ren !
- C'qui ?
- Eh, y z'y manque un bras, non ?
- Au canasson ? Comment qu'il marche, alors ?
- Mais non nigaud ! Au bonhomme !
- Ben tu m'étonnes qu'il soye chuté !
- On dit qu'il soye chu, eh, aphalnabête !
- Z'allez me dire c'est qui, oui !
- Comment veuilles-tu qu'on y sache ? Un type pas d'chez nous d'ici.

Attirés par le tapage, les clients de l'auberge s'agglutinaient aux petites fenêtres et à la porte basse et commentaient le spectacle. Les jumelles ne voulurent pas être en reste : coup de coude par ci, coup d'épaule par là, elles se frayèrent un passage jusqu'aux premières loges : dans la rue, un canasson fou ruait et se cabrait, martelant violemment le pavé autour d'un malheureux type à terre. Mort ? Inconscient ? Difficile à dire.
Les badauds, pétrifiés et baveux, contemplaient la scène avec fascination, reculant comme dans un rêve devant la bête incontrôlable. En un clin d'oeil la rue fut vidée, qui s'engouffrant dans les maisons, qui se planquant au coin ou derrière sa charette, tous incapables de détacher leurs yeux effarés de la masse musculeuse et écumante.

Dans un bon western, Calamity Liz – ou n'importe quel Lucky Lukaz, s'il se fut trouvé des candidats dans l'assistance (mais on dirait pas) – eût sauté au col du canasson fou, chopé la bride de sa blanche main, sussuré trois paroles de réconfort à son oreille et tout fut rentré dans l'ordre moyennant une bonne tape sur l'encolure et quelques points de suture. Ben oui : on n'est pas naïf au pays de John Wayne.
Sauf que les cow-boys, ça ne court pas les quais de Brest. Les marins n'ont pas pour habitude d'apprendre à monter ; et pour quoi faire, s'il vous plaît ? et tout ce qu'ils ont, c'est un vague souvenir d'avoir joué au chevalier, à l'âge de quatre ans, sur le dos du mulet d'un voisin. Même les initiés craignent le proverbial "cheval fou" ; imaginez ce qu'il peut en être de la foule brestoise.

Grimace. Elisabeth pâlie contempla la silhouette désarticulée de l'homme sous le tonnerre des coups de sabot, et administra une bourrade à son voisin.

- Hey ! Mais...
- Bougez. Sortez des tables, on va coincer c'te bestiole.
- T'es pas un peu folle, petiote ?
- Dites aux charretiers de lui bloquer la retraite au bout de la rue, continua-t-elle sans prêter attention à ses récriminations bourrues. Et que ça saute. Moi je...

Mais petiote allumée n'eut pas le temps d'expliquer son plan farfelu au voisin. Le cheval endiablé vira de bord et quitta le chevet de son cavalier. Pas de temps à perdre. Else agrippa le bras de sa soeur et d'un quidam d'aspect robuste, et les entraîna tous deux vers le corps sans connaissance.
Mais ils n'eurent pas le temps de s'agenouiller auprès pour le tirer à l'abri, que la carne revenait déjà vers eux à toute allure.

Vous connaissez le principe des vases communicants ?

Et bien les jumelles Kermorial ce n'est pas du tout ça. Quand Marie charme, Élisabeth rembarre.
Quand Élisabeth fonce, Marie recule. Les deux sœurs étaient les plus opposées possible, c'est se qui faisait leur force.
Ce lien indestructible qui les reliait l'une à l'autre. Les faiblesses de la première sont les forces de la deuxième.

Un cri retentit alors que Marie entamait la description du cul du mousse de l'Esperanz, stoppant net le récit de la petiote.
Un cri horrible... inhumain...chevaleresque! (^^) Une petite foule se forma aussitôt aux vitres de l'établissement,
les empêchant de voir se qu'il se passe dans la rue. Godliza l'empoigne alors
et l'entraine dans la rue avec la ferme intention de prendre les choses en mains alors que personne ne bouge.
La voix de sa double se fait de plus en plus lointaine alors que les yeux de Marie détaille le monstre qui dresse dans la rue de la taverne.
Un étalon colérique menace un homme déjà fort mal en point.
Monstre chimérique d'au moins 15 mètres de haut et de 20 fois le poids de deux Kermofrangines réunit.
Marie a peur, elle a toujours eu peur, des chevaux et de la mer...
Et la voici face a un étalon qui n'a rien a voir avec les gentil poney des contes de fée de son enfance.

Marie est tétanisée, terrorisée. Son corps ne lui répond plus et le monstre avance sur elle.
Ses yeux se pose un quart de seconde sur l'inconnu qui git à ses pieds, vivant mais très mal en point.
Rien ne traverse son esprit, paralysé par la peur sauf une chose...

Il est blond.
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Il aurait suffit que le sabot s'enfonce quelques pouces juste au dessus du mollet pour que Takanomi, en plus d'être manchot, devienne cul-de-jatte. Lentement, il reprit ses esprits et tenta de redresser le buste avec enormément de mal. Un nuage de poussière s'était élevé en même temps que des badauds s'agglutinaient. Où était passé sa monture? Il n'en savait rien et il n'en avait cure. Il n'avait que la sensation d'un étau qui lui serrait le mollet. Du sang en ruisselait, d'ailleurs, maculant ses braies blanches de sa couleur rouge. Avant que la plaie qu'il n'osait regarder ne s'infecte ce qui lui causerait des difficultés pour les futures années de son existence, il se releva tant bien que mal mais avec bien plus de mal que de bien. Il pouvait se mouvoir, bien que maladroitement et en boîtant.
Il récupéra sa besace et avisa la personne qui était la plus proche de lui: une belle jeune femme blonde, celle qu'il avait aperçue sur le port quelques temps avant et qu'il reconnut à ses traits.

Savez-vous où je pourrais trouver un apothicaire? demanda-t-il.
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Bon. Il n’est pas mort, alors. Mais à voir l’acharnement du canasson, tout espoir n’est pas encore perdu – c’est à peu près la pensée qui traverse l’esprit de la blonde tandis que le manchot se relève, inconscient du danger qui déboule sur eux.
Le fait n’a pas échappé, en revanche, au grand costaud ramassé au passage pour pallier aux faiblesses musculaires des deux blondes. Le voici d’ailleurs qui se carapate sans demander son reste : ah ils sont beaux, les Bretons sans peur et sans reproche ! Mais je m’égare, et Lisabeth n’a guère le temps de pester contre les couards. Le manchot amoché bave quelque chose qu’elle écoute à peine, ou qu’elle oublie en une fraction de seconde, le temps pour ses yeux de se poser sur Marie. Figée. Terrifiée. Merdouille, aurais-je fais une erreur ?

C’est dans ces moments là que l’on constate le désavantage de la séparation. Une grande sœur, ça sait tout… sauf quand on ne l’a pas prévenue ; Elisabeth ignorait tout de la peur viscérale que sa jumelle éprouve à l’endroit des chevaux. Jusqu’à cet instant. Marie, face figée, regard large comme la peur, cible facile aux sabots tonitruants de l’animal lancé sur elle : la vision lui vrille le ventre.
Heureusement qu’elle a la tête vissée sur les épaules… Je vous fiche mon billet qu’à partir de dorénavant, elle va haïr les chevaux.

- MARIE !

Lise saisit sa sœur par la taille et projette leurs deux corps vers le mur opposé, ramassant au passage l’estropié, et tous trois vont s’écraser sur le pas d’une porte qui s’ouvre complaisamment, pour se refermer sur leurs talons. Strike !
Le cheval frustré de ses cibles pousse un hennissement d’enfer lorsque ses sabots s’abattent sur le vide, et reprend son carrousel erratique dans la rue.

Depuis l’intérieur de la pièce, son vacarme semble étrangement lointain. Ou Lisbeth est-elle sonnée ? Elle roule sur le sol, débarrassant le pauvre blond de son poids – gageons qu’il en est quitte pour une côte cassée, au point où il en est… On s'affaire autour, on s'enquiert de leur état, on leur propose à boire, à manger, on babille sur le cheval pris de folie, sur le gamin aux billes qui a failli être écrasé, c'est le gamin de la maison, voyez-vous, et bla bla bla.
Elsa porte la main à son front. Reprendre ses esprits. Vite.

- Marie, ça va ?
Et vous... C't'a vous, le bestiau ? Est-ce une pointe de reproche dans sa voix ? Ca va aller... On va vous trouver un rebouteux, doit bien y avoir ça, par ici. En attendant, j'peux regarder ça...

Alors seulement elle observe le visage du jeune homme. Les joues pleines, le teint frais, visage jovial et décidé sous le froissement de la douleur. Vague souvenir de l'avoir aperçu sur le port - mais elle n'y avait pas prêté grande attention. Les yeux bleus. Surtout, surtout, un grain de beauté au coin des lèvres.

Les minutes semblent des heures alors que le monstre lui fonce dessus au ralenti.
Marie va mourir, encore! C'est sans compter sur Lison...
D'un mouvement vif, son bras enserre sa taille lui coupant aussitôt le souffle.
Un vacarme. Le bois dur d'une porte contre son dos, puis le sol en pierre dure.
Le choc est violent, le crâne de Marie fait un bruit mat alors que la porte se referme sur l'étalon.

Marie, ça va ?

Elle ne répond pas, encore sonnée et choquée par se qui vient de se passer.
Deux bras la soulèvent. un grand costaud. L'homme de la famille apparemment.
Sa sœur est là, avec le blond ensanglantée toujours allongé sur le sol de l'entrée.
Elle demande de ses nouvelles, s'assure que tout le monde va bien. Elle est comme ça Lise, elle prend soin des gens.
Côte à cote, Marie se dit simplement qu'il se ressemble Lisa et lui. Sans plus percutée...
Le choc a du lui dissoudre les neurones.

Je vais, je crois...

Elle le regarde alors qu'une dame la fait asseoir dans un fauteuil et lui fourre une tasse de tisane dans les mains.
La petite dévisage le jeune cavalier malheureux... C'est étonnant comme dans ses expressions il ressemble à Lis'beth.
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En instant, Takanomi se retrouva sans trop comprendre ce qui eut lieu, sur le sol frais d'une taverne, devant une une jeune femme blonde qui le dévisageait. Il n'entendit pas bien ce qu'elle avait murmuré tant il était abasourdi, depuis qu'il était tombé de selle. Il n'avait aucune emprise sur les évènements cette fois là mais il les subissait, tout simplement. La panique grandissait de plus en plus en lui car il savait que la blessure qu'il avait eu était peu habituelle. D'ailleurs, depuis qu'il avait perdu son bras gauche, il redoutait la moindre écorchure profonde sur sa chaire, craignant de perdre d'autres parties de son corps. Car oui, malgré son tempérament, la peur était bien présente dans son esprit. La peur de subir le pire à la suite d'un malheureux accident. Et cette peur se mêlait à une certaine humiliation, maintenant qu'il observait les personnes rassemblées qui le fixaient. Il se releva tant bien que mal, sans trop savoir où il se rendait.

Instinctivement, ses yeux cherchèrent le regard bleu-orage et le visage de la jeune femme blonde devant lui et ses traits familiers.

Il me faut soigner ma blessure... le plus vite possible... scanda-t-il.
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Il vacille ; une blessure au mollet saigne abondamment, à en croire les flots rouges qui ont gangréné le tissu de ses braies. Un manchot peut-il se permettre de perdre une jambe ? Ainsi la question prend-elle forme dans l'esprit froid et distant de la jeune fille.
Beth, ravigotée par la force des choses, passe le bras du jeune homme autour de ses épaules et le guide vers un coffre qui fait office de siège, contre le mur le plus proche. Ses doigts glissent contre la tempe blonde où le pouls bat sa cadence effrénée – ce qui ne l’inquiète pas outre mesure, nul n’ayant encore pris la peine d’expliquer le fonctionnement de la circulation sanguine. Vive la médecine, tout de même. Puis elle s’agenouille et déchire sa jambe de braies jusqu’au genou – de toute manière, elles étaient fichues. Le sabot ferré a attaqué la chair, les muscles pressés rendent des flots de sang.

- M’faut de l’eau, des linges et du vin, dit-elle à la maîtresse de maison… qui ne l’a guère attendue et déjà s’avance, avec un baquet en bois rempli d’eau. Les matrones savent ce genre de choses.

Avec un chiffon de drap blanc, Else nettoie la blessure qui semble n’en pas vouloir finir de saigner – la désobligeante. En désespoir de cause, elle comprime la plaie en attendant que le gamin de la maison remonte de la cave, avec une carafe de mauvais vin. Rouge sur rouge. Elle en verse un verre pour le jeune homme, avant de plaquer le bec en terre cuite contre la peau : le liquide amarante s’écoule lentement, se mêle à l’écarlate épais du sang, imbibe les mailles du drap épongeant la meurtrissure, brûle la chair à vif… Ca fait pas du bien, mais ça marche. Du moins, d’autant qu’elle sache.
Et peu à peu le saignement se tarit, assez pour abluer le mollet sanglant et l’envelopper d’un ferme bandage.

- Y'a un médicastre, dans les environs ?
- Ah ça, j'sais point. C'est qu'j'ai point les moyens d'en payer un, moué. Y'en aurait que j'y saurais pas.
- Ca d'vrait aller, ajoute-t-elle d'une voix plus douce – toutes choses relatives entre elles – à l'attention du jeune homme épuisé.

Le conditionnel, c'est le mieux qu'elle puisse faire ; il n'y a guère qu'à sa sœur qu'elle sache raconter des craques bienveillantes – et avec tous les remords du monde. Sa sœur qui présentement accuse le coup, entourée des sollicitudes chaleureuses et mentholées de la matrone brestoise. De l'avantage d'être une jolie blonde en détresse.

- 'Faut que vous mangiez quelque chose.

Lui. Elle aussi. Instinct primaire, on dirait presque : maternel, de nourrir. Lison aurait-elle une âme de matrone ? Ca m'étonnerait à peine.
S'il est un remède commun à toutes les peines, c'est bien la bouffe ; on propose diverses médecines aux âmes en peine, aux souffrants, aux rescapés, aux affaiblis, aux cafardeux, selon la nature du mal qui les ronge ; mais à tous on prescrit un bon repas. A se demander d'où vient cette certitude, profonde, que la nourriture réconforte.